Recouvrant dix siècles, du vie au xve siècle, la présente anthologie de la poésie amoureuse des arabes se propose de communiquer, autant que possible, l'émoi que ressentent encore en la lisant les arabes d'aujourd'hui.
Hamdane hadjadji et andré miquel se sont d'ailleurs laissés guider par leur propre plaisir, ne retenant pas forcément les vers les plus célèbres.
Qu'il occupe l'espace entier du poème ou n'en constitue qu'un fragment, le chant d'amour s'offre ici sur tous les modes : la joie exaltante ou sereine, la souffrance de l'exilé ou de l'éconduit, la rencontre sans lendemain et qui, pour cette raison même, n'en finira pas de hanter la mémoire, l'amour absolu, parfait et impossible, et cet autre, qui nous attache aux mots.
Comme dans la précédente anthologie d'andré miquel parue chez sindbad en 1992, du désert d'arabie aux jardins d'espagne, la traduction, rythmée et rimée, est assez proche dans sa facture et dans son esprit du texte arabe original.
Tigre, éléphant, singe, buffle, serpent... chaque tradition artistique a sa propre façon d'imaginer et de représenter les animaux. Ceux de ce bestiaire révèlent la personnalité des artistes qui les ont créés, la richesse et la variété des formes d'art en Inde. Chaque page du livre est une sérigraphie, qui en fait un imagier hors du commun et un vrai livre d'art.
Les esclaves allèrent balayer le sol devant la porte du palais et l'asperger d'eau, puis ils sortirent un fauteuil à la mode franque.
Baïbars, accompagné d'Ahmad Agha et de tous les autres, alla s'asseoir. Ils étaient en train de converser entre eux quand soudain déboucha de la ruelle... un éléphant ? un djinn ? un démon ? Baïbars, le regardant, n'en crut pas ses yeux : c'était long comme un bambou, large comme une porte cochère ; cela avait un torse et des épaules énormes, deux jambes solides et nerveuses, une tête aussi grosse que deux têtes d'homme ordinaire, et une poitrine si large qu'entre un téton et l'autre on aurait pu s'asseoir à l'aise.
La tête était coiffée d'un turban cramoisi à calotte écarlate, le corps couvert d'un cache-poussière à boutons d'or gros comme des noisettes, le visage orné de moustaches noires pareilles aux ailes d'un aigle. Une armure de trente-six pièces toute en acier bleui le couvrait de pied en cap : casque, hausse-col, double pourpoint rembourré, jambières. Il marchait en faisant résonner le sol sous ses pas, comme un chameau en rut, et sa châkriyyeh, large comme le vantail d'une porte de boutique, battait ses jambières d'acier en faisant un tintamarre terrible.
Quatre contes inédits en français datant du XIVe siècle et provenant sans doute du même "atelier de fabrication" que Les Mille et Une Nuits, dans lesquels les femmes jouent un rôle essentiel : Histoire des quarante jeunes filles et ce qu'il advint d'elles avec le roi / Histoire de Abû Dîsa surnommé Usfûr et ce qui lui arriva de merveilleux / Histoire de Sahr, Khansa, Miqdam et Hayfa, et ce qu'il advint d'eux / Histoire de la montagne enchantée et des merveilles qui s'y sont déroulées.
Nous proposons ici, après Histoire de 'Arûs, la Belle des Belles, des ruses qu'elle ourdit et des merveilles des mers et des îles (Babel n° 1078), une traduction de quatre autres contes tirés du même Livre des histoires étonnantes et des anecdotes surprenantes, recueil anonyme de dix-huit contes arabes dont le texte a été établi par Hans Wehr à partir du manuscrit d'Istanbul Aya-Sofya n°3397 datant probablement du XIVe siècle, et publié à Damas en 1956.
