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La traduction du texte littéraire implique un processus complexe d'élaboration, dont témoignent les divers brouillons des traducteurs. Explorer scientifiquement ces dossiers de genèse ouvre une perspective de recherche essentielle à la compréhension du processus de traduction.
Quel statut et quelles fonctions caractérisent le nom propre de personnage dans l'économie pragmatique de l'oeuvre littéraire ? Philosophie et linguistique se sont longuement interrogées sur son efficacité à référer et sur sa capacité à produire du sens. Le présent ouvrage, faisant état des réflexions théoriques sur le sujet, les met à l'épreuve du corpus proustien, à la fois pour en vérifier et peaufiner la " puissance " explicative, et pour éclairer d'un jour nouveau le système des noms propres dans la poétique de la Recherche. La grande variété des modifications syntaxiques et référentielles du nom propre dans le roman est telle qu'elle invite à ouvrir l'éventail de ses effets de sens à quelques nouvelles " figures ", comme la signifiance, la notoriété et la synecdoque. Avec ces dernières, les figures mieux connues de la métonymie, de la métaphore et de l'antonomase se succèdent pour tracer, dans le ciel personnel de Bergotte, Charlus, Oriane ou Albertine, la courbe de leur trajectoire romanesque, de l'anonymat des coulisses à la désincarnation de l'antonomase.
Le vif débat théorique autour de la traduction littéraire voit dans le genre poétique son meilleur banc d'essai. Si l'oeuvre en prose lance au traducteur des défis substantiels, la traduction du texte poétique doit affronter des questions suprêmes : tissage original entre mètre, syntaxe, rythme et prosodie, conjugaison des "portées" formelle et sémantique. Ce volume entend approfondir la traduction de la poésie tantôt comme labeur et pensée des poètes eux-mêmes, tantôt comme interpellant la fibre poétique des traducteurs.
Les textes réunis ici s'organisent en deux sections. La première, "Le poète traducteur : dialogues" réfléchit aux témoignages et pratiques des poètes faisant également oeuvre de traduction, de Mallarmé à Bonnefoy et Quignard, d'Eugenio de Andrade à Gellu Naum, de Giorgio De Chirico à Beppe Fenoglio et Mario Luzi. La seconde section, "Le traducteur poète : apologues", mesure l'exigence de créativité imposée au traducteur face à Baudelaire, Rimbaud, Keats, Fondane, mais aussi à Olive Senior, Cecilia Mereiles, Donata Berra, Attilâ Ilhan.
Cette "reconnaissance infinie" (Magritte) de deux approches transitives de la poésie éclaire donc de feux croisés les diverses expériences menées tant par les poètes traducteurs que par les traducteurs poètes.