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Dans cette lettre rédigée en 1956, Jean Paulhan invente une vie à son correspondant : jeune marié, il emmène sa femme voir une pièce de Shakespeare. Le théâtre prend feu et ce n'est que grâce à la bravoure d'un inconnu qui organise l'évacuation que leur vie sera sauve. Cet événement sert de point d'appui à l'écrivain pour illustrer sa théorie selon laquelle tout partisan est forcément de tous les camps à la fois. En effet, en quelques heures, l'époux aura été démocrate, partisan de l'aristocratie et royaliste. Royaliste pour avoir aveuglément obéi à cet inconnu qui orchestra l'évacuation, aristocratique par son choix d'aller voir une pièce du «meilleur des auteurs dramatiques» et enfin démocrate pour s'être marié avec celle qu'il aime et non celle choisie par ses parents ou son médecin.
«L'auteur voudrait découvrir s'il n'existerait pas, des mots au sens et du langage brut à la pensée, des rapports réguliers et à proprement parler des lois - dont la littérature évidemment tirerait grand profit [...] C'est à de telles lois en effet que se réfère ouvertement tout écrivain, sitôt qu'il juge et tranche [...] Ainsi les linguistes et métaphysiciens ont-ils soutenu tantôt (avec les Rhétoriqueurs) que la pensée procédait des mots, tantôt (avec les Romantiques et Terroristes) les mots de la pensée - toutes opinions apparemment fondées sur les faits, patientes, savantes, et néanmoins si lâches et contradictoires qu'elles donnent un grand désir de les dépasser.
L'art que j'imagine avouerait naïvement que l'on parle, et l'on écrit, pour se faire entendre. Il ajouterait qu'il n'est point d'obstacle à cette communion plus gênant qu'un certain souci des mots. Puis, qu'il est malaisé de persécuter ce souci une fois formé, quand il a pris allure de mythe ; mais qu'il est expédient au contraire de prendre les devants et l'empêcher de naître».
Jean Paulhan.
« Braque est patient.
Son visage, si humble qu'il semble avoir vu la paix. Mais l'épaule est d'un bûcheron ; et la taille d'un géant. «Il faut avoir le temps, dit-il, d'y songer.» En effet, il s'assoit. Puis : «Quand j'étais jeune, je n'imaginais pas que l'on pût peindre sans modèle. Ça m'est venu peu à peu. Faire un portrait ! Et d'une femme en robe de soirée, par exemple. Non, je n'ai pas l'esprit assez dominateur». Il s'explique : «Le portrait, c'est dangereux.
Il faut faire semblant de songer à son modèle. On se presse. On répond avant même que la question soit posée. On a des idées». Les idées, pour Braque, ce n'est pas un compliment. Quand les gens disent d'un peintre qu'il est intelligent, méfiance ». Braque le patron s'est imposé comme le livre de référence sur le peintre et son oeuvre, tout à la fois reportage, document, portrait de l'artiste et regard d'une rare acuité posé sur son work in progress.
«On verra dans Le Guerrier appliqué comment les tranchées, la mort d'un ami, une attaque assez maladroite peuvent apprendre à un jeune soldat ce que l'amour, le mariage, le travail et les autres distractions de la vie lui eussent enseigné plus négligemment.» Jean Paulhan.
Le lecteur s'interrogera sur le genre auquel relier ces causes célèbres.
En 1945, jean paulhan classait ce qu'il en publiait parmi les " contes ". je dirais même : " faits divers ". de tels faits divers sont quotidiens, privés ; ils n'ont rien des causes célèbres dont s'occupent les tribunaux. c'est sans doute que nous ne sommes pas assez sensibles à leurs résonances morales. en tout cas, il ne s'agit pas d'" entretiens sur des faits divers ". chacune de ces " causes " est aussi " chose " poétique.
