Au Sénégal, dans le Ndoucoumane, une petite fille en mal de mère grandit a l'ombre d'un baobab séculaire. Petite dernière, un peu en marge, e1le découvre l'école française, comme un chemin de traverse qui va la mener aux études supérieures et au grand départ pour le « Nord référentiel, le Nord Terre promise ».
Ken bugul aime la vie ; ce sentiment simple, enveloppant, gouverne de l'autre côté du regard et lui confère une aura singulière.
Dialogue subtil entre une fille et sa mère morte, le roman se déroule comme une prière amoureuse oú les membres d'une famille sont tour à tour requis, interrogés, décrits, aimés pour ce qu'ils sont. au-delà de ce que chacun a pu donner ou prendre aux autres, seule compte leur vérité propre, leur trajectoire dans une vie qui se prolonge après la mort, de l'autre côté du regard.
Il n'y avait que les téméraires, les sympathisants d'une autre vie qui osaient venir rue Félix-Faure. Il était difficile de distinguer un homme d'une femme, un vieux d'un jeune, tant les costumes donnaient à chacun une autre allure, un autre air, une autre attitude. Ils étaient comme invités à un bal.
Un bal où Dieu les aurait conviés, et vice versa. Ils marchaient doucement, s'arrêtaient, se miraient entre eux, s'appréciaient, s'embrassaient, s'aimaient.
Dans un récit bouleversant et puisé aux sources d'un vécu authentique, ce livre raconte des destins croisés de femmes africaines prises dans des relations monogamiques " modernes ", ou " polygamiques traditionnelles ".
Intellectuelle " évoluée " sans vraiment être heureuse de l'être, malgré de grandes illusions initiales, la narratrice-personnage devient la 28e épouse d'un marabout dont elle s'était d'abord prise d'amitié et qui habite un village quelque part dans le centre du sénégal. mariage qui ne sera rompu que par la mort de ce dernier.
A travers la quête éperdue du personnage central pour retrouver une identité reconstruite, apaisée et réconciliée avec elle-même, il y a pour la première fois une réflexion lucide et sans complaisance sur le féminisme.
Beaucoup de préjugés, d'opinions reçues sur la condition des femmes africaines sont bousculés, disséqués sans pitié.
Dans ce chemin de sable dont l'auteur nous invite à suivre la trace, il y a une réflexion paradoxale et courageuse sur les traditions africaines, sur la polygamie, sur la monogamie, l'aliénation, la séduction, la vie et la mort.
Qu'il soit ravi ou offusqué, aucun lecteur ne sort intact de cette lecture, car jamais une romancière africaine n'est allée aussi loin dans l'assomption totale de sa féminité.
Hamidou dia.
Góora n'a qu'un projet en tête : retrouver son Jolof natal et son amour de jeunesse Jóojo. Sa situation précaire et solitaire en Occident est temporaire. Bientôt, il pourra rebrousser chemin et emménager dans la villa qu'il fait construire chez lui. Après un périple douloureux et des années d'inadéquation et de déracinement, le grand jour est enfin arrivé. Mais une fois au pays, rien ne se passe comme prévu et ses projets comme ses certitudes s'effondrent rapidement.
Entre perte de repères, deuil, trahisons et renversements inattendus, Le Trio Bleu est un grand roman d'apprentissage alliant la douleur violente de l'exil au lyrisme contemplatif de l'errance. Un texte moderne et mordant, dont les pages crient l'injustice, mais qui trouve son salut loin des convenances sociales et du matérialisme à travers la poésie, l'humour et la quête perpétuelle d'une tranquillité intérieure.
Écrivaine pluridisciplinaire née au Sénégal en 1947, Ken Bugul se consacre principalement à l'écriture. Anciennement fonctionnaire internationale, elle continue d'animer des ateliers d'écriture et de promouvoir l'art sous toutes ses formes. Après dix ouvrages publiés, dont Riwan et le chemin de sable (Éd. Présence Africaine) récompensé par le Grand Prix littéraire d'Afrique noire en 1999, Ken Bugul a également été nommée Commandeur des Arts et des Lettres de la République française. Le Trio Bleu est son onzième roman.
Sur les rives du continent clair-obscur, dans une ville ocre aux matins bleus, une grande maison jaune. Le ressac de la mer, les rumeurs de la rue adjacente et les chants d'oiseaux pourraient en faire un paradis. C'est d'ailleurs ainsi que la voyait Sali, veuve de l'ancien propriétaire, qui vit là depuis sept ans, lorsque ses multiples fugues hors du continent ne la font pas dériver ailleurs.
Amère désillusion cependant : alors qu'elle imaginait y trouver un enracinement possible, un lieu, enfin, d'appartenance, la femme vieillissante est progressivement rejetée par sa belle-famille. Dans cette maison où elle pensait se reconstruire, son être entier commence à s'émietter. Prisonnière d'un espace immense, d'une rue qui semble l'observer, d'un flot d'images télévisées et de pensées qui l'assaillent, Sali suffoque et ne sait plus que faire.
