De la phénoménologie augustinienne parcourue dans les Confessions disons qu'elle serait celle du désastre et qu'elle dessine les contours d'un moi à la fois sujet, observateur et objet du désastre.
La conceptualisation si elle peut tenir dans la désignation générale du moi, en dégage et en dessine une structure. Il est ce qui se révèle à soi-même dans la distance éprouvée à son objet. Pourrait-on dire alors que s'il n'y avait cette distance il n'y aurait pas de moi ? Ce qui, prolongé, amènerait la question jusqu'à envisager si, une fois Dieu atteint, il y a encore du moi ? Que le moi se découvre à soi-même dans la distance, en fait un être du manque qu'il tenterait de résoudre, sous l'impulsion de ses volontés liantes, dans la liaison dont le signe et son prolongement le mot seraient la tentative.
Mais que l'expression liante soit, par-delà la possession envisagée de l'objet, une expression de soi, introduit les Confessions à être la forme élaborée de ce dont le corps à la recherche de ses membres est le schème. Une expression de soi comme être délié en quête de la liaison. La confession est alors à la fois parcours de la déliaison à la recherche du lien, parcours du moi jusqu'à Dieu, et parcours de la spatialité jusqu'à la temporalité.
Le numéro de philosophique de cette année articulé autour de la notion du commun et de la question de la métaphasique, nous permet d'aborder différents thèmes et différents auteurs. Paradoxalement, apparaît une continuité entre les deux thèmes notamment quand ils sont abordés à partir d'auteurs comme Schopenhauer ou Husserl. Nous trouverons ici par exemple une étude sur l'approche épistémologique du commun, mais aussi une proposition autour de Husserl, Aniel ou Schopenhauer voire même Stirner. Des études autour de la métaphysique aujourd'hui et des analyses de jeunes chercheurs prenant pour objet Kant ou, dans une vision plus anthropologique, notre crise contemporaine.
Magali Arriola, Riding out of the Sunset, or: How to Cover the Sunrise with a Thumb in Guantánamo Bay / Dork Zabunyan, Pragmatique de l'hétérotopie / Catherine Chevalier, Event/Non Event - Merlin Carpenter at Gallery Dépendance / Juliane Rebentisch, Installation et intervention / Anthony Elms, «Do you work hard? Do you try hard? You don't. Chicago, now!» / Bruno Serralongue, Series Calais, 2006-2008 / Gallien Dejean, « Effleurer des zones dangereuses rend réel l'intervalle entre évasion et attraction. » - « Les objets dangereux sont des lieux séduisants à vivre. » / Seth Price, Teen Image - Teen Image / Retour en terrain inconnu (discussion : Thomas Boutoux, Catherine Chevalier, Benjamin Thorel et Patricia Falguières, Elisabeth Lebovici, Natasa Petresin) / Lili Reynaud Dewar, Tarzan ! ou Rousseau chez les Waziri - Musée du Quai Branly / David Lewis, Une Semaine de Bonté, or Introduction to the Reading of Hegel / Elvan Zabunyan, Sans Elles - Ou quelques remarques sur l'accrochage des artistes femmes au Centre Pompidou / Jay Chung, Traces écrites : Do You Love Me? au Kunstverein Munich / Karl Holmqvist, Danh Vo at Kunsthalle Basel / Limited Edition: Heimo Zobernig.
Il s'agit pour le philosophe d'interroger le geste du peintre qui fait advenir formes et couleurs. Voici trois peintres de la modernité qui sont aussi trois peintres de l'origine: avec Jean Messagier on voit comment la force devient visible, avec Aurélie Nemours on voit le visible devenir forme et avec Zao Wou-Ki on voit la forme devenir icône. Trois confrontations à l'origine de la manifestation qui énoncent quelque chose du sens de la création. En arrière-fond, l'époque, la nôtre et ce qu'elle dit de la fin de la peinture, face à son jugement, la peinture résiste, Jean Lecoultre devenant ici porte voix de cette résistance.
Plotin est à un croisement historique.
Il contemple et parcourt la fin du monde grec et se confronte au monde chrétien qui naît. En lui on trouve la trame et le moule où l'esprit chrétien saura se fondre. Il sera le socle théorique et philosophique où le christianisme saura trouver raison. Mais en même temps il demeure grec et c'est dans une résistance à ce qui naît sous ses yeux qu'il élabore sa propre philosophie. On peut lire sa critique des Gnostiques à la fois comme une adhésion à ce qui se développe de christianisme et comme une réaffirmation des fondements grecs de la pensée.
Sur un autre versant sa tentative de théoriser l'amour dessine de même le partage des mondes. Entre le multiple des grecs et l'unique des chrétiens, il trace une définition de l'amour où l'amour chrétien saura s'écrire. Se prépare alors la grande mutation où l'individu grec tiraillé entre résistance au christianisme et adhésion à la nouvelle donne du monde, se transforme en ce soi qui, avec Augustin, deviendra le moi.