Nous avons choisi ici de traduire un conte de chaque catégorie établie par le rédacteur du recueil : en effet, chaque titre est classé selon une nomenclature savante, celle-là même qui sera utilisée pour Les Mille et Une Nuits. Le genre "délivrance après l'angoisse" a été attribué aux récits dont le dénouement heureux ponctue une intrigue au départ mal engagée, comme dans l'Histoire des quarante jeunes filles et ce qu'il advint d'elles avec le roi. Pour illustrer le genre des "récits facétieux" nous avons choisi l'Histoire de Abû Dîsa surnommé Usfûr et ce qui lui arriva de merveilleux. C'est dans le genre des "histoires véridiques" que se range l'Histoire de Sahr, Khansa, Miqdam et Hayfa, et ce qu'il advint d'eux, qui mélange la saveur de la fiction à la réalité historique d'une poétesse bédouine préislamique. Enfin, la catégorie "merveilles" renvoie aux récits de voyageurs décrivant les curiosités inédites rencontrées dans un ailleurs lointain, qu'il soit réel ou fantasmé - ici l'Histoire de la montagne enchantée et des merveilles qui s'y sont déroulées.
Car telle était la coutume des fidaouis : lorsqu'ils allumaient leurs feux de guerre, toute la syrie et la côte étaient en alerte.
Tous ceux qui apercevaient la flamme, qu'ils fussent ou non fidaouis, allumaient du feu à leur tour au sommet de la plus proche montagne, puis rassemblaient leurs troupes, se mettaient en selle et se dirigeaient vers sahiyoun.
Dès qu'on aperçut les feux de guerre à alep, hasan el-qassâr se mit en route avec ses hommes et se rendit à maarat el-no'mân, oú on lui apprit le trépas du capitaine jamr, à yânisa.
Le coeur plein de chagrin et de colère, il se dirigea vers sahyoun.
Des pentes du horân aux nids d'aigles de madraj et de sîs, les fidaouis descendaient de leurs montagnes ; de sbaybeh et de qadmous s'avançaient les adraïtes, pendant que les awâmir sortaient de leurs châteaux. vêtus de noir, en signe de deuil pour leur chef jamr, ils arrivaient de partout sur sahymoun, remplissant les monts et les vallées.
Mon théâtre, c'est le livre d'un artiste qui fait du théâtre à la première personne.
Il suit le parcours de cet aventurier épris du voyage qui le conduit de bolivie à pina bausch et de grèce à eugenio barba. le théâtre de pippo delbono porte la marque des expéditions dont il se nourrit et qu'il intègre sans cesse. ses choix de vie, il se les remémore et les commente ici avec une liberté propre à son identité. pippo delbono ne dissocie jamais l'expérience de son utilisation scénique : elles se confondent.
Mon théâtre, un livre concret où ce "baladin du théâtre occidental" parle de maladie et de déroute, de pasolini et de l'albanie, de sa mère et de ses amis. c'est d'un autoportrait en acte qu'il s'agit, d'une parole qui saisit le réel et en jouit, d'un théâtre qui se fait en mouvement. théâtre direct, vital, choral. "théâtre brut", pour rappeler la célèbre formule de peter brook. mon théâtre, récit de la constitution d'une équipe où se retrouvent des personnages marginaux, handicapés et rejetés, indispensables à pippo delbono, ce dubuffet des temps modernes.
Il raconte, sans impudeur ni complaisance, comment un artiste se met à l'écoute, parle, agit au sein de cette communauté qui réunit les exclus du monde. c'est elle qui sert d'assise à son théâtre. mon théâtre, un livre qui se lit comme un poème de françois villon.
(Le transmetteur a dit : ) Sachez, nobles seigneurs, que Baïbars voulait surtout faire peur à Otmân et l'intimider ; c'est pourquoi il retenait ses coups et ne lui faisait pas si mal que cela.
Mais alors, il se saisit de son lett de Damas et poussa un grand cri, prenant un visage terrible et faisant mine de frapper. " Pitié, soldat, s'écria Otmân. Fais-moi grâce, j'irai avec toi, mais ne me frappe pas avec cette boulette, que Dieu maudisse celui qui l'a boulettée. Par le Secret de la Dame, si tu ne l'avais pas avec toi, je ne te suivrais pas, même si tu me crevais un oeil. Que Dieu maudisse ton pays !
- Allez, marche et ne parle pas tant ", fit Baïbars.
Otmân se leva et se mit en route en traînant les pieds.
