Il était une fois un garçon qui allait sur ses treize ans.
Un gamin pas trop bien dans sa peau.
Ouais ! Ça, c'est ce que vous écrivez sur vos fiches à la mords-moi-le-noeud. Topineau Philippe, diagnostic psychiatrique : psychopathe pervers polymorphe. Belle étiquette hein ? Dangereux pour lui-même et les autres. Tiens donc ! Remèdes : Valium et Haldol à tout va. Vous avez même envisagé de me mettre sous lithium, mes salopes. Pour réguler mon comportement maniacodépressif, comme vous dites.
Avec ça, allez rêver !
Il était une fois. J'aurais bien voulu commencer par le commencement. Paraît que ça permet de comprendre comment les choses s'enchaînent, on nous explique.
C'est peut-être vrai dans vos contes de fées. Il était une fois, ils baratinent, les violoneux. Mais avant qu'ils aient fini d'accoucher du début, je vous fiche mon billet que le môme pas trop débile a deviné qu'à la fin les deux calamiteux dont on veut lui raconter l'histoire vont se marier, être heureux et avoir beaucoup d'enfants.
Un petit hameau isolé, à moitié en ruine, grillé par le soleil de plomb du Midi de la France. Luce, l'excentrique maîtresse des lieux, peintre et anarchiste, s'y alcoolise avec panache tout en regrettant sa turbulente jeunesse. Pour chasser ce vague à l'âme, le meilleur moyen est encore de recevoir tous ceux qui s'invitent à l'improviste sans leur poser de questions. Et cela, même si deux cent cinquante kilos d'or ont disparu à dix kilomètres de là dans l'attaque sanglante d'un fourgon. Certes, les nouveaux venus n'ont vraiment rien de conventionnel, mais qu'importe ! Il suffit pour compléter le tableau qu'un innocent gendarme prenne le chemin du hameau, et toute cette joyeuse population se retrouve à orchestrer un bal diablement plus mouvementé que celui du 14 Juillet...
Écrit en 1971, Laissez bronzer les cadavres ! est le premier roman de Jean-Patrick Manchette et de Jean-Pierre Bastid. Il annonce le « néo-polar » qui révolutionnera en France la littérature de genre. Attaché à la critique de la vie quotidienne et aux désillusions des classes moyennes, ce nouveau souffle, devenu encore plus politique et social, a marqué la fine fleur du roman policier français contemporain.
"Bamako-Kidal, au Mali, aujourd'hui. - Une carlingue. - Vol bleu : un zinc qui transporte une femme et trois hommes, mis en cause par le Tribunal militaire. - Soldats en attente du verdict qui blanchira peut-être - leur chef. - Ils s'asseyent, se relèvent, s'agrippent, se rencognent... - Et à la fin, on a bien le sentiment que c'est le tragique roi Ubu qui a gagné."
Écrire à deux, c'est dialoguer. Mais pour Jean-Pierre Bastid et Jean-Denis Bonan, l'écriture est un combat. Jean-Pierre et Jean-Denis, qui entretiennent des liens affectueux, se définissent comme des individus CONTRE. Et il y en a des contrepoints, des contresens, des contre-dieu, des contre-diables, des contre-bourgeois, des CONTRE. Pour ce recueil, la bataille CONTRE, où guettent érotisme et révolte, est bercée de blessures et de poésies. De bris et de fourrure est un livre de nouvelles inspirées de faits divers ou de rencontres que les auteurs ont pu faire. Mais, pour s'évader de toute forme attendue, ces nouvelles sont interrompues, comme déchirées par des chants et aussi par des images. Il existe un disque (CD) des fredonnements, qui accompagne ce recueil.
"Elle était morte.
Il l'avait tuée. Un petit bonhomme, avec une petite panse ventrue et une barbiche de faune. Accroupi au pied du lit. Seuls ses yeux parlaient. Mais pas à moi. A la fille morte, allongée sur le lit, yeux grand ouverts fixés au plafond. Et lui, il la regardait, halluciné. Son kimono entrouvert dévoilant son ventre de Bouddha rebondi... Je n'étais pas pressé. A un moment ou l'autre, il se mettrait à parler et je savais déjà qu'il serait intarissable.
C'était la femme de ménage qui les avaient trouvés tous deux... Elle, allongée, morte, lui à ses pieds."