Pirandello invite le spectateur à assister à ce qui lui est généralement caché : ce qui se passe sur une scène lorsque la salle est vide ; ce qui se passe dans l'esprit du metteur en scène aux prises avec des personnages qui lui sont confiés ; et plus encore, tout ce qui se passe dans le coeur d'un auteur lorsque s'imposent à lui des personnages, et qu'il les sent plus forts qu'il n'est.
Pirandello Six personnages en quête d'auteur Six personnages - le Père, la Mère et quatre enfants - se présentent à un directeur de théâtre. Abandonnés par l'auteur qui les a conçus, ils brûlent de parachever leur existence, c'est-à-dire de parler et de se justifier. Et c'est bientôt, devant la troupe de comédiens, le surgissement chaotique des passions, des jalousies, des secrets honteux, des certitudes de chacun niées par chacun des autres...
Mais comment pourraient-ils ensuite accepter d'être représentés, « joués » par des acteurs ? Peut-on reconstruire avec des mots la vérité des êtres oe oeuvre la plus célèbre du grand dramaturge italien, créée en 1921, cette pièce qui instruit le procès du langage et de la convention théâtrale est en même temps, par sa virtuosité, sa force tragicomique, l'emboîtement vertigineux de l'illusion et de la vérité, un des chefs-d'oeuvre dramatiques du xxe siècle.
Traduction nouvelle et notes de Robert Perroud.
Introduction de Giorgio Padoan.
Dix ans après la fin de la Grande Guerre, la scène est à Berlin - ville où Pirandello résida plusieurs années, à la veille de la prise du pouvoir par les Nazis. Au centre de la pièce, « L'inconnue », une danseuse de cabaret, maîtresse de l' écrivain Salter, qu'a reconnue dans la rue un photographe italien. Selon lui, elle n'est autre qu'une certaine Lucia, jeune mariée portée disparue à la fin du conflit mondial au nord de l'Italie, dans une région qu'avaient occupée et dévastée les troupes autrichiennes. Rentré de la guerre dans une maison vide, Bruno, son époux, n'a cessé de la chercher. Mais est-ce bien elle, cette femme qui semble vouloir oublier son passé dans une vie de débauche ? Ses réactions, face à ces retrouvailles, sont ambiguës, et le restent lors qu'elle retourne vivre auprès de son époux, en Italie.Imposture ou amnésie traumatique ? Et du côté de Bruno, foi dans le miracle ou opportunisme de celui qui,veuf, aurait été dépossédé des biens de sa femme ? Mi-drame policier, mi-fable existentielle, Comme tu me veux est aussi une pièce sur fond de ruine et de désastre, située dans une Europe au bord d'un nouveau naufrage.
Le rideau vient de tomber sur les dernières paroles d'Ersilia Drei. Autour d'elle sont réunis le romancier Ludovico Nota, la propriétaire de l'appartement, Mme Onoria, sa femme de chambre, Emma, et un groupe de trois hommes qui sont à des titres divers responsables du drame. Tous sont intervenus pour échafauder, compléter ou nuancer, avec Ersilia ou contre elle, le tableau de la pauvre vie à laquelle elle vient de mettre fin en s'empoisonnant... Une pièce d'une rare intensité devenue un grand classique du théâtre italien contemporain.
«Peut-être reconnaissez-vous aussi à présent, qu'il y a une minute, vous étiez un autre?Mais oui, pensez-y bien. Une minute avant que ne se produise le fait qui vous occupe, vous étiez non seulement un autre, mais aussi cent autres, cent mille autres... Et il n'y a pas lieu d'en être surpris. Êtes-vous bien sûr que vous serez demain celui que vous affirmez être aujourd'hui?»Vitangelo Moscarda est un jeune homme ordinaire, presque insignifiant. Héritier de la banque de son père, il vit tranquillement de ses rentes jusqu'au jour où sa femme lui lance une remarque sur son nez, qu'elle juge de travers. C'est alors qu'il traverse une profonde crise identitaire:qui est-il véritablement?Un, personne et cent mille synthétise avec brio la pensée de Luigi Pirandello qui jette ici que la réalité n'est jamais telle que l'on croit et diffère selon les perceptions de chacun.Commencé en 1909 et achevé en 1926, et d'abord publié en feuilleton, cet ouvrage est le plus célèbre de l'auteur.
Lorsque Pirandello décide de rassembler toutes les nouvelles qu'il a déjà publiées et toutes celles encore à venir sous le titre Nouvelles pour une année, il a l'ambition d'une oeuvre unique et monumentale, qui, telles les Mille et une Nuits, n'aurait ni début ni fin. Nous offrons ici, pour la première fois, l'édition intégrale en français des 237 nouvelles - dont de nombreuses inédites - qu'il a écrites tout au long de sa vie, et jusqu'à la veille de sa mort. Dans cette éblouissante collection de contes modernes, d'un réalisme dramatique et cruel, tour à tour drôles, insolites, dérangeants, bouffons, le «Sicilien planétaire» perce les secrets les plus ahurissants de la vie.
