Toutes les études soulignent la fréquence des troubles psychopathologiques observés chez les enfants malades, en particulier chez les enfants hospitalisés.
De plus, il est maintenant clairement établi que la coexistence de problèmes médicaux et psychologiques chez les enfants hospitalisés rend plus difficiles les procédures d'évaluation, augmente les coûts liés aux soins et aggrave le pronostic. Pour toutes ces raisons, certains pays ont généralisé la pratique de la psychiatrie de liaison, c'est-à-dire l'intégration systématique d'équipes de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent au sein des services de pédiatrie.
Cette pratique repose sur les données de la recherche clinique qui permettent aujourd'hui de préciser les facteurs de risque susceptibles de favoriser la survenue de troubles psychopathologiques chez les enfants hospitalisés. Certains de ces facteurs peuvent certes tenir à la maladie, aux modalités de son traitement, à l'enfant lui-même ou à ses parents. Mais d'autres peuvent aussi tenir à l'attitude de l'équipe soignante et à la relation que les soignants nouent avec l'enfant et ses parents.
Ainsi, différents modèles d'interventions peuvent être proposés. Certaines seront plus spécifiquement dirigées sur l'enfant et ses parents. D'autres viseront à aider l'équipe soignante dans son travail auprès des enfants et des parents. Au vu des données de la littérature, une intervention de l'équipe de psychiatrie, sous quelque forme que ce soit, se verrait justifiée chez deux tiers environ des enfants hospitalisés.
En France, cette pratique reste encore souvent subordonnée à la bonne volonté de chacun. Pourtant, des expériences existent. Le but général de cet ouvrage est de présenter ce qu'est la psychiatrie de liaison, ses concepts et ses méthodes, et d'expliciter sa pratique, son intérêt, ses difficultés et ses limites, à partir d'expériences menées par des équipes directement impliquées dans ce domaine encore largement méconnu de la psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent.
Cet ouvrage présente une mise au point des aspects cliniques et épidémiologiques du trouble angoisse de séparation dont la prévalence est estimée à environ 4 % de la population générale.
Décrit dès 1956, le trouble angoisse de séparation n'a été individualisé en tant qu'entité clinique autonome qu'à partir des années BO dans les nouvelles classifications internationales. Si l'élaboration de grilles standardisées de critères objectifs a permis d'en préciser les limites diagnostiques, ses rapports avec l'angoisse de séparation développementale, qui est une donnée normale, obligatoire et attendue au cours du développement de tout enfant, restent encore discutés.
Les processus étiopathologiques sont abondamment développés dans cet ouvrage : théories psychodynamiques avec les divers modèles de compréhension de Freud à Winnicott, théorie de l'attachement de Bowlby, approche éthologique, perspective neurobiologique. Le lien entre ce trouble et la survenue de troubles psychopathologiques à l'âge adulte est ensuite abordé ainsi que les principes de son traitement médicamenteux et psychothérapique (psychanalyse, thérapies cognitivo-comportementale et familiale).
Dans cette deuxième édition les aspects cliniques, épidémiologiques, diagnostiques et thérapeutiques sont actualisés. Le chapitre " Perspectives neurobiologiques " est réaménagé en incluant des expériences récentes de séparation précoce chez l'animal et chez le nourrisson, et le chapitre concernant la survenue de troubles psychopathologiques à l'âge adulte est entièrement revu de manière plus didactique.
Les psychiatres et pédopsychiatres, les psychologues seront intéressés par cette étude, ainsi que les pédiatres et les généralistes confrontés aux problèmes liés au développement psycho-affectif de l'enfant et de l'adolescent.