Pierre Tal Coat (1905-1985), « front de bois » en breton, fut souvent appelé le peintre des peintres. Admiré et aimé par les plus importants créateurs du XXe siècle, il prend aujourd'hui sa juste place dans l'histoire de l'art, celle d'un artiste engagé de tout son être dans l'aventure picturale. Habité par une intuition singulière de l'espace, Tal Coat préféra toujours les réponses de la nature aux catégories des Écoles et l'énergie bienfaisante des sources à la conquête de la notoriété. Elle vint pourtant, sans qu'il la recherche.
Pierre Tal Coat, La liberté farouche de peindre, témoigne à la fois de l'énergie toujours neuve d'un des plus grands artistes du XXe siècle et de la reconnaissance internationale qu'il reçoit aujourd'hui : expositions, colloques, conférences, publications, jusqu'à la magnifique rétrospective du musée Granet à Aix-en-Provence, dont cet ouvrage constitue le catalogue monographique.
Riche de près de deux cents reproductions et documents, souvent inédits, de textes de l'artiste lui-même, il rassemble des contributions de fins connaisseurs de son oeuvre, venus d'horizons très divers et réunis par Jean-Pascal Léger. Daniel Dobbels, Bruno Ely, Josef Nadj, Alain Paire, Georges Salles, Anne de Staël et Jean-Pascal Léger éclairent chacun le travail de Tal Coat de la connaissance intime qu'ils peuvent en avoir, de leur réflexion mais aussi de l'amitié qu'ils lui portaient.
Ami de Giacometti, Staël, Calder, Miró, Chillida..., Pierre Tal Coat (1905-1985) n'ignore pas l'art de son temps et, quoiqu'il s'en défende, il écrit des pages de l'histoire de l'art : par exemple avec les séries des Massacres ou des Profils sous l'eau. Ses tableaux des Failles et des Rochers (période d'Aix) puis ses tableaux dits abstraits et monochromes (période de Dormont) ouvrent des voies aux peintres des générations suivantes. En réalité, Tal Coat dialogue autant avec Rembrandt, Vélasquez ou Cézanne. Mais il puise aux sources de son enfance au pays des pierres levées, la Bretagne. Par une intuition singulière de l'espace, il se sent plus proche des peintres de Lascaux que de ses contemporains. Son expérience de marcheur à l'affût des « phénomènes du monde » s'exerce aussi bien sur les chemins des Pyrénées, des Alpes ou du Jura que dans les collines d'Aix-en-Provence, autant sur les plateaux du Vexin que sur les sentiers entre terre et mer. Ainsi le nom qu'il s'est choisi sonne comme un hommage aux énergies de la nature : Pierre et Front de bois. Cette alliance de l'homme et de la nature, de l'art de son temps et de l'art d'avant l'histoire, fait l'alchimie unique de sa peinture.
Dernier volet, avec « Présence d'André du Bouchet » (2011) et « À l'épreuve d'exister avec Henri Maldiney » (2014), le colloque « Tal Coat : Regard sans frontières », tenu en 2017 à Cerisy clôt cette Triade qui met en lumière l'amitié entre un poète, un philosophe et un peintre. Il est l'occasion de se plonger, à travers les écrits d'auteurs d'horizons variés (historien, chorégraphe, galériste,