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Fernando Pessoa
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Au terme d'un repas, un banquier démontre à son convive que ses engagements en matière d'anarchisme n'ont rien à envier à ceux des poseurs de bombe. Il déploie ainsi les trésors d'une rhétorique insidieuse au service de sa personne et s'installe dans de provocants paradoxes.
Si ce banquier anarchiste nous enchante par son esprit retors, ses raisonnements par l'absurde et une mauvaise foi réjouissante, la véritable dimension du livre est ailleurs : il s'agit d'un pamphlet incendiaire contre la société capitaliste, ses hypocrisies et ses mensonges. Pessoa y dénonce aussi le pouvoir de l'argent, qui mine de l'intérieur le bien le plus précieux de l'homme : la liberté.
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Fernando Pessoa a beaucoup écrit sur lui-même. Un singulier regard peut être vu comme un prélude à son oeuvre et le complément de son chef-d'oeuvre et livre total, Le Livre de l'Intranquillité. Les textes qui composent le présent volume révèlent en effet des aspects méconnus de l'auteur à travers des textes et correspondances. Ils constituent un journal de sa vie intérieure, tout entière tournée vers l'auto-analyse. On trouvera dans cet autoportrait passionnant, souvent impitoyable, la lente progression d'une personnalité en pleine gestation, depuis une adolescence chaotique jusqu'à une maturité magistrale. Les écrits intimes rassemblés ici montrent l'angoisse, la solitude et la lucidité de l'écrivain et la genèse de sa personnalité.
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Le livre de l'intranquillité
Fernando Pessoa
- Christian Bourgois
- Litterature Etrangere
- 5 Avril 2011
- 9782267021776
" En ces heures où le paysage est une auréole de vie, j'ai élevé, mon amour, dans le silence de mon intranquillité, ce livre étrange... " qui alterne chronique du quotidien et méditation transcendante.
Le livre de l'intranquillité est le journal que Pessoa a tenu pendant presque toute sa vie, en l'attribuant à un modeste employé de bureau de Lisbonne , Bernardo Soares. Sans ambition terrestre, mais affamé de grandeur spirituelle, réunissant esprit critique et imagination déréglée, attentif aux formes et aux couleurs du monde extérieur mais aussi observateur de " l'infiniment petit de l'espace du dedans ", Bernardo Soares, assume son "intranquillité" pour mieux la dépasser et, grâce à l'art, aller à l'extrémité de lui-même, à cette frontière de notre condition ou les mystiques atteignent la plénitude " parce qu'ils sont vidés de tout le vide du monde ". Il se construit un univers personnel vertigineusement irréel, et pourtant plus vrai en un sens que le monde réel.
Le livre de l'intranquillité est considéré comme le chef-d'oeuvre de Fernando Pessoa.
Après le succès considérable de la première édition française, parue en deux volumes (1988 et 1992), puis de la seconde édition, intégrale, en un volume (1999), nous présentons aujourd'hui cette troisième édition, entièrement revue et corrigée, d'après le dernier état de l'édition portugaise (8e édition, 2009), publiée par Richard Zenith. Celui-ci a en effet introduit de nouvelles et nombreuses modifications, rectifiant ainsi les multiples erreurs de lecture qui entachaient l'édition portugaise originale (parue en 1982) ; figurent en outre dans le présent volume de nombreux inédits retrouvés par Richard Zenith depuis la première publication au Portugal. L'ordre des textes adopté ici, comme auparavant dans la 2e édition, diffère de l'ordre suivi dans la 1ère édition, pour obéir à une organisation thématique, mais plus dynamique et plus fidèle, dans la mesure du possible, à la chronologie des différents fragments. Enfin, la traduction proprement dite a fait à son tour l'objet d'une nouvelle révision approfondie par la traductrice elle-même, qui s'est efforcée de rendre, avec le maximum de transparence, la force poétique et dramatique de ce texte, l'un des chefs-d'oeuvre de la littérature du XXe siècle.
