Le poète et traducteur Michel Orcel offre dans ce recueil un choix de poèmes s'étendant de la Latinité au romantisme anglais et centré autour de la jeune fille et la mort. Né à Marseille, Michel Orcel a accompli des études de philosophie et de littérature qui l'ont conduit à étudier et traduire les grands auteurs italiens, notamment l'Arioste, Le Tasse, Ugo Foscolo, avec une passion particulière, toutefois, pour Giacomo Leopardi auquel il a également consacré des essais d'une grande pertinence. Son oeuvre d'un « classicisme inventif », selon Pierre Oster, explore presque tous les champs de l'expression littéraire, poésie (Elégie, La Dogana, 1984), roman, essais savants et biographies critiques (Verdi. La vie, le mélodrame, 2001). Il a vécu à Florence, Rome, Naples et s'est récemment installé à Nice après plusieurs années vécues au Maroc. Il est le traducteur du Roland furieux de L'Arioste, au Seuil, et de La Jérusalem libérée du Tasse, chez Gallimard, et il donné des versions exceptionnelles des Poèmes et fragments de Giacomo Leopardi, aujourd'hui republiés chez Garnier-Flammarion. En outre il prépare pour 2016 une traduction radicalement nouvelle de La Divine Comédie aux éditions de La Dogana.
La traduction, aux yeux de ce remarquable poète, ne se distingue guère de la création : selon ses propres termes, « traduire, comme voyager, exige, qu'on soit yeux, tout ouïe, perméable jusqu'à l'illusion de se perdre dans l'objet - mais en allant chercher au fond de soi le visage du poème. » Philippe Jaccottet considère qu'il est l'un des meilleurs traducteurs de ces vingt dernières années.
L'amère philosophie de ces 7 poèmes anciens ne reflète pas la métaphysique actuelle de l'auteur. Ces pièces n'en marquent pas moins une limite incandescente dans ce qu'il considère aujourd'hui comme son long apprentissage de la connais-sance. Ils sont à ses yeux comme une image obscure (ou inverse) de l'humaine "nostalgie de Dieu" . Ce court ensemble est suivi d'un sonnet retrouvé et de deux nouvelles traductions de Léopardi par l'auteur
" Traduire, comme voyager, exige qu'on soit tout yeux, perméable jusqu'à l'illusion de se perdre dans l'objet - mais en allant chercher au fond de soi le visage fantastique du récit.
" Qui ne se contente pas de courir le monde mais plante sa tente en quelque terre étrangère, fait l'expérience d'un singulier changement de perspective. Journal d'un an de vie au Maroc et du tourment littéraire qui l'accompagne, Les Larmes du traducteur font des menus événements de la vie, des paysages, des lectures, des rencontres réelles ou rêvées, l'occasion de penser autrement notre histoire et le mouvement qui nous conduit vers l'autre.
« Comme les postes royales (tant françaises que sardes) n'existaient pas encore dans ces bourgades, et que les courriers municipaux n'étaient pas si fréquents, on chargeait toujours quelque ami, quelque parent, une connaissance me^me, voire un passant, un marchand, un pèlerin, de livrer les petites missives cachetées a` la cire d'Espagne ou a` la cire noire, qui faisaient, de ces montagnes secrètes et apparemment coupées du monde, un réseau de minuscules postes privées. » 1790. Nice n'appartient pas encore à la France. Les émigrés, chassés par la Révolution, y affluent en nombre. Nice est à cette page de l'Histoire ce que Kiev fut à la Révolution d'Octobre. Michel Orcel, merveilleux chroniqueur, observateur aigu du genre humain, relate les derniers mois de la Nice encore propriété du royaume de Sardaigne. Un jeune homme, Jouan Dauthier, porteur d'une lettre secrète, vient de franchir les Alpes à dos de mule. Bientôt secrétaire particulier du Chanoine Alberti, fin stratège, il est chargé d'une mission décisive pour l'avenir de l'Eglise en cette période troublée. Quand la splendide Giuletta, actrice et chanteuse d'Opéra-comique, nouvellement arrivée de Gênes, fait son apparition, le coeur de Jouan s'embrase. Son existence, désormais comblée par l'amour, semble suivre le cours irrésistible d'une prodigieuse ascension sociale. Mais l'Histoire va en décider autrement. Les troupes révolutionnaires approchent. Jouan doit sauver sa liberté, son honneur et son amour. Mais que les routes sont dangereuses...
Un roman éblouissant d'images, mené au train des rencontres et des intrigues, dans une veine picaresque et stendhalienne, qui fera passer le lecteur par la grande et petite route de l'Histoire.
