C'est aux dernières pages du Temps retrouvé que le narrateur d'À la recherche du temps perdu prend la décision d'écrire. Lui viennent alors à l'esprit deux modèles de l'oeuvre à venir : «car, épinglant ici un feuillet supplémentaire, je bâtirais mon livre, je n'ose pas dire ambitieusement comme une cathédrale, mais tout simplement comme une robe». La vision de l'écrivain au travail dans ses manuscrits s'impose aussitôt au lecteur.Ce catalogue en forme d'abécédaire, né sur le terreau de l'exceptionnel fonds Proust de la Bibliothèque nationale de France et nourri des trésors conservés dans plusieurs musées et collections particulières, explore la démarche créatrice de l'écrivain, de la célèbre première phrase «Longtemps, je me suis couché de bonne heure» au mot «Fin» - début et aboutissement dont Proust rappelle volontiers qu'ils furent écrits ensemble.
C'est en 1946 que paraît en France Le Petit Prince, deux ans après la disparition de son auteur, Antoine de Saint-Exupéry. Depuis, ce conte philosophique aux illustrations emblématiques a fait le tour du monde, invitant les lecteurs à engager une réflexion profonde sur l'amitié, l'amour et le sens de la vie.Pour accompagner ce texte myrhique, à l'occasion du 75? anniversaire de la publication française, plus de 30 auteurs de bande dessinée rendent hommage au personnage le plus célèbre de la littérature. Parmi ces grandss artistes:Florence Cestac, Milo Manara, Moebius, Hugo Pratt, Albert Uderzo... Ils nous livrent leur propre interprétation du petit prince et témoignent de leur affection pour l'oeuvre de Saint-Exupéry, à l'image du dessinateur Joann Sfar, dont le parcours a été particulièrement marqué par ce récit. Dans un long entretien, ce dernier raconte ainsi comment, plusieurs décennies après Saint-Exupéry, il s'est emparé de son héros iconique pour en offrir une version personnelle d'une grande sensibilité.
De quoi un musée est-il fait? De ses collections. L'exposition «Toute une histoire! Les collections du musée de l'Armée» nous dévoile une histoire foisonnante, souvent méconnue, parfois inattendue.Ces collections n'ont cessé de se développer:d'une diversité chronologique, géographique et typologique exceptionnelle, elles comptent présentement près de 500000 objets! Elles ont crû, au fil de l'histoire militaire, mondiale et mouvementée, de la France, selon les modes d'acquisition les plus variés:dons, cessions, achats, legs, dations, préemptions, commandes...Installé dans le cadre prestigieux de l'Hôtel des Invalides, chargé de préserver le tombeau de Napoléon Ier, le musée de l'Armée, créé en 1905, travaille aujourd'hui aux collections de demain. Fort de son projet d'extension et de modernisation MINERVE, il mène une ambitieuse politique d'acquisition d'objets, afin de mieux saisir un monde de guerres en constante évolution.Venez à la rencontre de ces collections qui, tout en contrastes mais aussi en dialogues, nous livrent une autre manière de voir notre histoire et notre actualité.
Plusieurs siècles avant le début de l'ère chrétienne, les juifs vivaient autour de la Méditerranée, le long des bords de l'Euphrate. Des siècles précédant l'avènement de l'islam aux premières dynasties du monde musulman, de l'expulsion des juifs d'Espagne en 1492 à l'essor de centres juifs dans l'Empire ottoman, et enfin de l'influence croissante de l'Europe dans le monde méditerranéen à l'exil des juifs du monde arabe, cet ouvrage met en lumière les expressions les plus signifiantes des cultures juives en terres d'islam et les échanges remarquables entre les deux communautés tout au long de l'histoire.
Ce livre témoigne de la naissance d'un regard, celui du jeune photographe Raymond Depardon, à l'époque où, faisant son service militaire, il collabore à la revue TAM, Terre Air Mer. Ses images, conservées à l'ECPAD et largement inédites, portent déjà l'empreinte de son talent et donnent à voir l'oeil de Raymond «avant Depardon» : humour, impertinence, sens du cadrage...
L'ouvrage est publié dans le cadre de deux expositions, présentées à Toulon et à Paris et se veut une référence sur le début de carrière de Raymond Depardon. Il rassemble près de 200 photographies choisies et commentées par Raymond Depardon lui-même.