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Le gardeur de troupeaux et les autres poèmes d'Alberto Caeiro avec poésies d'Alvaro de Campos
Fernando Pessoa
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 3 Mars 1987
- 9782070324064
«À l'avant d'une modernité dont ce siècle à son déclin se réclame avec superbe, se dresse un homme qui fut obscur, effacé, inconnu de sa concierge, riche d'humour et rayonnant lorsque son miroir intérieur lui renvoyait son reflet futur. Je ne suis rien, ce n'est pas une parole contrite du saint homme Job, mais un rappel de ce nada ibérique qui est au principe de l'être et à sa terminaison. Trois vers après cette affirmation du néant, survient cette antithèse éclatante : Je porte en moi tous les rêves du monde : un feu d'artifice cosmique. Les poètes n'ont pas de biographie ; leur oeuvre est leur biographie. Certes, Octavio Paz, la formule serait irréfutable si une oeuvre au pluriel n'impliquait des poètes multiples. Pessoa, le nôtre puisqu'il est à tous, est un nom qui dans sa langue se traduit par personne - non le nemo latin qui gomme toute identité, mais persona dans l'acception de masque ; en ce cas, le verbe apocalyptique qui débouche sur l'énigme, sur l'ambiguïté, sur la supercherie ludique.» Armand Guibert.
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" pour le voyageur arrivant par la mer, la ville s'élève, même de loin, comme une belle vision de rêve, se découpant nettement contre un ciel bleu vif que le soleil réchauffe de ses ors.
Et les dômes, les monuments, les vieux châteaux surplombent la masse des maisons, tels les lointains hérauts de ce délicieux séjour, de cette région bénie des dieux. " fernando pessoa " lisbonne, ville de l'intranquillité, après la prague de kafka et le dublin de joyce, fait son entrée dans la littérature, et son "passant intégral", fernando pessoa, en est l'introuvable et mélancolique fantôme. " antoine de gaudemar, libération
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Un dîner très original ; La porte
Fernando Pessoa
- Cambourakis
- Cambourakis Poche
- 4 Octobre 2023
- 9782366248241
Sombre histoire de vengeance patiemment ourdie par Herr Prosit, gastronome aussi charismatique que décadent, Un dîner très original nous est servi par Alexander Search, l'un des premiers hétéronymes de Fernando Pessoa (1888-1935), son alter ego aux penchants fin de siècle et vaguement lucifériens. Au menu de ce conte macabre, digne d'Edgar Poe : dépravation et raffinement, démence et sauvagerie.
Le dérèglement n'épargne pas plus le héros de La Porte. Victime d'un mal pernicieux qui ronge son esprit, il verra son bonheur conjugal anéanti par la faute d'une insolite monomanie.
Dans l'oeuvre labyrinthique de Fernando Pessoa, la folie brille souvent comme une étoile noire : elle le fascine et le taraude tout au long de sa vie. Porté par son « amour pour le spirituel, le mystérieux et l'obscur », Pessoa lui réserve une place de choix dans ces deux textes, écrits alors qu'il n'a pas encore vingt ans. Ils sont traduits ici pour la première fois à partir de la version originale anglaise. -
Ce Passage des heures, inédit dans la version que nous publions ici, a été écrit par Fernando Pessoa entre 1915 et 1916, avant d'être repris en 1923. Signé Alvaro de Campos, l'hétéronyme de l'Ode Maritime et de Bureau de tabac, le texte se présente comme une suite de poèmes plutôt que comme une ode d'un seul souffle dont l'auteur est coutumier à cette époque, mais elle en partage le caractère grandiose, et cette capacité de lier le sentiment universel à la singularité de chacun. Ce poème en grande chevauchée par-delà les paysages, les hommes et les concepts souhaite embrasser l'humanité tout entière. « Mon coeur rendez-vous de toute l'humanité » dit-il, et ce sont autant de femmes, enfants, vagabonds et assassins, amants et bouffons, policiers et vieilles marraines qui traversent ces pages. Pessoa passe, multiple et fluide, comme un ouragan sur Singapour, Macao et Zanzibar en passant par Madagascar, avec l'énergie déferlante de celui qui trouve la vie trop petite, et qui a du mal dans son emportement à tenir les rênes tant