Au bout de quelques pas, il s'arrêta net.
- Et bien, qu'est-ce que tu as à t'arrêter, osta Otmân ?
- Ben, soldat, tu veux vraiment me faire entrer au Caire ligoté comme un poulet ? Est-ce que le Bon Dieu permet ça ? Tel que tu me vois, les gens du Caire me connaissent, ils savent que je suis le chef de tous les truands. Si tu étais juste, tu me délivrerais et j'irais avec toi.
Il y a longtemps, dans les villages grecs d'Asie Mineure, perdus dans le vaste territoire de l'Empire ottoman, naissaient des contes. Issus de légendes encore plus anciennes, nourris aux deux traditions orientale et occidentale, ils ont voyagé de bouche à oreille pendant des siècles avant d'être retranscrits pour la première fois, dans les années cinquante, par Calliopi Moussaiou-Bouyoukou, qui les a recueillis auprès des rares aèdes encore en vie. Dures et tendres, crues et merveilleuses, pures et païennes, ces histoires insolites mêlent féerie et cauchemar, surnaturel et quotidien.
Traduit du grec par Blanche Molfessis.
(Le transmetteur a dit : ) Ce soir-là, Baïbars, après avoir dîné et fait la prière du soir et celle de la nuit tombée, appela Otmân.
- Me v'là, me v'là soldat, soldat ! fit ce dernier.
- Va dire aux porte-flambeaux d'allumer leurs torches : je vais faire une tournée d'inspection, cette nuit !
- Ah ben brave ! ricana Otmân.
Et bonjour les loupiotes ! Non mais t'est vraiment un bleu, parla vie du Prophète ! Bon, j'vais t'apprendre un truc, mon frélot : si tu t'balades la nuit avec une loupiote devant toi, t'es sûr qu'les rôdeurs et les bandits y t'verront et qu'toi tu les verras pas. Résultat y s'barreront tous et la tournée elle aura servi à rien !
- Et comment on fait, alors ? demanda Baïbars incrédule. Tu veux qu'on aille dans le noir ?
- Ben un peu, ouais ! Et pis, tu mettras des patins en feutre sous les sabots d'ton gaille, comme ça personne nous entendra.
Et, en plus, on sera tous habillés en noir. Moi, j'prendrai une lanterne source et j'marcherai devant. Quand j'verrai quèque chose, j'enverrai la lumière juste là où y faut, et j'saurai du premier coup d'oeil à qui j'ai affaire. Ca t'va-t-y comme ça ?
- D'accord, Otmân, par la vie du Prophète, tu as raison. Fais comme tu l'entends, je te donne carte blanche.
«Les gens émettent divers avis à son sujet. On raconte que c'était un roi d'origine yéménite qui a régné sur le monde entier. D'autres disent qu'il était d'origine grecque, d'autres disent que c'était un prophète ou encore un simple envoyé [de Dieu] sans être un prophète. Dieu lui aurait accordé cette grâce car il ne lui pas envoyé Gabriel entre La Mecque et Jérusalem. On raconte aussi qu'il était un Toubbaa, un des rois du Yémen. On dit aussi qu'il était un saint vertueux de Dieu et que Dieu l'aimait. C'était un jeune homme intelligent, confiant dans l'ordre de Dieu. C'était un lettré, versé dans la science de la loi. Il était favorisé par le sort, disposait d'un esprit et d'un avis pertinent, d'un regard pénétrant, il croyait en l'unicité de Dieu, il connaissait les jours de Dieu et appliquait la Loi de Dieu.» Histoire du Bicornu, «Les origines», [1] Tombouctou, la «Cité mystérieuse», voire «fabuleuse», la ville des 333 saints est aussi, d'après la tradition, la ville des belles histoires : «Le sel vient du Nord, l'or du Sud, l'argent du pays des Blancs, mais la parole de Dieu, les choses saintes et les belles histoires ne se trouvent qu'à Tombouctou.» Avec sa célèbre université de Sankoré qui compta jusqu'à vingt-cinq mille étudiants, Tombouctou fut une capitale de la culture et du savoir pendant la période médiévale.
