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Si Marie Pape-Carpantier (1815 La Flèche-1878 Villiers-le-Bel) a donné son nom à quelques écoles et à une rue de Paris (dont l'orthographe est inexacte), elle fait partie de ces femmes injustement oubliées alors qu'elle a joué un rôle fondamental dans l'enseignement.
Surveillante à ses débuts d'une « salle d'asile » - qui deviendra l'école maternelle -, elle publie d'abord des poèmes qui sont remarqués par Lamartine et lui valent l'amitié de Marceline Desbordes-Valmore et de Béranger.
Dans son premier ouvrage pédagogique - elle en écrira une vingtaine, ainsi que des livres pour la jeunesse -, elle révèle « le secret des bons instituteurs ». Le succès est tel qu'elle est nommée directrice de l'école normale maternelle créée par la Révolution de 1848.
Elle se bat pour que l'école des tout jeunes enfants soit plus qu'une garderie : amélioration matérielle de la classe, importance de la leçon de choses, de l'éveil, de la gymnastique.
Ses livres remportent différents prix, dont celui de l'Académie française, influent sur la politique du ministre de l'Instruction publique Victor Duruy et retiennent l'attention de Victor Hugo.
Marie Pape-Carpantier s'attache aussi à défendre la condition féminine : elle est la première femme qui prit la parole à la Sorbonne.
Inspirée par la franc-maçonnerie et le fouriérisme, elle ne cessa de défendre une idée progressiste de l'enseignement. Considérée par ses adversaires comme une libre penseuse, elle fut finalement limogée en 1874.
Ses concepts très modernes pour son époque font d'elle une pédagogue à redécouvrir.
Colette Cosnier (Le Silence des filles, Fayard) a enseigné la littérature comparée à l'Université de Rennes-II et à l'Université du Mans. Elle consacre ses recherches aux femmes du XIXe siècle et a publié des romans ainsi que des biographies de Marie Bashkirtseff, Louise Bodin et Marie Pape-Carpantier, dont elle propose ici une édition remaniée et enrichie.
"L'aiguille est à la femme ce que la plume est a l'écrivain. " Jusqu'au milieu du )oc siècle, les filles ont ete élevées dans ce principe : leurs talents de créatrice se limiteront à confectionner des ouvrages de dames. On les a instruites pour en faire des épouses modèles et des mères attentives, et non pas des femmes savantes. On leur a explique que leur cerveau est plus mou que celui des hommes. Même les sujets de rédaction et les problemes d'arithmétique de leurs livres de classe leur ont appris a rester à la place que la nature leur a donnée. Mais les adolescentes d'autrefois n'ont-elles pas eu d'autres rêves ? D'Eugénie de Guerin a Anaïs Nin, certaines ont avoué dans leur journal intime leur volonté d'indépendance, leur désir de s'instruire, ou pire, d'écrire comme les homme. Les unes ont bravé les usages, comme Marie Bashkirtseff, dont le journal annonce une autre façon de vivre. Plusieurs ont osé " se libérer ", comme Marie Leneru ou Virginia Woolf qui, a l'aube du XXe siècle, dut exorciser son sentiment de culpabilité avant de devenir romancière. Toutes ont tente de sortir du silence que leur imposait la société pour s'aventurer, avec plus ou moins d'audace, sur le chemin de l'art et de la littérature.
Colette Cosnier a enseigné la littérature comparée à l'université de Rennes-II et à l'université du Maine. Elle consacre ses recherches aux femmes du XIXe siècle et a publié des romans ainsi que des biographies de Marie Bashkirtseff, Louise Bodin et Marie Pape-Carpantier.