Le XIX? siècle a connu un développement sans précédent des sciences naturelles. Le questionnement autour des origines, avec les théories de Darwin, redéfinit la place de l'homme dans la nature, ses liens avec les animaux ainsi que sa propre animalité dans un monde désormais compris comme un écosystème, bouleversement qui ne va pas sans profondément influencer les artistes.De «Arche de Noé» à « Zoo », de «Cuvier» à «Lamarck», de «Aquarium» à «Ptérodactyle», cet ouvrage, à travers près de cinquante mots clés, permet de comprendre les principaux jalons de ces découvertes scientifiques et les confronte à leur parallèle dans l'imaginaire des artistes.
Avec plus de 40 longs métrages, Fred Wiseman est aujourd'hui une des icônes du cinéma documentaire américain. S'il récuse l'étiquette de documentariste, c'est que chacune de ses oeuvres, profondément ancrée dans le réel, devient par la magie de son écriture cinématographique, fiction et même poésie. Ses images sans commentaires ni interviews racontent des histoires de vie d'une profonde humanité. Cet homme-orchestre qui produit, tourne et monte lui-même ses films nous donne aussi une magistrale leçon de cinéma. En 1979, le Centre Pompidou l'accueille dans le cadre du festival Cinéma du Réel avec son remarquable Sinaï Field Mission. En 2010, à Cannes, la Quinzaine des Réalisateurs lui rend un vibrant hommage lors de la présentation de Boxing Jim, film qui met en scène la vie ordinaire d'un club de boxe dans l'Amérique profonde. Dans ces pages, Fred Wiseman raconte pour la première fois, avec l'humour qui le caractérise, ses années d'études désenchantées jusqu'à son passage fortuit au cinéma en 1967 avec le tournage de Titicut Follies à Bridgewater, un asile psychiatrique pénitentiaire près de Boston, Massachusetts. Depuis, ses films concernant les institutions se sont multipliés : plongées au coeur de la société contemporaine, vision de l'Amérique toute entière du Texas à l'Alabama et la Floride, et à travers près de vingt Etats.A partir de 1985, il s'est tourné également vers la France et ses institutions, la Comédie-Française, l'Opéra de Paris avec son film Le Ballet qui a rencontré une large audience. Dernièrement il a tourné Le Crazy Horse à propos duquel il a pu exercer son humour. Passionné de théâtre, il a mis en scène La Dernière lettre adaptée de Vie et destin de Vassili Grossmann, et Oh Les beaux jours de Samuel Becket, pour la Comédie-Française. L'ouvrage présente, outre le texte autobiographique de Frederick Wiseman, des contributions remarquables, comme celle du psychanalyste Pierre Legendre, du poète et essayiste Christopher Ricks et du cinéaste Errol Morris, ainsi qu'une riche iconographie en grande partie inédite.
Sommaire : Les grands types d'organisation des végétaux - La plante dans ses rapports avec le milieu - Bibliographie générale. Ouvrage collectif complété d'un lexique, d'un index et de tables
Comédien, auteur de pièces et d'opérettes, journaliste et écrivain, Sacha Guitry (1885-1957) fut aussi un photographe, un dessinateur et un publicitaire de talent. Cinéaste original et inventif, revendiqué par la Nouvelle Vague, il s'est intéressé très tôt aux nouveaux médias que sont la radio et la télévision. Paradoxe d'un artiste façonné par l'esprit 1900, mais qui sut prendre au XXe siècle ce qu'il avait de plus moderne.
Marié à cinq reprises, Guitry n'a jamais cessé de gommer la frontière entre sa vie sur les planches et sa vie privée, s'inspirant de celle-ci pour une grande part de ses pièces et de ses films.
À l'exemple de son père, Lucien Guitry, l'un des plus grands acteurs de la Belle Époque, il côtoie hommes d'État, intellectuels et artistes de son temps. Porté à l'admiration et à la révérence, croyant au génie de la France, il conserve les traces de tous ses « grands hommes » dans la collection qu'il rassemble en son hôtel particulier de l'avenue Élisée-Reclus.
À travers les contributions d'une vingtaine d'auteurs d'horizons divers et un corpus iconographique de deux cent cinquante documents inédits, ce catalogue d'exposition fait revivre une oeuvre éclectique, nourrie d'une curiosité encyclopédique.
