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Mannaig Thomas
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La tradition : bonne à n'être que le nom d'une baguette ou la revendication du conservatisme ? Voilà un mot apparemment usé et amoindri, dont les auteurs font le tour et qu'ils interrogent en regard de la " modernité ", rappelant aussi qu'elle fut au coeur de l'entreprise des sciences sociales.
C'est un mot usé, fatigué, élimé parce qu'il a été beaucoup utilisé. À moins que l'amoindrissement de sa charge sémantique ne relève plutôt d'une discordance avec l'époque. La tradition ne serait plus à la mode. Paradoxalement. Repris à l'envi dans la communication patrimoniale qui vante l'authenticité, le chez-soi et l'immémorialité, ce mot subit, au même moment, un racornissement de son domaine d'assignation. Bonne à n'être qu'un slogan pour des publicités peu inspirées, coincée dans l'étau de l'injonction mémorielle et du colifichet touristique, la tradition se fait rigoriste à l'autre bout du portefeuille langagier. Les " tradis ", ce sont, pour beaucoup d'entre nous, ces autres, dont nous peinons quelquefois à comprendre, sur fond de " Manif pour tous " et de soutanes tout droit sorties de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, un argumentaire et des attitudes qui relèvent de son orthopraxie. Une tradition en majesté en quelque sorte, éloignée de ce qu'elle est de fait : bien moins la lecture littérale d'un dogme qu'une somme d'interprétations d'un noyau dur qui sert in fine d'entregent à des signifiants flottants.
Disqualifiée la tradition par le trop-plein et le trop peu ? L'on pourrait dire la même chose de la modernité. Que sa progressive mise à l'index, surtout à compter des années 1970, renvoie à toutes sortes de relectures ouvrant sur le souhait de clore ce qui serait une parenthèse désenchantée de l'anthropocène en est une autre. Tandis que des mots retrouvent de leur lustre pour dire et faire dire l'époque - le fond de l'air serait à la radicalité et à la réaction -, d'autres dépérissent tranquillement dans la sphère communicationnelle. Pour des raisons différentes, la pléthore de l'insignifiance pour la première et une aversion galopante pour la seconde, tradition et modernité, en un couple qui régna en maître sur nombre de travaux menés dans les sciences sociales des Trente Glorieuses aux fins de circonvenir la question latérale du changement ou, plus exactement, de l'évolution, ne font donc plus recette.
Toutefois, ne faire de la tradition (un ensemble d'énoncés, d'actes, de représentations et de croyances qui se transmettent de génération en génération) qu'une arme au service d'une idéologie de la différenciation négative ne saurait restituer toutefois ce qu'elle fut aussi : un moyen de cerner des sociétés en s'interrogeant précisément sur l'effectivité et la pertinence de ce que l'on plaçait derrière le mot tradition, soit un opérateur pour les sciences sociales qui mérite d'être pris en compte. -
Dire la Bretagne
Nelly Blanchard, Mannaig Thomas
- PU de Rennes
- Beaux-livres
- 8 Juillet 2016
- 9782753549203
Cet ouvrage constitue une réflexion collective sur la construction de l'image de la Bretagne, réflexion menée à partir de productions artistiques et littéraires - en breton, en français, en langage pictural, photographique, architectural ou musical - dans lesquelles la Bretagne, plus qu'un décor ou un thème, devient une idée. Autrement dit, quand l'image montrée représente une idée qui la dépasse et lui survit.
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écrire le pays natal ; la littérature du proche en France
Mannaig Thomas, Jean-pierre Dupoy, Collectif
- Honore Champion
- Romantisme Et Modernite
- 28 Janvier 2021
- 9782745354730
Lorsqu'un écrivain choisit de faire du lien qui l'attache à son pays natal l'axe majeur de son oeuvre, il encourt inévitablement une forme de délégitimation : le territoire auquel il consacre son écriture risque de marquer les limites de son audience et de lui conférer dans le champ littéraire un statut inférieur à celui des écrivains dont la production est réputée « universelle ». En France, cette hiérarchisation est d'autant plus accusée qu'elle s'appuie sur la centralisation parisienne des institutions littéraires.
L'écriture du pays natal procède donc souvent d'un écart entre deux lieux : le territoire dont elle fait son objet privilégié et Paris, où elle s'élabore en tant qu'oeuvre littéraire. S'il peut être vécu comme une déchirure, cet écart n'en est pas moins une matrice féconde quand il inspire une mise en fiction des tensions qu'il engendre.
Cet ensemble d'études porte sur un corpus d'écrivains français qui, depuis le milieu du XIXe siècle jusqu'à notre époque, ont mis en exergue un lien affectif avec la région qui les avait vus naître. Croisant les approches de l'histoire littéraire et de l'analyse sociolittéraire, elles visent à éclairer à la fois les ressorts mnémoniques de l'écriture, lorsqu'elle se met en quête de l'enfance et de la communauté d'origine, et les conditions sociales de sa constitution en littérature.
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Des littératures périphériques
Nelly Blanchard, Mannaig Thomas
- PU de Rennes
- Plurial
- 20 Mai 2014
- 9782753533653
Littératures périphériques, petites, régionales, connexes, mineures, minorisées, combatives, marginales ? Mais que sont ces littératures que l'on peine à qualifier clairement ? Cet ouvrage allie approche théorique, comparaison de situations et témoignage d'auteurs s'exprimant dans le cadre original de ces littératures périphériques.
Avec le soutien de l'UBO.