La Tentation de saint Antoine est un poème en prose de Gustave Flaubert (1849-1856-1870), publié en 1874. Il existe deux versions antérieures au texte publié en 1874 : l'une date de 1849 et l'autre de 1856. Le texte est dédicacé à Alfred Le Poittevin : « À la mémoire d'Alfred Le Poittevin, décédé à la Neuville-Chant-d'Oisel le 3 avril 1848 ». Hanté dès 1835 par ce thème que le Caïn de Byron et le Faust de Goethe avaient déjà illustré, Flaubert écrivit trois versions de ce long poème cosmique où l'anachorète de la Thébaïde dialogue avec des apparitions successives. Antoine, évoquant les souvenirs trop vivaces de son passé, connaît à nouveau les tentations démoniaques : des visions de luxure, les séductions du pouvoir ou de la volupté le sollicitent ; plus troublante encore est l'apparition de son disciple, Hilarion, qui lui présente « tous les dieux, tous les rites, toutes les prières, tous les oracles », soulignant les contradictions des Écritures. Et quand, sous le nom de Sciences, le démon dévoile à Antoine les secrets de l'univers, l'anachorète aspire un moment à se fondre dans la matière dont il aperçoit l'extraordinaire foisonnement ; mais, dans le disque du soleil qui se lève, resplendit le visage du Christ. Alliance originale de l'évocation du monde gréco-latin du ive siècle et de l'énoncé des théories modernes, cette oeuvre symbolique contient des tableaux d'une grande beauté plastique.
Bouvard et Pécuchet, deux petits employés de bureau parisien, ont constaté qu'ils avaient le même dégoût de leur médiocre vie. L'héritage que fait Bouvard arrive opportunément pour leur permettre d'en changer : ils s'installent dans une ferme en Normandie et s'adonnent à des expériences agricoles de tous ordres, ainsi qu'à des études expérimentales dans des domaines aussi variés que la chimie, l'astronomie, l'archéologie ou le spiritisme. Dans ce roman inachevé, Flaubert s'est amusé à ridiculiser les prétentions scientifiques de son époque.
Le Dictionnaire des idées reçues ou Catalogue des opinions chics est un ouvrage littéraire ironique et resté inachevé de Gustave Flaubert qui regroupe sous forme d'un dictionnaire des définitions et aphorismes de son imagination.
Le Dictionnaire des idées reçues fut publié de manière posthume en 1913 après le travail d'édition scientifique d'Étienne-Louis Ferrère. Il comporte environ 1 000 définitions se rapportant à des noms communs ou des noms propres. Flaubert les traite avec humour, derrière une objectivité et une scientificité apparentes, avec un véritable sens de l'autodérision que l'on méconnaissait jusqu'ici chez l'auteur de Madame Bovary et de L'Éducation sentimentale.
Un coeur simple, la première nouvelle de Gustave Flaubert est parue dans le livre Trois contes, publié en 1877.UN CoeUR SIMPLE EST AU DÉPART UNE NOUVELLE DE GUSTAVE FLAUBERT TIRÉE DU RECUEIL TROIS CONTES, QUI RETRACE L'HISTOIRE D'UNE SERVANTE AU XIXE SIÈCLE, EN NORMANDIE, FÉLICITÉ DE SON PRÉNOM.Félicité qui a cinquante ans, est au service de Mme Aubain, veuve endettée et mère de deux enfants, qui a dû emménager dans une maison héritée de ses ancêtres à Pont-l'Évêque. Servante modèle, Félicité est entrée au service de Mme Aubain à l'âge de 18 ans suite à une déception amoureuse - l'homme qu'elle aimait s'est marié avec une vieille femme pour échapper à la conscription -. Félicité s'occupe des enfants de Mme Aubain, Paul et Virginie, âgés de sept et quatre ans puis Paul va quitter la maison pour suivre des études au collège de Caen. Félicité souffre d'abord de ce départ puis se trouve consolée par une nouvelle distraction: le catéchisme quotidien de Virginie. Mais la fille de Mme Aubain part bientôt poursuivre son éducation chez les Ursulines à Honfleur. Félicité va alors reporter son amour sur son neveu Victor qui s'engage pour un voyage au long cours dont il ne reviendra pas. Quelque temps après, Virginie meurt d'une fluxion de poitrine. Félicité, seule, voue alors une immense tendresse à Loulou, un perroquet dont on lui a fait cadeau. Suite à une angine, la servante devient sourde ainsi isolée du monde, elle ne perçoit plus que la voix de son perroquet quand un matin d'hiver elle découvre Loulou mort. Sa douleur est tellement grande que suivant le conseil de Mme Aubain, Félicité décide de le faire empailler. Après la mort de Mme Aubain, la pauvre servante reste dans la maison invendue qui se dégrade peu à peu. Ayant contracté une pneumonie, Félicité ne vit plus que dans l'unique souci des reposoirs de la fête-Dieu. Elle décide même d'offrir Loulou empaillé pour orner le reposoir situé dans la cour de la maison de Mme Aubain. Pendant que la procession parcourt la ville, Félicité agonise et dans une ultime vision, le Saint-Esprit lui apparaît sous l'aspect d'un gigantesque perroquet.
