En face de Victor Hugo ou d'Eugène Delacroix, il y a Berlioz, seul musicien français de cette stature.
Compositeur, chef d'orchestre, critique musical, tout cela ne lui suffit pas : le voilà aussi l'auteur des Mémoires, qui sont à la littérature française, comme le Journal de Delacroix, ce que sont à la peinture les dessins de Hugo.
On l'y voit, il a voulu qu'on le voie excentrique, déchaîné, persécuté. Il y a du vrai, car la France aura mis plus longtemps que le monde entier à reconnaître son fascinant génie.
Mais il a certainement mis en scène son existence, comme dans la Symphonie fantastique.
Refaire alors ici, en historienne, le roman de sa vie, c'est aussi lire comment on devient compositeur, en sillonnant l'Europe, en traversant la Monarchie, la République et l'Empire. Et comment s'écrit une musique qui reste éternellement moderne.
L'Orchestre de Paris est l'un des plus grands et plus prestigieux orchestres internationaux. Dirigé successivement par de très grands chefs et composé de 119 musiciens permanents, l'Orchestre propose un vaste répertoire qui s'étend des oeuvres symphoniques à l'opéra et à la création contemporaine. Publié à l'occasion des quarante ans de l'orchestre, cet ouvrage convie le lecteur à la découverte de son prestigieux passé, de ses archives, des salles qui lui furent attribuées (actuellement la salle Pleyel, tout récemment rénovée) en proposant de retracer son histoire depuis la formation de la Société des concerts du Conservatoire (1828), devenu l'Orchestre de Paris en 1967, et jusqu'à nos jours.
« Voilà un homme ! et un vrai artiste ! » écrit Flaubert à la lecture de la correspondance inédite de Berlioz, ajoutant : « Que ne l'ai-je mieux connu, je l'aurais adoré ! » Berlioz et Flaubert n'ont pas eu le temps de nouer une longue amitié. Ils se rencontrent seulement en 1863 : le musicien enthousiasmé par Salammbô y a consacré un passage dithyrambique de sa Revue musicale de décembre 1862. Tandis que l'écrivain veut faire adapter son roman pour l'opéra, le compositeur est occupé par la préparation des Troyens. Mais il sollicite le romancier car il a besoin de « quelques conseils pour les costumes phéniciens et carthaginois. » Amis posthumes en quelque sorte, Flaubert et Berlioz ont accordé à l'Orient une place similaire dans leurs oeuvres et leurs aspirations. Contemporains de l'orientalisme romantique, de la vogue des féeries et des grandes mises en scène orientalisantes, ils ont à leur tour apporté leur contribution à une rénovation de ses formes et de ses thèmes.
Ce livre rassemble les communications faites au colloque international qui s'est tenu à la Bibliothèque nationale de France du 13 au 15 novembre 2003, le dernier d'un cycle de cinq dont les thématiques ont été conçues comme complémentaires.
Les articles qui constituent la première partie de ce livre contribuent à éclairer les différentes attitudes de Berlioz à l'égard du texte, musical et littéraire. Écrivain né et grand lecteur, Berlioz est d'abord un homme du texte qui dans sa correspondance, ses feuilletons, ses nouvelles, ses traités, ses mémoires, joue en virtuose dans les registres littéraires de l'autobiographie, de la critique, de la théorie et de la fiction. Les plaintes du critique condamné à traîner le boulet du feuilleton amènent souvent le lecteur d'aujourd'hui à constater avec quelle pertinence Berlioz pose la question de la condition de l'écrivain. Le traitement musical du texte révèle chez Berlioz un discernement qui le porte à envisager de façon complexe le rapport analogique entre les différents états d'un texte poétique et leur traduction musicale. Les articles de la deuxième partie de ce livre sont consacrés aux diverses formes de contextualisation dont dépend la création berliozienne. Ils contribuent à abattre le préjugé trop tenace d'un Berlioz cédant sans mesure aux impulsions d'une sensibilité survoltée par une vie affective paroxystique. Enfin ce livre fait ressortir aussi ce que signifie, dans le champ de la philosophie musicale du XXe siècle, la présence - ou l'absence - de Berlioz dans l'esthétique de Mahler ou la pensée Adorno, l'examen des opinions de cet autre novateur qu'est Debussy, ou encore les motifs d'admiration d'un musicien plus radical encore dans ses options créatives comme Varèse.
Suite et compléments des huit volumes de la Correspondance générale (publiés chez Flammarion, de 1972 à 2003, sous la direction de Pierre Citron), le présent ouvrage contient près de trois cents lettres inédites ou partiellement inédites de la plume du compositeur, de nombreuses lettres de sa famille, de ses collègues et de ses amis. Celles-ci éclairent ici d'un jour nouveau la carrière de Berlioz ainsi que le déroulement de sa vie privée et professionnelle.