S'écrit en quelque sorte une genèse où entre résistance, constitution et amour, se dessine l'identité occidentale. Mais dans toute naissance il y a le relégué, ce qui n'émerge pas, ce contre quoi apparaît ce qui apparaît. Un autre monde, celui non éclos qui éclaire en négatif celui qui a su s'imposer, donne ses contours. Les gnostiques ici comme habitants de l'ombre du monde.
Considérer l'avant-garde et la contre-culture, lorsque règne une platitude généralisée permet d'approfondir la compréhension de phénomènes sans recourir uniquement à des discours idéologiques. Cependant compte tenu du sujet il s'avère impossible de le traiter sans prendre parti de façon passionnée. Sans prendre de risque, sans déranger l'existant, point d'avant-garde. Pour ces trois auteurs l'avant-garde est un état d'esprit, une attitude de vie.brCet ouvrage démontre qu'entre l'avant-garde et la contre-culture existent des similitudes, mais également des différences : les uns construisent en se projetant davantage dans un futur utopiste, tandis que les autres adoptent une attitude de résistance qui privilégie l'ici et le maintenant.brLectures philosophique, sociologique et parole d'artiste contribuent à dessiner une méthode. Celle-ci, en croisant ces trois points de vue, tente de répondre à une question primordiale : qu'est-ce qu'un changement dans l'expression artistique ?brMéthode qui interroge à la fois sur le milieu artistique et ses acteurs, le contenu de leurs oeuvres et les ruptures que provoque leur imaginaire.
" Sang et or, encres de perles anglaises, ombre à paupières, mascara, salive, mercurochrome, bleu de méthylène, crayons et poudre de mine de crayons, lipstick à paillettes, fluid make-up, blush, acrylique magenta crépusculaire ou galactic blue, vernis à ongles de Karachi... La cosméticologie de Matthieu Messagier nous en fait voir de toutes les couleurs. Elle ramène à soi deux aires sémantiques issues d'une racine commune : en grec antique, la kosmétikè, art de la parure dérive du Kosmos. Nature et artifice. Élémentaire et superfluité. Une déclaration de connivence qui a pour effet premier de faire gicler les couleurs comme d'une banderille sur l'encolure d'un taureau de combat. "
La tragédie est un genre théâtral, mais elle est surtout une vision du monde, un vécu ontologique et politique. L'histoire mémorable du héros, racontée et interprétée, est signifiante de la condition humaine. Elle est éclairante du passé et de notre présent le plus problématique. La mise à jour des racines grecques de la culture occidentale prolonge les recherches menées dans le cadre du réseau thématique Sociologie de la connaissance de l'Association française de sociologie, et du comité de recherche du même nom de l'Association internationale des sociologues de langue française. Comme les trois précédents ouvrages produits par ce collectif, celui-ci met en oeuvre une socio-anthropologie - convoquant l'histoire, la philosophie, la littérature, la narratologie et la psychanalyse - qui explore les multiples formes de connaissance, de conscience et de sensibilité, qui constituent notre rapport construit au monde, grâce auquel il demeure habitable.
L'ouvrage traite du temps dans l'Antiquité et chez les penseurs qui ont marqué la Modernité. Le déplacement noétique d'Antigone Mouchtouris, prenant en compte la kinesis et son action transformatrice des consciences, permet de saisir la mobilité des temporalités individuelles insérées dans une société en mouvement. Avec sa discordance des temps, Louis Ucciani nous éclaire en philosophe et en psychologue sur la temporalité clinique enveloppant le patient et le thérapeute dans une relation dialogique interrogeant le temps de la folie et celui de la vie ordinaire. Par son syndrome narratif et sa temporalité narrative, Francis Farrugia, dans une démarche archéologique, montre comment l'imaginaire construit le réel sur le temps long de la civilisation qui appelle une eschatologie.
"Cet ouvrage rassemble des textes qui s interrogent sur ce que représente l idéalisme aujourd hui, en prenant appui sur la pensée d Emmanuel Levinas et sa réflexion autour du problème de l être et de l identité."
A partir d'un entretien retraçant le parcours intellectuel de MBK, jeune philosophe autodidacte à l'oeuvre déjà conséquente, est envisagée la condition de possibilité d'une expression philosophique aux marges de l'institution. Le parcours singulier de ce jeune philosophe lui fait côtoyer les oeuvres de « grands » penseurs de la contemporanéité et tracer une ligne de cohérence qui a le mérite de revitaliser la quête philosophique.
Sommaire : Louis Ucciani, Qu´est-ce qu´une expérience artistique ? / Marc Pavlopoulos, Wittgenstein et la première personne / Denis Viennet, L´expérience de l´innommable / Valérie Aucouturier, Sur un prétendu idéalisme linguistique du « second » Wittgenstein / Christiane Chauviré, Wittgenstein en héritage. La philosophie des temps modernes / Arthur Joyeux, Pour une expérience politique / Sabine Plaud, Vie du langage, vie des images : une marque de continuité dans la philosophie de Ludwig Wittgenstein