«Car il ne suffit pas tout à fait de dire que la peinture moderne diffère de la peinture classique. Elle prend en nous une autre place. Elle appelle de nouveaux sentiments; une volupté, un dégoût parfois, inattendus; on ne sait quel parti et quel amour un peu désespéré où il entre de la stupeur et du mystère. De toute évidence, elle cherche moins à plaire qu'elle n'est subie. Et tout se passe comme si les hommes avaient inventé par elle - ou simplement retrouvé - une motion, aussi différente de l'ancien plaisir esthétique que l'amour diffère de l'avarice, ou le sacré du profane. Quelle émotion? Ce n'est pas facile à dire. Il faut croire qu'elle échappe à la claire raison; qu'elle appelle la cachette et le secret, plutôt que la montre. Mais tâchons d'y voir de plus près.».
«Fautrier a su maintenir dans une peinture qui néglige le détail, l'éloquence, la vérité et suggère plus qu'elle ne signifie - dans la peinture moderne - tous les prestiges et la riche matière, bref toute la ressource de la grande peinture du passé : voilà qui exigeait plus d'une découverte. Voilà qui exigeait sans doute la fureur et la rage.
Mais pourquoi, dira-t-on, est-ce justement de nos jours ... Ah, c'est une autre question. Mais on peut, à défaut de la résoudre, la tourner : et pourquoi ne serait-ce pas de nos jours? Pourquoi l'homme moderne n'aurait-il pas poussé dans ce sens un peu plus loin que les hommes de tous les temps? Pourquoi notre époque ne serait-elle pas l'une de ces époques héroïques, qu'imitent longuement les époques à venir? Pourquoi nous résigner si vite à n'être que des descendants et d'arrière-petits-fils? J'en appelle, contre une telle humiliation, à tous les jeunes ancêtres.»
Ce n'était certainement pas dans la nature, ni dans l'esprit de Jean Paulhan (1884-1968) de tenir un journal intime ou littéraire : « Tu commences à peine et tu butes déjà, notait-il en s'adressant à lui-même le 15 décembre 1926. Il te semble déjà qu'un journal ne peut pas être tenu et essentiellement dans la disposition où tu es - que le vrai n'est pas ce que tu disais. » Pourtant, il laissa derrière lui carnets, cahiers et feuillets, écrits à diverses périodes cruciales ou douloureuses de sa vie : ces textes, qu'il avait partiellement relus peu avant sa mort, sont ici réunis dans leur intégralité chronologique. Autant sa correspondance actuellement en cours d'édition montre l'homme au travail, l'ami en action, le critique en éveil, le directeur littéraire en autorité, autant ces écrits intimes, qui vont de 1904 aux dernières années de Jean Paulhan, évoquent la sensibilité rêveuse du jeune étudiant en philosophie, la fascination pour le peuple malgache, les violentes inquiétudes du fiancé, du mari et du père, le refuge du soldat adultère dans la maladie, les doutes de l'écrivain et du linguiste, les « progrès en amour assez lents » et assez tard, les amitiés profondes pour des hommes - Fénéon, Groethuysen, Muselli - dont il parle comme de lui-même, enfin les souvenirs de son enfance nîmoise :
« Dès l'âge de dix ans, je crois, écrit-il en 1946, j'ai désiré devenir vieux. À quel âge, me demandais-je, cesse-t-on d'exiger d'un homme qu'il fasse des études, qu'il ait un métier et gagne sa vie, qu'il ait femme et enfants, qu'il coure les femmes, qu'il boive au café, et le reste. J'ai vieilli et je vois que je ne me trompais pas. Voici peut-être cinq ou six ans seulement que je me sens libre, et, oui, précisément heureux : d'un bonheur fondé (alors que mes joies d'enfant, plutôt rares, mais très vives, me paraissaient toujours inexplicables). Fondé, je veux simplement dire proche de moi, facile à rappeler. Je ne veux pas dire naturel. » Au coeur de ces textes autobiographiques rassemblés, où Jean Paulhan se cache autant qu'il se livre, se trouve l'une des clés de sa personnalité - clé liée à un profond secret, subi et contenu : « Aussi assidûment, aussi sagement que Breton à devenir fou, écrit-il le 22 octobre 1925, je me serai appliqué à cesser de l'être toute ma vie. »