Traces et témoins de cette période de gloire, il nous reste les manuscrits, un extraordinaire patrimoine, presque inexploité mais en danger. On pense que la seule région de Tombouctou détient près de 200 000 manuscrits, dont moins de 10 % ont été catalogués et plus de 40 % sont encore stockés dans des conditions plus que précaires. La présence de bandes armées dans la région depuis le 1er avril 2012 et la prise de Tombouctou font redouter le pire : destruction et dispersion de ces trésors inestimables, qui constituent en fait la mémoire de l'Afrique.
Le dépouillement des catalogues auquel nous avons procédé a mis en lumière l'existence de nombreux écrits du genre sîra (histoire romancée). De là a germé l'idée d'une collection intitulée «Les Manuscrits de Tombouctou» (titre provisoire), qui inclurait dans un premier temps :
- La vie romancée d'Alexandre - L'historie de Tawaddud, la docte Sympathie (personnage des Mille et Une Nuits) - Bouloukia le premier des croyants - Le cycle de Ali - Le cycle de Moïse La vie romancée d'Alexandre, intitulée dans le manuscrit Histoire du Bicornu, constitue le point extrême de l'avancée du Roman d'Alexandre vers l'Occident. Cette oeuvre constitue un recueil de légendes concernant les exploits d'Alexandre le Grand. Source des différents miroirs des princes, il fut, malgré la diversité des versions, l'un des livres les plus répandus au Moyen Âge, objet des premières traductions dans les langues vernaculaires d'Europe. Dans cette version rarissime, s'y entremêlent des légendes coraniques, probablement d'origine syriaque, concernant le Bicornu : quête de la source de vie, construction de la barrière contre Gog et Magog (Sourate La Caverne, 94-98), les grands moments de la vie d'Alexandre (ses victoires sur Darius et sur Porus, des passages du pseudo-Callisthène comme l'histoire de Candace et Candaule, avec des récits merveilleux comme ceux intitulés «Le château enchanté» et «Le pays des Djinns»).
Découvrir l'histoire du Bicornu parmi les manuscrits de Tombouctou était tout à fait inattendu et exceptionnel ; du reste, c'est par le plus grand des hasards que cette invention s'est réalisée. L'intérêt de cette découverte montre à quel point il ne suffit pas de proclamer «qu'il faut sauver les manuscrits des sables», mais qu'il est urgent de se mettre à les éditer et à les traduire.
Pour comprendre la culture et la civilisation humanistes, le jardin florentin du Quattrocento est un thème essentiel, qui conjugue les arts et les technologies, la nature et la culture, les idées et les mythes.
La création ou la transformation de ces jardins prestigieux ont favorisé le développement de nombreuses disciplines : l'architecture, la sculpture, la peinture, la botanique, les techniques culturales et agraires, l'ornementation des jardins, les collections de plantes exotiques ou indigènes... Les peintres, les poètes et les philosophes du Quattrocento n'ont pas manqué de célébrer les jardins, et tout particulièrement ceux que les Médicis (de Cosme l'Ancien à Laurent le Magnifique) avaient aménagés à Florence ou dans les campagnes environnantes.
A partir d'architectures-jardins connues (le palais Medici-Riccardi à Florence, la villa Médicis à Fiesole...) ou d'autres plus secrètes (Careggi, Cafaggiolo, Agnano...), cet ouvrage analyse la genèse des jardins médicéens, l'importance et la variété des sources iconographiques et littéraires, le rapport entre le jardin monastique et le jardin laïc, le développement des techniques horticoles, l'image de ces jardins qui, au cours des siècles, s'est formée et déformée, pour souvent se reformer...
L'art des jardins, en cette période charnière, renvoie implicitement aux préoccupations paysagères qui caractérisent notre époque. Enfin, c'est toute la Toscane qui, ici, est célébrée, avec ses collines, ses villas, son art de vivre et sa "raison" humaine...
A travers les plus représentatives réalisations italiennes des dix dernières années, ce livre rend compte de travaux " d'auteurs " qui veulent redonner à l'architecture intérieure toutes ses lettres de noblesse en s'engageant, loin des manifestations éclatantes de l'architecture officielle, dans la recherche plus concrète et plus intime de ce que pourraient être les nouveaux espaces à habiter.