Le noir est antérieur à la lumière. Avant la lumière le monde et les choses étaient dans la plus totale obscurité. Avec la lumière sont nées les couleurs. Le noir leur est antérieur. Antérieur aussi pour chacun de nous, avant de naître, "avant d'avoir vu le jour". Ces notions d'origine sont profondément enfouies en nous.
Si les monuments publics de l'Empire romain, théâtres, amphithéâtres, thermes, temples sont nombreux et souvent en bon état de conservation, les maisons, en dehors de celles retrouvées ensevelies par le Vésuve le 24 août 79 à Pompéi, Herculanum, Oplontis et Stabies, sont très rares. Ces villas continuent à nous émerveiller par leur état de conservation. Leurs infrastructures, l'eau courante, la distribution de la chaleur, le tout-à-l'égout, l'intégration des espaces verts, jusqu'aux formes des objets quotidiens, sont d'une modernité spectaculaire. L'exposition consacrée à Pompéi, présentée au musée Maillol et conçue par Patrizia Nitti, directeur artistique, en accord avec Olivier Lorquin, président du musée, s'attache à montrer la modernité de la civilisation romaine, socle et mémoire incontournable de notre culture occidentale. La scénographie reconstitue une Domus Pompeiana, une villa pompéienne. Le visiteur circule ainsi dans cette villa comme si elle était sienne, parcourant l'Atrium (le portique), le Triclinium (salle à manger), l'autel, la salle de bain, la cuisine., créant pour un instant l'illusion, malgré les 2 000 ans qui nous séparent, d'être les contemporains des maîtres de maison. Chaque pièce sera ornée de fresques et tous les objets usuels s'y trouveront. Plus de deux cents oeuvres venant de Pompéi seront ainsi présentées.
Considéré le plus souvent comme un peuple originaire d'Orient, enveloppé dans le mystère d'une langue hermétique, le peuple étrusque eut, avant Rome, un rôle de tout premier plan parmi les grandes civilisations méditerranéennes. Peuple de marins et de marchands, les Étrusques ont évolué dans un contexte riche de son commerce international et de ses échanges, notamment avec les Grecs, dont ils furent à la fois les émules et les rivaux. Cependant, l'histoire des Étrusques est trop souvent exclusivement évoquée à travers des témoignages liés au monde funéraire. Ainsi a-t-on eu tendance, à tort, à les détacher du monde des vivants. Ce sont justement les différents aspects de la vie quotidienne de cette civilisation, gaie et pacifique, qui seront évoqués dans l'exposition, à travers l'exploration des grandes cités de cette confédération:Véies, Cerveteri, Tarquinia et Orvieto. La religion, l'écriture, l'armement, le sport, la peinture et la sculpture, l'artisanat avec l'orfèvrerie, les bronzes et les céramiques seront représentés. L'évolution de la connaissance de leur habitat, témoignage fondamental, sera également développée. On verra une architecture très caractéristique, éloignée des canons classiques, agrémentée d'importantes décorations en terre cuite rehaussées de couleurs extrêmement vives.
Si Louis XIII, Anne d'Autriche, le cardinal de Richelieu, le siège de La Rochelle ou l'arrestation de Fouquet sont aujourd'hui encore connus à travers le monde, c'est d'abord grâce au génie de romancier d'Alexandre Dumas qui a élevé ces personnages et ces moments de l'Histoire de France au rang de mythes planétaires.
Objet de toutes sortes d'interprétations et d'adaptations, littéraires, théâtrales, ludiques ou cinématographiques, l'épopée des mousquetaires est pourtant, avant tout, historique. Du corps des mousquetaires du roi Louis XIII et de leurs présences dans les batailles, aux figures de d'Artagnan, d'Athos, d'Aramis, de Porthos et de Milady, en passant par l'affaire des ferrets de la reine ou celle du masque de fer, les exploits de cette unité d'élite dévouée au souverain sont à la fois resitués dans leur contexte historique, mal connu, et évoqués dans le cadre fictionnel qui les a élevés au rang de légende. Le dialogue constant entre le socle historique et les inventions plus vraies que nature du romancier, est le thème principal de cet ouvrage.