«Une oeuvre n'est jamais complète. Elle peut l'être plus, elle peut l'être moins. Depuis la mort de l'auteur, en 1968, on n'a pas cessé de découvrir des textes nouveaux de Jean Paulhan. Manuscrits, dactylogrammes, lettres en forme de traité, réponses à des enquêtes, publications devenues inaccessibles, les références se sont accumulées au point de modifier les contours de l'oeuvre entier. Il arrive même que l'on hésite sur une attribution, et ce n'est pas sans un certain plaisir. Paulhan commence sa carrière à vingt ans, en 1904, en signant un compte rendu sur la fatigue. Dès 1907, c'est-à-dire avant tout le monde, il publie un article sur Freud. De 1908 à 1910, il s'emploie à «sauver» la poésie malgache. Qu'en sera-t-il de la poésie française ? Paulhan cavale en amazone sur le mouvement Dada, prêt à sauter, et d'une attention confondante à l'adresse de tous les poètes. Prendre langue avec Paulhan ne revient pas seulement à prendre acte de la littérature.
Dans ce premier volume, consacré aux récits, un corps rêve en pleine guerre. Un esprit résiste. Un homme voyage. Il n'est pourtant question que de langage ; et voilà pourquoi les récits de Paulhan tiennent devant l'Histoire. Critique, peinture, politique trouveront leur place dans les sept volumes prévus, d'où le visage de Jean Paulhan pourrait bien sortir changé, et plus vrai, comme celui d'une bonne part de la littérature de son siècle. Le lecteur sera donc bien inspiré de prendre garde à son esprit. Car le langage est chose, et chose utile, et mieux encore.»
Bernard Baillaud.
Le quatrième et le cinquième tomes des oeuvres complètes de Jean Paulhan se présentent comme le lexique des auteurs auxquels l'écrivain a consacré un texte propre. Ce premier volume mène des lettres A à R, c'est-à-dire d'Alain à Rimbaud. C'est aller du plus littéraire des philosophes au plus éruptif des poètes. Entre eux, l'alphabet le veut, il y a Dominique Aury et Roland Barthes, Louis-Ferdinand Céline, Charles-Albert Cingria et Roger Gilbert-Lecomte, Franz Hellens et Marcel Lecomte, Roger Martin du Gard, Rainer Maria Rilke enfin. S'en tenir là serait oublier Jean Arabia et Antonin Artaud, Joe Bousquet et André Breton, Roger Caillois et René Char, Paul Éluard et Félix Fénéon, Jean Genet et Henri Michaux. Et cent autres.
Jean Paulhan ne veut connaître que deux manières de parler de la littérature : il parle de l'absolu ou des individus. D'un côté il y a le langage, de l'autre les amis. Entre les deux, nul moyen terme. Jamais, presque jamais, il ne parle du roman, de la poésie ou du théâtre, du tragique ou du lyrisme, c'est-à-dire des notions intermédiaires : autant de termes qui dénoncerait le spécialiste.
De chacun, que peut-on dire? Une part de la critique littéraire relève de la galerie de portraits, ce qu'en d'autres temps on aurait appelé une prosopographie. Un propos, un poème, une page de roman sont moins des exercices de genre que les témoignages et les preuves d'une relation au langage. Un visage, c'est encore une relation au langage qui se dessine. Un ami, c'est une expérience qui requiert un témoin. Ce n'est pas un pion à favoriser sur un échiquier social, c'est une relation au langage à protéger.
