Né il y a trois siècles au Japon, le haiku est la forme poétique la plus courte du monde. Art de l'ellipse et de la suggestion, poème de l'instant révélé, il cherche à éveiller en nous une conscience de la vie comme miracle. De Bashô jusqu'aux poètes contemporains, en passant par Buson, Issa, Shiki et bien d'autres, Haiku est la première anthologie à présenter un panorama complet de ce genre littéraire, en lequel on a pu voir le plus parfait accomplissement de l'esthétique japonaise.
« Pourquoi aimons-nous le haiku ? » interrogent les préfaciers de ce livre. « Sans doute pour l'acquiescement qu'il suscite en nous, entre émerveillement et mystère. Le temps d'un souffle (un haiku, selon la règle, ne doit pas être plus long qu'une respiration), le poème coïncide tout à coup avec notre exacte intimité, provoquant le plus subtil des séismes. Sans doute, aussi, parce qu'il nous déroute, parce qu'il nous sort de notre pli, déchirant une taie sur notre regard, rappelant que la création a lieu à chaque instant. Peut-être, enfin, parce qu'il sait pincer le coeur avec légèreté. Rien de pesant, rien de solennel, rien de convenu. Juste un tressaillement complice. Une savante simplicité. »
Ukraine, 24 poètes pour un pays : conçue sur le terreau de l'actualité la plus immédiate, cette anthologie rassemble des poètes ukrainiens engagés dans la résistance. À l'image de Taras Chevtchenko, figure emblématique de la littérature, les uns ont affirmé l'identité d'une nation face à l'agresseur. D'autres comme Vassyl Stous, écrivain martyr de la dissidence, ont connu la lutte contre le nazisme, le stalinisme, la guerre froide, puis la chute du mur de Berlin. Les plus jeunes, que représente Ella Yevtushenko, appartiennent à cette génération de la dignité née après l'effondrement de l'URSS, qui a toujours connu une Ukraine indépendante. À travers eux, c'est l'esprit de Maïdan qui respire en ces pages : celui d'hommes et de femmes qui veulent choisir librement l'avenir de leur pays.
Héritée d'une tradition païenne antique, ancrée dans l'opposition et la résistance des Bretons à l'envahisseur germanique, chantée par les bardes dans un dialecte celtique, la légende arthurienne prend corps au IX? siècle, en terre galloise, dans les récits en latin et en prose. C'est à partir de 1130 que l'histoire légendaire de ce roi vaillant et brave, chef charismatique et incontesté, personnage fabuleux et victorieux, connaît un écho retentissant auprès du public, à travers toute l'Europe, grâce à l'ambitieuse chronique du clerc anglais Geoffroi de Monmouth, Histoire des rois de Bretagne. À sa suite, en particulier sous l'impulsion de Chrétien de Troyes, le roman arthurien s'enrichit de nombreux épisodes des aventures du roi et de ses compagnons chevaliers:exploits prodigieux, conquêtes amoureuses, quête du saint Graal...À la lumière de l'histoire culturelle, sociale et politique du Moyen Âge et de ses images (enluminures, sceaux, armoiries...), cette édition propose de mieux comprendre la transformation de la matière dite de Bretagne en l'une des plus grandes légendes de tous les temps.Cycle sans égal inscrit au patrimoine littéraire mondial, la légende arthurienne n'a cessé de nourrir toutes les formes de la création - des récits de Chrétien de Troyes aux opéras de Wagner, aux beautés préraphaélites, jusqu'au nonsense des Monty Python... - et de hanter notre imaginaire.
L'île rebelle permet de saisir l'ampleur et les nombreuses particularités de la poésie des dernières décennies d'Angleterre, de Galles et d'Écosse, constituant l'anthologie de référence en édition bilingue pour la poésie britannique contemporaine. La poésie britannique, aux antipodes du symbolisme et du formalisme hexagonaux, est le plus souvent narrative et discursive et plus encline à solliciter l'humour ou le registre social. Un humour au reste essentiellement assumé par les femmes qui représentent près du tiers des auteurs ici retenus.