À la fois joyeux et érudit, émaillé de nombreuses surprises, divers par les registres multiples qu'il explore tour à tour, de la peinture d'histoire à la littérature populaire en passant par les armes des combattants, ce livre passionnera les fous d'Alexandre Dumas et enthousiasmera les amoureux de la grande Histoire.
Entre 1956 et 1973, le photographe américain David Douglas Duncan (né en 1916) noue avec Pablo Picasso, alors au faîte de sa gloire, une véritable amitié et réalise ce qui est sans doute le premier photoreportage sur l'intimité d'un artiste.
Ce compte rendu du quotidien de Picasso réunit plusieurs centaines d'images montrant Picasso dans sa vie privée ou à l'oeuvre pendant cette intense période de création. Duncan a plusieurs fois utilisé cette somme iconographique pour des ouvrages qui sont parmi les grandes références de la construction du mythe de l'artiste universel qui se construit autour de Picasso après la Seconde Guerre mondiale.
Cet ouvrage propose un vrai dialogue entre l'oeuvre photographique de Duncan, qui fixe l'univers et l'atelier de son modèle, et l'oeuvre de Picasso, qui prend forme dans l'objectif de son portraitiste. Ce double regard conduit notre attention entre le temps de l'accomplissement de l'oeuvre et la lecture inédite de références universelles de l'histoire de l'art moderne. Ainsi, le reportage particulièrement dense qui lui est consacré permet d'entrer dans la totalité du processus de réalisation de la toile monumentale des Baigneurs de la Garoupe (1957, musée d'Art et d'Histoire de Genève).
On pénètre au coeur de l'intimité de Picasso, pour y côtoyer ses proches et les visiteurs de marque qui passent par la Californie ou Vauvenargues dans ces années où l'artiste impose son image au monde entier. Les photographies choisies montrent par ailleurs comment Picasso occupe son cadre de vie et de travail avec des oeuvres anciennes qui semblent indispensables à son univers et qui réapparaissent souvent, comme Le Fou (1905), dans les clichés.
Dans cette période, Picasso travaille beaucoup à son oeuvre céramique et à la sculpture. La confrontation entre cet oeuvre qui se bâtit sans concession et l'architecture baroque, de La Californie notamment, met en abîme le principe même de l'atelier et la frénésie d'inventer un autre langage plastique.
Copiée, détournée, sublimée, la tenue du marin est passée, de 1850 à aujourd'hui, du pont des navires au podium des défilés de mode.
Caban, tricot rayé, pantalon à pont. comment cet uniforme a-t-il inspiré une mode civile ? à partir de quand ? pour les femmes et les enfants d'abord ? au-delà du dress code, un imaginaire marin poétique habite l'oeuvre des créateurs, dérangeant parfois les convenances par son ambiguïté. de chanel à jean paul gaultier, les filiations vestimentaires se révèlent en un surprenant défilé sur fond de portraits de marins.
L'uniforme est devenu une icône.
The Origins of the World : The Invention of Nature in the 19th Century delves into the interrelation of arts and sciences in the very century in which arose the issues we continue to grapple with today. In many respects, the long nineteenth century that stretched to the outbreak of the First World War was a pivotal moment, essential to understanding our present day.
Set against the backdrop of the Industrial Revolution and the rise of colonial empires, this critical period saw the cataloguing of nature take shape at the same time as modern science, fuelled by the discoveries of countless scientific expeditions, was consolidating its substance. As knowledge progressed in every field, science organized and systematized itself; and in the century of the ordering of the world came the invention of the modern museum, replacing the eclectic cabinet of curiosities.
This was also the era in which the still-porous borders between arts and sciences allowed exchanges and back-and-forths between these two spheres of knowledge. Fed by abounding exploration, the imaginary of science and nature was still very powerful, with each milestone reached in scientific progress prompting a parallel in the arts. This catalogue reveals the close and often little-known ties that connect the development of these spheres. The nineteenth was a century of fruitful interactions, before art and science were definitively separated in the twentieth.
C'est à la foire de la poterie à Vallauris en 1946 que Picasso rencontre Georges et Suzanne Ramié, installés là en 1936 et qui, après avoir travaillé sur les formes locales, s'inscrivent dans le renouvellement de la céramique traditionnelle. Lors de son passage sur le stand, comme un amusement, il réalise quelques figurines en terre qu'il modèle à sa manière.
