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Le 15 mars 1972, près de Milan, on trouve, dans la boue, sous un pylône électrique, le corps déchiqueté du célèbre et riche éditeur Giangiacomo Feltrinelli, apparemment tué par l'explosion prématurée de la bombe qu'il s'apprêtait à poser. Vingt ans après, quatre amis de l'éditeur veulent faire un film de cette période de l'Histoire ? où, à la stratégie de la tension à coups d'attentats couverts par des franges de l'appareil d'État, ont succédé les «années de plomb» puis la déroute des partis armés et le déferlement des confessions de «repentis» ? qui a marqué à jamais leur jeunesse. Ils en évoquent les tensions, les affrontements et tentent de retracer l'aventure politique de l'éditeur, engagé comme eux à l'extrême-gauche, de lui rendre son identité mystifiée, occultée par la presse de l'époque, de comprendre la signification emblématique de sa mort qui a marqué pour toute la gauche un tournant crucial et qui les a placés, eux aussi, face à des choix décisifs.
«Les Invisibles», ce sont ces garçons et ces filles des «années de plomb», en Italie, entre 1970 et 1980, qui, de la contestation lycéenne à l'activisme révolutionnaire, ont perdu sous les coups d'une répression de plus en plus dure leurs illusions, leur liberté et, parfois, leur vie. Ce livre pose la question de la continuité et de la rupture avec 68, ainsi que le problème du passage de la famille à l'école, de l'école à la vie active, l'engagement politique. L'un de ces invisibles retrace ici son itinéraire ? contestation lycéenne, militantisme, actions exemplaires ? et, parallèlement, tient la chronique de son incarcération ? interrogatoires, violences, révoltes, solitude. Phrases murmurées, ressassées dans l'isolement carcéral, plainte, complainte des erreurs et du découragement, Les Invisibles est aussi un document sur les dérives d'une génération perdue.