Né il y a près de quatre siècles au Japon, sous le nom de haikai, le haiku est la forme poétique la plus courte du monde. Art de l'ellipse et de la suggestion, poème de l'instant révélé, il cherche à éveiller en nous une conscience de la vie comme miracle.Un recueil de plus de trois cents poèmes pour découvrir, au fil des saisons, la plume des quatre grands maîtres du haiku japonais, Bashô, Buson, Issa, Shiki, ainsi que de nombreux autres, tels Ryôkan, Hôsai ou Santôka.
En 313, Constantin, empereur chrétien, accorde la liberté de culte à toutes les religions; nul ne sera plus contraint de vénérer l'empereur à l'égal d'un dieu. En 391-392, Théodose, empereur très chrétien, interdit les cultes païens. Le monde a basculé. Ce qui est en cause, ce ne sont pas seulement des croyances et des cultes, mais toute une civilisation fondée sur la paideia - la culture, les moeurs et les pratiques de la Rome éternelle. C'est en ce sens que les historiens réunis dans ce volume peuvent être dits païens:nourris à l'antique paideia, ils en partagent toujours les valeurs. Ils écrivent entre 360 et 394 (avant 408 pour l'auteur des Vies et moeurs des empereurs) sous les règnes de princes chrétiens, occupent des postes importants, proches du pouvoir, et, par force, s'avancent masqués.De belles carrières restent ouvertes à ces lettrés, émules de Tite-Live, de Suétone ou de Tacite; les empereurs chrétiens ne peuvent se passer d'eux. Les lois de 391-392 ne les réduisent pas au silence, mais ils sont assez lucides pour comprendre jusqu'où ils peuvent aller dans leur éloge du passé. La plupart évitent prudemment de parler du christianisme. L'Histoire Auguste, elle, s'autorise des moqueries, des parodies des Évangiles ou des Pères de l'Église, des allusions plus ou moins voilées. Le livre - trente vies d'empereurs, à partir d'Hadrien - est truffé d'indices révélant à des lecteurs choisis le fond de la pensée de son auteur, écrivain dissimulé, semet ridente, «souriant dans son for intérieur».Cet auteur pourrait passer pour le digne successeur du Suétone des Douze Césars. Il a du goût pour les frivolités d'alcôve, les anecdotes à portée moralisante, les prodiges et les oracles. Mais il se révèle en outre particulièrement imaginatif. L'Histoire Auguste n'est pas une oeuvre historique au sens moderne du terme:elle enrichit son récit par tous les moyens qu'offre l'écriture romanesque, jusqu'à effacer les frontières entre histoire et fiction. C'est l'occasion de savoureux morceaux de bravoure, d'autant plus soignés littérairement qu'ils sont historiquement douteux.Histoire sans autorité donc, mais pleine de vie et finalement de vérité:une oeuvre personnelle et sensible sur l'âge d'or du paganisme et sur son déclin. «Une effroyable odeur d'humanité monte de ce livre», disait Marguerite Yourcenar, qui y avait trouvé la matière des Mémoires d'Hadrien. Cette humanité en désarroi, c'est celle des païens qui assistent impuissants à la dissolution du monde auquel ils tiennent et appartiennent. À la bataille de la Rivière froide, en 394, les armées de Théodose affrontent l'usurpateur Eugène et le général Arbogast, soutenus par le parti païen. Théodose vainqueur, certains vaincus se donnent la mort. Parmi eux, Nicomaque Flavien senior, aristocrate, préfet du prétoire d'Italie, probable auteur de l'énigmatique Histoire Auguste.
Il existe « un cri du silence » comme il existe des silhouettes sans visages et des visages sans voix. En Afghanistan, depuis longtemps déjà, l'oiseau noir de la peur paraît s'être juché sur l'épaule des femmes. Du monde libre qui est le nôtre, nous les imaginons invisibles et muettes sous la burqa, condamnées à la misogynie aveugle, recluses dans le poing d'une domination archaïque. Pourtant en Afghanistan, comme ici, des femmes lisent et écrivent. Des vers. Des chants. De la poésie. Des mots qui ouvrent en elles, et autour d'elles, un espace de liberté où ce qui est interdit, tabou, vient sourdre comme une eau à la surface de la terre. Les langues se délient. Les corps parlent. L'âme trouve une voix. Et l'eau de leurs poèmes irrigue le monde d'une espérance que l'on n'attendait plus.
