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Lectrice du Journal de Marie Bashkirtseff, comme tant d'autres depuis Maurice Barrès jusqu'à Simone de Beauvoir, Colette Cosnier avait noté des détails qui trahissaient une manipulation du texte. Remontant aux sources, elle découvre dans les cahiers manuscrits déposés à la Bibliothèque nationale des passages entiers supprimés par la famille et de trop zélés admirateurs qui avaient falsifié la réalité d'un personnage qui apparaît infiniment plus intéressant dans sa vérité.
Morte à 25 ans, en 1884, Marie Bashkirtseff ne fut pas que la jeune mondaine égocentrique dont on a voulu nous imposer l'image, mais une femme lucide, qui découvre les problèmes posés par la condition féminine à une époque où être femme c'est n'être rien. Et certainement pas le grand peintre qu'elle ambitionnait d'être, en un temps où le domaine de la création artistique reste quasi inaccessible aux femmes.
D'une lecture passionnante, écrit dans un rythme vif, le texte de Colette Cosnier apportait, quand il fut publié en 1984, une véritable révélation sur un personnage attachant et d'une surprenante modernité. C'est ce « portrait sans retouches », qui, selon l'historienne Michelle Perrot, « demeure à ce jour la meilleure, voire la seule biographie véritable de Marie Bashkirtseff », que les Presses universitaires de Rennes donnent à redécouvrir aujourd'hui.
Au départ un constat : il y a infiniment moins de saintes que de saints. Et une question : pourquoi ? Peu désireuse de se contenter comme réponse du trop fameux Taceat mulier in ecclesia de l'apôtre Paul, Colette Cosnier part à la recherche de ce que l'histoire des saintes peut nous dire de l'histoire des femmes. Partie des images de la religion de son enfance, elle nous fait partager, en un parcours très libre mais parfaitement informé, de dictionnaires en musées, et de La Légende dorée aux travaux les plus récents, ses pérégrinations dans l'univers des saintes et les interrogations qui en découlent.
Pourquoi tant de saintes vierges et martyres mais guère de saints vierges? Pourquoi la part des femmes dans La Légende dorée est-elle si marquée par la sexualité ? Que penser du nombre étonnant de saintes qui se firent passer pour des hommes ? Et du vieux fonds mythique qui se cache (à peine) derrière l'histoire de saintes plus allégoriques que réelles, comme sainte Barbe ou sainte Catherine d'Alexandrie ?
Mais elle nous invite aussi à voir comment, à côté de toutes celles dont l'accession à la sainteté paraissait liée à quelque inévitable destin féminin, il y en a d'autres, d'Hildegarde de Bingen à Catherine de Sienne, de Colette de Corbie à Jeanne de Chantal, pour qui, au-delà de ce qu'en disent les hagiographies, le chemin vers la sainteté fut celui de leur plein accomplissement comme actrices de leur vie. Sans oublier, bien sûr, la première de toutes : la Marie-Madeleine du Noli me tangere.
L'analyse du journal«Femina», fleuron de la presse féminine de la Belle Epoque, permet de retracer l'histoire d'un féminisme en pleine ascension, suscitant adhésion et rejet, au coeur des polémiques sociales de la fin du XIXe siècle.