L'histoire n'est-elle "qu'une histoire à dormir debout", pour reprendre le bon mot de Jules Renard, ou a-t-elle un sens, c'est-à-dire une direction et une signification ? Ecrire l'histoire, c'est en tout cas interpréter le passé en reliant des faits entre eux, et mettre de l'ordre dans la profusion des événements pour mieux saisir le présent.
Mais si le récit historique n'est pas l'enregistrement brut du passé, comment se distingue-t-il de la fiction ? Et si les hommes se sont peu à peu affranchis de l'idée d'un principe présidant à l'histoire, le Destin, Dieu, la Raison, une philosophie de l'histoire, fût-elle inconsciente, ne préside-t-elle pas toujours au travail de l'historien ? Science de l'interprétation plus que science positive, au carrefour de l'érudition et de la création, l'histoire "grand miroir où l'on se voit tout entier", selon Rousseau, réfléchit avant tout notre rapport à la réalité.
Cette anthologie rassemble les plus grands textes sur l'histoire, de Hérodote à Foucault, en passant par Thucydide, saint Augustin, Vico, Fontenelle, Montesquieu, Hegel, Kant, Michelet, Marx, Aron ou encore Braudel.
A partir d'une présentation des principaux courants de philosophie de l'histoire, l'auteur se propose de dégager les caractéristiques du régime de temporalité proprement historique.
A l'inverse du régime traditionnel, qui analyse la temporalité historique à partir d'une origine normative ou de principes anhistoriques, la reconnaissance de l'historicité du monde humain conduit à privilégier comme objet de pensée la nouveauté, la rupture. Dès lors, analyser l'histoire ne consiste plus à l'indexer sur le stable, le pérenne, mais au contraire à chercher les termes d'une pensée de la catastrophe, seule à même de pouvoir saisir le surgissement incessamment renouvelé d'institutions de sens que constitue l'histoire.
Une représentation schématique de l'histoire de la philosophie attribue aux siècles une préoccupation caractéristique, au XVIIe siècle la raison, au XIXe l'histoire. La réalité des oeuvres est évidemment plus complexe. Ce livre cherche à nourrir l'analyse de cette complexité en identifiant, sur le long terme, la construction d'une pensée de l'histoire dès le Grand Siècle. L'historicité ne peut plus alors être pensée comme une découverte tardive de la modernité. Plus spécifiquement, il cherche à circonscrire une pensée singulière du temps historique fondée sur la discontinuité.
À travers l'analyse de trois schèmes (l'époque, la catastrophe et la révolution), il fait apparaître une conception discrète, discontinue du temps historique, qui précède l'avènement des représentations ultérieures, systématiques et unifiantes de l'histoire. La découverte de l'historicité du monde semble donc avoir débuté par l'attention aux ruptures, par la nécessaire prise en compte des discontinuités que manifeste l'apparence chaotique des événements historiques.
Cet ouvrage se propose d'analyser l'émergence d'une nouvelle conception de l'histoire dans la seconde moitié du XVIIe siècle. C'est, paradoxalement, dans les controverses religieuses opposant catholiques et protestants que se produit cette nouveauté. En effet, l'argument historique joue un rôle fondamental dans ce corpus, chaque confession cherchant à assurer la pérennité de sa fid élité tout en accusant l'adversaire de variations, donc de trahison. Le développement des pratiques et des méthodes, mais aussil'analyse nouvelle du signe (l'Eglise et l'Eucharistie constituent deux des principaux objets de controverse) concourent à la mise en place d'un rapport proprement moderne à l'origine. Le monde humain n'est plus alors une simple perpétuation de l'origine, et la nouveauté devient l'une des expressions possibles de l'humanité. L'apport du Grand Siècle à la philosophie de l'histoire devient ainsi fondamental.
Qu'est-ce que la tolérance ? Cette question renvoie immédiatement à la dimension historique. Ce livre apporte les premiers éléments d'une réponse, dans une perspective généalogique. L'angle retenu est celui du rapport entre tolérance et Réforme aux XVIe et XVIIe siècles. Certes, la Réforme à elle seule n'a pas fait naître l'exigence de tolérance, mais quelque chose d'essentiel se joue en son surgissement et son affirmation.