Ces nouvelles ont été choisies à dessein pour dévoiler un aspect Inconnu de Pirandello, un Pirandello régionaliste, tout nourri du folklore de son île, hanté par les récits entendus dans son enfance - légendes garibaldiennes, évocations de brigands. La Sicile de Pirandello se réduit d'ailleurs à un coin bien localisé, son pays natal, le pays d'Agrigente, son port, ses soufrières, sa campagne semi-tropicale, ses populations croupissant dans la misère, la superstition et l'ignorance séculaires, entretenues par le régime des Bourbons et des prêtres. Ce qu'on trouvera dans ce recueil, à travers la variété des images et du ton, c'est donc l'atmosphère et comme la sensation charnelle de cette " Vieille Sicile ", base solide et point de départ de toute l'oeuvre pirandellienne.
Marcantonio Ravi est un père soucieux du bonheur de sa fille ; c est du moins ce qu il affirme quand il prend la décision de la marier à un homme riche, de cinquante ans son aîné. Dans une petite bourgade sicilienne, il y a là de quoi jaser, s émouvoir, se battre en duel et intenter des procès. C est ce dont va s apercevoir Pepe Alletto, charmant jeune homme un peu mou qui se retrouve presque malgré lui proclamé prétendant.Toute la verve de Pirandello, sa vivacité, son extraordiaire sens des dialogues se retrouvent dans ce roman, le deuxième qu il publie, à l âge de trente-cinq ans, en une sorte d hommage à Agrigente, la ville qui l a vu grandir.Traduction de Maurice Darmon
«Et pourquoi, me dis-je, ne pas représenter le cas, neuf entre tous, d'un auteur qui se refuse à faire vivre des personnages à lui, nés vivants de son imagination, et celui de ces personnages qui, ayant désormais la vie infuse en eux, ne se résignent pas à demeurer exclus du monde de l'art ? Eh bien, alors, soit, laissons-les aller là où d'habitude vont les personnages de théâtre pour avoir une vie : sur la scène. Et voyons ce qu'il en adviendra.» Préface de 1925 La plus célèbre pièce du grand dramaturge italien Luigi Pirandello.
"Une des rares choses, et peut-être même la seule que je savais de façon certaine, était celle-ci : je m'appelais Mattia Pascal. Et j'en abusais. Chaque fois qu'un de mes amis ou qu'une connaissance perdait la raison au point de venir me voir pour un conseil ou une suggestion, je haussais les épaules, fermais à demi les yeux, et répondais :
-Moi, je m'appelle Mattia Pascal.
-Merci, mon cher. Cela, je le sais.
-Et ça te semble futile ?
A vrai dire, ça ne me semblait pas très important, à moi non plus. Mais j'ignorais alors ce que signifiait ne pas savoir même cela, ne plus pouvoir répondre, comme auparavant, si nécessaire :
-Moi, je m'appelle Mattia Pascal."
«Pirandello (1867-1936) aborda le théâtre à travers les nouvelles et les romans. Il découvrait tôt que l'homme est un, personne et cent mille et, à la veille du fascisme, auquel il adhéra cependant, le thème de la destruction de l'identité individuelle hantait sa réflexion. Nul héros viril, nulle gloire nationale sur cette scène, mais des âmes en peine, placées dans des intérieurs bourgeois, exposés aux éclairages, du théâtre dans le théâtre. Pour qu'à la fin les personnages déposent le masque social et paraissent nus». Marziano Guglielminetti.
«Héritier des conteurs italiens de la Renaissance, mais aussi du vérisme de Verga, et également par tempérament, Pirandello veut surprendre le lecteur, l'arracher à son confort matériel et intellectuel, à son apathie, lui ôter ses idées reçues en le mettant en présence du réel, en transformant ses modes de pensée. Quoi de plus indiqué alors que d'avoir recours à l'intarissable réservoir d'histoires que recèle la Sicile ? Non seulement à cause de leur contenu dramatique, mais aussi de l'occasion qu'elles offrent, par leur caractère peu commun, de démolir l'image conventionnelle qu'on se fait de la nature humaine.» Georges Piroué.
" terrifiante, dans l'immobilité de sa posture, la statue.
Terrifiante cette éternelle solitude des formes immuables arrachées au temps.
A une seule condition, mesdames et messieurs, peut à nouveau se convertir en vie et recommencer à se mouvoir ce que l'art a ainsi fixé dans l'immuabilité d'une forme ; à la condition que cette forme recouvre grâce à nous, le mouvement, une vie multiple, diversifiée et passagère : celle que chacun de nous sera capable de lui donner.