L'année d'après, Picasso, installé à Golfe-Juan, revient visiter la foire de Vallauris et les Ramié lui montrent les figurines réalisées l'année précédente et qu'ils avaient fait cuire. C'est alors que commence son aventure avec le monde de la céramique. Picasso connaît la céramique depuis sa tendre enfance ; l'Espagne possède plusieurs grands centres dont l'Andalousie, province de naissance de Picasso, et la Catalogne, sa région adoptive. Par ailleurs, jusqu'aux années cinquante, les familles en Espagne cuisinaient dans des récipients de céramique populaire, marmites, « pignates », poêlons.
Picasso loue la villa La Galloise et installe son atelier de peinture et sculpture au Fournas, ancienne usine de parfums, où il mènera de front son travail de peintre, de sculpteur et de céramiste. Il y revisite la civilisation antique méditerranéenne ; s'il n'a jamais eu la possibilité de se rendre en Grèce, ses multiples visites au Louvre ont contribué à l'éclairer sur ces sujets, et quelques voyages en Italie complètent une culture innée. Il redécouvre la céramique traditionnelle, encore utilisée au quotidien à cette époque, et la détourne de ses fonctions premières, en utilisant les formes comme supports pour leur offrir de nouvelles destinations.
C'est ainsi que les « pignates » sont décorées avec des « figures noires », comme les vases antiques, et racontent une histoire, les poêlons pour la cuisson des châtaignes deviennent des masques, les gourdes en terre cuite dénommées « gus » deviennent des insectes bleus.
Il détourne également les briques et les moellons brisés qui se transforment en superbes sculptures-céramiques en trois dimensions. Il utilise également les descentes de gouttières sur lesquelles il impose les portraits, soit de Françoise, soit, après le départ en 1953 de cette dernière, ceux de Jacqueline qu'il épouse en 1961.
Serait-ce une entreprise impossible que de questionner les identités des mondes créoles, alors même que le concept d'identité échappe à toute définition univoque, que les mondes créoles sont multiples et changeants même s'ils partagent une histoire, celle de l'esclavage et de la colonisation ?
« L'art permet l'accès aux non-dits » rappelle opportunément Stuart Hall dont la pensée a largement inspiré Kréyol Factory. Plasticiens, vidéastes, photographes, poètes, romanciers et essayistes des Caraïbes et de l'océan Indien s'y trouvent réunis pour dire autant la mémoire de leurs origines que le sens qu'ils donnent aujourd'hui et maintenant à leur monde et au nôtre.
Connue pour ses positions pacifistes et féministes radicales, l'artiste américaine Nancy Spero (1926-2009), est, dans sa jeunesse, élève de l'Art Institute de Chicago, place forte de la peinture figurative.
Puis, elle vient à Paris, de 1949 à 1950, où elle étudie à l'Ecole nationale des beaux-arts. Mariée en 1951 avec le peintre Leon Golub - ils auront trois enfants -, elle revient vivre avec sa famille dans la capitale française de 1959 à 1964. A son retour aux Etats-Unis, Nancy Spero s'engage contre la guerre au Viêt Nam et traduit son horreur dans les War Paintings (1966-1970). Suivront les Artaud Paintinqs (1969-1970) puis la célèbre série des Codex Artaud (1971-1972), avec laquelle elle met en place le principe systématique de bandes de papier, verticales ou horizontales, dans la tradition des papyri égyptiens, des rouleaux chinois et des frises antiques.
A partir des années 1970, Nancy Spero met la femme au centre de son travail et représente désormais l'homme au sens large sous une apparence exclusivement féminine. Son travail prend alors une tournure radicalement féministe. Elle forge l'image d'une femme transgressant toute limite d'époque et de culture, libre, forte et intemporelle. Le Centre Pompidou organise, pour la première fois en France, une rétrospective consacrée à l'oeuvre de Nancy Spero en réunissant une soixantaine de dessins de l'artiste américaine, disparue l'année dernière à l'âge de 83 ans.
DE HUMBOLDT A HUBBLE : de Humboldt qui, en publiant son célèbre Cosmos, est le premier à boucler la planète mais le dernier aussi des grands encyclopédistes incarnant le rêve d'un savoir total - à Hubble qui, en cette fin de siècle, ouvre à l'oeil humain les espaces galactiques les plus étonnants.
