Les filles, c'est comme le poisson. Ça se gâche vite et ça ne se garde pas. " Ainsi parle Messire Rollo, chevalier du village de Stonebridge, dans l'Angleterre de la fin du XIIIe siècle. Sa fille Catherine a treize ans, et Rollo trouve qu'il est grand temps de la marier. Les soupirants défilent au manoir. Aucun ne trouve grâce aux yeux de Catherine. L'un est moche, l'autre est bête, un troisième est trop vieux, un autre encore sale comme un cochon. Il y a bien le doux oncle Georges, mais son coeur est pris par une autre. En réalité, Catherine ne veut pas se marier du tout. Elle ruse, elle jette des sorts, elle tente des fugues pour échapper au funeste destin qui la guette. Et en attendant d'être vraiment libre, elle consigne ses faits et gestes, ses pensées et les événements du village dans son beau livre de vélin. C'est son frère Edward, futur moine, qui lui a conseillé d'écrire tous les jours " pour devenir moins puérile et plus instruite ". Alors, pleine de rage parce que son père ivre l'a battue, ou débordante d'espoir à la perspective d'une évasion, Catherine écrit, chaque jour que Dieu fait, et raconte tout en détails, d'autant plus volontiers que, quand elle écrit, sa mère la dispense d'accomplir toutes les corvées ménagères qu'elle déteste : filer la laine, faire bouillir le linge, broder, coudre et ourler. La vie au manoir est rythmée par les travaux, les récoltes, les fausses couches de la Dame, mais aussi les fêtes religieuses et les banquets où défilent les invités de passage qui apportent les nouvelles du monde, et où circulent des plats étranges : anguilles à la gelée de coing, hérissons à la crème, serpents de mer aux pommes. Et le jour où un abbé confie à Catherine un petit livre des saints, elle décide de faire de son journal un livre, aussi héroïque et étonnant qu'une vie de martyre. Ce livre a reçu, en 1995, le "Newbery Honor Award" et le "Golden Kite Award".
Il faisait très froid. Une fillette d'une douzaine d'années était blottie dans le tas de fumier. Elle avait passé la nuit là. Le fumier ne sentait pas tellement plus mauvais que tout ce qu'elle avait connu jusqu'alors. Et il tenait chaud. Cette fille n'avait pas de prénom. Elle ne connaissait personne. Elle vivait de restes de nourriture qu'elle récupérait au fond des cours ou dans les porcheries juste avant qu'on ne la chasse à coups de bâton. - Hé, toi ! Es-tu morte ou vivante ? Une femme se tenait debout devant elle. Elle avait le nez pointu, son regard était perçant. C'était la sage-femme du village et elle avait besoin d'une apprentie.
Californie Whipple, douze ans, est emmenée de force de son Massachusetts natal jusqu'à l'autre bout du continent. Changeant son prénom honni en « Lucy », elle pose un regard sévère et consterné sur sa nouvelle maison : une tente plantée au milieu d'un tas de boue et de poussière, cernée par des chercheurs d'or alcooliques et incultes. Mais les tas de poussière et les grossiers personnages peuvent réserver de sacrées surprises...