Dans les derniers jours de mai 1871, les troupes d'Adolphe Thiers écrasent la Commune. De Londres, où il est exilé, Karl Marx a suivi la période révolutionnaire qui, depuis le 26 mars 1871, a vu le prolétariat parisien prendre le pouvoir dans la capitale assiégée par les Prussiens : c'est que, pour la première fois, a été mise en place une forme autonome de gouvernement ouvrier. Il ne croyait pas à la possibilité de la révolution. Il a été impressionné par l'héroïsme du peuple parisien. Au lendemain de la « Semaine sanglante », il tire les leçons de la défaite : la guerre civile en France, en 1871, c'est le massacre de la population par le gouvernement français et son armée aux mains de la canaille bourgeoise de Versailles. Prendre le pouvoir ne suffit pas.
Écrit de décembre 1851 à mars 1852 dans des conditions matérielles très précaires, Le 18 Brumaire analyse l'histoire immédiate du coup d'État qui, le 2 décembre 1851, porte le neveu de Napoléon à la tête de ce qui va devenir le Second Empire. En plaçant le coup d'État dans son contexte économique, social et culturel, Marx nous en donne une interprétation brillante où il dévoile la nature d'un État vampire, animé par une caste de bureaucrates surnuméraires qui dévore la société civile. Cette intelligence claire des événements, au moment même où ils se déroulent, est, en efet, exemplaire.
Le Manifeste du Parti communiste demeure, près de cent cinquante ans après sa parution, un texte de combat. Il est temps de lire Marx, enfin débarrassé des catéchismes et des chapelles qui s'en sont inspirés et se le sont approprié en érigeant sa pensée en dogme messianique, le lire pour ce qu'il est : un théoricien révolutionnaire.