«Moi, bonheur ou fortune, après avoir campé sous la hutte de l'Iroquois et sous la tente de l'Arabe, après avoir revêtu la casaque du sauvage et le cafetan du mamelouk, je me suis assis à la table des rois pour retomber dans l'indigence. Je me suis mêlé de paix et de guerre; j'ai signé des traités et des protocoles; j'ai assisté à des sièges, des congrès et des conclaves; à la réédification et à la démolition des trônes; j'ai fait de l'histoire, et je la pouvais écrire:et ma vie solitaire et silencieuse marchait au travers du tumulte et du bruit, avec les filles de mon imagination, Atala, Amélie, Blanca, Velléda, sans parler de ce que je pourrais appeler les réalités de mes jours, si elles n'avaient elles-mêmes la séduction des chimères. [...]Je me suis rencontré entre deux siècles comme au confluent de deux fleuves; j'ai plongé dans leurs eaux troublées, m'éloignant à regret du vieux rivage où je suis né, nageant avec espérance vers une rive inconnue.»Chateaubriand, 1837.
Avec la Restauration, voici venu, pour Chateaubriand, le temps de la politique active (livres XXV à XXXI). Pair de France, ambassadeur à Berlin, à Londres et à Rome, ministre des Affaires étrangères de 1822 à 1824 ; mais aussi journaliste et polémiste redouté : il aura marqué de son empreinte le premier de nos régimes parlementaires. Partisan déclaré de la monarchie selon la Charte, il affiche en même temps une ombrageuse fidélité envers la branche aînée des Bourbons, sans pouvoir éviter leur chute lors de la révolution de 1830, sur laquelle il nous livre un témoignage de première main (livres XXXII et XXXIII).
Rendu à la vie privée par le régime «bâtard» de la «monarchie ventrue» qu'il poursuivra de sa vindicte, Chateaubriand va désormais partager son existence entre voyages (à Prague, à Venise) et écriture (livres XXXIV à XLI). S'il participe encore, au début du règne de Louis-Philippe, à la dérisoire agitation carliste, le grand écrivain ne va pas tarder à prendre du recul : c'est le temps des Mémoires d'outre-tombe, révisés, poursuivis et achevés de 1832 à 1840. Dans le dernier livre (XLII), Chateaubriand ne se contente pas de tracer quelques portraits acérés de ses contemporains les plus emblématiques : il dresse le bilan de la Révolution qui a transformé la France et il exprime sa confiance dans un avenir de liberté où le christianisme retrouverait son rôle de guide moral et spirituel.
Jean-Claude Berchet.
Le second volume de cette édition comporte les livres XXV à XLII des Mémoires d'outre-tombe (3e et 4e parties), mais aussi, en appendice, les notes de Sainte-Beuve, les fragments retranchés, ainsi qu'un dossier documentaire et un index des noms de personnes et de personnages.
« Je préfère parler du fond de mon cercueil », écrit Chateaubriand au début des "Mémoires d'outre-tombe"... Mais ce monument qu'il dresse de sa vie, pendant plus de quarante ans, est un véritable roman, que l'Histoire, quoi qu'il en dise, ne parvient jamais à « étrangler » tout à fait. Ce « nageur entre deux rives » est le chroniqueur du passage unique des Lumières au siècle du progrès, de l'Ancien au Nouveau Monde : « Des auteurs français de ma date, je suis quasi le seul qui ressemble à ses ouvrages : voyageur, soldat, publiciste, ministre, c'est dans les bois que j'ai chanté les bois, sur les vaisseaux que j'ai peint l'Océan, dans les camps que j'ai parlé des armes, dans l'exil que j'ai appris l'exil, dans les cours, dans les affaires, dans les assemblées que j'ai étudié les princes, la politique et les lois. » Un écrivain sentencieux et emphatique ? Plutôt un chevalier, un vrai, fidèle champion des causes perdues, conquérant de libertés inédites devenues les idéaux de notre modernité, un aventurier fendant océans et tempêtes, éternel errant échappé du monde des rêves, trempant sa plume à l'encre d'une mélancolie teintée d'humour.
Edition enrichie (Préface, notes, variante, commentaires sur l'oeuvre, chronologie et bibliographie)Après s'être engagé dans l'état ecclésiastique sans autre vocation que son ambition, l'abbé de Rancé consacre sa vie aux festins et aux divertissements. Puis, un jour d'avril 1657, sa maîtresse meurt. Six ans plus tard, il décide d'entrer à la Trappe - et longtemps après, selon la légende, on montrait encore la tête même de Mme de Montbazon que l'abbé avait emportée avec lui après l'avoir trouvée, sanglante, à côté de son cercueil.