On discernera plusieurs générations. Alain le philosophe, Gide le descendant des héros anciens, Valéry l'esprit. Certains ont eu leur audience, d'autres leur aura. Jean Paulhan ne s'intéresse guère à ceux qui ont déjà eu leur part de gloire. Parmi les vivants d'aujourd'hui, Pierre Oster et Michel Deguy, Jacques Roubaud et Philippe Jaccottet ont bénéficié de son suffrage, lors de prix littéraires. Jean Paulhan n'écrit pas toujours sur eux. Mais tous ont en commun le langage et c'est de chacun qu'il s'agit.
Il est un homme qui préfère, en 1883, Rimbaud à tous les poètes de son temps ; défend dès 1884 Verlaine et Huysmans, Charles Cros et Moréas, Marcel Schwob et Jarry, Laforgue, et par-dessus tous Mallarmé. Découvre un peu plus tard Seurat, Gauguin, Cézanne et Van Gogh. Appelle à La Revue blanche, qu'il dirige de 1895 à 1903 - oui, de 1895 à 1903 -, André Gide et Marcel Proust, Apollinaire et Claudel, Jules Renard et Péguy, Bonnard, Vuillard, Debussy, Roussel, Matisse. Comme à La Sirène, en 1919, Crommelynck, Joyce, Synge et Max Jacob. L'homme heureux ! Il est à la rencontre de deux siècles. Il sait retenir, de l'ancien, Nerval et Lautréamont, Charles Cros et Rimbaud. Il introduit au nouveau Gide, Proust, Claudel, Valéry, qui apparaissent. Nous n'avons peut-être eu en cent ans qu'un critique, et c'est Félix Fénéon. Cela fait une étrange gloire, hors des enquêtes et des anthologies, hors des académies et des journaux, hors de la vie, comme on dit, littéraire. Cela fait une gloire mystérieuse qu'il faudrait serrer de plus près, qu'il faudrait comprendre. » Il s'agit là d'une nouvelle édition de F. F. ou le Critique, avec des notes sur les variantes d'un texte de Jean Paulhan, publié en 1943 par Confluences, en 1945 et 1948 par Gallimard, en 1969 par Claude Tchou, pour Le Cercle du Livre précieux. Suivent un dossier de fac-similés, montrant des pages d'un des manuscrits de F. F. ou le Critique et des fragments non retenus par Jean Paulhan, ainsi qu'un dossier de réception critique, comprenant des textes de Maurice Blanchot (« Le Mystère de la critique »), Alexandre Astruc (« F. F. ou de la Vocation »), André Berne-Joffroy (« F. F. »), André Billy (« Fénéon, Paulhan ou la Critique »), Raymond Guérin (« Jean Paulhan ou d'Une nouvelle incarnation des Lettres »), Maurice Nadeau (« Les oeuvres de Félix Fénéon ») & André Wurmser (« Félix Fénéon, homme d'hier »).
Jean Paulhan a réuni dans ce petit livre quatre textes écrits à des époques diverses de sa vie:L'art d'influencer, Lettre au médecin, Les Gardiens, Égyptiennes. À première vue, peu de liens entre ces pages, qui vont de l'évocation d'un souvenir d'enfance à un commentaire des Mimes du moraliste égyptien Ptoh Hatep. Pourtant, quand on les a lus, une même impression reste:celle d'une confidence sur des choses obscures, plutôt mal définies que mystérieuses, auxquelles nous n'avions pas pris garde, aussi bien dans notre propre vie que dans celle des individus et des civilisations d'un lointain passé. L'Aveuglette en est le fin mot, comme le titre de ce livre.
L'homme n'ignore rien avec autant de soin que le langage et la littérature.
Les sciences du langage et les diverses critiques se jettent follement dans des contrevoies comme par épouvante d'aller droit et de regarder en face le langage et les Lettres. Chaque opinion littéraire révèle par son insuffisance et son gauchissement quelque illusion de langage. Parfaitement régulières, ces illusions par leur biais permettent (à défaut de voie royale) une approche des secrets du langage par des traverses, des layons.