l'univers le submerge, tant il est submergé par lui-même. Le poète est plus que jamais sous la plume d'Alvaro de Campos cet ingénieur à la fois suprême et dérisoire attelé à la « grande machine univers » qui a été « éduqué par l'Imagination ». Il tient l'ouverture maximale aux êtres, aux sensations, aux idées, dans un poème placé sous le signe de la sincérité et de la contradiction chère à Baudelaire dont on perçoit les échos, jusque dans ces bourrasques de mélancolie et de nuits tombantes qui finissent par poindre, où celui qui écrit avec le désir de tout contenir, tout retenir, tout restituer, d'être et d'être de toutes les façons possibles, d'être à la fois littéral et métaphorique, nous révèle qu'il est « celui qui a toujours voulu partir, et qui reste toujours ». Mélancolie et pesanteur humaine qui refuse de choisir une humanité au détriment de l'autre, qui tient même l'humanité pour une dans sa multiplicité même, qui célèbre le labyrinthe d'idées, d'élans et d'émotions qui nous compose, acceptant avec lucidité de briser l'idéal, de s'égarer, de se retrouver, de n'être plus soi-même, d'être tous les versants de soi-même ; de la sympathie à la tendresse à l'amour, jusqu'aux ombres, jusqu'au mensonge, jusqu'au crime, et jusque dans la transposition du genre, jusque dans le vacarme effervescent de la multitude du début du XXe siècle et ses paysages pleins de trolleys, de transatlantiques, d'usines et de moteurs diesels - car pour Pessoa la machinerie même céleste passe toujours par la machinerie humaine. Passage des heures est un poème bouleversant qui voudrait rendre tangible la métaphysique, qui voudrait tout être, tenir tout le possible et toute l'altérité sur une ligne, car « il n'y a qu'un seul chemin pour la vie, c'est la vie... ».
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Cette nouvelle traduction restitue à ces quatrains leurs rythme (octosyllabes), rimes et assonances spécifiques, ainsi que la tonalité "populaire", laquelle se traduit chez Pessoa à la fois par une évocation fréquente des saudades typiquement portugaises, une écriture de la simplicité, avec toujours cette pointe d'humour lucide, parfois railleur, parfois piquant, si caractéristique de la "sagesse populaire".
Il fallait restituer à ces quatrains leurs rythme (octosyllabes), rimes et assonances spécifiques, ainsi que la tonalité "populaire", laquelle se traduit chez Pessoa à la fois par une évocation fréquente des saudades typiquement portugaises, une écriture de la simplicité, avec toujours cette pointe d'humour lucide, parfois railleur, parfois piquant, si caractéristique de la "sagesse populaire". On assiste ici, comme dans ses autres oeuvres, à l'exposition d'attitudes oxymoriques - recherche / rejet de l'identité ; penser / sentir ; sincérité / semblant ; etc. - et à une prédilection pour le "rien", commencement et fin de toute chose. Le goût pour l'oxymore se retrouve dans la composition même des quatrains en deux distiques souvent opposés, dont l'un tient de la sagesse communautaire tandis que l'autre laisserait entrevoir des situations plus "privées". Pas de règle pourtant, comme il se doit chez un Pessoa « sensationniste » (« Pour le sensationniste, chaque idée, chaque sensation à exprimer doit l'être d'une manière différente de celle qui en exprime une autre. » F.P) -
Chronique de la vie qui passe
Fernando Pessoa
- Belles Lettres
- Domaine Etranger
- 3 Mars 2023
- 9782251454245
Porté aux nues par les plus grands - d'Octavio Paz à Roman Jakobson et António Tabucchi -, Pessoa compte aujourd'hui, avec un Rilke, un Joyce ou un Kafka, comme l'un des sommets de la culture européenne de ce siècle.
Ce premier volume des proses publiées de son vivant par l'auteur réunit, parmi d'autres, certains des textes dont le style provocateur lui valut d'être remercié par les rédacteurs des journaux où ils furent publiés. Pessoa y soutenait « le contradictoire comme thérapeutique de libération », allant jusqu'à prétendre qu'« une créature de nerfs modernes, d'intelligence sans niveaux et de sensibilité éraillée a l'obligation cérébrale de changer d'opinion et de certitude plusieurs fois dans la même journée ».