Cette Vie de Rancé que Chateaubriand fait paraître en 1844, il l'a écrite comme une pénitence imposée par son directeur de conscience. Une biographie ? Sans doute, mais elliptique et lacunaire, digressive et souvent désinvolte, où l'écrivain, volontiers, entrecroise sa vie à celle même de l'abbé. Mais dans ce livre de l'extrême vieillesse, ce qui nous touche sans doute le plus, c'est cette langue admirable qui « enfonce vers l'avenir, nous dit Julien Gracq, une pointe plus mystérieuse » que celle des Mémoires d'outre-tombe : « Ses messages en morse, saccadés, déphasés, qui coupent la narration tout à trac comme s'ils étaient captés d'une autre planète, bégayent déjà des nouvelles de la contrée où va s'installer Rimbaud. » Edition de Nicolas Perot
Itinéraire de Paris à Jérusalem et de Jérusalem à Paris / par M. de Chateaubriand Date de l'édition originale : 1867 Ce livre est la reproduction fidèle d'une oeuvre publiée avant 1920 et fait partie d'une collection de livres réimprimés à la demande éditée par Hachette Livre, dans le cadre d'un partenariat avec la Bibliothèque nationale de France, offrant l'opportunité d'accéder à des ouvrages anciens et souvent rares issus des fonds patrimoniaux de la BnF.
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Coffret de deux volumes vendus ensemble, réunissant des réimpressions récentes des premières éditions (1947, 1950)
René et Atala constituent les textes fondateurs du romantisme français. Les souffrances de Chactas y donnent naissance au « vague des passions » de René, archétype du héros romantique. Unis par le thème de l'exil, ces récits étudient la passion humaine impossible et sa rédemption par la foi chrétienne.
L'Essai sur les Révolutions et le Génie du christianisme sont deux oeuvres surprenantes qu'on ne dirait pas sorties de la même plume, tant elles sont faites d'oppositions. Ce sont les deux premières publications de Chateaubriand, et la seconde semble la réfutation de la première. Elles divergent dès leur naissance et dans leur destin. Écrit à Londres par un émigré besogneux et solitaire séduit d'abord par le rêve de 1789, puis effrayé de certaines conséquences, l'Essai sur les Révolutions passa presque inaperçu. S'il fit, comme le dira son auteur, du bruit dans l'émigration, ce fut le bruit d'un scandale, qu'on amortit bien vite. Le Génie du christianisme, au contraire, connut avant même sa publication un succès qui dure encore à notre époque. Achevé à Paris par un écrivain qui marchait dans la cohorte du Premier consul, il s'accordait parfaitement avec la situation politique de l'heure et le désir des Français. Cinq ans seulement séparent ces deux écrits. Ce peu d'années a suffi pour que Chateaubriand passe de l'incertitude et du désespoir aux certitudes d'un ordre social qui s'organise, de l'irréligion à la religion.
Un Chateaubriand surprenant !
Un texte rare et surprenant dans lequel Chateaubriand prend le contre-pied du mouvement romantique de littérature alpestre ! Il met en pièces, à propos de la haute montagne, les illusions rousseauistes à la mode, sur la splendeur des paysages, sur l'élévation spirituelle qui naîtrait à l'approche des « régions éthérées » ...
François-René de Chateaubriand (1768-1848) a passé sa vie à écrire sur la nature et la mort. Né à Saint-Malo, il passe une partie de son enfance dans les forêts de Combourg, qui marqueront sa vie. Mer, tempêtes, danger et plaisir de son imaginaire deviennent réels pour ce jeune homme exalté quand il fuit vers l'Amérique en 1791.
D'abord confronté à la force sauvage de l'océan qu'il décrit avec ferveur, il écrira ensuite des oeuvres majeures sur le nouveau monde en rencontrant des familles indiennes. Il revient en France en 1800 et y mène une carrière politique ambitieuse avant de se retirer pour un temps dans la vallée aux Loups où il découvre les joies de cultiver son jardin en tentant de reconstituer les paysages de ses voyages.
