Les mots d'esprit de Jules Renard sont à son image : ambivalents, ingénieux et pleins d'humour.
Ils témoignent de la lucidité de leur auteur sur ses contemporains, de son pessimisme incorrigible et de sa grande propension à l'autodérision.
Ce fl orilège détonant de ses meilleures citations nous révèle qui se cache derrière l'écrivain de génie :
Un homme sensible, avide d'admiration, souvent sévère envers lui-même, et orgueilleux, tel qu'il l'avoue sans scrupules. Un homme capable, aussi, de sa plume enlevée, de retranscrire avec brio tout une palette d'émotions.
Le dimanche 21 mai 1854, dans la petite chapelle Notre-Dame de la Beaume, près de l'Isle-sur-la-Sorgue, pendant la messe, Estelle de Caseneuve, dont les jambes étaient paralysées depuis huit ans, s'est levée et s'est mise à marcher.
«Le dimanche 2 avril 1961, à Bourges, devant la cathédrale bruissante et frémissante de passions sacrées, un jeune homme médiocre attend bêtement la fin du service religieux, pour des raisons profanes et presque inavouables.Il meuble cette attente, comme n'importe qui le ferait à sa place:il jette des regards curieux sur le célèbre monument qui se dresse devant lui;il déroule des souvenirs de jeunesse;il échange, avec un voisin, des considérations multiples et réfléchies sur la pluie et le beau temps, l'amour, la poésie, le café, la musique et, naturellement, la cathédrale Saint-Étienne précédemment citée;[...]il espère, il sourit, il baîlle, il désespère, il éclate de rire, il se mouille, il raisonne, il s'agite, il évalue, il déraisonne, il suppute, il rêve, il aimerait aimer.Cela se termine, comme toutes les messes du monde, par l'Ite missa est.Quant à notre héros, il ne meurt pas à la fin, ce qui n'est pas si mal, par les temps qui court, on en conviendra volontiers.»Jacques Bens.
Jean Baptiste (sans trait d'union), peintre de batailles en chômage, rêve, derrière ses persiennes, de pêches et d'horions. Soudain, une flèche imprévue l'atteint au coeur:c'est une vision féminine et fugitive. Il se précipite mais, après ce coup de foudre, s'installe le silence des espaces infinis. L'objet de sa passion a disparu dans une petite automobile jaune canari. L'émuIe de Meissonier s'élance à sa poursuite, sur-le-champ et sur une vieille moto. Deux Simon l'accompagnent, l'un qui parle toujours et l'autre qui ne dit jamais rien. À chaque étape, ils interrogent les gens du pays, faisant de Sidonie un portrait toujours nouveau (car l'amour et la mémoire ne font pas bon ménage). Où peut les conduire un itinéraire ainsi dessiné? Au désespoir ou au bout du monde, tout dépend de la philosophie que l'on pratique. Ce récit un tantinet agité se double d'un périple littéraire. Chaque chapitre a son décor, sa flore, sa faune, son climat. Les lecteurs s'amuseront (si ça les amuse) à retrouver Flaubert, Queneau, Jarry, Sterne, et jusqu'à l'auteur d'Adieu Sidonie qui n'hésite pas à se parodier lui-même sans façons.
" un beau jour de novembre 1960, autour de raymond queneau et de françois le lionnais, se constituait un petit groupe d'écrivains et de mathématiciens qui devait prendre, quelques semaines plus tard, le nom d'ouvroir de littérature potentielle.
Depuis cette date, les membres de l'oulipo, sept d'abord, puis dix, puis quatorze, n'ont cessé de se retrouver, une fois par mois, pour s'efforcer d'élaborer de nouvelles techniques d'écriture. par un commun désir de discrétion et de sérénité, les travaux de l'oulipo demeurèrent longtemps confidentiels. pendant les trois premières années de son existence, cependant, j'eus le rude privilège de rédiger les procès-verbaux de nos réunions.
On y constatera que les recherches, parfois maniaques, de l'oulipo, n'ont jamais pris une allure sévère, ni compassée. et s'il fallait donner un nouveau titre à ces mensuelles éphémérides, je proposerais : le désir littéraire attrapé par la queue. " jacques bens.