".
«Ignorant les avoir cherchés, ces personnages qu'on voit maintenant sur la scène, je les ai eus vraiment devant moi, vivants à pouvoir les toucher, à percevoir jusqu'à leur souffle. Là debout, plongés chacun dans leur désarroi secret, et tous ensemble reliés par la naissance et le développement de leurs destins entremêlés, ils attendaient que je les fisse entrer dans le monde de l'art, composant d'après leur personne, leurs passions et leurs aventures un roman, un drame ou tout au moins une nouvelle.»
C'est entre 1920 et 1930 que la production théâtrale de Pirandello a été la plus riche, et c'est à ce moment qu'il a connu ses plus grands succès. Avec les Six personnages en quête d'auteur et Ce soir on improvise, qui sont sans doute ses oeuvres les plus connues et les plus jouées, Chacun à sa manière constitue la trilogie du théâtre, qui illustre brillamment tous les conflits possibles entre le texte, le metteur en scène, les comédiens et le public. Cette pièce démontre avec virtuosité l'impossible coexistence d'une dramatique histoire passionnelle avec la représentation qu'en donnent des comédiens, dans un théâtre qui est à la fois montré de l'extérieur et de l'intérieur.
«Pirandello (1867-1936) aborda le théâtre à travers les nouvelles et les romans. Il découvrait tôt que l'homme est un, personne et cent mille et, à la veille du fascisme, auquel il adhéra cependant, le thème de la destruction de l'identité individuelle hantait sa réflexion. Nul héros viril, nulle gloire nationale sur cette scène, mais des âmes en peine, placées dans des intérieurs bourgeois, exposés aux éclairages, du théâtre dans le théâtre. Pour qu'à la fin les personnages déposent le masque social et paraissent nus». Marziano Guglielminetti.
Nouvelles extraites du recueil Nouvelles complètes : Nouvelles pour une année
Son mariage l'ayant rendu malade, Bernardo doit suivre une cure dans la campagne toscane. Il comprend vite que le jeune médecin qui le soigne avec l'eau amère et sulfureuse des thermes pourrait bien le guérir définitivement en le débarrassant de sa femme... Quelques nouvelles aussi acides que malicieuses sur les relations entre les hommes et les femmes.
Nous sommes ici comme aux lisières de la vie, Comtesse. Sur un ordre, les lisières se relâchent, l'invisible s'insinue, les fantômes s'exhalent. Rien de plus naturel. Il se produit ce qui normalement se produit en rêve. Avec moi cela se produit aussi en état de veille. Voilà tout. Les rêves, la musique, la prière, l'amour. Tout l'infini qui se trouve dans le coeur des hommes, vous le trouverez à l'intérieur et autour de cette villa.
Rejetée de tous, la petite troupe de la Comtesse Ilse erre dans le monde pour jouer l'oeuvre d'un jeune poète mort tragiquement. À bout de forces, ils arrivent dans une villa abandonnée : le magicien Cotrone y fait régner « la vérité des rêves, plus vraie que nous-mêmes ». Il tente de les convaincre d'y achever leur quête. Mais Ilse veut à tout prix apporter la poésie au public, fût-il celui des Géants de la montagne, voisins inquiétants dont la violence évoque celle du pouvoir fasciste...
Dans la campagne toscane, Donna Anna retrouve son fils, revenu mourir auprès d'elle après avoir disparu pendant des années qu'il a passées auprès de son amante Lucia, par ailleurs mariée et mère de famille. Mais sa mort n'empêche pas Anna de vouloir continuer à le croire en vie, comme elle l'a toujours fait en ne cessant de penser à lui alors qu'il était au loin. Quand elle reçoit une lettre de Lucia qui, ignorant le drame, annonce sa venue, elle décide de cacher la réalité à la jeune femme pour raviver la présence de son fils.
Cette nouveauté du mois de septembre 2021 est le deuxième titre de la collection bilingue intitulée « Progressez en ITALIEN grâce à ... ». Cette collection présente la double particularité de proposer la version italienne et française des textes sur une seule et même page (= facilitation de l'aller-retour visuel entre les textes italiens et français) et de mettre gratuitement à la disposition des lecteurs (sur notre site Internet) l'enregistrement sonore intégral des textes en langue italienne (= possibilité donnée au lecteur d'améliorer sa prononciation en même temps que sa connaissance de la langue italienne).
Agata est enceinte d'un homme marié. Son amant et sa mère, incapables d'affronter le déshonneur de la situation, décident de faire appel à un inconnu qui sauverait les apparences en l'épousant. Baldovino accepte de jouer la comédie, et endosse les rôles de mari et de père, mais toute comédie a son prix.