C'est pour obéir aux ordres du directeur de ma vie que j'ai écrit l'histoire de l'abbé de Rancé. Mon premier ouvrage a été fait à Londres en 1797, mon dernier à Paris en 1844. Entre ces deux dates, il n'y a pas moins de quarante-sept ans, trois fois l'espace que Tacite appelle une longue partie de la vie humaine. Le temps s'est écoulé, j'ai vu mourir Louis XVI et Bonaparte ; c'est une dérision que de vivre après cela. Que fais-je dans le monde ? Autrefois je barbouillai du papier avec mes filles, Atala, Blanca, Cymodocée, chimères qui ont été chercher ailleurs la jeunesse. On remarque des traits indécis dans le tableau du Déluge, dernier travail du Poussin : ces défauts du temps embellissent le chef d'oeuvre du grand peintre ; mais on ne m'excusera pas, je ne suis pas Poussin, je n'habite point au bord du Tibre, et j'ai un mauvais soleil.
Le dix huitième siècle fut un siècle destructeur; nous fûmes tous séduits. Nous dénaturâmes la politique, nous nous égarâmes dans de coupables nouveautés en cherchant l'existence sociale dans la corruption de nos moeurs. La révolution vint nous réveiller: en poussant le Français hors de son lit, elle le jeta dans la tombe. Toutefois, le règne de la terreur est peut être, de toutes les époques de la révolution, celle qui fut la moins dangereuse à la morale, parce qu'aucune conscience n'était forcée: le crime paraissait dans sa franchise. Des orgies au milieu du sang, des scandales qui n'en étaient plus à force d'être horribles; voilà tout. Les femmes du peuple venaient travailler à leurs ouvrages autour de la machine à meurtre comme à leurs foyers: les échafauds étaient les moeurs publiques et la mort le fond du gouvernement. Rien de plus net que la position de chacun: on ne parlait ni de spécialité, ni de positif, ni de système d'intérêts. Ce galimatias des petits esprits et des mauvaises consciences était inconnu. On disait à un homme: «Tu es royaliste, noble, riche: meurs;» et il mourait. Antonelle écrivait qu'on ne trouvait aucune charge contre tels prisonniers, mais qu'il les avait condamnés comme aristocrates: monstrueuse franchise, qui nonobstant laissait subsister l'ordre moral; car ce n'est pas de tuer l'innocent comme innocent qui perd la société, c'est de le tuer comme coupable.
Le déclin de l'Empire romain d'Occident, ou la chute de l'Empire romain, se rapporte aux causes profondes et aux événements qui aboutirent à l'effondrement de l'Empire romain d'Occident. Le 4 septembre 476, date de l'abdication de Romulus Augustule, dernier empereur de l'Empire romain d'Occident, est en général retenu comme marquant la fin de cette période.
Cette thématique a connu une large diffusion à la fin du xviiie siècle avec la parution du fameux ouvrage d'Edward Gibbon : Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain. Cependant, Gibbon n'a été ni le premier ni le dernier à étudier les raisons qui ont conduit à la disparition de l'Empire romain, Montesquieu lui ayant consacré par exemple dès 1734 un ouvrage, Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence, où il dénombrait 19 facteurs de sa décadence. Les raisons du déclin de l'Empire romain font donc l'objet d'un certain nombre de théories controversées, la plupart des historiens remettant même aujourd'hui en question la notion de « chute », de « déclin », ou la date de 476, qui a d'ailleurs bien moins marqué les contemporains que celle du sac de Rome par Alaric en 410. FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND apporte sa contribution au débat sur la La chute de l'empire romain à travers trois études portant sur la naissance et les progrès du christianisme et l'invasion des barbares.