Ce livre est un recueil de trois nouvelles: Un coeur simple, Légende de Saint Julien l'Hospitalier et Hérodias. Celui-ci témoigne d'une grande puissance d'évocation, qu'il s'agisse du portrait psychologique de Félicité dans 'Un coeur simple', de la violence des actes de Saint Julien, ou de l'atmosphère surchargée jusqu'au vertige d'Hérodias.
L'Histoire d'un coeur simple est tout bonnement le récit d'une vie obscure, celle d'une pauvre fille de campagne, dévote mais mystique, dévouée sans exaltation et tendre comme du pain frais.
Elle aime successivement un homme, les enfants de sa maîtresse, un neveu, un vieillard qu'elle soigne, puis son perroquet ; quand le perroquet est mort, elle le fait empailler et, en mourant à son tour, elle confond le perroquet avec le Saint-Esprit. Cela n'est nullement ironique comme vous le supposez, mais au contraire très sérieux et très triste. Je veux apitoyer, faire pleurer les âmes sensibles, en étant une moi-même. Gustave Flaubert.
Vingt ans après Madame Bovary, Gustave Flaubert reprend sa pièce maîtresse sous un autre angle et nous la montre par le petit bout de la lorgnette. En effet, la Félicité qu'il nous dépeint ici ressemble à s'y méprendre à la domestique d'Emma Bovary qui s'appelait... Félicité !
On retrouvera donc ici tout le parfum normand de Madame Bovary mais totalement aseptisé de ses vapeurs de soufre. L'auteur a vieilli et ne s'intéresse plus autant au scandale que par le passé, une envie, sans doute de revenir à des choses moins superficielles, prosaïques, assurément moins brillantes mais peut-être plus ancrées en lui...
Flaubert a su faire de l'écriture un point de broderie. C'est vrai ailleurs dans son oeuvre, et c'est vrai évidemment ici dans Un Coeur Simple. Un ouvrage de facture pointilleuse, métrée, cadencée, contournée, imbriquée, complexe derrière une apparente simplicité, foisonnante sous ses airs de sobriété.
Trois Contes est le titre d'un recueil de trois nouvelles de Gustave Flaubert parues sous forme d'épisodes dans deux journaux différents au cours du mois d'avril 1877 et publiées dans leur intégralité le 24 avril 1877 par l'éditeur Georges Charpentier. Cette oeuvre que Flaubert mit près de trente ans à écrire dans sa totalité constitue sa dernière production romanesque achevée, puisqu'il est mort trois ans après sa publication.
Je me souviens d'avoir eu des battements de coeur, d'avoir ressenti un plaisir violent en contemplant un mur de l'Acropole, un mur tout nu (celui qui est à gauche quand on monte aux Propylées). Eh bien ! je me demande si un livre, indépendamment de ce qu'il dit, ne peut pas produire le même effet.
Dans la précision des assemblages, la rareté des éléments, le poli de la surface, l'harmonie de l'ensemble, n'y a-t-il pas une vertu intrinsèque, une espèce de force divine, quelque chose d'éternel comme une principe ?
