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Le Tripode
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Papa et maman se séparent. Mémé vieillit. La fille raconte.
"C'est maman qui me l'a dit en pleurant, les yeux rouges et le nez pincé : " c'est ton père, snif, il veut s'en aller ". Elle bafouillait et moi je venais de me réveiller, alors j'ai pas tout de suite compris ce qu'elle disait, et puis après je me suis dit que ça allait encore être une journée terrible et que j'aurais mieux fait de dormir plus longtemps. Je l'ai quand même consolée un peu, mais je déteste absolument qu'on me parle avant que je sois bien réveillée."
Ce récit drôle, sidérant, à mi-chemin du texte de transe et de la farce littéraire, raconte la séparation d'un couple et la déflagration d'une famille à travers les yeux d'un enfant. -
Pourquoi l'horizon ne suit pas la barre tordue du balcon
Fabienne Yvert
- Le Tripode
- 13 Octobre 2022
- 9782370553379
Comme beaucoup de monde Marie préfèrerait être née en France, à Versailles-les-Oies comme presque tout le monde, elle est née ailleurs...
Sur le papier, l'histoire est simple : un conflit de voisinage ou plutôt, une détestation pure de la voisine. Mais quand on ouvre un livre de Fabienne Yvert, rien n'est jamais tout à fait simple. Sans nous en rendre compte, sa poésie agit sur nous avec une intelligence malicieuse. Derrière la spontanéité de Pourquoi l'horizon..., se dessine ainsi en creux l'histoire d'une famille dans un bidonville amélioré de Marseille, où vit toujours Fabienne Yvert, et d'une immigration qui s'est nourri au rêve français d'une intégration. Fabienne Yvert écrit comme elle dessine, sculpte, met en scène : de collages en superposition de visions banales, de regards acérés sur le quotidien en pensées ironiques, elle offre un regard moderne sur notre monde. Son livre doux amer interroge notre façon d'interagir en société, ce « vivre ensemble » qui ressemble beaucoup à un « bricoler nos vies avec le peu qu'on a ». En cela, Pourquoi l'horizon se lit un peu comme l'improbable croisement, au bord de l'eau, des Mythologies de Barthes et des Paroles de Jacques Prévert. -
« Lors d'une journée particulièrement pourrie, une amie m'a suggéré cette méthode : penser à 3 trucs biens dans la journée avant de dormir apaisée. Je l'ai appliquée une année entière en 2016, et m'y suis tenue. Cet exercice répété provoque un automatisme : faire attention aux choses parfois fugaces ou quotidiennes auxquelles on accorde peu d'importance, mais qui nous aident pourtant à vivre au milieu de l'adversité. Qui nous aident à trouver une autre version du monde. » (Fabienne Yvert)
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Portraits tendres et croisés de deux grand-mères par leur petites-filles, les poètes Fabienne Yvert et Véronique Vassiliou « Rose recueillait le sang des lapins pour faire des civets » ; « Madeleine aimait bien sucer le cou des poules ».
Dans des effets de listes propres à cette enfance qui énumère les souvenirs, Fabienne Yvert et Véronique Vassiliou égrainent les mots avec délectation pour dessiner le portrait de leurs grand-mères. Deux figures se mêlent, se croisent, s'enchevêtrent et tressent finalement le fil d'une mémoire à la fois grave et ingénue.
La perruque de Madeleine, les longs cheveux de Rose, la cuve à confiture, la machine à coudre. De minuscules morceaux de quotidien, anodins ou banals, mais qui arrachés au temps auxquels ils appartiennent, prennent une tonalité magique, incantatoire et nostalgique, dans un chant d'amour à la vie fruste et parfois cruelle de deux grand-mères paysannes, Rose et Madeleine.
On pense aux souvenirs fragmentés de Perec, à la tendresse d'Hervé Guibert pour ses grand-tantes (Suzanne et Louise), aux images de l'enfance qui côtoie la vieillesse, avec la sensualité de l'apprentissage, dans un univers visuel et coloré composé d'odeurs, de goûts, de tissus, d'animaux morts ou vivants, de mots et de maux étranges.
Une première édition typographique de ce texte, désormais épuisée, avait été conçue par les éditions Harpo & en 2006.
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Une grand-mère dans tous ses états. Depuis toujours, Fabienne Yvert cueille les phrases au fil du quotidien. Lorsque l'on a une grand-mère forte en verbe, cela devient un exercice dangereux et hilarant. Sampler se présente comme un florilège de pensées bien frappées d'une vieille femme qui n'a pas sa langue dans sa poche. Sampler est ainsi le pendant "oral" du recueil Rose & Madeleine, où Fabienne Yvert fait un autre portrait de cette grand-mère décidément mythique (on la retrouve aussi dans Papa part maman ment mémé meurt et Télescopages).
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Télescopages, c'est : la vie mode d'emploi réécrite au bord de l'eau, Zazie vingt ans plus tard, un journal pour ceux qui ne lisent pas les journaux, un livre d'images pour ceux qui ne regardent pas la télé, un livre pour ceux qui ne lisent pas de livres, le flot de la vie passé à l'alambic des mots. Elle sait (se) conduire, monte des cottes de mailles, scrute les crevettes, pense à sa grand-mère, évite sa voisine, traite la météo, regarde passer les trains, collectionne concombre mortadelle et cailloux, ramasse les miettes de la veille et parle au vent. Bref, Fabienne Yvert est une femme moderne. De 1997 à 2002, Yvert a poursuivi un étonnant travail d'écriture. Il s'agissait de fiches recto/verso envoyées tous les mois à quelques abonné(e)s. Dans ces fiches, on trouvait de tout : inventaire des désirs, bilans financiers, réflexions sur la mécanique, notes en vrac, recettes de cuisine infaillibles, lettres d'amis complices, pensées animalières, sommations secrètes, digressions végétales, fugacités en gelée, etc. C'est cette drôle de boîte littéraire qui paraît désormais sous forme de livre à l'enseigne des éditions Attila.
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De 1860 à 1902, une revue féminine sert de bible à toutes les Françaises : La Mode illustrée. À une époque où la bourgeoisie triomphe, où le confort se généralise, ces nouvelles maîtresses de maison s'angoissent : comment être à la hauteur des règles élémentaires du savoir-vivre ? Le courrier des lectrices menace d'engorger le journal. Pour suivre la cadence de ces femmes affolées, la rédactrice en chef, Emmeline Raymond, s'oblige à faire les réponses les plus brèves possibles. Pour gagner encore de l'espace, elle décide même de ne plus recopier les questions des abonnées, se contente de rappeler leur numéro d'inscription. Le résultat est délirant. Sans s'en douter, elle invente ainsi un procédé littéraire qui aurait enchanté Alphonse Allais ou Raymond Queneau.
De ces conseils cinglants, raffinés et décalés, Fabienne Yvert a fait un florilège à sa manière, qui n'est pas sans faire penser aux blogs féminins d'aujourd'hui. Quelque chose qui se situe entre la beauté de la langue, l'éclat de rire et le carottage d'une société en surchauffe.