Le Quêteur de la mort présente trois pièces de théâtre inédites en français. Celle qui donne son nom au recueil a été écrite directement en français par Gao Xingjian en 2000. Elle met en scène deux personnages enfermés dans un musée d'art contemporain, qui soliloquent sur la société moderne, l'art, la vie et la mort.
La Neige en août, pièce écrite en chinois en 1997, rapporte l'histoire du Sixième Patriarche du bouddhisme Chan (Zen) Huineng (638-713). Elle fut jouée dans une version plus courte sous forme d'opéra à Taipei en 2002, dans une mise en scène de Gao Xingjian et avec une musique du compositeur contemporain Xu Shu-ya.
Enfin, L'Autre Rive, écrite à Pékin en 1986, est une pièce de théâtre expérimental que l'auteur a conçue pour aider les acteurs à trouver un jeu nouveau, qui leur permette d'aborder le théâtre contemporain occidental tout en ayant intégré les techniques de l'opéra chinois traditionnel. Elle donne à entendre également les préoccupations littéraires et artistiques de l'auteur, telles qu'on les retrouvera dans ses romans, nouvelles et pièces de théâtre écrits ultérieurement.
"Depuis qu'il écrit poèmes, romans, nouvelles, pièces de théâtre, livrets d'opéra, depuis qu'il peint, à l'encre de Chine, sur papier ou sur toile, des tableaux de toutes les tailles, mais jamais avec des couleurs, seulement avec les multiples nuances qui vont du blanc au noir, depuis qu'il filme, en plein air ou en studio, en couleur ou en noir et blanc, et crée des films muets ou parlant, depuis qu'il prononce des discours à l'invitation des musées, universités, associations artistiques et littéraires du monde entier, Gao Xingjian s'exprime en son nom propre, sans suivre les modes, en livrant son témoignage au sujet des difficultés existentielles que rencontrent les hommes depuis des temps immémoriaux, sans jamais penser que l'avenir pourrait être radieux, sans jamais croire aux discours des hommes politiques, des philosophes radicaux, des prophètes et des démiurges.
C'est un homme seul, qui n'appartient à aucune chapelle et qui se contente de livrer aussi bien sa vision du monde passé et du monde actuel que sa propre expérience artistique".
ND.
Plasticien accompli, écrivain reconnu, Gao Xingjian construit depuis de longues années une oeuvre personnelle, très originale et profonde. S'il se sent avant tout artiste, créateur, résolument tourné vers la pratique, il n'en a pas moins développé, au fil du temps et des textes, une réflexion théorique singulière, à rebours des modes et des canons de l'art contemporain.
Dans le recueil De la création, Gao Xingjian a personnellement choisi les textes qu'il désirait voir traduits en français. Il s'y exprime sur le rôle de l'écrivain et ses conceptions artistiques, que ce soit en peinture, au cinéma, ou au théâtre et sur l'attitude de l'artiste par rapport à la société, qu'elle soit dominée par un régime totalitaire ou libéral. Ces textes dénoncent le " politiquement correct " et montrent l'originalité de l'auteur qui persévère dans sa voie d'homme seul, indépendant, dont la raison d'être est avant tout la recherche du beau dans tous les domaines.
Personnage principal de Chronique du classique des mers et des monts, le récitant introduit chaque dieu, déesse et monstres plus étranges les uns que les autres en tissant une narration poétique et plaisante. Les divinités du Ciel sont en proie aux mêmes vices et émotions que les humains : les dieux se révèlent excessifs, jaloux, vaniteux, cruels. La mythologie chinoise regorge de bêtes fantasmagoriques, buffle unijambiste, serpent à tête humaine, corbeaux d'or et oiseaux aux couleurs chatoyantes interviennent pour forger le monde tel qu'il est actuellement.Empruntant beaucoup à la tradition chinoise (dans ses thèmes et pour les personnages), cette pièce s'inscrit également dans la modernité du théâtre occidental du XXe.
La littérature ne peut être que la voix d'un individu, le résultat de sa propre vision du monde, de son sentiment de l'existence.
La littérature rendit du combat de l'homme pour survivre à l'histoire. L'auteur est un spectateur sceptique et lucide sans prétention de pouvoir expliquer le monde. Mais il rencontre la liberté dans l'écriture, par l'écriture. Et c'est seulement lorsque les sentiments de l'écrivain nourrissent une oeuvre que ces sentiments résistent aux ravages du temps. Telle est l'ambition de l'oeuvre plutôt que de l'auteur: une oeuvre qui perdure est une réponse puissante de l'écrivain au temps et à la société; aussi longtemps qu'il y aura des lecteurs, cette voix continuera de résonner.
Le Témoignage de la littérature est un recueil de textes, de réflexions sur la littérature, le témoignage d'un homme sur la liberté d'écrire, sur l'écriture d'une littérature chinoise et universelle, sur l'insoumission à l'uniformité graphique et poétique.
Cet ouvrage met en lumière la richesse fascinante de l'oeuvre picturale de Gao Xingjian, qui exploite les infinies possibilités du travail de l'encre de Chine. On comprend ici la diversité des voies qui s'y croisent : l'héritage de la culture chinoise, l'esthétique de la modernité occidentale, la pratique expérimentale de la peinture, et une sensibilité exceptionnelle. Les échos que trouve cette oeuvre dans les textes littéraires de Gao Xingjian en révèlent la cohérence, à la fois singulière et complexe, irréductible à tout schématisme, et pleinement offerte à l'expérience visuelle du spectateur.