En 1806, il parcourt la Grèce, la Palestine, l'Égypte et l'Asie mineure, enrichissant sa passion de naturaliste. Durant ce début de siècle, il mène une habile carrière diplomatique tout en publiant des textes sur le christianisme, l'Histoire, la critique artistique, mais aussi la nature. Face à une époque agitée, de monarchie finissante en république balbutiante, l'écrivain s'est projeté dans une nature divine, ouverte sur le passé et le monde.
En 1814, au retour des Bourbons, Chateaubriand avait manqué son entrée dans la vie politique. Sa fidélité pendant les Cent-Jours lui valut les titres de ministre d'État et de pair de France. Déçu de ne pas jouer un grand rôle, il écrit De la monarchie selon la Charte, ouvrage qui est saisi et lui fait perdre son titre. Sans ressources, sa bibliothèque vendue aux enchères, la Vallée-aux-Loups mise en loterie, il connaît un répit avec la fondation du Conservateur qui lui assure quelques ressources. Mais il doit attendre 1820 pour que Louis XVIII se rapproche des ultras et l'envoie comme ministre plénipotentiaire à Berlin. Durant cette période, Mme de Duras reste la confidente privilégiée. Mais déjà se profile une rivale qui va bientôt prendre le pas sur elle, Mme Récamier. On sait que Juliette a fait détruire les lettres de Chateaubriand. L'indiscrétion de la police secrète et l'indélicatesse d'un secrétaire occasionnel de Chateaubriand nous valent de pouvoir présenter quelques-unes des lettres de Juliette, parmi les plus révélatrices de la passion qu'elle nourrit pour René.
Après l'installation de la monarchie de Juillet, Chateaubriand semble promis à des jours obscurs et laborieux qui lui permettent d'achever ses Études historiques en avril 1831. Refusant la France de Louis-Philippe, il s'exile à deux reprises en Suisse pour travailler en paix à ses Mémoires, mais les événements le précipitent de nouveau dans l'arène. Défenseur des Bourbons bannis et humiliés, conseiller attitré de la duchesse de Berry qui l'entraîne malgré lui dans sa folle aventure, il publie de mars 1831 à novembre 1832 quatre brochures étincelantes et immédiatement célèbres qui le désignent à la vindicte de Louis-Philippe. Emprisonné pendant deux semaines à la préfecture de police en juin 1832, le chef du parti légitimiste en ressort avec l'auréole du martyr. En 1833, l'ambassade de la fidélité le conduit auprès de Charles X à Prague où il assiste à la proclamation de la majorité royale du jeune duc de Bordeaux, le 29 septembre. Cependant l'écrivain, obligé de «traduire du Milton à l'aune» pour vivre, organise en 1834 à l'Abbaye-aux-Bois des lectures de ses Mémoires, formidable opération publicitaire à l'attention des éditeurs. La même année, la création malencontreuse de Moïse au théâtre de Versailles, sans son agrément, lui vaut pourtant un succès d'estime. Malgré une intense activité politique et littéraire et sa relation fusionnelle avec Mme Récamier, René ne se résigne pas à la vieillesse qui le talonne. Pour rester jeune, il faut se sentir aimé. S'il rompt avec l'extravagante Mme de Pierreclau devenue par trop encombrante, il écrit ses dernières lettres d'amour, peut-être les plus belles, à Hortense Allart, «dernière Muse, dernier enchantement, dernier soleil».
Tome VII : 6 juin 1824 : Chateaubriand est renvoyé du ministère des Affaires étrangères comme s'il avait «volé la montre du roi sur la cheminée». Dès lors, il devient l'ennemi implacable du gouvernement Villèle. Champion de la lutte pour toutes les libertés, en particulier celle de la presse, il devient en 1827 l'adversaire attitré de «la loi de justice et d'amour».Les années 1825-1827 sont aussi celles où l'écrivain désargenté se remet au travail, révisant et complétant ses ouvrages pour une édition des Oeuvres complètes, qui paraissent chez Ladvocat à partir de juin 1826. En 1826, précisément, il part avec Mme de Chateaubriand à Lausanne pour y chercher une retraite studieuse ; il y fait la connaissance de Rosalie de Constant et de la jeune et jolie Laure de Cottens.En vérité, cette vie vouée à la politique et au travail serait bien austère si des liaisons amicales ou amoureuses ne venaient l'éclairer. Les lettres envoyées à son ancienne maîtresse, Cordélia de Castellane, en voyage en Italie, sont parmi les plus riches et les plus intéressantes qu'il ait écrites. Mais une autre favorite fait son entrée dans la Correspondance : Mme de Pierreclau reçoit de nombreux billets, inédits pour la plupart, attestant une assiduité et une intimité qui ne se démentiront pas jusqu'en 1832.
