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Généralités sur l'art
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De Corot, la postérité a surtout conservé l'image du peintre des paysages vaporeux et mélancoliques. Mais Corot, c'est d'abord un mangeur de nature et d'espace, jeté six mois de l'année sur les routes de France et d'Italie pour peindre le monde en plein soleil de réalité.
Corot ou l'appétit de peindre : il disait « travailler comme un ogre », expression dont il faut entendre la pluralité du sens. D'abord parce qu'il n'était jamais rassasié de peinture lui qui laissa près de trois mille tableaux ; ensuite, parce qu'il peignit la fraîcheur et la profusion du réel avec une telle acuité que Renoir dit de lui qu'en fait de poète, Corot était avant tout un naturaliste.
À bien y regarder, celui que l'on considère aujourd'hui, par son intimisme et sa pondération, comme le plus français des peintres est sans doute le plus américain des artistes : frère de Thoreau par son culte des étangs et des bois, de Whitman par son sentiment de la beauté ici et maintenant, et de tous les apôtres de la route et du rail par son goût forcené de l'itinérance. -
Qu'est-ce qui m'intéresse au fond ? Au départ, c'était la science d'Henri Beraldi qui allait m'apprendre des choses sur les gravures. Mais très vite, c'est Beraldi lui-même qui m'a occupé et, de fil en aiguille, je me suis mis à lire tous ses livres. Il m'a fait sortir de ma spécialité - les estampes. Me revient en mémoire cette enseigne qui avait frappé Walter Benjamin lors de ses pérégrinations parisiennes : « N'a pas de spécialité. » Slogan provocateur, tant la spécialisation est un titre de fierté pour beaucoup de gens. Titre fragile : peut-on encore se considérer comme un spécialiste dès lors que l'on prétend à plusieurs spécialités ? Beraldi, lui, ne s'arrête pas à ces détails. C'est l'effet déstabilisant de sa lecture pour un chercheur : celui que l'on prenait pour un hyperspécialiste, avec ses catalogues raisonnés, s'avère à l'opposé. Il vous parle de tout. On ne sait plus pourquoi on était venu. On en ressent tout à la fois malaise et joie, comme sous l'effet d'une mue que l'on n'avait pas vue venir.