Goethe et Chateaubriand devant les paysages : au-delà de tout ce qui sépare ces deux auteurs, s'impose leur similitude dans la manière qu'ils ont tous deux d'apprécier les paysages dans leur réalité mais également à partir d'eux-mêmes. Tous deux font une très large place à la volonté d'exactitude et, simultanément, investissent la représentation de ces paysages de leur intériorité.
C'est cette concordance qui est ici illustrée, dans un dialogue au fil duquel apparaissent des proximités et se déploie un jeu de nuances d'autant plus sensible que dessins et écrits réunis pour cette exposition et ce catalogue traitent des mêmes paysages, italiens surtout, mais aussi allemands ou suisses ou encore de Bohême.
Quarante-six oeuvres de Goethe et quatre de Tischbein ont été choisies par le Professeur Hermann Mildenberger, directeur de la collection des dessins de la Fondation Weimarer Klassik.
On peut à leur sujet parler d'une exposition inédite, car elles ont fait, il y a une vingtaine d'années, l'objet d'une soigneuse restauration et n'ont pour la très grande majorité d'entre elles pas été présentées depuis. Éclairée par deux essais rédigés par M. Mildenberger, cette présentation est complétée par une chronologie croisée des voyages de Chateaubriand et de Goethe, et par un choix d'extraits de l'oeuvre de Chateaubriand, qui se rapportent aux mêmes vues qu'a dessinées Goethe.
L'importance de l'histoire pour la vie et l'oeuvre de Chateaubriand, ainsi que l'attachement de l'auteur des Mémoires d'outre-tombe et du Congrès de Vérone à défendre un rôle et une carrière politiques qui culminèrent durant les années 1818-1830 ne peuvent être surestimés : il y allait, pour un écrivain qui s'est « rencontré entre deux siècles comme au confluent de deux fleuves », de son identité. Mais quel contraste offrent cet attachement et cette importance avec ses déclarations de détachement profond de la politique (« La chaleur de mes opinions n'a jamais excédé la longueur de mon discours ou de ma brochure ») ou ses méditations sur la vanité de l'histoire (« Les événements effacent les événements ») !
En suivant la chronologie de l'oeuvre, l'auteur retrace l'élaboration progressive par Chateaubriand d'une relation difficile mais grandiose entre l'histoire générale et son histoire intime, celle de ses « songes », tendue par une réflexion sur le temps et le devenir. Cette élaboration aboutit à la création d'une figure, l'auteur-sujet des Mémoires d'outre-tombe, de part en part temporelle (« Je ne suis plus que le temps »), libre et tournée, plus encore que vers le passé, vers l'avenir, le nouveau, le possible.
Ce dossier de soutenance d'une habilitation à diriger des recherches a été présenté le 9 octobre 2004, à l'Université de Paris 7. Le jury, présidé par M. Marc Fumaroli, de l'Académie française, était composé de Mme Françoise Mélonio et de MM. Jean-Claude Berchet, Jean-Claude Bonnet, Pierre Laforgue, Guy Rosa, professeurs d'Université. Ce dossier est ici reproduit tel qu'il fut présenté, augmenté de la transcription d'un propos liminaire.
La plume et l'épée. Le maître de guerre contre le maître des mots. La relation singulière entre l'auteur des Mémoires d'Outre-Tombe et celui du Mémorial s'articule autour du fameux pamphlet de Chateaubriand De Buonaparte et des Bourbons publié en 1814, au couchant de l'Empire et dont Louis XVIII aurait affirmé qu'elle lui aurait valu une armée de 100 000 hommes. Directeur de la maison de Chateaubriand et éminent spécialiste de son oeuvre, Bernard Degout en donne l'édition critique de référence, qui faisait défaut, avec de raconter l'évolution du « sachem du romantisme » vers une admiration tardive sous l'effet des compliments prodigués par le proscrit de Sainte-Hélène et de son dégoût progressif envers une Restauration qui le marginalise à partir de son renvoi du ministère des Affaires étrangères en 1824.