{n.n. (nomen nescio)} est la formule par laquelle on désignait autrefois les enfants illégitimes. c'est aussi, dans ces pages, les initiales d'une cantatrice énigmatique. trois étapes - apparemment décousues - scandent ce roman : une maison de provence qui, dans la mémoire du narrateur, est le berceau musical de l'enfance ; le journal d'un abbé suisse des années 50 et le mystérieux scandale sur lequel il s'achève ; le récit aventureux - venise, rome, berne, paris - des amours du narrateur. ecriture toute classique, construction audacieuse, {n.n., ou l'amour caché} est un premier roman.
Parcourir l'iraq et la syrie (la guerre menaçant) sur les traces de saladin, croiser les ombres des saints musulmans, ou celles plus obscures de califes, de théologiens, de poètes ; accomplir un périple à travers les terres et les livres ; se rappeler nerval, guénon, michaux ; en un mot fait oeuvre de poète, d'historien, d'ethnologue face à un monde hanté par les fureurs religieuses ou le discours paradoxal de l'occident.
Tout commence par une destruction : celle de Nice secouée par un tremblement de terre sous les yeux ravis de Nietzsche (« Nice » en allemand) et finit par une naissance : celle de l'ourson, « l'orcel » dont la mère doit lécher la première peau pour le mettre définitivement au monde... Revenir à l'animalité bienheureuse, tel est le pari de cette sorte de récit de voyage et de rêveries qui, semblable à une boîte à surprises, ouvre sur mille vues uniques en leur genre. Car Michel Orcel sait dépouiller les apparences de la civilisation et de la gloire pour mieux en raconter l'histoire secrète : pour mieux revenir à la sauvagerie des origines. Encore s'agit-il d'une sauvagerie teintée d'Italie... L'auteur, en peintre né, connait ses « sujets » tous penchés du côté des Alpes. A commencer par Senancour, le contemporain de Chateaubriand, auteur d'Obermann, à qui il trouve une ressemblance inédite avec Leopardi, le séquestré de Reccanati. Parce que tous deux restent attachés à la sensation pure, au culte d'un âge d'or primitif. C'est ainsi que Senancour fait entendre, lui aussi, ses « oiseaux » au fil d'une langue très musicale, qui va et vient rêveusement entre pensée et sensation, reflet d'une période ineffable entre Lumières et Romantisme. Est-ce que l'histoire d'un ancien blason polonais représentant une jeune vierge chevauchant, nue, un ours aurait quelque chose à voir avec un rêve d'Italie ? Oui si on en croit le célèbre nom Orsini, devenu des Ursins... La sauvagerie aime à marquer de sa patte les plus vieilles et nobles lignées... De sorte que trois écrivains en route à des époques différentes vers la Vénétie font inconsciemment allégeance à ce rappel à l'instinct : Montaigne, atteint comme son père de la maladie de la pierre, ne cesse de faire entendre dans sa relation de voyage le mot « canal », bien plus tard le Président de Brosses, s'il exécute consciencieusement des rapports dignes de la renommée historique de la péninsule, ne résiste pas à gâcher son effet par des recommandations fort sensuelles (on ne peut selon lui bien goûter la musique d'église qu'à la condition qu'elle soit dirigée par une belle jeune fille...).
Quant à Giono, son imagination est telle qu'il ne visite plus l'Italie qu'au gré du seul plaisir, du farniente, des amours et des bagarres... Mais Michel Orcel dépasserait presque ce dernier en anecdotes et en trouvailles : tableaux grandioses, villages pittoresques, paysages portant à la méditation, manies d'artiste, souvenirs autobiographiques et jeux de mots... tout redevient sauvage sous son regard. Tout réapparait comme au premier de la création. Excitant, beau, dangereux et stimulant.
" Je suis à la mort pour toujours ; je fus à vous Une heure seule ; et j'ai porté beauté Avec tant de plaisir, j 'ai laissé tant de pleurs, Qu'il aurait mieux valu que je ne fusse né.
" Les poésies de Michel-Ange sont, dans la littérature européenne, l'image sonore du coup de force que l'artiste imposa à la tradition plastique de la Renaissance. Presque libéré du jugement public, composant son Canzoniere comme une sorte de journal intime, Michel-Ange fait preuve dans ses Rimes d'une passion affective et d'une violence verbale qui font éclater le rassurant schéma néo-platonicien dans lequel on a trop souvent voulu l'enfermer.
Cette poésie pleine d'ombres, de secousses et d'incorrections, mais non moins précieuse et vive dans le baroquisme de ses figures, attendait qu'on renonce au systématisme de l'alexandrin ou à la paisible syntaxe du français classique. A côté des grands sonnets, le présent choix réhabilite des pièces moins connues mais d'une force érotique ou spirituelle où brûle toujours la féconde inquiétude du génie.
Michel Orcel.