Partir ? Mourir ? Se résigner ? Non, il ne faudrait jamais se résigner dans un monde où, malgré le règne des apparences, la folie du sang et la médiocrité si bien partagée, des hommes et des femmes tentent, à leur manière, de survivre.
Récit aux allures de monologue intérieur, Cacophonie plonge le lecteur au coeur de la détresse et des pensées d'une femme en butte à la solitude mais aussi aux prisons qu'elle se construit. Y reviennent, lancinantes, la douleur de l'abandon maternel et la difficulté de la quête de soi. Un texte âpre mais lucide et nécessaire sur le monde contemporain, l'Afrique et la construction de soi. Un texte dont les pages vibrent de la violence du cri longtemps contenu mais qui, cependant, n'abandonne pas l'espoir qu'a chacun de trouver, un jour, sa place dans le monde, le « canari où se reposer »
Combien d'histoires se croisent, se tissent ou se taisent dans un bar ? Combien se devinent ou s'inventent sur le zinc, dans les rumeurs de la journée qui passe ?
Chez Max, rue Voltaire, il y a les habitués : Monsieur Pierre et Madame Michèle, le couple Jourdan et leur éternelle partie de cartes. Il y a aussi Max, le serveur, quelques oiseaux de passage et la narratrice : une femme à l'âme amoureuse de tango et de matins bleus. Les gestes des uns, les bribes de conversation des autres font resurgir les souvenirs en elle et dessinent les contours d'une vie qui se construit, entre révolte et aliénation, avec et contre es hommes, oscillant toujours entre les deux seuls qui aient compté : le père et le frère.
Avec Mes hommes à moi, la Sénégalaise Ken Bugul, lauréate du Grand prix littéraire d'Afrique noire en 1999 pour son roman Riwan ou le Chemin de Sable, offre une parole forte, une introspection profonde d'une grande lucidité et d'une incroyable franchise. Son écriture, toujours engagée et volontiers dérangeante, en fait une des grandes voix de la littérature africaine contemporaine.
La Pièce d'or...
La pièce magique qui donne pouvoir et richesse à son possesseur, peut-être même l'immortalité ! Et si cette pièce d'or mythique, échappée de l'écuelle du Condorong, était l'ultime espoir d'un continent, l'Afrique? Sur ce territoire, dévoré par ses anciens et nouveaux occupants avides de pouvoir, le peuple s'est mis à errer. Les villages se vident dans les villes et les villes se vident dans la capitale, tandis que les déchets, au centre, s'accumulent dans une monstrueuse montagne de plastique et de misère.
Et ce voyage, cet exode, Ba'Moïse, père de Moïse, le révolutionnaire, va l'entreprendre à son tour. C'est de sa terre et pour faire face à sa terre que Ken Bugul écrit. Elle dénonce la faillite de la démocratie en Afrique, les turpitudes des pouvoirs, le dévoiement des religions, mais envers et contre tout elle dit une Afrique où hommes et femmes se tiennent debout, résistent et portent l'espoir.
Errer dans les rues de Dakar pour "retrouver sa tête", et rêver à une indépendance africaine qui aurait fait de même. Une impressionnante synthèse poétique et politique.
D'une écriture qui oscille en permanence entre poésie diffuse de la précarité assumée et violence de la critique envers ce qui écrase, ignore et use les humbles, Ken Bugul nous offre une bien belle histoire de résistance, de ténacité, et d'espoir qui couve encore et toujours malgré l'épaisseur de la cendre corruptrice répandue par un pouvoir doucement vendu aux nantis.
Mom Dioum, l'héroïne, vit dans un pays ubuesque inénarrable, où le Timonier a décidé qu'il fallait tuer tous les fous qui raisonnent et ceux qui ne raisonnent pas.
La Folie et la Mort raconte l'histoire d'une jeune fille partie subir un tatouage - cette épreuve d'endurance physique et morale - par expiation ou comme le dit l'héroïne " se tuer pour renaître ". Épreuve d'ailleurs inachevée. C'est alors que commence pour elle la véritable initiation à travers une longue errance, tantôt onirique, tantôt fantastique et le plus souvent réelle qui la conduira aux portes de la folie et de la mort.
Tous les héros - dont les histoires s'entrecroisent - sont tragiques, névrotiques. La Folie et la Mort est une allégorie : c'est l'agonie, plus précisément le destin d'un Continent en proie aux démons de la guerre civile, de la pauvreté, de l'endettement, avec son cortège de malheurs et d'abominations sur fond d'excommunications, de dictatures, de gesticulations idéologiques meurtrières et de grande misère, d'errance, de crise existentielle : l'Afrique.
La Folie et la Mort est un récit âpre, véhément, sur fond de violence d'amour, de haine.