En interrogeant des artistes israéliens sur la question de l'identité israélienne, c'est bien entendu le lien de cette identité à l'histoire de l'Occident, d'une part, au passé et à l'actualité de la Palestine, d'autre part, que ce livre propose d'évoquer. Loin de tout esprit partisan, de toute langue de bois. Mêlant la réflexion au récit autobiographique, ces artistes ont à coeur de faire connaître et comprendre l'équilibre - subtil et différent pour chacun d'eux - entre le sentiment d'appartenir à une nation et le souci de préserver leur rapport séculaire à l'autre et à l'universel.
A l'heure où la haine ne cesse de gagner du terrain, où l'horizon de la paix semble reculer chaque jour, il est important et salutaire d'écouter leurs voix parler d'espoir et de respect de l'autre.
Ce recueil propose des textes inédits des douze auteurs russes invités des Belles Etrangères. lis viennent d'un pays récemment libéré d'un régime qui n'avait jamais caché sa volonté d'asservir l'esprit, les créateurs et les écrivains en tout premier lieu.
Des prosateurs et des poètes reconnus y côtoient de "nouveaux" écrivains, deux jeunes débutants et un au¬teur de BD, genre encore balbutiant en Russie.
Si tous ces auteurs ont des voix singulières nul effet d'école ici, nulle bannière sous laquelle se regrou¬per , ils témoignent néanmoins, chacun à sa façon, de la haute idée qu'ils ont de la littérature et de leur art.
Des lignes de force apparaissent alors, dessinant un nouveau et réconfortant paysage littéraire dont la pré¬sente anthologie se veut le reflet et le témoignage.
Nikolaï Chadrine, Andreï Guelassimov, Leonid Guirchovitch, Natalia Jouravliova, Nikolaï Kononov, Ilya Kotcherguine, Iouri Mamleïev, Nokolaï Maslov, Ludmila Oulitskaïa, Vera Pavlova, Lev Rubinstein, Olga Sedakova.
Qui n'a aperçu, au détour d'une ruelle du souk de damas ou du caire, ces cavaliers parés de couleurs vives, le sabre au poing, dans des peintures sous verre ou sur tissu ? zîr sâlim, 'antar, abû zayd al-hilâlî, et d'autres encore.
Dans les cafés, sous les tentes des bédouins ou dans les villages lors des veillées du mois de ramadan, on a longtemps chanté et conté leurs extraordinaires aventures.
Malgré la modernisation de la société, ces héros de légende sont restés vivants dans toutes les mémoires. car, pendant des siècles, poètes, conteurs, rédacteurs et copistes anonymes ont transmis leur geste avec une constance étonnante, contribuant au maintien d'une véritable historiographie populaire parallèle à l'histoire savante des dynasties et des etats.
Dans ces grands feuilletons orientaux, ou alternent querelles de famille, histoires d'amour, exploits guerriers, intrigues et trahisons, c'est toute une société qui se représente elle-même : son passé, ses valeurs, ses espoirs, mais aussi ses souffrances et ses peurs.
Extrait de l'introduction de marguerite gavillet matar la geste de zîr sâlim, présentée ici dans une traduction allégée, prolonge une vieille légende de l'arabie préislamique, celle d'une chamelle dont le meurtre fut à l'origine d'une guerre particulièrement longue et sanglante entre deux tribus.
Jusqu'à l'aube du xxe siècle, le récit de cette guerre n'a cessé d'être modifié, enrichi, déplacé dans le temps et dans l'espace et adapté aux différents contextes des pays où il s'est répandu. et, peu à peu, en a émergé le personnage hors du commun de zîr sâlim, chevaucheur de lions, faucheur de têtes. et ivrogne impénitent.
Ces cinq poémes préislamiques constituent une suite aux sept poèmes, plus connus sous le surnom de mu'allaqât, la plus célèbre anthologie de la poésie arabe archaïque.