Pour Pessoa, écrire, c'est comme fabriquer une bombe : il entoure sa dynamite d'une enveloppe de raisonnement, il lui met une traînée de poudre d'humour. Au lecteur d'allumer la mèche ! -
On connaît en France, sous le titre Livre de l'Intranquillité (Éditions Christian Bourgois, première édition en 1988 et 1992, dernière en date en 2011), la belle traduction par Françoise Laye du Livro do Desassossego, de Fernando Pessoa, qui s'appuie sur l'organisation par Richard Zenith des différents fragments qui le composent. Teresa Rita Lopes, professeur des universités émérite à l'Université Nouvelle de Lisbonne, a beaucoup publié sur Pessoa, dont elle est une spécialiste reconnue. En tant que directrice de l'équipe de Zenith, elle a consacré une grande partie de sa vie de chercheuse à l'ensemble des manuscrits de cette oeuvre maîtresse de Fernando Pessoa, et c'est ce travail de longue haleine qui l'a conduite à repenser de fond en comble leur distribution.
S'appuyant sur l'examen autant que faire se peut exhaustif des manuscrits du Livro do Desassossego, elle en propose aujourd'hui une version aussi audacieuse que convaincante, lui assignant trois auteurs parfaitement différenciés, se partageant un Livre qui se décline en trois parties nettement définies : Fernando Pessoa déléguant Vicente Guedes pour le représenter, le Baron de Teive, jamais intégré dans le Livro malgré la volonté expresse de Pessoa, et Bernardo Soares. Leurs voix respectives sont ainsi mises en scène dans une impeccable cohérence et complémentarité, qui confère à ce grand texte une étonnante unité dans sa diversité. Teresa Rita Lopes offre ainsi une structure interne qui fait de cet ensemble, selon elle, le « livre de la vie » de Pessoa, du poète auteur de Pauis qu'il fut dans sa jeunesse jusqu'au dernier Soares, qui dit appartenir à la lignée romantique. Elle va plus loin en affirmant que l'on doit assister séparément et sans les confondre aux monologues de ces trois auteurs, en imaginer l'interaction, et étendre ce dialogue à Fernando Pessoa lui-même.
Outre l'entrée en scène du Baron de Teive, ce qui implique une trentaine de fragments jamais inclus précédemment, d'autres inédits et déplacements d'attribution figurent dans l'ensemble composé par Teresa Rita Lopes. Une nouvelle traduction du Livro do Desassossego s'impose donc, que justifie cette conception novatrice. Le lecteur français redécouvrira ainsi, dans la version aussi révolutionnaire que documentée de Teresa Rita Lopes, un des plus grands textes du XX e siècle.
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Paru en 1917, Ultimatum est le dernier poème que Fernando Pessoa écrit sous le nom d'Alvaro de Campos avant de plonger son hétéronyme dans un long silence qui prendra fin avec notamment la parution du célèbre Bureau de tabac en 1928. Dans ce réquisitoire féroce, Alvaro de Campos livre une charge violente contre son époque plongée dans la dégénérescence de la politique, de la religion et de l'art. « Époque de laquais » dit-il, ravagée par la guerre qui déchire l'Europe, sur laquelle règne la médiocrité et la bassesse dans un « maëlstrom de thé tiède ». Dans un même élan, sont jetés à la poubelle de l'histoire aussi bien d'Annunzio que Bergson, Maeterlinck, Kipling, Yeats, Rostand, Shaw, Wells... mais aussi les révolutionnaires prolétaires, les eugénistes, les végétariens et plus généralement tout l'occident à qui est adressé cet Ultimatum sonore et salvateur contre une Europe en mal de vision, de poésie et de grandeur. « L'Europe en a assez de n'être que le faubourg d'elle-même » écrit Alvaro de Campos, qui réclame un Homère pour cette ère des machines qui le fascine, lui l'ingénieur mécanique et naval et qui en appelle à une ambition de civilisation nouvelle, certes « imparfaite » mais magnifique, une aspiration à la « taille exacte du possible ». Que l'homme soit à la hauteur de son époque qui ouvre sur des possibles infinis. C'est que l'humain n'a pas su adapter sa sensibilité à cette nouvelle ère de progrès et d'invention, et l'avatar de Pessoa d'en appeler à une adaptation artificielle, par un acte de « chirurgie sociologique », visant à éliminer les acquis du christianisme : dogme de l'individualité et de l'objectivisme personnel. Dans un mouvement surprenant, Pessoa semble faire ici en creux l'éloge des hétéronymes - exhortant les poètes à passer de « je suis moi » à « je suis tous les autres » - tout autant qu'il en appelle à une esthétique nouvelle à l'opposé même des aspirations lyriques d'Alvaro de Campos à l'oeuvre dans ses Odes. Renverser les démocraties épuisées, désavouer la vérité philosophique, les convictions intimes, la liberté d'expression, au profit de l'expression d'une moyenne entre tous les hommes, prônant l'avènement fiévreux d'une « monarchie scientifique », et d'une « humanité mathématique et parfaite ». Le regard tourné vers l'Atlantique, Alvaro de Campos adresse aux hommes et aux nations dans cet Ultimatum qui est son « chant du cygne » comme le souligne Pierre Hourcade dans sa préface, un « merde » tonitruant, provocateur, et profondément salvateur.