« Matin de printemps - / mon ombre aussi / déborde de vie ! ».
Bashô, Buson, Issa, Chiyo-ni, Ryôkan, Shiki, Sôseki... Autant de grandes plumes japonaises réunies dans ce recueil de haikus. Un recueil où éclosent, dans la brièveté d'usage de cette forme, quelques superbes épiphanies propres aux deux belles saisons : le printemps et l'été.
Plus de 200 poèmes-tableaux, où se croisent, aux lisières de l'invisible, cerisiers en fleur, nuits d'été et autres pluies printanières.
Un choix de poèmes depuis les origines (IIIe s . av. J. -C.) , avec les fragments de Livius Andronicus, jusqu'à Pascal Quignard, auteur en 1976 d' "Inter aerias fagos" . Textes de Plaute, Térence, Cicéron, Lucrèce, Catulle, Virgile, Horace, Tibulle, Properce, Ovide, Sénèque, Lucain, Pétrone, Martial, Stace, Juvénal, Priapées anonymes, choix d'épitaphes ; les poètes païens des IIIe et IVe siècles, dont Ausone et Claudien ; les poètes chrétiens de l'Antiquité et du Moyen Age, Lactance, Hilaire de Poitiers, Ambroise de Milan, Prudence, Sidoine Apollinaire, Boèce, Venance Fortunat, Paul Diacre, Alcuin, Raban Maur, Adalbéron de Laon, Fulbert de Chartres, Pierre le Vénérable, Geoffroy de Monmouth, Alain de Lille, Hélinand de Froidmond ou Thomas d'Aquin ; des hymnes liturgiques, dont le Salve Regina, les poèmes satiriques, moraux ou religieux des Carmina burana, la poésie érotique du Chansonnier de Ripoll ; les poètes de l'humanisme et de la Renaissance, notamment Pétrarque, Boccace, Politien, Erasme, Bembo, l'Arioste, Scaliger ou Giordano Bruno ; les Français Théodore de Bèze ou Joachim Du Bellay ; les Anglais Thomas More ou John Owen ; puis Baudelaire, Rimbaud, Giovanni Pascoli et Pascal Quignard.
Liste non exhaustive.
Au cours de l'été 1816 à la villa Diodati, au bord du Léman, Mary Shelley n'est pas la seule à engendrer une créature de papier monstrueuse. Le médecin de Lord Byron, Polidori, qui participe également au concours d'histoires macabres organisé par son employeur, fait entrer le vampire en littérature. Le Vampire est un texte fondateur qui apporte l'impulsion décisive permettant au genre gothique de donner naissance à l'une de ses modalités les plus spectaculaires : la littérature vampirique. Avant Polidori, le vampire était un vuIgaire revenant cantonné à la tradition folklorique et aux récits légendaires. En faisant de lui un personnage éminemment byronien - aristocratique, désenchanté, séduisant ténébreux -, il invente une figure canonique qui continue d'essaimer aujourd'hui.
Depuis le début du XIXe siècle, la littérature britannique palpitait au rythme de pulsions sanguinaires. Avec la relation ambiguë mais cruellement prédatrice qui unit la très destructrice Géraldine à l'héroïne éponyme de Christabel (1797 et 1800), Coleridge a préparé les sensibilités à une mise en discours explicite de la morsure infligée par un revenant. Robert Southey, dans un épisode de Thalaba (1801), puis Byron, à la faveur d'un passage du Giaour (1813), ont l'un et l'autre franchi un pas symbolique crucial en utilisant non seulement le concept mais le terme de «vampire». Christabel fait l'ouverture de ce volume, où l'on trouvera en appendice des extraits des deux poèmes séminaux de Southey et Byron.