Ce principe, évoqué par Flaubert à l'adresse de son amie George Sand, c'est celui des Trois contes qu'il publie en 1877, trois ans avant sa mort, et qui sont comme le testament littéraire où s'affirme son ultime conception de l'écriture.
Récits éblouissants, limpides, et cependant énigmatiques. Un coeur simple, La Légende de saint Julien l'Hospitalier et Hérodias nous conduisent de l'Occident moderne à l'Orient des débuts de notre ère : entre mots et images, ils nous parlent du quotidien et du sacré, et de notre inexorable besoin d'éternité.
Jeune, belle, riche, Louise est un bon parti. Son père, Rousselin, rêve d'être élu député. Conservateur ou libéral voire socialiste, peu importe, pourvu qu'il soit élu, même si la main de sa fille doit en être le prix, même s'il faut, pour cela, fermer les yeux sur la conduite de sa femme. Cette comédie en 4 actes est une caricature de la démocratie, que Flaubert n'a jamais portée dans son coeur.
Es war Arbeitsstunde. Da trat der Rektor ein, ihm zur Seite ein Neuer, in gewohnlichem Anzuge. Der Pedell hinter den beiden, Schulstubengerät in den Händen. Alle Schüler erhoben sich von ihren Plätzen, wobei man so tat, als sei man aus seinen Studien aufgescheucht worden. Wer eingenickt war, fuhr mit auf.
Der Rektor winkte ab. Man setzte sich wieder hin. Darauf wandte er sich zu dem die Aufsicht führenden Lehrer.
Herr Roger! lispelte er. Diesen neuen Zogling hier empfehle ich Ihnen besonders. Er kommt zunächst in die Quinta. Bei loblichem Fleiß und Betragen wird er aber in die Quarta versetzt, in die er seinem Alter nach gehort.
Der Neuling blieb in dem Winkel hinter der Türe stehen. Man konnte ihn nicht ordentlich sehen, aber offenbar war er ein Bauernjunge, so ungefähr fünfzehn Jahre alt und großer als alle andern. Die Haare trug er mit Simpelfransen in die Stirn hinein, wie ein Dorfschulmeister. Sonst sah er gar nicht dumm aus, nur war er hochst verlegen. So schmächtig er war, beengte ihn sein grüner Tuchrock mit schwarzen Knopfen doch sichtlich, und durch den Schlitz in den Ärmelaufschlägen schimmerten rote Handgelenke hervor, die zweifellos die freie Luft gewohnt waren. Er hatte gelbbraune, durch die Träger übermäßig hochgezogene Hosen an und blaue Strümpfe. Seine Stiefel waren derb, schlecht gewichst und mit Nägeln beschlagen.
Es war in Megara, einer der Vorstädte von Karthago, in den Gärten Hamilkars.
Die Soldner, die er in Sizilien befehligt hatte, feierten den Jahrestag der Schlacht am Eryx durch ein großes Gelage. Da der Feldmarschall abwesend und die Versammlung zahlreich war, schmauste und zechte man auf das zwangloseste.
Die Offiziere hatten sich gestiefelt und gespornt in der Hauptallee gelagert, unter einem goldbefransten Purpurzelt, das von der Stallmauer bis zur untersten Schloßterrasse ausgespannt war. Die Scharen der Gemeinen lagen weithin unter den Bäumen, durch die man zahlreiche flachdachige Baracken, Winzerhäuschen, Scheunen, Speicher, Backhäuser und Waffenschuppen schimmern sah, einen Elefantenhof, Zwinger für die wilden Tiere und ein Sklavengefängnis.
Feigenbäume umstanden die Küchen. Ein Sykomorenhain endete an einem Meere grüner Büsche, daraus rote Granatäpfel zwischen weißen Baumwollenkotten leuchteten. Traubenschwere Weinreben strebten bis in die Wipfel der Pinien. Unter Platanen glühte ein Rosenfeld. Hier und da wiegten sich Lilien über dem Grase. Die Wege bedeckte schwarzer Kies, mit rotem Korallenstaub vermischt. Von einem Ende zum andern durchschnitt den Park eine hohe Zypressenallee, gleich einem Säulengange grüner Obelisken.