Couronnement de cet édifice : l'écriture des Mémoires d'Outre-tombe qui présentent une vision à la fois critique et héroïque du Géant qui occupe la place centrale de ce monument autobiographique. La vision de Chateaubriand, explique en substance l'historien, reflète celle de la France entière passée en une génération de la légende noire au mythe du sauveur.
Le 16 décembre 1840, en lui envoyant son poème " Le retour de l'Empereur ", Victor Hugo écrivait à Chateaubriand : " Après vingt-cinq ans, il ne reste que les grandes choses ou les grands hommes, Napoléon et Chateaubriand. Trouvez bon que je dépose ces quelques vers à votre porte. Depuis longtemps vous avez fait une paix généreuse avec l'ombre illustre qui les a inspirés. " En écho à cette lettre, le présent ouvrage, publié dans le cadre des commémorations du 250e anniversaire de la naissance de l'auteur des Mémoires d'outre-tombe, reproduit les oeuvres et les textes présentés lors de l'exposition (La Fondation) Napoléon rend visite à (la Maison de) Chateaubriand : l'Empire en boîtes, présentée du 20 octobre 2018 au 10 mars 2019.
Entre mai et juillet 1812, un archéologue de renom, Aubin-Louis Millin, se fait accompagner d'un peintre et d'un écrivain pour parcourir la Calabre sauvage, où quelques années plus tôt sévissait encore le célèbre bandit Fra Diavolo.
Franz Ludwig Catel, peintre et dessinateur romantique allemand, a ainsi réalisé plus de 160 dessins à la plume ou repassés à l'encre - images des monuments et des sites de l'Antiquité - de cette région splendide et alors méconnue, que de son côté, Astolphe de Custine, le fils d'une amie de Chateaubriand, a décrite en adoptant souvent les mêmes perspectives que celles du peintre. Un regard croisé entre littérature et beaux-arts.
La seule « image » véritable de lui : ainsi Chateaubriand considérait-il ce portrait réalisé par Anne-Louis Girodet en 1809 et conservé à Saint-Malo. C'est dire la valeur de ce tableau et ses qualités artistiques. L'homme de lettres y apparaît en dandy sur fond de paysage romain.
Pourtant, c'est en toute discrétion qu'il est présenté pour la première fois au public au Salon de 1810, aux côtés d'autres oeuvres majeures du peintre. En choisissant d'exposer Chateaubriand à ce moment-là, Girodet accomplit un acte presque politique et affi rme publiquement son soutien à l'écrivain. L'anonymat du modèle, en délicatesse avec l'Empereur, est néanmoins préservé : Portrait d'homme méditant sur les ruines de Rome. Cela ne l'empêche pas d'être bientôt identifi é. Quant aux critiques, ils se gardent bien de commenter le portrait de Chateaubriand, ou alors sans le nommer. Jean-Baptiste Boutard, du Journal des débats, aura ces mots prémonitoires : « [.] un jour, quand les murmures et les brigues de l'envie contemporaine auront cessé ;
Que l'équitable avenir se sera soulevé en faveur des merveilles de notre siècle, que de tant de livres et tant de tableaux qu'on présente pêle-mêle à notre admiration, il ne restera que les chefs-d'oeuvre, ce sera un beau et précieux monument que le portrait de l'auteur du Génie du Christianisme et des Martyrs, par le peintre d'Une scène de Déluge et du tableau d'Atala ».
Un modello, ayant précédé la réalisation de ce désormais célèbre portrait, était jusqu'à aujourd'hui inédit. Vendu par l'intermédiaire de la galerie de Bayser, il a été judicieusement acquis par le Département des Hauts-de-Seine pour le Domaine de la Vallée-aux-Loups. Il fait ici l'objet d'une analyse approfondie et est confronté à d'autres oeuvres et projets dessinés, gravés, lithographiés ou peints.