Amours, chevauchée, chasse, ripaille, beuverie, mais aussi guerre et razzia, désert de feu et crue dévastatrice, éloge du prince, satire d'un chef ; gloire du poète lui-même : tels sont les thèmes ordinaires de cette poésie, d'origine nomade et de tradition orale sans doute, mais liée aussi aux cours princières de l'arabie d'avant l'islam, notamment celle de hîra, près de l'euphrate en mésopotamie, et, de ce fait, nullement coupée du monde extérieur.
Contrairement à ce que l'on a parfois dit, ces thèmes ne sont pas plus assemblés de manière anarchique qu'ils ne constituent une série de tableaux statiques dans une galerie obligée. tous, au contraire, s'inscrivent dans la marche générale du poème, qui a ses règles, mais aussi ses libertés, comme l'attestent ici le ton libertin d'al-a'shâ maymûn, celui, sentencieux, de `abîd b. al abras ou le puissant symbolisme d'al-nâbigha.
«Cette étonnante série de photographies évoque le retour de l'artiste dans la maison de ses grands-parents, située dans les régions éloignées du Nord du Japon, et la mort de son grand-père.
Au-delà de cette histoire personnelle et du fait que la plupart des images représentent sa famille et la maison dans laquelle ils vivaient, ce travail doit être apprécié pour sa sensibilité visuelle incroyable. Dans la tradition d'Issei Suda, Eikoh Hosoe et Daido Moriyama, Takizawa travaille le contraste intense, les noirs profonds et les reliefs éphémères dans des compositions dramatiques et chargées d'émotions. Les oeuvres elles-mêmes dans leur format d'origine (et non les copies présentées) sont des phototypies sur papier traditionnel japonais, un procédé photographique extrêmement rare et précieux, produit dans le seul atelier qui ait survécu à Kyoto. Le travail de Takizawa est donc exceptionnel par son caractère à la fois physique et esthétique ; il pérennise l'honorable tradition japonaise de la photographie en noir et blanc depuis la Seconde Guerre mondiale. Takizawa est une artiste majeure et passionnante qui allie les procédés traditionnels aux idées contemporaines.» Simon Baker, conseiller artistique 2014
Sur la notion d'inégalité à New York, et l'élargissement du fossé entre les riches et les pauvres, en particulier à travers le problème du logement commun à toutes les grandes villes du monde, une trentaine d'écrivains contemporains ont offert un texte, à l'invitation de John Freeman, ancien rédacteur en chef de la revue Granta. Ils s'appellent, notamment, Bill Cheng, Lydia Davis, Jonathan Dee, Junot Díaz, Valeria Luiselli, Colum Mc Cann, Dinaw Mengestu, Téa Obreht, Jonathan Safran Foer, Taiye Selasi, Zadie Smith, Edmund White. D'autres sont moins connus, mais tout aussi (im)pertinents. La diversité et l'acuité de leurs approches et de leurs visions composent un recueil d'histoires et d'expériences exaltant, combatif, rageusement vivant. Quand la littérature prend notre monde entre quatre yeux. Et en mains.
Quelle peut être la mesure de ce qui n'en a pas ? pour parler de la littérature, peut être faut-il partir du plaisir, ce principe de vie et de connaissance : plaisir de l'éveil par une autre pensée et une autre langue, articulées en un poème ou un récit ; plaisir de mots qui prennent corps, deviennent situations, drame, flux - la vie même.
Les pages de ce dossier entendent former ce que barthes appelle une " babel heureuse ". vingt-trois textes, composés par autant de poètes et de romanciers ; tous (sauf un) inédits : quelques-uns fragments de livres en construction, mais la plupart écrits à l'invitation de la pensée de midi. la cohabitation des langages règne. leur entente mutuelle y est le fruit d'un accord non médité, mais suscité.
La littérature y est l'horizon primitif au-dessus duquel se sont déployés ces textes si divers et si volontairement réunis pour leur singularité qu'il nous a paru opportun d'appeler cette livraison de la pensée de midi " littératures ", au pluriel. a rebours des numéros sur la littérature, souvent savants et parfois savoureux, nous avons souhaité que celui-ci soit un numéro de et donc des littérature(s), persuadés que des textes de création en éclaireraient mieux l'enjeu que toute forme d'analyse.
