«L'âme:donner un sens à ce vieux nom de souffle.» C'est ainsi que Valéry pose le problème philosophique de l'âme. Ce concept flottant, auquel l'époque contemporaine cherche à tourner le dos, mérite en effet d'être pensé ou repensé, car il est au carrefour de questions philosophiques cruciales:il permet par exemple d'interroger les différences entre l'animé et l'inanimé ou de mettre au jour les rapports qu'entretient l'esprit avec le corps. Puis-je dire que j'ai une âme au même titre que j'ai un corps? Faut-il considérer l'un et l'autre comme deux substances distinctes mais liées en l'homme? L'âme est-elle universelle et s'incarne-t-elle en chacun? Quand je dis «moi», est-ce l'âme qui parle? Puis-je alors considérer que je suis mon âme? Puis-je ressentir la présence de mon âme, c'est-à-dire en faire l'expérience? Est-elle un être connaissable ou une fiction théorique?
On nous dit pris dans un flux incessant d'images, balayés par un présent toujours plus rapide. Elie During conduit ici une réflexion, aux frontières de la philosophie, du cinéma et de l'art comme de la vie quotidienne, pour donner une toute autre image de notre expérience contemporaine.
L'accélération n'est pas le problème. Le sentiment de ne plus avoir prise sur le temps vient bien plutôt de la superposition des tâches et des agendas que permet le progrès technique. C'est une question d'emploi du temps, de synchronisation, bref, de simultanéité. La grande question de notre temps est bien celle-là : notre capacité ou non à expérimenter la simultanéité autrement que comme un bombardement sensoriel ou informationnel continu. La prolifération des technologies du simultané, la multiplication des écrans, donnent naissance à une expérience du temps comme flot, bien plus que comme flux. Pour nous en convaincre, l'auteur nous conte différentes expériences tant philosophiques que littéraires et artistiques, de l'installation vidéo à l'architecture moderne, de la poésie au cinéma, du cubisme aux jeux vidéo.
Il nous faut apprendre à organiser cette attention dispersée, à naviguer dans cet espace-temps fait de simultanéités et de coexistences, à faire l'expérience d'un présent épais et multicouches. A flotter en somme.
"Il était une fois" : c'est ainsi que commencent les histoires.
Mais, dès que s'introduisent d'autres voix, d'autres lieux, d'autres lignes d'actions, il faut bien poursuivre par un "pendant ce temps". "Pendant ce temps", donc, les êtres continuent à vivre, à agir, à durer. Ils coexistent. Le cinéma l'exprime bien à travers le montage alterné, qui est un de ses ressorts narratifs les plus efficaces : les flux de durée s'y raccordent de loin en loin pour donner l'illusion du simultané.
Relayé par la vidéo, installé sous toutes ses formes, le septième art doit désormais compter avec un foisonnement d'écrans et d'interfaces, mais aussi avec de nouveaux procédés de transmission en temps réel qui livrent au tout-venant, comme au spectateur des galeries et des salles de musée, des flux d'images animées composant une temporalité multicouche, littéralement spatialisée : des images-volumes.
Le flux est d'ailleurs une métaphore trop grossière : il fait oublier que les images ne se contentent pas de défiler ou de glisser les unes star les autres mais coexistent aussi selon des voies étranges, dans un monde plein d'angles morts, de déphasages, de doublures et de faux raccords. C'est cette texture des images, envisagées selon leur connexion ou le nexus qu'elles composent, qu'on se propose d'examiner dans les parages du cinéma, de la vidéo et de l'art contemporain.
De Vertigo à Matrix ou à la série 24, du constructivisme aux pratiques des locative media en passant par Marcel Duchamp et Dan Graham, enfin de Bergson à Deleuze et d'Einstein à Virilio, ce livre est finalement un essai de philosophie appliquée : une introduction concrète à la cosmologie des images disloquées.
Deux thèses négatives animent La Science et l'Hypothèse : d'une part, la science n'atteint aucune vérité absolue concernant la nature des choses ; d'autre part une grande partie de ses énoncés ont le caractère de conventions librement adoptées par les scientifiques en fonction de critères pragmatiques.
Les géométries non-euclidiennes ne sont pas moins vraies (ni plus vraies) que la géométrie classique ; que la Terre tourne n'est pas un fait, mais une hypothèse commode qui simplifie nos calculs et autorise des prédictions plus efficaces. Tout cela, bien entendu, n'enlève rien à la valeur objective de la science. Poincaré soutient ce paradoxe en proposant une interprétation des concepts et des procédés typiques de la science en acte.
Il élabore du même coup une conception originale du rôle de l'a priori dans la théorie.
« Ce n'est pas avec les mains qu'on joue du piano, mais avec le cerveau » : à l'occasion d'un périple en voiture, par exemple. Son de l'autoradio, mécanique du corps, performance idéale, rédemption technologique et « Idée du Nord ». Voici le voyage mental et spatial de Glenn Gould, tel un apologue en forme de road movie depuis les confins du pays. Le musicien fugue et passe dans le décor...
Glenn Gould (1932-1982), pianiste prodige, mais aussi compositeur, artiste de studio et essayiste, a passé le plus clair de sa vie à Toronto. Il a fait ses adieux au concert en 1964.
En philosophie, l'impossible a un nom : c'est, depuis Kant, la « chose en soi ». La notion n'a pas bonne presse. À peine introduite, elle a connu un discrédit durable. Curieuse idée en effet que celle d'une réalité reconnue comme inconnaissable sans être pour cela impensable. Et pourtant, la chose en soi résiste et ne cesse de revenir sous diverses dénominations : « matière », « facticité », « résistance », « inconstructible », etc.
Aujourd'hui encore, son idée hante les débats, du côté de la philosophie comme des sciences de la nature ou de l'anthropologie, chez les métaphysiciens comme chez les philosophes les plus réalistes. Il fallait donc la traiter pour de bon : c'est chose faite avec cette compilation, qui regroupe parmi les plus grands noms de la philosophie contemporaine afin de régler cette question qui touche à l'absolu, donc à toute pensée.
Curating qu'on traduit souvent par commissariat d'exposition n'a pas de véritable équivalence en français. Il signifie monter une exposition, exposer les oeuvres des artistes, mais plus précisément il pose la question de la forme de l'exposition. Que veut dire en effet organiser une exposition d'art contemporain ? Est-ce qu'il y a une forme spécifique à l'exposition, qui serait celle du musée ou de la galerie conçue comme un cube blanc, le fameux « white cube », où on installerait les oeuvres ?
N'y a-t-il pas d'autre formes que l'exposition peut prendre ? Créations d'espaces, dispositifs, ou paradigmes du théâtre ou de la performance, ou même de l'opéra, ce sont toutes ces pistes que ce petit livre se propose d'explorer, dans un esprit aussi informé que critique, avec trois protagonistes, un penseur, un praticien et une artiste, qui se trouvent au coeur de ces questions et interrogent au quotidien cette pratique et ce médium qu'est l'exposition.