En quoi ces voyages, ces découvertes, du début du Romantisme à la fin des avant-gardes, ont-ils façonné la sensibilité moderne ? Le paysage accède au rang d'art majeur, en même temps que le pressentiment du Sublime se substitue à l'ancienne théorie du Beau.
L'Amérique sera, non par hasard mais par destination, le lieu élu de ce bouleversement. C'est sous l'influence de Humboldt que les premiers grands paysagistes américains, Cole, Moran, Church, mais aussi le photographe Muybridge, développent relevés topographiques et scientifiques autant que nouveau frisson esthétique, découvrant les horizons d'une terre qui s'offre à eux comme Terre promise : si le Vieux Monde est le monde de la chute et de la corruption, le monde nouveau est en effet celui du nouveau jardin d'Eden.
Cet aspect apocalyptique, tous les mouvements modernes, du futurisme italien au suprématisme russe, l'illustreront.
Balla transcrit les révolutions de Mercure et s'est construit une lunette avec laquelle observer le ciel. Kupka, Brancusi, Delaunay participent de cette exaltation. Masson, Miro, Picasso, Calder, continuent, dans les années 30, cette poétique des corps mobiles dans l'espace, donnant à leurs oeuvres diverses le terme unique de " Constellations ". Klein dans les années 50, sera leur successeur, qui, dans ses " Cosmologies ", prolonge ces rêveries.
Surtout, un monde libéré de la gravité est la nouvelle saisissante de ce Cosmos.
La peinture, dès 1910, ignorera, dans l'abstraction de Kandinsky mais aussi chez Malevitch et Lissitzky, les notions de haut et de bas. Et l'île volante de Laputa imaginée par Swift trouvera sa réalisation dans les villes flottantes rêvées par des artistes comme Malevitch dans ses planites et ses architectones, par, Kroutikov dans ses villes suspendues dans l'espace.
De nos jours, la rêverie cosmologique qui se fait insistante ou nostalgique chez Kiefer, Celmins ou Ruff, devient en revanche autodérision chez beaucoup de contemporains, avec lesquels se conclut cet ouvrage dédié à la naissance du troisième millénaire.
J.C.
Le Groupe des Quatre a été formé en 1925 par quatre peintres expressionnistes de l'Ecole de Paris au talent reconnu : Aberdam, Menkès, Weingart, Weissberg.
Ils se distinguent par une peinture forte et retenue, une verve sensuelle et sensible, une intense spiritualité magnifiée par la qualité de la couleur et du dessin. Les voici pour la première fois réunis dans un ouvrage, présentés par des écrivains et critiques d'art prestigieux, français, américains et polonais : Jean-Marie Dunoyer, Jerzy Malinowski, Philippe Soupault, Tériade...
Le musée du Louvre conserve l'une des collections de peintures italiennes les plus remarquables du monde.
Cet ouvrage, établi par les conservateurs du département des Peintures, met à jour l'intégralité de cet ensemble exceptionnel qui s'étend du XIIIe siècle à la première moitié du XIXe siècle.
Plus de mille tableaux sont documentés par une notice historique développée, accompagnée de nombreuses références bibliographiques. D'importantes annexes viennent enrichir ce catalogue, faisant de lui un outil de recherche et de référence indispensable.
Jean-Michel Basquiat fait son apparition à la toute fin des années 1970 dans les clubs branchés du Lower East Side de Manhattan, où s'inventent alors les premières musiques réellement urbaines : la no-wave et, surtout, le hip-hop. Musiques déstructurées, maniant le collage, le sampling et la syncope, avec lesquelles ses tableaux présentent d'évidentes analogies. Toutes les musiques habitent l'atelier et les oeuvres de ce mélomane compulsif et éclectique, dont la collection de plus de 3000 disques mixe les styles - du classique au rock, en passant par le zydeco de Louisiane, la soul, la new-wave et, par-dessus tout, le jazz -, et qui écoute de la musique en permanence lorsqu'il travaille. Ses tableaux abondent ainsi en références à l'histoire de la musique, en particulier au classique (Bach, Beethoven, Mozart...) et au jazz. Des références qui ne sont pas uniquement des citations, mais qui souvent participent aussi d'une stratégie d'affirmation de ses racines afro-américaines, dont témoigne en particulier le culte qu'il voue au blues et au be-bop, et notamment à la figure de Charlie Parker.