De Berlin, où, au début de l'année 1821, il a été relégué dans une sorte d'exil doré, avec le titre de ministre de France auprès du roi de Prusse, Chateaubriand multiplie avertissements et mises en garde, tant à l'adresse de ses amis politiques que du gouvernement lui-même. Il se permet d'envoyer des conseils à son ministre, le baron Pasquier, qui note avec irritation : «C'est Gros-Jean qui remontre à son curé.» Au bout de trois mois, pensant avoir assimilé toutes les finesses de la diplomatie, Chateaubriand se fait mettre en congé. À Paris, il tombe en pleine crise ministérielle, démissionne par solidarité avec les ministres ultraroyalistes Villèle et Corbière. Ses lettres à Mme de Duras font revivre cette crise politique, son dépit de ne pas être du nouveau cabinet, sa joie d'être nommé à l'ambassade de Londres. Les lettres à Mme Récamier font cruellement défaut, car Juliette les a fait disparaître. Les seconds rôles féminins sont tenus par les habituelles correspondantes : Mme de Custine, Mme de Pisieux, Mme d'Orglandes, Mme de Montcalm... Nouvelles venues : une princesse de sang presque royal, la duchesse de Cumberland, et encore la mystérieuse inconnue à laquelle Chateaubriand écrivait, le 16 août 1821 : «J'ai attendu ; vous ne me donnez pas signe de vie. Est-ce fini entre nous ? Je ne puis le croire.»
Des trois séjours que Chateaubriand fit en Angleterre, successivement comme émigré, comme ambassadeur du roi de France et, pour terminer, comme pèlerin de la fidélité, c'est incontestahlement le deuxième, celui de 1822, qui fut le plus spectaculaire ; c'est à lui que nous devons, dans les Mémoires d'outre-tombe, ce tableau pittoresque de la société londonienne au temps du roi George IV ou encore cette évocation pleine de vie, qui se module comme un air d'opéra-comique, de l'existence harassante d'un diplomate accablé par ses obligations mondaines, face à une demi-douzaine de jeunes secrétaires d'ambassade qui semblent n'avoir d'autre emploi que de les lui rappeler impitoyablement. On trouvera aussi, dans la correspondance de cette année 1822, les dépêches diplomatiques qu'il se faisait un point d'honneur de rédiger lui-même. Mais bientôt, avec cette facilité qu'il avait de se déprendre des objets les plus ardemment désirés une fois qu'il les avait obtenus, toutes ses forces, tous ses désirs, toutes ses ambitions ne devaient plus se tourner que vers ce seul but : être nommé l'un des plénipotentiaires français au congrès qui allait se tenir à l'automne dans une localité dont le choix n'avait pas encore été définitivement fixé, Vienne, Florence ou Vérone.
Plus de cent vingt ans après la mort de Chateaubriand, il n'existait encore aucune édition d'ensemble de sa correspondance. Il n'est pourtant pas un seul de nos grands écrivains dont les lettres aient plus d'intérêt que les siennes. Elles sont le reflet d'un génie et d'une existence merveilleusement contrastées. On y voit tour à tour le jeune gentilhomme breton au déclin de l'Ancien Régime, le soldat, le voyageur, l'émigré, le philosophe, le chrétien, le «bon garçon» dont parle Joubert, le pamphlétaire, le pair de France, le ministre, l'ambassadeur, le vieillard entouré de ses ombres. On y retrouve le magicien ; on y découvre l'amoureux. Ces lettres traduisent la complexité de son esprit et de son âme, son scepticisme universel et sa confiance en l'homme, son respect du passé et sa divination de l'avenir, ses désirs et son désespoir. Au-delà de sa vingtième annnée, elles sont, en outre, le meilleur, ou plutôt l'indispensable commentaire des Mémoires d'outre-tombe.
Tome VII : 6 juin 1824 : Chateaubriand est renvoyé du ministère des Affaires étrangères comme s'il avait «volé la montre du roi sur la cheminée». Dès lors, il devient l'ennemi implacable du gouvernement Villèle. Champion de la lutte pour toutes les libertés, en particulier celle de la presse, il devient en 1827 l'adversaire attitré de «la loi de justice et d'amour».