Un autre jalon est posé par Sheridan Le Fanu et Carmilla (1872). Ouvertement saphique, cette nouvelle met en scène un vampire femelle qui envoûte sa proie. La séduction est, littéralement, effrayante, et la prédation létale fait écho aux pulsions sexuelles refoulées de la victime. Un autre écrivain irlandais, Bram Stoker, saura s'en souvenir vingt-cinq ans plus tard. On ne présente plus sa création, le comte Dracula, ce grand saigneur. Reste que les adaptations cinématographiques se sont par trop éloignées de l'oeuvre originelle, et qu'il est bon de revenir au texte de Stoker pour saisir tout ce que son roman a de subversif. Dans Dracula (1897), projection des ténèbres de notre propre nature, la vie et la mort tissent un entrelacs lugubre, et la répulsion et le désir s'entremêlent. Quelques mois plus tard, Florence Marryat publie Le Sang du vampire et propose une variante féminine et insolite du mythe. Née sous le coup d'une malédiction héréditaire, Harriet Brandt, métisse originaire des AntiIles, est douée d'une propension fatale à faire du mal à ceux dont elle s'entiche, et c'est avec gourmandise qu'elle apprécie ses semblables. Autour d'elle, les êtres qui succombent à son charme exotique finissent par succomber tout court, tant ses cajoleries ou ses étreintes épuisent leur vitalité et se révèlent mortelles. Par un glissement sémantique, la jeune fille innocente en mal d'affection vampirise ses proches, et pour ce faire n'a même pas besoin de faire couler le sang.
Pour faire savoir à Yseut qu'il se trouve non loin d'elle, Tristan grave une inscription sur une branche de coudrier. « Ni vous sans moi, ni moi sans vous ! » Le stratagème réussit, les amants s'enlacent. Quand ils sont de nouveau séparés, Tristan compose un lai pour éterniser cet instant de bonheur. Telle est l'origine du Chèvrefeuille de Marie de France, et celle de bien des lais : ils naissent du souvenir d'une émotion.
De Marie de France on sait peu de chose. Elle vécut dans la seconde moitié du XIIe siècle, était liée à la cour d'Aliénor d'Aquitaine, et fut la première femme poète à écrire en langue vernaculaire. Son oeuvre illustre un courant littéraire alors en plein essor, le «lai narratif», qui est en fait un récit, un conte. La floraison du genre correspond à l'apogée des Plantagenêt ; le lai participe à leur rayonnement. Le déclin des lais narratifs coïncidera avec les difficultés politiques de la dynastie.
Le monde des lais est celui du merveilleux, la féerie y surgit à l'improviste. Les chevaux galopent plus vite que ne volent les oiseaux, tel homme se transforme trois jours par semaine en une bête féerique, tel autre épouse le reflet de sa bien-aimée. La fine amor, c'est-à-dire l'amour courtois, est partout présente. Revêtant des formes diverses - féeriques, didactiques, burlesques, proches des fabliaux, voire des fables -, les lais ont en commun le sens de l'image, la musique de la rime, l'art de suggérer, le don d'émouvoir.
Cette édition, où une traduction en français moderne figure en regard du texte anglo-normand, réunit tous les lais narratifs des XIIe et XIIIe siècles. Ceux dont le texte a été perdu sont représentés par la traduction de leur version norroise ou moyen-anglaise.
Recouvrant dix siècles, du vie au xve siècle, la présente anthologie de la poésie amoureuse des arabes se propose de communiquer, autant que possible, l'émoi que ressentent encore en la lisant les arabes d'aujourd'hui.
Hamdane hadjadji et andré miquel se sont d'ailleurs laissés guider par leur propre plaisir, ne retenant pas forcément les vers les plus célèbres.
Qu'il occupe l'espace entier du poème ou n'en constitue qu'un fragment, le chant d'amour s'offre ici sur tous les modes : la joie exaltante ou sereine, la souffrance de l'exilé ou de l'éconduit, la rencontre sans lendemain et qui, pour cette raison même, n'en finira pas de hanter la mémoire, l'amour absolu, parfait et impossible, et cet autre, qui nous attache aux mots.
Comme dans la précédente anthologie d'andré miquel parue chez sindbad en 1992, du désert d'arabie aux jardins d'espagne, la traduction, rythmée et rimée, est assez proche dans sa facture et dans son esprit du texte arabe original.
