" La Femme avançait en trébuchant dans le long couloir, trop Fatiguée pour courir.
Elle était grande, pieds nus, et portait des vêtements déchirés qui n'auraient pu dissimuler sa grossesse très avancée. La vue brouillée par la douleur, elle aperçut une lumière bleue Familière. Un sas. Elle n'avait plus d'autre endroit où aller. Elle ouvrit la porte, la franchit et la referma derrière elle. Elle se tourna vers la porte extérieure, celle qui donnait sur le vide, puis se hâta d'actionner les quatre manettes de déverrouillage.
Au-dessus de sa tête, une tonalité d'avertissement retentit, discrète et rythmique. La porte extérieure restait désormais Fermée grâce à la pression de l'air dans le sas et il Faudrait la verrouiller a nouveau pour débloquer la porte intérieure. Elle entendit du bruit dans le couloir, mais elle se savait en sécurité. Tenter de Forcer la porte extérieure déclencherait assez d'alarmes pour attirer la police et le service de l'air.
Ce n'est qu'en sentant ses tympans éclater qu'elle s'aperçut de son erreur. Elle voulut hurler, mais son hurlement s'éteignit très vite quand le dernier souffle d'air se rua hors de ses poumons. Elle continua un certain temps à marteler sans bruit les parois métalliques, jusqu'à ce que le sang lui coule du nez et de la bouche. Le sang Faisait des bulles. Au moment où ses yeux commençaient à geler, la porte extérieure pivota vers le haut, lui dévoilant le paysage lunaire...
" John Varley, L'Homme à la Cloche
Elle gît, couverte de givre, dans une grotte de glace.
Sa pose est si inconfortable qu'elle pourrait lui avoir été soufflée par Rodin en personne : en partie appuyée sur son côté gauche, les épaules plaquées 'a la paroi, elle lève le coude droit au-dessus de la tête, la main pendue devant son visage. Sa jambe gauche est complètement enterrée. (. ) Sous sa couche de glace, ce qui apparaît de ses traits n'est pas déplaisant, mais pas Frappant de beauté non plus.
Elle semble avoir une vingtaine d années. De multiples Fissures courent sur les murs et le sol. Au plafond, les stalactites chatoient tels des bijoux dans la lumière que les parois reflètent en un cycle infini. Le terrain présente une pente graduée, aussi la statue, en son point culminant, confère 'a tout l'endroit un vague air de tombeau. Quand parfois les nuages se fendent 'a la tombée du soir, le couchant baigne sa silhouette d'un éclat rougeoyant.
(. ) Le tableau d'ensemble pourrait laisser croire qu'il s'agit là d'une pauvre infortunée prise au piège et morte de Froid, plutôt que la statue de la déesse vivante qui se tient à l'endroit où tout a commencé.
Un nouveau groupe vient d'arriver dans les bacs des disquaires : Plan Ten, dont le succès est phénoménal, surtout depuis que certaines autorités assurent que leur musique s'avère dangereuse pour la santé mentale...
Un écrivain pour la jeunesse aperçoit un ange sur un banc, en plein San Francisco. S'ensuit une quête de l'amour éternel, une poursuite à travers l'une des plus belles villes du monde. Et si une nouvelle race dominante apparaissait sur Terre, prenant racines dans les meurtres qui ont ensanglanté Londres en 1888 ; qu'arriverait-il aux sociétés modernes ? Pourraient-elles lutter contre des êtres qui ont assimilé l'astuce fondamentale du cancer ? En l'An Un, notre armada d'un million d'astronefs est arrivée pour coloniser et revendiquer pour patrie l'oeil de cette sauterelle géante sur laquelle nous vivons désormais.
C'était une entreprise probablement impossible, condamnée à l'avance. Mais nous étions alors une race jeune et vigoureuse...
A plus de soixante pas du trio, un immense rocher noir occupe une bonne partie du centre de l'espace voûté.
Devant ce récif infernal, un géant cornu attend. Il est assis dans la position du Bouddha, les yeux clos. C'est un oni de la taie d'une pagode à trois étages. Soudain, le grand cornu se dresse de toute sa hauteur et rugit. Il est enchaîné au roc par la peinture, un collier de métal noir 'et des bracelets aux poignets. Sur sa peau rouge orangé comme la braise d'une forge, ses poils sont roux à l'exception de la longue chevelure sombre qui lui couvre le dos pareille à une crinière.
Son sexe - court au vu de la taille du monstre - et ses bourses grosses comme des calebasses ballottent à chacun de ses mouvements. Il rugit à nouveau. Agité, il tire sur ses lourdes chaînes semblables à celles des ancres des galions Portugais. Daigoro se tient prêt à décocher son trait. Le démon tend le bras droit en avant et pointe Onireiko du doigt. " Toi ! " hurle-t-il en langue impériale.
" Tel était le message de cette petite démonstration.
Non pas la solidité du produit, mais son inéluctabilité. Le public avait assisté à la fin d'une ère et, même s'il l'ignorait, moi, je le savais, et c'est ce qui comptait. L'être humain, du point de vue physique, était sans valeur. Il n'y avait plus rien dont il fût capable que la technique ne pût accomplir en mieux. Le nombre de perdants venait à l'instant de doubler, de tripler, d'atteindre son maximum.
Ce qu'acclamaient les idiots du parterre n'était autre que la mort de leur avenir. Je me levai, et je l'acclamai avec eux. " Michael Swanwick, l'un des auteurs américains les plus engagés de sa génération, lauréat du prix Hugo 1999 catégorie short story, signe ici un texte coup de poing d'une précision glaçante, d'une extrême lucidité ; une science-fiction mêlée d'horreur ou le monde des vivants pourrait bien être balayé par celui des cadavres.
Bienvenue en demain, bienvenue dans La Vie des morts...