Au travers de la question de l'intégration d'Israël à l'Union Européenne - et notamment la signature de la Convention Européenne des Droits de l'Homme - se profile et se cache la question des relations entre juifs ashkénazes et juifs séfarades dans ce pays, d'une part, et l'impossibilité pratique d'une telle union et d'une telle intégration, d'autre part. Car si d'un côté l'Etat d'Israël aime se définir comme une entité européenne, de l'autre il dénie volontairement à sa population dite "orientale" le droit de bénéficier des protections prévues par cette Convention, comme l'interdiction de la prison pour dettes civiles ou l'interdiction des interdictions de sorties du territoire. Ce refus d'Israël d'adopter les standards européens en matière de liberté civile contraste avec sa volonté d'intégrer l'espace européen en matière commerciale, sportive ou culturelle, d'une part, et de tirer profit des origines européennes de ses élites pour mieux contrôler et apprivoiser les populations orientales, juives comme arabes, d'autre part. Comment et pourquoi en sommes nous arrivés là ? C'est ce que l'auteur, maître Guy Fitoussi, tente d'expliquer dans cet ouvrage érudit et ambitieux. Photo de couverture : Ha Holam Hazé (13/07/1959).
L'Homme qui venait du froid est un joli conte philosophique poétique, ironique et profond sur la condition des étrangers. L'auteur, avocat au Barreau de Paris, spécialiste du droit des personnes et des étrangers, s'est pris d'amour pour la condition des étrangers en France, qu'il a rencontrés au cours de ses nombreuses audiences du 35 bis, 22 bis, du droit d'asile ou devant les tribunaux administratifs ou judiciaires, lors des comparutions immédiates ainsi que dans les centres de rétention lors des procédures de reconduite à la frontière.
C'est un témoignage émouvant du périple sans but et sans fin de ces personnes qui cherchent leur part de bonheur, de légitimité et d'humanité sur Terre. Tout comme nous, en somme.
Ici, l'étranger, ce pourrait bien être nous et non pas eux ! Une belle réflexion.
Après l'identité malheureuse d'Alain Finkelkraut, voici l'identité heureuse de Guy Fitoussi. L'auteur, Docteur en droit est avocat en Israël et à Paris.
Issu des milieux défavorisés de la ville de Sarcelles, il raconte avec bagout pourquoi, selon lui, l'universalisme c'est comme la neutralité, ça n'existe pas. Ce livre constitue par ailleurs une invitation au voyage, dans le temps et dans l'espace ; on y découvre les affres de la guerre de Judée, l'opposition des sages du talmud à l'indépendance politique de la Judée, l'opposition des bundistes aux sionistes et la fragilité des notions ou concepts de nation, patriotisme ou traîtrise.
Grâce à ses nombreuses références au droit du talmud et au droit israélien, ce livre critique le communautarisme juif au nom duquel la jeunesse juive en France et plus spécifiquement dans les banlieues est embrigadée pour des combats et des causes étrangers à ses propres intérêts et son véritable bonheur.
Les récents attentats en France rendent hélas cette réflexion particulièrement pertinente. L'accaparation d'une prétendue identité perdue par des gourous du marketing religieux déboussole la jeunesse des banlieues; elle dévalorise l'accès à l'identité française, bien réelle pourtant. L'accès à cette identité française devient par conséquent inégale et réservée à une élite. Qui est le traître et l'affabulateur dans cette histoire. C'est l'exercice, magistral, auquel s'est astreint l'auteur.