Avec sa longue tresse dans le dos, son veston bien coupé et sa cravate à têtes de mort, le personnage est aussi immuable dans son apparence que son oeuvre est plurielle, hybride et polymorphe. Tantôt poète du presque rien et tantôt chantre de la surcharge, John Armleder raconte sa vision du monde et de l'art. Il évoque les performances de ses débuts dans l'esprit conjugué du situationnisme et de la mouvance Fluxus, la cofondation avec deux amis du groupe, de la galerie et des éditions Ecart, ses rencontres marquantes avec John Cage et Andy Warhol, la création du label d'éditions musicales Villa Magica Records avec son fils Stéphane et l'artiste Sylvie Fleury, ou son enseignement aux écoles d'art de Lausanne et Braunschweig.
Et il nous entraîne à travers le parcours conceptuel et protéiforme de son oeuvre qui n'a cessé de réinventer les règles du jeu de la création, privilégiant le hors-contrôle, les dérapages, la multiplication et la superposition des possibles. "Aujourd'hui, résume-t-il avec un brin de malice, nous vivons dans une mise en scène de seconde main de la modernité".
La monographie rétrospective de John Armleder.
Publiée à l'occasion de deux grandes expositions organisées en Italie, au Madre Museum de Naples et au Museion Bolzano, cette publication offre une rétrospective de l'oeuvre multiple de l'artiste suisse John M Armleder. En documentant largement les deux expositions - la rétrospective de Naples et les installations et environnements totaux mis en avant à Bolzano - l'ouvrage plonge le lecteur dans l'univers d'Armleder grâce au design graphique innovant de Gavillet & Cie.
Un long entretien avec l'artiste par Andrea Viliani, directeur du Madre et Letizia Ragaglia, commissaire de l'exposition au Museion, un essai sur la peinture d'Armleder par Heidi Zuckerman, commissaire et ancienne directrice de l'Aspen Art Museum, ainsi qu'une bio-bibliographie complète par Chiara Costa, critique d'art et historienne, complètent la publication pour offrir une synthèse unique de la pratique d'Armleder - une pratique qui s'est développée sous l'égide de la liberté et de l'ouverture. Comme l'affirme Zuckerman dans son essai, soulignant le modèle qu'Armleder a été pour des générations de jeunes artistes contemporains : « À une époque où la tentative de catégorisation comme moyen de comprendre et de se situer est répandue à la fois dans la vie et dans l'art, John M Armleder reste connu pour n'avoir aucune restriction ou méthode de travail fixe ».