Les commandes sur le site internet sont suspendues jusqu'au : 19/08/2022
Et si nous devenions cannibales ? Pour les "Restaurés" , habitants du duché de Michão, le cannibalisme est aussi indiscutable que la liberté ou l'air qu'on respire. Afin d'endiguer la surpopulation et d'apporter une réponse à la crise alimentaire, ils ont fait sécession du reste du genre Homo et instauré un cannibalisme moderne, hygiénique, démocratique, high-tech et familial. Un cannibalisme d'avenir, en somme.
La plume truculente de Marc Villemain nous embarque dans une farce tragique aux accents délicieusement astérico-rabelaisiens. Et nous interroge, l'air de rien, sur ce qui fait civilisation. Ecrivain, éditeur et critique littéraire, Marc Villemain est notamment l'auteur de Et que morts s'ensuivent (Seuil, Grand Prix SGDL de la nouvelle en 2009), Il y avait des rivières infranchissables et Mado (Joëlle Losfeld, 2017 et 2019, prix de l'Académie de Saintonge).
Il n'existe pas de trêve estivale pour les espiègleries des enfants. Virginie, neuf ans, va en subir les conséquences : les frères de sa meilleure amie, Mado, emportent ses vêtements au sortir d'un bain de mer. Terrifiée, elle devra toute la nuit se cacher, entièrement nue et impuissante, dans une cabane de pêcheurs abandonnée. Après cet épisode, les deux amies s'éloignent l'une de l'autre et ce n'est qu'en classe de quatrième qu'elles se retrouvent : débute alors une phase de séduction suivie de gestes sensuels, qui s'apparente à un jeu frivole et enfantin engagé par une Mado devenue plus provocante et plus libre. Mais peu à peu cette légèreté cédera la place à la convoitise amoureuse. Virginie, moins délurée que son amie, se laisse abuser par les apparences, ce qui la conduira à commettre un acte dicté par la jalousie et, finalement, à une souffrance infinie.
Et si la colère venait non pas des jeunes, mais des vieux ? Et si les vieux décidaient un beau jour d'en finir avec un monde qui les marginalise et attend qu'ils s'éteignent en ruminant le passé devant leur poste de télévision ? Et si les vieux se levaient et entreprenaient tout à coup de chambarder l'ordre du monde ? Marie et Donatien, lui qu'on appelle le Débris, sont de ces vieux qui vont mener la charge. Deux amants sages, las, pacifiques, n'éprouvant rien de l'antique peur de mourir mais bien désireux de partir la tête haute et de laisser derrière eux un monde pas trop ingrat. Julien, leur fils, a choisi son camp, celui d'une jeunesse en rupture d'histoire, pour entonner la rengaine de l'avenir. Entre eux, le fossé de la révolte. Le narrateur, ami d'enfance de Donatien, raconte, avec ses mots arrachés à la terre, les minutes de cette improbable insurrection, de cette force tranquille que Donatien aura tenté de ragaillardir jusqu'à l'impensable et jusqu'au drame.
Un premier regard échangé derrière une haie, un premier baiser volé parmi les fleurs d'une clairière, une première étreinte maladroite dans un lit trop petit. Dans un recueil de nouvelles porté par une langue précise et évocatrice, Marc Villemain met en scène la naissance du sentiment amoureux, l'hésitation initiale de jeunes gens qui, en découvrant l'autre, se révèlent à eux-mêmes. Les détails - un morceau de chocolat pour le goûter, une chanson dans une salle de fête communale, une balade à vélo sous le soleil d'été, la sensualité d'un sein aperçu - nous emportent dans un voyage tendre et bienveillant, brutal parfois, celui d'un homme qui explore les vertiges et vestiges de ses amours passées.
On pense à Dominique Mainard, à son art d'aborder avec délicatesse les sujets les plus intimes, passant de la noirceur à la légèreté avec une élégance infinie.