Les années 1825-1827 sont aussi celles où l'écrivain désargenté se remet au travail, révisant et complétant ses ouvrages pour une édition des OEuvres complètes, qui paraissent chez Ladvocat à partir de juin 1826. En 1826, précisément, il part avec Mme de Chateaubriand à Lausanne pour y chercher une retraite studieuse ; il y fait la connaissance de Rosalie de Constant et de la jeune et jolie Laure de Cottens.
En vérité, cette vie vouée à la politique et au travail serait bien austère si des liaisons amicales ou amoureuses ne venaient l'éclairer. Les lettres envoyées à son ancienne maîtresse, Cordélia de Castellane, en voyage en Italie, sont parmi les plus riches et les plus intéressantes qu'il ait écrites. Mais une autre favorite fait son entrée dans la Correspondance : Mme de Pierreclau reçoit de nombreux billets, inédits pour la plupart, attestant une assiduité et une intimité qui ne se démentiront pas jusqu'en 1832.
La position de Clermont est une des plus belles du monde.
Qu'on se représente des montagnes s'arrondissant en un demi-cercle ; un monticule attaché à la partie concave de ce demi-cercle ; sur ce monticule Clermont ; au pied de Clermont, la Limagne, formant une vallée de vingt lieues de long, de six, huit et dix de large. La place de Jaude offre un point de vue admirable sur cette vallée. En errant par la ville au hasard, je suis arrivé à cette place vers six heures et demie du soir.
Les blés mûrs ressemblaient à une grève immense, d'un sable plus ou moins blond. L'ombre des nuages parsemait cette plage jaune de taches obscures, comme des couches de limon ou des bancs d'algues : vous eussiez cru voir le fond d'une mer dont les flots venaient de se retirer.
L'année 1828 commence pour Chateaubriand par un deuil cruel celui de Claire de Duras qui s'est éteinte le 16 janvier.
Mais pour l'ancien ministre des affaires étrangères, que de promesses dans le nouveau ministère Martignac, qui lui redonnera peut-être la place qui avait été la sienne dans l'appareil de l'État. Hélas ! l'éternel opposant se heurte à une fin de non-recevoir, qui s'adoucit quand on lui propose l'ambassade de Rome. D'octobre 1828 à mai 1829, le nouvel ambassadeur gagne la confiance de Léon XII, devient le mécène des artistes de la villa Médicis et se rend populaire par le bon goût de ses réceptions et des fouilles archéologiques qui le consolent mal d'avoir renoncé, pour des motifs politiques, à faire représenter sa tragédie Moïse à Paris.
Le 10 février 1829, Léon XII meurt brutalement et. dans le conclave qui s'ouvre pour nommer son successeur. Chateaubriand trouve une occasion majeure de déployer son activité diplomatique. Le cardinal Castiglioni, l'un des favoris du gouvernement français. est élu sous le nom de Pie Vlll et Chateaubriand exulte. Mais la nomination au secrétariat d'État du cardinal Albani, une créature de l'Autriche, contrarie si vivement le ministère qu'il adresse à Chateaubriand une lettre de reproches que l'ambassadeur prend très mal.
Usant du congé qu'il avait demandé, il quitte Rome pour Paris, où il retrouve Mme Récamier, sa confidente des bons et des mauvais jours. Il rencontre aussi pour la première fois Mine de Nichet et Léontine de Villeneuve, avec lesquelles il entretenait une correspondance amoureuse depuis plus d'un an. Tandis que Chateaubriand hésite à retourner à Rome, la formation du ministère Polignac, en août 1829, lui fait donner sa démission d'ambassadeur.
En 1830. les ordonnances de Juillet et les Trois Glorieuses qui changent le destin de la France trouvent Chateaubriand fidèle à son engagement légitimiste. Après avoir prononcé son discours d'adieu à la Chambre des pairs, il croit sa carrière politique finie et, ruiné, sans illusions, songe à quitter la France pour continuer la rédaction de ses Mémoires, enrichis par les expériences des trois dernières années.
The most enjoyable, glamorous and gripping of all 19th-century autobiographies - a tumultuous account of France hit by wave after wave of revolutions Memoirs from Beyond the Tomb is the greatest and most influential of all French autobiographies - an extraordinary, highly entertaining account of a uniquely adventurous and frenzied life. Chateaubriand gives a superb narrative of the major events of his life - which spanned the French Revolution, the Napoleonic Era and the uneasy period that led up to the Revolution of 1830.