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Je ne peux plus qu'aimer les hommes grisonnants, les corps qui respirent la vie vécue, la recherche de la vie et la fuite devant la mort. Je les aime quand ils respirent fort, quand ils crient lorsqu'ils m'inondent, la force de leur bassin, la fébrilité de leur coeur, le premier cri peut être le dernier, le mien aussi. Un ami me disait qu'il se réveillait en sueur quand il imaginait que sa jeune femme ouvrait les yeux à ses côtés et qu'il serait froid. Nous avons presque fait l'amour, je l'aurais tué par amitié et par haine, par rancune envers vous. La belle femme aux cheveux gris et au visage aristocratique, fragile, se retourne.
L'autofiction est un « phénomène » littéraire qui a supplanté l'autobiographie. Ce nouveau roman du « Je » est officiellement qualifié en 1977 par Serge Doubrovsky dans le fameux texte de quatrième de couverture de son roman Fils. Ce terme donne lieu aujourd'hui comme hier à de nombreuses controverses théoriques, esthétiques et morales.
Au tournant d'un millénaire et en réponse aux tumultes culturels, sociaux et politiques s'est installé un débat autour de la pratique de l'autofiction et de ses réflexions sur la place de l'individu dans une société où le virtuel enjambe le réel, où les limites traditionnelles éclatent et les moeurs se transforment.
Au vu des disparités théoriques engendrées par l'apparition de ce terme et du questionnement sur le pacte entre le lecteur et l'auteur, Isabelle Grell propose ici de clarifier les diverses approches conceptuelles.
Pensées, anecdotes, emprises, rassemblées pour les 90 ans de Serge Doubrovsky le 22 mai 2018.
Sous la direction d'Isabelle Grell.
Cet ouvrage questionne un thème tabou de l'écriture du JE, l'autofiction : le corps. La chair, le sexe, la peau, l'enveloppe de la pensée dite sous toutes ses formes. Ce corps qui vit, survit, jouit, dérange, est dérangé, pleure, meurt, se bat contre l'hétéronormativité, qui se tue ou se soulève, celui que se dit, s'écrie. S'écrit. Prennent la parole ici 3 auteurs importants de notre ère ainsi que des chercheurs internationaux réfléchissant à la mise en mots de la vie des écrivains ayant marqué le lecteur par leur écriture de soi.
"Inscrivant leurs travaux dans la lignée de l'écriture autofictionnelle théorisée et pratiquée par Serge Doubrovsky et alii, Isabelle Grell et Jean-Michel Devésa ont réuni écrivains et universitaires du monde entier à l'ENS-Ulm de Paris afin d'interroger praxis et théories des écritures translingues du « je ». Par les entretiens, les témoignages et les études qu'il renferme, ce livre croisant les perspectives et les domaines littéraires et linguistiques est appelé à s'imposer comme ouvrage de référence."