Marx, au sujet de certaines expérimentations du mouvement ouvrier de son époque soulignait l'actualité de la coopération, à l'opposé de la mise en concurrence par le libéralisme économique. Le communisme, projeté par Marx, va-t-il renaître des soubresauts de la mondialisation ? Ce livre répond par l'affirmative.
Actuellement expropriées de leurs droits par les classes dirigeantes, des centaines de millions de personnes, dans le monde, sont parfaitement capables de tout réorganiser.
Associés dans le travail, des millions d'hommes et de femmes sont les piliers du fonctionnement d'une myriade de services publics et d'entreprises de production.
Classe en lutte contre l'exploitation, contre les discriminations, pour l'égalité et les droits démocratiques, dans des situations diverses mais unifiées par la logique capitaliste.
Une classe bourgeoise internationale se constitue :
Les vrais maîtres de ce monde, propriétaires des multinationales, rentiers et politiciens qui leur sont liés. Eux organisent le chômage, le recul des droits démocratiques : avant tout, ils ont peur des savoir-faire collectifs et des attentes réelles du plus grand nombre.
Assommer les exploités, cloisonner les revendications, intimider et empêcher de vrais débats, cela relève du vieil art de la domination.
Mais, les forums démocratiques, le mouvement altermondialiste, les révolutions populaires et les soulèvements des « Indignés » dans le monde sont autant de signes d'une volonté de réappropriation de la production, et au-delà de la vie sociale dans son ensemble. Les prises de contrôle des entreprises, les mouvements paysans, les coopératives de production, comme la revendication de la mise sous gestion publique et démocratique des services publics... ce champ de luttes est immense.
Plus que jamais, du fait même de cette « crise » prolongée du système capitaliste, la coopération de tous fournit un terreau sur lequel un monde post-capitaliste peut se développer. Les mobilisations mettent à l'ordre du jour l'appropriation et la réorganisation des entreprises décisives.
Le renversement du capitalisme et la possible renaissance du communisme sont présents dans les conditions mêmes des luttes actuelles. Tout cela souligne l'intérêt de revisiter les textes de Marx.
La guerre de Sécession américaine, bien mal nommée en français, (les Américains préfèrent la désigner par le terme de Guerre civile) reste un moment fondateur de l'Histoire des États- Unis. Dans les oppositions politiques d'aujourd'hui les références à ce conflit ne sont jamais absentes tant celui-ci a structuré l'imaginaire collectif américain et son champ politique. La révolution inachevée propose la lecture croisée des contributions les plus importantes de Lincoln et de Marx sur le sujet ainsi que les correspondances qu'ils ont pu échangées. Les textes de Lincoln sont constitués de ses discours les plus importants et ceux de Marx principalement de ses articles parus dans la presse américaine et européenne. Le premier est un acteur de premier rang du conflit en tant que président des États-Unis ; le second, un des principaux animateurs de l'Association internationale des travailleurs qui comptait de nombreux partisans et sections aux États-Unis, est un observateur attentif aux enjeux du conflit et à l'émergence d'un mouvement d'émancipation des opprimés à travers la radicalité du courant abolitionniste. L'un comme l'autre, le président et l'agitateur communiste, comprennent que derrière la question de l'esclavage et son abolition, il y a plus largement la chance de fonder un nouvel ordre social et que ce possible va déclencher des luttes titanesques dont les États- Unis à la fin du XIXe siècle seront le théâtre.
Une riche préface de Robin Blackburn, qui constitue à elle seule un ouvrage dans l'ouvrage, offre aux lecteurs une mise en perspective des textes présentés et un rappel utile du contexte historique et du déroulement du conflit. Elle s'intéresse, bien après l'assassinant de Lincoln et de la disparition de l'Association internationale des travailleurs, à ses suites dans l'histoire sociale et politique des États-Unis, pages souvent ignorées du lecteur francophone.
Pendant des décennies, l'Irlande a été une préoccupation d'Engels et de Marx, parce que l'oppression nationale des Irlandais et le racisme dont ils souffraient expliquaient en grande partie l'impuissance du mouvement ouvrier le plus important d'Europe, celui de la classe ouvrière anglaise, à transformer les rapports sociaux. La question irlandaise, écrivaient-ils, nourrit la réaction anglaise qui « [prend] racine dans l'assujettissement de l'Irlande ».
Au regard du nombre et de l'importance des textes qui lui ont été consacrés, la question nationale irlandaise est manifestement un sujet fondamental aux yeux des fondateurs du matérialisme historique.
Pour assurer l'indépendance du mouvement ouvrier à l'égard de la bourgeoisie, il importait, selon leur analyse, non seulement que le mouvement lutte pour les droits politiques, sociaux et économiques des groupes opprimés, mais aussi qu'il promeuve leur indépendance nationale, laquelle était une condition de l'émancipation même de la classe ouvrière de la nation dominante.
Plus encore, si le mouvement ouvrier ne faisait pas la promotion des droits des nationalités opprimées, alors les révolutionnaires devaient envisager de créer des organisations ouvrières des nations opprimées sur une base nationale - non uniquement en fonction de l'État - parce que la classe ouvrière de la nation dominante, par l'entremise de ses organisations syndicales et politiques, avait adopté des positions réactionnaires et constituait désormais une entrave à l'émancipation des classes ouvrières, aussi bien dans la nation dominante que dans la nation dominée.
Friedrich Engels et Karl Marx ont lutté pour que l'Association internationale des travailleurs fasse sienne la lutte pour l'indépendance de l'Irlande.
Pour eux, le combat pour le socialisme international passait par la lutte pour la libération nationale de l'Irlande et la fin de l'assujettissement des Irlandais.