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Comment les autres nous voient
Fernando Pessoa
- Belles Lettres
- Domaine Etranger
- 2 Juin 2023
- 9782251454054
Après Chronique de la vie qui passe, le présent volume vient compléter l'édition des Proses publiées du vivant de Pessoa telles qu'elles avaient été présentées au public français dès 1987 par José Blanco, l'un des meilleurs spécialistes du grand auteur portugais.
On y retrouvera la critique d'un esprit éminemment libre face aux hypocrisies et aux bigoteries de l'ordre social, et l'on verra derechef avec quel humour ses réflexions poussées souvent jusqu'aux paradoxes les plus subtils distillent un sain antidote aux mystifications des idéologies de toutes natures. -
Fernando Pessoa retrace dans cette épopée poétique aussi dense que précise des siècles d'histoire portugaise. Il glorifie les héros du passé, la période des « Grandes découvertes » en revenant aussi sur les moments les plus sombres de l'histoire, prémices de la décadence de son temps. Son ambition étant de créer, ni plus ni moins, un mythe, ayant pour objectif de relever une nation en crise. Un projet qui va bien au-delà d'un vulgaire projet nationaliste. La figure du poète est mise au rang de messie. Ainsi l'importance, l'essentiel que représente, la culture, la langue et la poésie pour l'humanité est démontrée. Sans imagination, sans histoires, sans mots pour nous raconter les rêves se meurent et sans rêves nous ne sommes plus.
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Fernando Pessoa : anthologie essentielle
Fernando Pessoa
- Chandeigne
- Lusitane
- 6 Octobre 2016
- 9782367321363
L'oeuvre de Fernando Pessoa (1888-1935), en grande partie posthume, est considérée aujourd'hui comme l'une des plus importantes du XXème siècle, la découverte de sa poésie et du Livre de l'Intranquillité ayant été une révélation dans le monde entier. Le projet complexe de Pessoa consiste, par l'écriture, à « tout sentir de toutes manières », ce qui l'a conduit à éclater son « moi » en plusieurs écrivains fictifs, les « hétéronymes », dotés chacun d'un nom (Alberto Caeiros Álvaro de Campos, Ricardo Reis, Fernando Pessoa lui-même, Bernardo Soares, etc.) d'un style propre et d'une vision du monde singulière.
La présente anthologie, très concise, est une introduction à cette oeuvre multiforme et inclassable. Elle permet de découvrir ce précurseur génial de notre modernité, en appréhendant l'essentiel de son « dispositif hétéronymique », pour en saisir, dans une présentation bilingue, la force et la beauté, la variété et l'unité.
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Bureau de tabac et autres textes d'Alvaro de Campos
Fernando Pessoa
- Chandeigne
- Lusitane
- 14 Mars 2019
- 9782367321851
L'oeuvre de Fernando Pessoa (1888-1935), génie poétique universel qui dissimule ici ses traits sous le domino d'Álvaro de Campos, a fait à ce jour l'objet d'innombrables éditions, études et traductions. Max de Carvalho nous livre ici une nouvelle traduction de ce qui est peut-être le plus beau texte de Fernando Pessoa après Le Livre de l'intranquilité. Les éditions Caractères et Unes ont publiées tour à tour les traductions d'Armand Guibert et de Rémy Hourcade, toutes deux datent des années 80. Max de Carvalho, poète et traducteur, a voulu proposer une version de son temps et de sa plume. Il nous livre une traduction sensible qui nous envoûte de sens et de son et accompagne ce grand poème d'autres poésies d'Álvaro de Campos non moins savoureuses... Livre bilingue, traduction en vis-à-vis.
