La mythologie rabelaisienne retrouve une éclatante modernité sous la plume de Dino Battaglia qui fut l'un des plus grands auteurs de la bande dessinée italienne. Ses dessins, par leur finesse et leur drôlerie, s'accordent à merveille avec l'imaginaire cocasse et profond de Rabelais. Le lecteur retrouve avec jubilation l'étonnante actualité des thèmes abordés au seizième siècle.
Tu pensais, lecteur, être blasé après tant d'images saturées d'épouvante, distillées à profusion par les alambics de la littérature, du cinéma et de la bande dessinée.
Attends-toi à revivre intensément tes premières rencontres avec l'horrible Mister Hyde, le vertigineux Golem et l'implacable Lucifer. Sous la plume de Borges, Stevenson ou Lovecraft, l'Humain était mis en pièces... Chez Battaglia, ce dépeçage est transposé en art magistral du découpage !
Les contes existent pour être transmis.
S'il est donc licite de les transposer encore faut-il ne les point trahir.
Chez maupassant, un style concis, époustouflant de précision, dissèque l'âme humaine jusqu'au tréfonds, dans des faiblesses indignes et des surprenants courages, la guerre de 1870 en toile de fond.
Battaglia prolonge miraculeusement ces universelles oppositions entre ombres et lumières, des gris récurrents, habillant de fatalité officiers brutaux, putains héroïques, pleutres bourgeois et paysans matois.
La plume réaliste de maupassant révèle les caractères, farce et tragédie mêlées, le magistral pinceau de battaglia nous les donne à voir, et nous les reconnaissons !.
La Légion, l'exotisme, le sable chaud...
Des hommes venus dans le désert pour oublier Verdun, mais voilà, même loin de tout, entre l officier et le légionnaire le passé remonte à la surface avec toute sa violence. Les grands mythes sont au rendez-vous.
Après avoir publié trois volumes de contes fantastiques nous entamons un nouveau cycle cette fois consacré aux contes et légendes destinés aux enfants. Car si Battaglia avait une vive prédilection pour le fantastique, il a durant toute sa carrière collaboré à la presse enfantine (Il Corriere dei Piccoli et Il Corriere dei Ragazzi), adaptant en bandes dessinées des contes classiques d'Andersen, des frères Grimm ou d'Oscar Wilde. Dans ce registre apaisé point de fantômes ou de morbide, mais un univers merveilleux souligné par les délicates mises en couleur de son épouse Laura.
en 1977, dino battaglia publie en italie l'album thyl l'espiègle, c'est l'adaptation du célèbre roman de l'écrivain belge charles de coster.
il raconte avec truculence et émotion les aventures d'un personnage mythique : till ulenspiegel. sous la plume de de coster, il prit une dimension historique devenant le héros de la résistance flamande contre les armées d'occupation espagnoles au xviième siècle, une des plus sombres pages de l'histoire des flandres. cette alliance de l'humour avec la tragédie ne pouvait laisser battaglia indifférent, lui qui était un grand amateur d'edgar poe.
l'élégance de son trait est soulignée par la délicatesse de la mise en couleur de son épouse qui contribua également à cette adaptation.
Une vie de Saint !
Dans la ville d'Assise, François, fils d'un riche marchand rêve d'intégrer la classe supérieure : la chevalerie. Comme les jeunes nobles de son âge, il rêve de gloire militaire.
Mais le destin va en décider autrement et le jeune homme va se révolter contre sa famille et ses pairs, renoncer à sa vie facile et à ses biens...
L'église est secouée par la montée de hérésies qui prêchent un retour à la pauvreté des débuts du christianisme. Le pape Innocent III qui confie l'inquisition aux Dominicains, approuve verbalement la nouvelle communauté de François qui montre des chrétiens ayant renoncé à leurs biens.
Battaglia nous conte la vie extraordinaire du grand saint italien du Moyen-âge.