Paulhan se propose de dresser le tableau de ces illusions que se partagent Romantiques et Classiques, ou Terroristes et Rhétoriqueurs ; d'en établir la Somme critique ; ainsi est-il l'auteur d'une admirable et unique théologie (négative) du langage et des Lettres. Ghislain Sartoris
" Je ne suis pas mécontent d'être banal.
Si je le pouvais, je le serais davantage encore. C'est évidemment très beau d'être un grand explorateur ; c'est très intéressant d'être un grand homme politique, ou un grand bienfaiteur de l'humanité, ou un grand génie. Mais cela donne des partis pris. Pour n'en citer qu'un, on n'est plus libre d'admirer (autant qu'ils le méritent) les grands génies ni les grands explorateurs - puisqu'on en est un. On ne les trouve plus extraordinaires puisqu'ils sont pour vous très ordinaires.
Ah, ce n'est pas gai. Ni les génies moyens, à plus forte raison. On n'est plus épaté devant eux. Voilà qui décolore un peu le monde. Personne ne peut être à la fois intéressé et intéressant. Moi, je suis plutôt du parti des gens qui s'intéressent - qui sont à chaque instant épatés. " Le présent volume est constitué de la transcription de douze entretiens radiophoniques diffusés en 1952, pendant lesquels Jean Paulhan et Robert Mallet abordèrent des sujets aussi divers que les souvenirs d'enfance, la guerre et la Résistance, la linguistique, la peinture, ou bien entendu la philosophie et la littérature.
Paru pour la première fois en 1970 sous le titre Les incertitudes du langage, il forme une introduction originale à l'oeuvre de Paulhan.
Le quatrième et le cinquième tomes des oeuvres complètes de Jean Paulhan se présentent comme le lexique des auteurs auxquels l'écrivain a consacré un texte propre. Ce premier volume mène des lettres A à R, c'est-à-dire d'Alain à Rimbaud. C'est aller du plus littéraire des philosophes au plus éruptif des poètes. Entre eux, l'alphabet le veut, il y a Dominique Aury et Roland Barthes, Louis-Ferdinand Céline, Charles-Albert Cingria et Roger Gilbert-Lecomte, Franz Hellens et Marcel Lecomte, Roger Martin du Gard, Rainer Maria Rilke enfin. S'en tenir là serait oublier Jean Arabia et Antonin Artaud, Joe Bousquet et André Breton, Roger Caillois et René Char, Paul Éluard et Félix Fénéon, Jean Genet et Henri Michaux. Et cent autres.
Jean Paulhan ne veut connaître que deux manières de parler de la littérature : il parle de l'absolu ou des individus. D'un côté il y a le langage, de l'autre les amis. Entre les deux, nul moyen terme. Jamais, presque jamais, il ne parle du roman, de la poésie ou du théâtre, du tragique ou du lyrisme, c'est-à-dire des notions intermédiaires : autant de termes qui dénoncerait le spécialiste.
De chacun, que peut-on dire? Une part de la critique littéraire relève de la galerie de portraits, ce qu'en d'autres temps on aurait appelé une prosopographie. Un propos, un poème, une page de roman sont moins des exercices de genre que les témoignages et les preuves d'une relation au langage. Un visage, c'est encore une relation au langage qui se dessine. Un ami, c'est une expérience qui requiert un témoin. Ce n'est pas un pion à favoriser sur un échiquier social, c'est une relation au langage à protéger.
On discernera plusieurs générations. Alain le philosophe, Gide le descendant des héros anciens, Valéry l'esprit. Certains ont eu leur audience, d'autres leur aura. Jean Paulhan ne s'intéresse guère à ceux qui ont déjà eu leur part de gloire. Parmi les vivants d'aujourd'hui, Pierre Oster et Michel Deguy, Jacques Roubaud et Philippe Jaccottet ont bénéficié de son suffrage, lors de prix littéraires. Jean Paulhan n'écrit pas toujours sur eux. Mais tous ont en commun le langage et c'est de chacun qu'il s'agit.