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Fragments d'un voyage immobile ; essai d'Octavio Paz
Fernando Pessoa
- Rivages
- Rivages Poche ; Petite Bibliotheque
- 22 Juin 2016
- 9782743636548
Ce vagabondage textuel à travers l'oeuvre de Fernando Pessoa présente le portrait d'un homme extraordinaire et banal tout à la fois. Réalisé sur le modèle des comptines d'enfant, ce recueil de fragments - choisis par Rémy Hourcade parmi les dizaines de milliers de feuillets que nous a laissés "l'homme aux masques" - agite, dans un désordre voulu, les figures chères à cet "inconnu de lui-même" tel que le définissait Octavio Paz.
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Oeuvres poétiques
Fernando Pessoa
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 14 Novembre 2001
- 9782070114900
«Imaginons que, dans les années 1910-1920, Valéry, Cocteau, Cendrars, Apollinaire et Larbaud aient été un seul et même homme, caché sous plusieurs "masques" : on aura une idée de l'aventure vécue à la même époque au Portugal par celui qui a écrit à lui tout seul les oeuvres d'au moins cinq écrivains de génie, aussi différents à première vue les uns des autres que les poètes français que j'ai cités.» Ainsi Robert Bréchon présente-t-il Pessoa. Les «masques» dont il parle ne sont pas de simples pseudonymes. Nés en Pessoa, Alberto Caeiro, Ricardo Reis, Álvaro de Campos sont ses principaux hétéronymes. Ils ont une biographie, des opinions politiques, des idées esthétiques, des sentiments : Campos interviendra par jalousie dans la correspondance amoureuse entre Pessoa et la bien réelle Ophélia... Chacun d'eux a subi des influences particulières ; chacun d'eux possède sa propre inspiration, son propre style et son oeuvre «personnelle», laquelle entretient des liens complexes avec l'oeuvre orthonymique, celle que Fernando Pessoa signe de son nom. Pour la première fois en français, hétéronymes et orthonyme sont présentés dans un même volume, qui fait une large place aux textes posthumes et propose quantité de poèmes inédits. Les traductions ont toutes été élaborées dans le souci de maintenir aussi forte que possible la tension entre la diversité des «instances créatrices» et l'unicité du grand ordonnateur que fut Pessoa.
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Écrit en anglais en 1915, ce «long lamento de la passion meurtrie» où, pour la première fois de l'histoire, Antinoüs - favori et amant de l'empereur Hadrien - est le héros exclusif d'un livre. Le texte révèle non seulement l'oeuvre anglaise de Pessoa, mal connue et peu traduite, mais encore, par sa sincérité et ses accents personnels, une face obscure de la personnalité du poète. Cette édition, indisponible depuis plus d'une décennie, brille d'une traduction en regard du texte original et d'une préface d'Armand Guibert, introducteur en France du poète portuguais. Un frontispice de Luis Caballero confirme le caractère exclusif de cet ouvrage : son retour au sein de notre fonds et dans les mains du lecteur devenait une nécessité. C'est aussi l'occasion de renouer avec nos beaux papiers de couleur pour la couverture.