Un seul roman : il n'en faut pas plus à Horace Walpole pour conduire la sensibilité romanesque de son temps sur de nouvelles voies. Le Château d'Otrante (1764) inaugure le genre du récit gothique, où le passé tient le présent à la gorge et où un Moyen Âge angoissant empiète sur les Lumières. La mixité générique de ce livre fondateur, où le sublime coexiste avec le grotesque en vertu d'un hiatus emprunté à Shakespeare, va essaimer pendant près d'un siècle. Les romanciers gothiques anglais tirent parti de la passion la plus invasive et la mieux ancrée dans la psyché : la peur. Macabres et spectaculaires, situées au coeur de demeures hantées ou de souterrains parsemés d'ossements, leurs histoires doivent produire des émotions extrêmes, en premier lieu la terreur et la pitié. Confronté à la noirceur d'âme de «héros» monomaniaques et déviants prêts à briser tous les tabous (inceste, matricide, viol), le lecteur va de frayeur en horreur avant de compatir aux malheurs des victimes - de sexe féminin pour la plupart. En 1796, Le Moine de M. G. Lewis atteint les sommets en matière de sensationnalisme, avec une forte dimension érotique et mortifère qui fit beaucoup pour le succès de ce roman, toujours actif aujourd'hui. En 1818, la jeune Mary Shelley parachève cette tradition en donnant naissance à une créature monstrueuse qui se nourrit des mythes de Prométhée et de Faust. Elle met en discours un concept inouï : l'assemblage, à partir de morceaux de chair morte, d'un être humain, par le docteur Victor Frankenstein, qui fait fi de la sexualité et de la reproduction biologique. Féconde invention...
Anselme de Cantorbéry : «Je tendais vers Dieu et je suis tombé sur moi-même!» En propageant par l'écrit différents exercices - lecture, méditation, prière, contemplation -, des clercs ont inventé la spiritualité comme un art de l'intériorité, une manière de reconnaître la présence d'une transcendance dans l'intimité humaine. À la fin du XIe siècle, la spiritualité est à l'origine d'un genre littéraire, la «méditation». Au XIIe, siècle de l'éveil de la conscience et de l'intériorisation, elle devient une technique spirituelle. Du XIIIe au XVe, c'est une tradition proposée au plus grand nombre ; les textes spirituels atteignent des laïcs, hommes et femmes.
Inséparable de l'essor d'une civilisation du livre, le développement de la spiritualité fait du texte le moyen privilégié pour comprendre le monde extérieur et se déchiffrer soi-même. Depuis les méditations fondatrices d'Anselme (XIe s.) jusqu'à la simplicité de l'Imitation du Christ (XVe s.) en passant par l'incendie d'amour de Bonaventure (XIIIe s.), sont ici réunis les écrits les plus diffusés au Moyen Âge. Même s'ils ne relèvent pas de la mystique entendue comme une science de l'âme constituée en discours autonome (qui sera la mystique de l'âge moderne), ils peuvent être à bon droit qualifiés de mystiques.
Quant à leurs auteurs, ils ont en partage la prose d'art latine et une sensibilité littéraire. Pour eux, écrire est en soi un exercice spirituel. Aussi leur prose se lit-elle souvent comme de la poésie. Qu'en faire aujourd'hui? Entre une lecture dans la foi et celle du «développement personnel» (qui est une spiritualité sans Dieu), libre à chacun de mesurer la distance qui nous sépare de ces oeuvres, de reconnaître la proximité qu'elles entretiennent avec notre culture, et de se poser les questions qu'elles soulèvent et qui sont toujours les nôtres.
Premiers : les plus anciens de ces textes sont immédiatement postérieurs aux derniers écrits des apôtres (fin du ler siècle) ; les plus tardifs se situent à la frontière du Ile et du Ille siècle. Le corpus commence avec des hommes qui ont connu les apôtres : Clément de Rome fut proche de Pierre. Il prend fin avec les disciples de leurs disciples : Irénée de Lyon se réclame de Polycarpe de Smyrne, qui avait connu Jean. - Certains témoignages et quelques poèmes sont moins anciens.
Écrits : les auteurs, «Pères de l'Église» pour la plupart, ne cherchent pas encore à bâtir une oeuvre. Ils disent qui ils sont, comment ils vivent et meurent, ce qu'ils croient. Leurs textes adoptent les formes les plus variées : lettre, récit, traité, dialogue, discours judiciaire, poème... formes empruntées à la littérature de leur univers culturel, l'hellénisme, à moins qu'elles n'aient des parallèles dans la littérature juive, comme les actes de martyrs, dont l'Ancien Testament offre l'archétype. Pour exprimer les réalités nouvelles, les vieux mots changent de sens : baptizein, «immerger », devient «baptiser» ; ekklesia, «assemblée », signifie désormais «église».