L'histoire que raconle La Plume et l'Ange tient en quelques mots:Ariel est en vacances dans un pelit port de Bretagne où le ciel, la lerre et l'eau se mêlent sans cesse à la vie des choses et des gens. Mais Ariel est un singulier personnage dont les gestes surprennent ceux qui le côloient, sauf Nils, le chien, qui ne s'étonne de rien. Il renconlre Juliette qui lui apparaît un instant comme la créature de rêve que chacun se construit en secret. Mais, quand elle s'en va, le charme est à demi rompu déjà. Car, comme dit Norge, la plume et l'ange, ça fait deux. On retrouvera, dans ce nouveau récit de Jacques Bens, les qualités de grâce, de profondeur et de poésie qui avaient fait de Chanson vécue et de Valentin, ses deux premiers ouvrages, une véritable révélation.
«Certains jours (ou mieux:certains soirs), les jeunes hommes s'imaginent que la liberté se trouve à portée de leurs mains. La liberté, c'est-à-dire, très prosaïquement, la possibilité de réaliser un souhait, un désir ou un rêve. Mais la liberté n'est guère différente de tout ce dont les hommes disposent:elle vous apparaîtra absurde et dérisoire si vous ignorez (ou si vous avez oublié) la manière de s'en servir.
Les sept jeunes gens dont il s'agit dans ce recueil ratent sept aventures par ignorance, plus souvent par lâcheté, voire par désinvolture (c'est la meilleure manière). Certains d'entre eux se promettent bien fort que la leçon ne sera pas perdue. Nous soupçonnons qu'ils se trompent:les bonnes intentions ne suffisent pas ici. Mais il vaut mieux, sans doute, faire semblant de les croire. Après tout, cela ne coûte rien - rien qu'une façon de sourire.» Jacques Bens.
«Comme tous les lycéens, j'ai découvert la plupart des grands auteurs français et étrangers dans ces volumes réduits que l'on appelait:
Des classiques. C'est ainsi que j'ai pris contact avec des ouvrages dont je parvins à dévorer, plus tard, le texte intégral, comme Pantagruel, les Confessions et Notre-Dame de Paris. Il y avait enfin des oeuvres intermédiaires, dont l'intérêt, non douteux, me semblait cependant parfaitement épuisé par leur publication fragmentaire. Il en fut ainsi du Lutrin, des Mémoires d'outre-tombe et du sinistre Jocelyn. Je me disais alors que MM. Despréaux, de Chateaubriand et de Lamartine avaient accompli bien d'inutiles efforts, accumulé bien des phrases redondantes, multiplié bien des paragraphes superflus. Je me le dis toujours. C'est pourquoi, du vaste poème en douze chants dont j'avais d'abord formé l'estimable projet, je n'ai composé que des fragments, ceux-là mêmes que MM. René Vaubourdolle et Maurice Rat eussent extraits de l'oeuvre étourdiment achevée. Je tiens à préciser, toutefois, que les chants I et XII ont été intégralement rédigés, afin de susciter quelques regrets pointus chez les plus sensibles de mes lecteurs. On a quand même son orgueil.» Jacques Bens.
Les rapports de voisinage tels que les vivent les villageois, ignors des habitants des grandes villes, dcrits et rvls par un visiteur d'un jour dans une localit provinciale. A son dpart, certaines donnes ont chang...
À partir de quelques épisodes significatifs de l'histoire et de la légende de Gaspard de Besse, l'auteur a composé un récit haletant et débordant d'humour et d'amour. Jacques Bens a réalisé deux de ses rêves : écrire un récit historique, à partir d'un personnage haut en couleur mi-gentilhomme mi-brigand, sorte de Robin des Bois français, dans la pure tradition du roman d'aventures (Dumas, Zévaco ou Ponson du Terrail), et composer une histoire d'amour fou.
Gaspard de Besse, né le 9 février 1757 à Besse-sur-Issole dans le Var, est mort décapité le 25 octobre 1781 à Aix-en-Provence après avoir exercé pendant cinq ou six ans l'exaltante et coupable activité de bandit de grands chemins. Contrairement à Mandrin auquel on l'a trop sévèrement comparé, il interdisait à ses complices toute violence, et se piquait même de courtoisie envers les hommes et de galanterie envers les femmes. Sa devise était : « Effrayez mais ne tuez pas ! »
De subtils divertissements pour apprendre à composer des bouts-rimés, résoudre des mots-croisés ou dépecer des carrés romains...