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« Jamais auparavant Alvaro de Campos n'avait poussé si loin cet acharnement contre soi-même, cette rage destructrice à laquelle rien ne résiste, pas même sa dignité d'homme souffrant. Cette histoire est la revanche du poète réel sur le vivant imaginaire, la suprême comédie si l'on veut du comédien, mais comédie jouée jusqu'au bout avec la plus grande virtuosité. Alvaro de Campos a sans doute raté sa vie, mais Pessoa, qui écrit sous son nom, n'a pas raté son oeuvre ». Pierre Hourcade
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Lettres à la fiancée
Fernando Pessoa
- Rivages
- Rivages Poche ; Petite Bibliotheque
- 22 Mars 2017
- 9782743639341
Cet ensemble des lettres d'amour adressées par Fernando Pessoa à son éphémère fiancée au cours des deux années - séparées par un silence de neuf ans - qu'a duré leur aventure sentimentale, jette un éclairage inattendu sur l'auteur du Livre de l'intranquillité. Ophélia Queiroz est la seule femme connue dans la vie de Pessoa, ce qui confère à cette correspondance son caractère unique. Un long entretien accordé par Ophélia, bien des années plus tard ouvre ce volume : il constitue un témoignage irremplaçable sur l'existence quotidienne du poète et son comportement à l'égard de ses contemporains.
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Parue en 1915 dans le deuxième numéro de la revue Orpheu, l'Ode maritime est la plus importante d'Álvaro de Campos, l'hétéronyme « alter-ego » de Fernando Pessoa.
Texte sublime et furieux, texte de l'imagination flottante, emportée par la vision des bateaux qui entrent et sortent des ports, portée par la mélancolie de ceux qui restent à quai. Poème du rêve et des époques, entre le modernisme des machines et la nostalgie d'un temps où tout était plus grand car on allait plus lentement ; poème de l'âme emportée dans le large, au loin de sa vie, c'est à dire là où l'on ne peut imaginer sa vie. Texte qui gonfle comme une voile, s'enveloppe dans les cris, les cris sauvages et les fantasmes de matelots et d'histoires. Livre des images et d'une liberté régénérée dans l'imagination, dans les mythes des mers naviguées, cris désespérés de violence comme s'il fallait s'extraire de soi-même au couteau. Ode spasmodique et brutale qui nous rejette vers l'enfance, dans le calme soudain et la nostalgie de l'enfance, dans la petite maison de l'enfance, quand on était heureux pour toujours. Et s'éveillant du rêve après le délire, on se retrouve dans l'immédiate acceptation de son existence. Dans nos vies alignées comme des factures, nos vies assises et réglées, seuls sur le port à regarder les navires disparaître.
La traduction que nous donne Thomas Pesle de l'Ode maritime, si fluide de précision et de simplicité, revigore la lecture de ce poème mythique écrit il y a tout juste cent ans.
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Alvaro de Campos est l'enfant frondeur parmi les hétéronymes de Fernando Pessoa, le fils emporté, cosmopolite, voyageur - ou plus rêveur que voyageur. Il est le chantre de la modernité, des machines et de la grande matrice du XXe siècle, avant de céder, dans ses poèmes plus tardifs au désabusement, et au sentiment d'échec, des rêves mal reportés sur la réalité. « Opium à bord » est son acte de naissance, mais un acte falsifié : le texte est antidaté par Pessoa pour en faire officiellement la première apparition d'Alvaro de Campos sur la scène littéraire : le jeu des masques et de la théâtralité, toujours, dans lequel éclot la sincérité de Pessoa. Mais qui est Alvaro de Campos ? Un jeune homme captif d'un navire, d'une croisière qui mouille au large du Canal de Suez en mars 1914 ; un jeune homme surtout captif de lui-même, et de l'opium impuissant à guérir son âme malade comme il l'affirme d'emblée.
Tout est stable, plane comme la mer presque absente, le monde incolore et indolore - même les exotismes, les voyages en Inde n'y font rien - Alvaro de Campos est seul à se noyer, coulé par sa faiblesse, son sentiment profond d'insignifiance et son absence de talent dans ce bref poème enfiévré qui est celui d'un naufrage intérieur. À peine capable de révolte contre la vie mondaine, réglée et bien vêtue de ses compagnons de voyage, il fait tourner une mappemonde avec ennui au bout de ses doigts. Dans une divagation droguée contre le bastingage, malgré les ambitions et les délires créateurs, incapable de sauter par dessus bord, lui qui pressent l'inutilité de sa vie, Alvaro de Campos, capable seulement d'ouvrir des portes sur le vide, comprend qu'on n'est jamais « que le passager d'un navire quelconque ». Poème tendu et vertigineux, poème cloîtré qui tourne le dos au large et au voyage même qui devrait le porter, « Opium à bord » est tout autant un acte de naissance qu'un aveu de mort.