«Les lettres qu'on a lues ou qu'on va lire accompagnent la réflexion de toute une vie. La teneur peut en sembler parfois répétitive, ou anecdotique. L'ensemble ne va pas sans redites au gré des lettres qui se suivent et se ressemblent. Cette façon de battre la campagne en repassant aux endroits préférés fait l'agrément du genre épistolaire. Elle permet d'ajuster chaque fois la démonstration à hauteur du destinataire. Il conviendrait aussi de réhabiliter l'anecdote. L'anecdote échappe à la loi, au profit de l'unique, de la singularité des comportements qui font de nous ce que nous sommes. Jean Paulhan n'est jamais autant lui-même que dans cette manière qu'il a de se comporter envers choses, bêtes et gens, dans sa relation à "l'improbable réalité", en ces instants de ravissement où se laisse entrevoir "le Paradis où nous sommes, que nous sommes". Il n'est pas indifférent que la dernière lettre de cette anthologie soit une lettre d'amour.»Bernard Leuilliot.
«Les lettres qu'on a lues ou qu'on va lire accompagnent la réflexion de toute une vie. La teneur peut en sembler parfois répétitive, ou anecdotique. L'ensemble ne va pas sans redites au gré des lettres qui se suivent et se ressemblent. Cette façon de battre la campagne en repassant aux endroits préférés fait l'agrément du genre épistolaire. Elle permet d'ajuster chaque fois la démonstration à hauteur du destinataire. Il conviendrait aussi de réhabiliter l'anecdote. L'anecdote échappe à la loi, au profit de l'unique, de la singularité des comportements qui font de nous ce que nous sommes. Jean Paulhan n'est jamais autant lui-même que dans cette manière qu'il a de se comporter envers choses, bêtes et gens, dans sa relatioon à «l'improbable réalité», en ces instants de ravissement où se laisse entrevoir «le Paradis où nous sommes, que nous sommes». Il n'est pas indifférent que la dernière lettre de cette anthologie soit une lettre d'amour.» Bernard Leuilliot.
«Les lettres qu'on a lues ou qu'on va lire accompagnent la réflexion de toute une vie. La teneur peut en sembler parfois répétitive, ou anecdotique. L'ensemble ne va pas sans redites au gré des lettres qui se suivent et se ressemblent. Cette façon de battre la campagne en repassant aux endroits préférés fait l'agrément du genre épistolaire. Elle permet d'ajuster chaque fois la démonstration à hauteur du destinataire. Il conviendrait aussi de réhabiliter l'anecdote. L'anecdote échappe à la loi, au profit de l'unique, de la singularité des comportements qui font de nous ce que nous sommes. Jean Paulhan n'est jamais autant lui-même que dans cette manière qu'il a de se comporter envers choses, bêtes et gens, dans sa relatioon à «l'improbable réalité», en ces instants de ravissement où se laisse entrevoir «le Paradis où nous sommes, que nous sommes». Il n'est pas indifférent que la dernière lettre de cette anthologie soit une lettre d'amour.» Bernard Leuilliot.
Dans les arts, dit Alain, il faut d'abord faire. C'est le premier point, le plus évident de tous et le plus oublié. Pour faire un beau pot, commencez par faire un pot. Un bel escalier, faites un escalier.
D'où vient qu'il faut d'abord suivre les règles, et imiter quelque modèle, quitte à penser ensuite ce qu'on a fait.
Avec grande méthode, mais non sans quelque soupçon d'un humour incisif, Jean Paulhan tente dans ce texte inédit de percer les mystères de la pensée d'Alain. Sont entendus par mystères les paradoxes qui la baignent : une pensée péremptoire mais délicate, certaine sans pourtant avoir aucun souci de la vérité. Sur un savoureux ton mimétique, Paulhan éclaire ce qui le lie à Alain, au-delà du problème, de la preuve ou de la solution, au-delà même de l'idée ou de l'imagination :
La pensée comme un métier dont les seules lois valables sont les règles du langage.