Ainsi avons-nous adressé à des poètes et à des romanciers la proposition de faire ce chemin avec nous, à partir de l'évocation d'une " mère étrangère ".
Parce que «le Sud avec ses héros défigurés, et le Nord avec ses héros héroïques partagent les mêmes racines», la publication de cette anthologie coïncide ouvertement avec le focus sud-coréen du salon du Livre de Paris en 2016. Plus largement, elle offre un panorama captivant d'une littérature qu'on ne saurait réduire aux prescriptions du réalisme socialiste, et qui frappe par son optimisme et sa défense des valeurs positives.
L'histoire de la photographie, à l'instar de l'histoire de l'art, est régulièrement parcourue d'événements inattendus qui la projettent soudainement sous les feux de l'actualité. L'annonce officielle, en 2008, de la redécouverte de la valise mexicaine de Robert Capa, dont la trace avait été perdue depuis 1939, a provoqué un engouement considérable dans l'univers du photoreportage et de la recherche historique.
L'existence de cette valise était connue ; Robert Capa l'avait mentionnée à plusieurs reprises dans ses écrits, et son frère, Cornell, fondateur de l'International Center of Photography (ICP), n'avait jamais cessé d'en poursuivre activement la recherche. Après plus de soixante-dix années de pérégrinations rocambolesques et de péripéties diverses, la «valise» (en fait, trois boîtes de rouleaux de pellicule, soigneusement classés) révélait son extraordinaire contenu : 4 500 négatifs d'images de la guerre civile espagnole, prises entre 1936 et 1939 par Gerda Taro - compagne de Capa tragiquement disparue en 1937 pendant la bataille de Brunete -, David Seymour dit Chim et Robert Capa. Une manne de documents, en très bon état de conservation et, pour une large part, totalement inédits, déployant le panorama détaillé d'un conflit qui a changé le cours de l'histoire européenne.
D'un exceptionnel intérêt documentaire, ces films et clichés racontent aussi l'histoire de trois célèbres photographes, totalement investis dans la cause républicaine et antifasciste, qui, au prix de risques considérables, ont jeté les bases de la photographie de guerre actuelle et donné ses lettres de noblesse au photoreportage engagé. Dirigée par Cynthia Young, conservatrice des archives de Robert et Cornell Capa (ICP, New York), l'édition de La Valise mexicaine, sous forme d'un ouvrage en deux volumes, présente l'intégralité des films miraculeusement retrouvés ainsi que les documents d'époque (journaux, magazines, revues) qui permettent de restituer l'importance historique de cette somme iconographique. De nombreux textes et analyses critiques, rédigés par les meilleurs spécialistes et chercheurs des différentes disciplines convoquées, éclairent de façon approfondie les différents aspects et problématiques que soulèvent la découverte de ces milliers d'images et la vie fascinante de leurs remarquables auteurs : Capa, le fonceur, Taro, l'intrépide et Chim, le réfléchi.
Sous les auspices conjoints de l'empereur Frédéric et de l'envoyé de Baïbars, un tribunal international se réunit à Rome pour juger l'affreux Jaouane ; enfin démasqué aux yeux de ses propres coreligionnaires, le moine maudit est condamné à une peine particulièrement atroce.
à laquelle il finira par se soustraire, car les temps ne sont pas encore mûrs. Son évasion aura des conséquences fort néfastes : le valeureux Ibrahim manquera de peu d'y périr, après avoir accompli des exploits à faire pâlir les héros antiques. Miraculeusement guéri des trois cent soixante blessures qu'il a essuyées à cette occasion, il va se trouver entraîné dans une rébellion qui le dressera contre Baïbars lui-même.
Ira-t-il jusqu'à accepter l'alliance que lui propose Jaouane, et passer à l'ennemi ? La chose paraît invraisemblable. Et pourtant.
Baïbars régna sur Le Caire et Damas au XIIIe siècle. Il arrêta l'invasion mongole et enleva aux Croisés leurs principales forteresses. C'est la vie de ce sultan mamelouk qui constitue l'argument historique du Roman de Baïbars, l'un des principaux cycles narratifs populaires.