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Pessoa est lié à Lisbonne, comme Kafka l'est à Prague ou Joyce à Dublin. Lisbonne imprègne toute l'oeuvre de Pessoa. Le poète habite une ville qui le hante littéralement et littérairement. Il existe malheureusement un ouvrage écrit en anglais What the tourist should see, traduit sobrement en français par Lisbonne (Anatolia, 10 :18) qui est un succès d'édition mais qui n'a, de l'avis de tous les spécialistes et surtout des lecteurs appâtés par le titre mais vite déçus, aucun intérêt. Aucune ligne ne rappelle le génie de l'auteur portugais au point que l'on peut douter que ce texte, retrouvé dans ses archives et annoté de sa main, soit bien de lui.
Ce petit livre de poche, bilingue, est d'un tout autre intérêt, puisqu'il rassemble les fascinants fragments en proses du Livre de l'intranquillité, des lettres, des poèmes, qui montrent le rapport fort, intime, quasi consubstantiel de Pessoa avec sa ville. Lisbonne est aujourd'hui la destination phare des Français, et cette ville ne cesse de fasciner de nombreux écrivains jusqu'au plus simple des touristes. Ce livre comble un manque et complète harmonieusement le premier volume paru en 2016 : Fernando Pessoa - Anthologie essentielle, qui constitue l'ouvrage de référence d'introduction à l'ensemble de l'oeuvre de l'immense auteur portugais que l'on ne cesse de redécouvrir.
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Les éditions Tinto da China (Lisbonne) ont fait paraitre en avril 2016, dans une édition établie par Jerónimo Pizzaro, Les oeuvres complètes d'Alberto Caeiro, à partir des manuscrits de Fernando Pessoa découverts en 1979 et conservés à la Biblioteca Nacional de Portugal. Ce volume présente notamment de nombreuses variantes, notes et corrections que Fernando Pessoa a introduites dans les cahiers dans lesquels il a recopié la toute dernière version du « Gardeur de troupeaux ». 30 ans après leur première traduction de ce poème majeur d'Alberto Caeiro, Jean-Louis Giovannoni et Rémy Hourcade, avec le renfort de Fabienne Vallin, ont entrepris une retraduction intégrale du texte en se basant sur cette dernière édition et les nouveautés qu'elle apporte.
Le gardeur de troupeaux est l'oeuvre majeure d'Alberto Caeiro, le maître naturaliste des hétéronymes inventés par Fernando Pessoa. Berger imaginaire qui mène le troupeau de ses idées, homme sans grande éducation, il n'est pas un intellectuel raffiné. Sa poésie est simple et directe, il est le poète des sens, du monde et de la nature, pas de la pensée. « Je n'ai jamais gardé de troupeau », commence-t-il par nous dire. Caeiro est poète, c'est sa façon à lui d'être seul, ajoute-t-il. Seul dans un monde peuplé d'hommes qui pensent comprendre le monde, qui vivent dans l'illusion de la pensée, des images, du sens caché des choses. Caeiro nous apprend la douce leçon de la simplicité, il nous dit ce que c'est que voir, aimer, lire, marcher. Voir c'est ne pas penser, c'est considérer ce que l'on a devant soi, l'immédiateté de la présence des choses. La sensation immédiate des odeurs de l'été, de la couleur des fleurs de la nature, de la chaleur du soleil. Caeiro nous apprend à regarder le monde tel qu'il est, il nous apprend à désapprendre les images et tout son poème exprime la difficulté de voir le visible. Il nous incite à accepter notre modestie, notre calme ignorance, notre petitesse paradoxale, car on est aussi à la taille de ce que l'on voit. Nous passons et disparaissons, sans trop de bruit, dans la permanence du monde, dont nous devons accepter sans tristesse qu'il n'a pas de sens ; qu'il est, tout simplement, et que nous sommes, sans plus de sens. Caeiro, en nous racontant le vent qui passe sur la colline, le bruit des arbres et des rivières, nous débarrasse de tout mysticisme, nous apprend la proximité de la réalité contre la distance, l'horizon flou des rêves.