Chrétiens : la période est celle de l'autodéfinition du christianisme. Le terme apparaît autour de 117, chez Ignace d'Antioche. C'est le temps de la séparation, plus ou moins rapide et marquée selon les ères culturelles, d'avec le judaïsme. Se constituent peu à peu des usages liturgiques, des règles communautaires, un canon des Écritures, des doctrines qui formeront le dogme de l'Église «catholique», c'est-à-dire universelle.
Naissance d'une religion, d'une Église, d'une littérature. À la fin du Ile siècle, sous l'oeil des «païens» et des juifs (dont on présente aussi, en ouverture, les témoignages), l'Église est en passe d'unifier ses usages et d'installer ses institutions. Le christianisme a trouvé sa place dans la société. Il a propagé ses idées dans le monde intellectuel. De cette aventure, car c'en est une, les Premiers écrits chrétiens retracent les divers aspects, d'une manière extraordinairement vivante.
Voici, proposée en français, une anthologie de la littérature vietnamienne. Elle offre un panorama cohérent d'une histoire littéraire particulièrement riche et de l'immense variété des genres déployés depuis près d'un millénaire au Viêtnam, au carrefour de plusieurs civilisations, y compris la civilisation française. Y sont rassemblées les plus belles pages des chefs-d'oeuvre classiques et modernes, jusqu'en 1975. Ce recueil, d'une densité exceptionnelle permet au lecteur de remonter aux origines avant de lire les oeuvres des écrivains d'aujourd'hui.
Quatre nouvelles. Quatre histoires captivantes qui plongent le lecteur dans des univers riches et dépaysants. À Tolède, un drame va bouleverser la vie d'une jeune femme. À Paris, un traducteur arpente les rues de la Ville Lumière muni de son appareil photo dans l'espoir de réaliser un cliché extraordinaire. À Chicago, une octogénaire acariâtre embauche avec réticence une femme de ménage mexicaine. Sur une plage des îles Baléares, un homme épie un couple magnétique et tente de percer le mystère qui l'entoure.
Ce recueil est une invitation à découvrir la plume de quatre auteurs emblématiques de la littérature espagnole et sud-américaine, dévoilant ainsi toute la richesse de leur langue.
L'ouvrage se compose de « La force du sang » de Miguel de Cervantes, « Les fils de la vierge » de Julio Cortázar, « Les amies » de Carlos Fuentes et « Tandis qu'elles dorment » de Javier Marías.
Sans doute achevée vers 913, cette anthologie rassemble mille cent onze poèmes, presque tous des tanka (poèmes de 31 syllabes), représentant un siècle et demi de création poétique. Le Kokin waka shû marqua de manière définitive - et jusqu'à nos jours - la sensibilité et la perception de la nature des Japonais ; son influence sur la littérature postérieure - prose et poésie - est considérable. Il s'agit de sa première traduction intégrale en français.
De Plaute (IIe siècle avant J.-C.) à Apulée (IIe siècle après J.-C.), en passant par Cicéron, Virgile, Sénèque, Tacite, que de grands noms ! Tant de grandes oeuvres et de grandes pages ont pu peser sur la littérature latine. Il est vrai qu'on y voit triompher l'éloquence, et que la sagesse n'en est point absente : mais on y rencontre aussi la force, le charme et la beauté, la puissance de l'imaginaire épique, la grâce des chansons d'amour et la fantaisie des épigrammes ou du roman. Cette anthologie se veut avant tout littéraire, au vrai sens du terme : elle n'entend pas ressasser l'histoire de la littérature latine, fût-ce en l'illustrant. Elle a pour principe le plaisir du texte, et pour ambition de rendre sensible le talent particulier des plus grands écrivains de Rome. Elle s'adresse d'abord au goût du lecteur, en lui proposant des traductions originales et suggestives, aussi fidèles que possible, en vers comme en prose, à la saveur et au style des textes latins.
