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Moritz Thomsen
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La ferme sur le rio esmeraldas
Moritz Thomsen
- Libretto
- Litterature Etrangere
- 1 Novembre 2018
- 9782369144588
Un Américain de l'espèce marginale - l'auteur - peu doué pour le profit et pétri d'idées généreuses, fonde une ferme à la lisière de la jungle équatorienne dans l'intention d'aider les paysans de là-bas à se « prendre en main ». Mais les gens de là-bas, qui malgré leur misère extrême se méfient de ceux qui ont la prétention de les aider, ont de tout autres idées que les siennes sur ce que doit être la gestion d'une ferme, et la gestion de la vie en général. Ils s'emploient à le piller avec beaucoup d'entrain, pendant que son associé le gruge... et lui se retrouve bientôt au bord du chemin, avec ses idées en berne.
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Né dans un foyer américain où le père voue une haine sans bornes aux Juifs, aux Noirs et à Roosevelt, Moritz Thomsen apprend à s'endurcir. Dès qu'il peut, il s'engage dans l'U.S. Air Force et devient pilote bombardier pendant la Seconde Guerre mondiale. Un récit sur les déficits affectifs et la souffrance, tempéré par l'autodérision et le respect de soi.
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La Ferme sur le rio Esmeraldas (Phébus, 2002) et Le Plaisir le plus triste, les deux chefs-d'oeuvre de Moritz Thomsen (mort en 1991), sont-ils des romans ou de simples récits autobiographiques ? Sans doute l'auteur se met-il en scène sous un autre prénom, ruais toutes les aventures - ou plutôt les mésaventures - qu'il évoque ici sont vraies.
Martin le Gringo (soit l'auteur) constate la ruine de l'utopie qui l'a aidé à vivre pendant des années : une ferme sous les tropiques où tous cohabiteraient dans une aimable fraternité (pas d'exploitant, pas d'exploités. ). La force de l'habitude a eu raison de ce beau rêve. Martin ne s'insurge pas, accepte même d'être plus on moins flanqué à la porte de chez lui et décide, pour soigner sa déprime, de traverser le continent sud-américain (Amazonie comprise) avec les moyens du bord.
C'est-à-dire sans moyens du tout. Drôle de thérapie, car le voyage en question, riche de rencontres et de péripéties tragi-comiques, finit par infuser dans le sang du voyageur - et bientôt dans celui du lecteur - une forme de tristesse lucide qui tourne bientôt à la rage. surtout lorsque le passé s'amuse à joindre ses grimaces à celles du présent. Martin, d'une étape à l'autre, ne peut faire autrement que de placer en miroir la vacuité de son existence à lui - de tout temps vouée à la chimère - et l'inanité d'un continent dépossédé de lui-même comme aucun autre.
Qu'on se rassure, Thomsen ne se veut ici ni meneur d'idées, ni dénonciateur, ni analyste de ce qu'il voit : tout juste le bluesman désenchanté d'un monde qu'il a trop aimé, et auquel il s'ingénie à donner, avant qu'il soit trop tard, une voix inoubliable.