Ganz im Hintergrunde leuchtete auf breitem Unterbau das Schloß mit seinen vier terrassenartigen Stockwerken, aus numidischem, gelbgesprenkeltem Marmor. Seine monumentale Freitreppe aus Ebenholz, deren einzelne Stufen links und rechts mit den Schnäbeln eroberter Schlachtschiffe geschmückt waren, - seine roten Türen, die je ein schwarzes Kreuz vierteilte, - seine Fensteroffnungen, die im untersten Stock Drahtgaze vor den Skorpionen schützte, während sie in den oberen Reihen vergoldetes Gitter zeigten, - all diese wuchtige Pracht dünkte die Soldaten so hoheitsvoll und unnahbar wie Hamilkars Antlitz.
Ces pages écrites sans suite, sans ordre, sans style, devront rester ensevelies dans la poussière de mon tiroir et si je me hasarde à les montrer à un petit nombre d'amis ce sera une marque de confiance dont je dois avant tout leur expliquer la pensée. Mettre en présence et en contact la saltimbanque laide, méprisée, édentée, battue par son mari, la saltimbanque jolie, couronnée de fleurs, de parfums et d'amour, les réunir sous le même toit, les faire déchirer par la jalousie jusqu'au dénouement qui doit être bizarre et amer puis ensuite ayant montré toutes ces douleurs cachées, toutes ces plaies fardées par les faux rires et les costumes de parades, après avoir soulevé le manteau de la prostitution et du mensonge, faire demander au lecteur : À qui la faute ? La faute ce n'est certes à aucun des personnages du drame. La faute c'est aux circonstances, aux préjugés, à la société, à la nature qui s'est faite mauvaise mère. Je demanderai ensuite aux généreux philanthropes qui n'ont d'autres preuves du progrès intellectuel que les chemins de fer et les écoles primaires, je leur demanderai à ces heureux savants s'ils ont lu mon conte quel remède ils apporteraient aux maux que je leur ai montrés. Rien n'est-ce pas ? et s'ils trouvaient le mot ils diraient ??????. La faute, c'est à cette divinité sombre et mystérieuse qui née avec l'homme subsiste encore après son néant, qui s'aposte à la face de tous les siècles et de tous les empires et qui rit dans sa férocité en voyant la philosophie et les hommes se tordre dans leurs sophismes pour nier son existence tandis qu'elle les presse tous dans sa main de fer comme un géant qui jongle avec des crânes desséchés !
Ces pages écrites sans suite, sans ordre, sans style, devront rester ensevelies dans la poussière de mon tiroir et si je me hasarde à les montrer à un petit nombre d'amis ce sera une marque de confiance dont je dois avant tout leur expliquer la pensée. Mettre en présence et en contact la saltimbanque laide, méprisée, édentée, battue par son mari, la saltimbanque jolie, couronnée de fleurs, de parfums et d'amour, les réunir sous le même toit, les faire déchirer par la jalousie jusqu'au dénouement qui doit être bizarre et amer puis ensuite ayant montré toutes ces douleurs cachées, toutes ces plaies fardées par les faux rires et les costumes de parades, après avoir soulevé le manteau de la prostitution et du mensonge, faire demander au lecteur : À qui la faute ? La faute ce n'est certes à aucun des personnages du drame. La faute c'est aux circonstances, aux préjugés, à la société, à la nature qui s'est faite mauvaise mère. Je demanderai ensuite aux généreux philanthropes qui n'ont d'autres preuves du progrès intellectuel que les chemins de fer et les écoles primaires, je leur demanderai à ces heureux savants s'ils ont lu mon conte quel remède ils apporteraient aux maux que je leur ai montrés. Rien n'est-ce pas ? et s'ils trouvaient le mot ils diraient ??????. La faute, c'est à cette divinité sombre et mystérieuse qui née avec l'homme subsiste encore après son néant, qui s'aposte à la face de tous les siècles et de tous les empires et qui rit dans sa férocité en voyant la philosophie et les hommes se tordre dans leurs sophismes pour nier son existence tandis qu'elle les presse tous dans sa main de fer comme un géant qui jongle avec des crânes desséchés !