Un ouvrage mythique du maître vénitien, une rencontre émouvante avec la vie d'un homme qui refusa la richesse et le clinquant pour se consacrer aux pauvres et aux déshérités... Une oeuvre habitée par un Battaglia au sommet de son art qui sans nul doute se sentait de profondes affinités avec le Poverello.
L'inspecteur Coke, comme son nom l'indique, évolue dans les suies et les scories du Londres de Jack L'Eventreur, supplanté ici par une momie meurtrière.
Au récit s'oppose l'éclatement général de la mise en page, vignettes aux contours happés par la brume, mangés par les mystères, images hardiment désemboîtées, bancales et sans fond... Comme pour équilibrer le brio de ce broyage graphique, Battaglia aligne sagement ses textes en lettres régulières, que seuls brisent les cris d'agonie. Le texte ne s'anime que lorsque la mort agit ! Si le criminel est d'emblée connu du lecteur, c'est que l'enjeu est d'ailleurs : dans les ténèbres, le rationaliste Coke restera-t-il aveugle ?
Il était une fois quatre personnages, appartenant à quatre récits différents imaginés par de grands écrivains du Romantisme allemand.
Ils étaient jeunes, imaginatifs, emportés mais fragiles.
Mais au fond, ces quatre garçons, créatures de E.T.A. Hoffmann, d'Adalbert de Chamisso, et de Georg Büchner, n'étaient peut-être qu'un seul et même personnage. A eux quatre, ils formaient un unique aventurier du bizarre ou de la démence. C'est aujourd'hui le dessin extraordinaire de Dino Battaglia qui nous révèle cette obscure analogie. Outre le plaisir qu'il nous procure, c'est là le type de " révélation graphique " que peut nous faire un grand dessinateur comme Battaglia lorsqu'il se laisse imprégner, puis largement inspiré, par des textes dont la puissance a déjà captivé des milliers de lecteurs.
Pierre Péju
À la fin des années soixante-dix, Dino Battaglia va publier dans le Messagero dei Ragazzi une série de contes chrétiens édifiants mis délicatement en couleur par son épouse Laura.
On est loin de la mièvrerie et des plates bondieuseries.
C'est du très grand art par l'un des maîtres de la bande dessinée italienne.
Dans la veine des récits édifiants de la Légende Dorée, Battaglia nous offre une série de contes fins et délicats...
La légende de Saint Christophe
La légende de Saint George
Le jongleur de la Madonne
Les chandeliers de l'évêque (Victor Hugo)
Le cantique de Noël (Dickens)
Le coeur dans un écrin
Un grand classique revu avec l'élégance d'un des plus grands maîtres de la bande dessinée européenne dans une édition de luxe.
L'évocation des Indiens du dix-huitième siècle m'a rarement ému si ce n'est deux fois: la première lors de la lecture de deux quatrains de Stevenson Ticongeroga, la seconde, ce fut en regardant les planches de Battaglia (Hugo Pratt).
Edgar A.
Poe ou " l'art de soupeser l'impondérable " selon Baudelaire. Ces contes envoûtants, dont les sortilèges maléfiques sont distillés crescendo jusqu'à l'horreur ultime, comment les transposer en images et en révéler l'indicible ? Il faut parvenir à dessiner résolument l'angoisse et cerner d'un trait sûr la menace ! C'est ainsi que chez Maître Battaglia, chaque case hantée de gris, chaque planche éclairée d'ombres est un piège graphique qui se referme sur nous, et soudain, en vue de la mélancolique Maison Usher " une insupportable tristesse pénètre notre âme...
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S'il n'avait tenu qu'à lui, Battaglia l'illustrateur aurait gommé l'auteur de bande dessinée. Les circonstances historiques de la production graphique nous ont heureusement donné l'un et l'autre, commente J.F. Douvry.
Les éditions Mosquito se sont associées au musée de la BD et de l'immaginaire de Lucca pour nous offrir ce petit bijou de force et de délicatesse. Nourries de références classiques, les illustrations de Battaglia par leur composition, leur finesse révelent toute l'humanité de leur auteur.