Ce recueil s'ouvre sur la guerre de Troie dépeinte par Homère (VIIIe siècle av. J.-C.) et se referme sur la chute de l'empire byzantin (xv e siècle ap. J.-C.) déplorée par ses poètes en exil. Le volume lève donc le voile sur un monde grec en perpétuelle révolution (des guerres du Péloponnèse à la christianisation, en passant par les conquêtes d'Alexandre le Grand et l'annexion romaine) qui produisit une littérature multiforme nourrie par des réflexions philosophiques (de Platon à Proclus, son lointain successeur qui batailla contre le christianisme), la théogonie d'Hésiode ou les prouesses lyriques de Sappho. Les auteurs convoqués ne sont donc pas réunis dans une chaleureuse unanimité : l'anthologie expose, au contraire, les débats voire les combats que se livrèrent les auteurs (Aristophane raillant la misogynie d'Euripide, les attaques antichrétienne d'un Zosime...). La langue grecque apparait ainsi comme un champ de bataille façonné par des soldats du verbe.
Cinq écrivains japonais de premier plan (Muramatsu Tomomi, Morita Ryûji, Hayashi Mariko, Shiina Makoto, Fujino Chiya) nous livrent leur vision de Tokyo dans des textes inédits. Tokyo : 2000 kilomètres carrés, 12 millions d'habitants ! Mais laissez-vous plutôt guider dans un Tokyo inconnu qui ne coïncide pas nécessairement avec une vision de voyageur pressé ! Parce qu'elle demande une vision centrée sur le détail et le mouvant plutôt que sur le monumental et l'éternel la ville est depuis longtemps l'héroïne des romanciers japonais qui en donnent à lire une image multiple et envoûtante. Des boîtes de nuit, des bars, des dancings à Shinjuku. Une prostituée philippine, un commissariat de police, la peluche Pi-PO. Un peu d'amour, beaucoup de rêves, une femme qui n'arrive pas à prendre le train et une autre qui réapparaît brusquement. Autant d'éclats d'histoires qui, de nuit comme de jour, illuminent la ville de Tokyo et en dessinent la géographie sentimentale.
Probablement composées au IIe siècle av. J.-C., Les Lois de Manu sont l'un des codes de règles éthiques, politiques et juridiques les plus célèbres de l'Antiquité. Leur notoriété tient notamment à l'ampleur des sujets abordés : de la façon de rendre la justice aux règles pour la vie de famille, des doctrines cosmogoniques aux indications pratiques sur l'alimentation, sans oublier un certain nombre de recommandations sur l'art de gouverner qui font écho au Manuel du Prince indien publié en début d'année dans cette même série. Recueil des pratiques mais aussi code de lois visant à l'établissement d'une norme, Les Lois de Manu ont constitué à plusieurs reprises dans l'histoire un instrument idéologique utilisé tant par les brahmanes orthodoxes comme moyen de contrôle social que par leurs opposants pour stigmatiser la domination qu'ils subissaient. Il s'agit d'un ouvrage essentiel pour comprendre la société indienne
La présente anthologie propose d'explorer sous toutes ses facettes le renouveau du haiku dans le Japon d'aujourd'hui. Depuis la fracture d'Hiroshima, le haiku se nourrit du désordre des paysages urbains, exploite des gisements inattendus, ausculte l'accélération de l'histoire tout en gardant vivaces la saisissante simplicité et l'exigence d'expression absolue qui le fondent. Renaissant littéralement de ses cendres après le cataclysme, il trouve un nouveau souffle, cherchant un juste contrepoint au kaléidoscope du siècle. En effet, et ce n'est pas là le moindre de ses paradoxes, la forme poétique la plus courte du monde, née sous l'égide de Bashô il y a quelque trois cents ans, semble résonner au mieux avec la sensibilité contemporaine, laquelle privilégie, on le sait, une esthétique de l'instantané. Les 456 poèmes rassemblés dans cette anthologie témoignent d'un exceptionnel foisonnement. Invitation à tous les voyages, irruption de voix singulières qui tentent une fusion passionnante entre l'extrême modernité et le plus ancien passé. Dispositif d'émerveillement, tremplin de méditation, expérience de vérité, le haiku est plus proche que jamais de la fameuse injonction rimbaldienne : « fixer des vertiges ».