C'est le problème des régions océanes : les corps y prennent goût à la douceur. Une chemisette en lin vient sans peine à bout d'une petite suée, une écharpe en laine et un col roulé suffisent à préserver des rigueurs hivernales - pas le Grand Nord, certes, mais pour les chairs salées, mais pour les peaux ensablées, trois petits matins de bourrasques et de givre occasionnent autant de palabres qu'une défaite en championnat ou une controverse municipale. À moins d'être marin pêcheur et de tanguer ses nuits en solitaire avec pour seuls compagnons le froid qui mord la peau et le sel qui dessèche la couenne, l'organisme humain en zone tempérée a fini par perdre les acquis de millions d'années d'endurcissement. Alors si l'été les yeux s'égarent en transparence sous les p'tites jupes légères, s'il faut, l'été sur le sable chaud, être bel homme pour seulement oser approcher une de ces filles presque entièrement nues qui feignent de croire à la banalité de leur grâce ou à l'anonymat de leur beauté, et qui parfois vont jusqu'à mimer la distraction ou l'étourderie en dégrafant leur soutien-gorge, les froidures de l'hiver signent en quelque sorte le retour à la normale. Silhouettes épaissies, teints gris, dermes rougis et nez coulants : l'hiver est la chance de l'homme ordinaire.
"Parmi les noms d'oiseaux dont on m'affuble, innombrables et souvent peu imaginatifs, l'un revient avec l'obstination des vagues sur la baie d'Etretat au plus haut de la tempête: vieux con. Je ne disconviens certes pas de la logique persuasive et constante de la chose, ayant passé le plus clair de ma jeunesse à me faire traiter de jeune con. Disons qu'aux yeux du monde, j'aurai évolué, très tranquillement et en quatre-vingts années, d'une connerie aggravée d'immaturité à une autre lestée de gâtisme." Un homme va mourir. Et il y trouve son compte.
Une rhinite allergique qui déclenche l'irréparable.
Une critique littéraire victime du jeune écrivain qu'elle avait éreinté. un jeune homme hospitalisé qui révèle à son infirmière le sens de la vie. un père accusé du pire par sa fille et objet d'un procès pas tout à fait comme les autres. une cantatrice de réputation mondiale qui prend la défense d'une civilisation cannibale. tous ces personnages, et tant d'autres, courent vers un même destin, souvent drolatique, toujours tragique.
Dans ce recueil oú chaque nouvelle donne lieu à une satire sociale parfois impitoyable, marc villemain, avec une cruelle élégance qui n'est pas sans rappeler l'esprit fin de siècle d'un barbey d'aurevilly ou d'un léon bloy et une audace moderne que ne renierait pas un j. g. ballard, dessine les contours d'univers grinçants, aussi cocasses que diaboliques.
Une nuit, en 2020. Le destin de la France bascule et porte l'extrême droite au pouvoir. L'ancien chef de cabinet du gouvernement socialiste est à son bureau, il doit faire un choix fatal : rester pour résister, partir pour échapper au pire. Dans les quelques heures qui suivent, il cherche parmi les souvenirs de son maître en politique, l'ex-premier ministre surnommé le « Guépard », un
indice, un message pour le moment présent. Ce dernier lui a adressé ses carnets d'exil. Commence alors une extraordinaire odyssée où, sur les traces du « Guépard », le lecteur pénètre les magies de l'Afrique, avec ses chasses, ses cérémonies, ses langueurs. Là, l'exilé apprend à se reconstruire une présence. L'homme est usé, fatigué, imperméable aux affres du monde,
cependant, en lui, tempête une puissance animale. Amiless, aventurier et trafiquant à ses heures, reconnaîtra cette force et, ensemble, ils partiront pour Sarajevo où, trente ans après l'éclatement de l'ex-Yougoslavie, la même guerre semble reprendre avec les mêmes armes. « Le Guépard » y prend sa place, à sa manière, retrouvant l'excitation du politique et des femmes. Finalement, alors qu'une peste d'ombre s'empare de la France, il doit fuir encore une fois, comme interdit de séjour partout où ses pas le portent. Dans sa fuite, il adresse ses notes intimes à l'homme qui fut son disciple, lorsqu'il était encore Premier ministre, et qui, lui aussi, sent son destin lui échapper dans la tourmente de l'histoire.
Construit autour du thème du renoncement au pouvoir, Et je dirai au monde toute la haine qu'il m'inspire est une fresque politique désenchantée, dont le style très élégant et fluide déploie les multiples facettes d'une âme embarquée dans le monde.