En 1783, à la parution du livre, Rétif a cinquante ans, comme son héros. Car cette histoire, la dernière aventure d'un vieux séducteur, il l'a vécue. Le roman est une autobiographie déguisée, récit d'une expérience cruelle:la jeune et belle Sara, qu'il aime et qui lui dit l'aimer, vend ses faveurs à d'autres. C'est la découverte, avec la jalousie, de l'illusion amoureuse, du mirage de l'amour, toujours déçu et toujours renaissant. C'est aussi la prise de conscience brutale de la vieillesse, du corps qui cesse d'être désirable:la fin d'une carrière de séducteur. L'ambition de Rétif est de confondre sa vie avec l'écriture:toute son oeuvre est une recréation littéraire de sa vie, annonçant la pratique actuelle de l'autofiction. Tel un Rousseau libertin, il place la sincérité au-dessus de tout, et raconte ses conquêtes féminines comme ses échecs et humiliations. Ce très beau roman, mélancolique et jamais moralisateur, est une ode à la jeunesse et à l'amour perdus.
L'autobiographie de Nicolas Rétif de La Bretonne, c'est son oeuvre tout entière. Dont le moindre texte place sous une lumière oblique une face ailleurs cachée de ce Protée des lettres. Dont l'ensemble révèle un homme, un amant, un auteur, tel qu'il est ; tel, aussi, qu'il se rêve : augmenté du réseau de ses possibles. Vivre, pour ce graphomane, c'est écrire ; pour ce « polyéraste », c'est séduire. Au centre de la toile, Monsieur Nicolas. Ici, bas les masques, nous dit-on. Mais Rétif confond volontiers souvenir et fantasme. Qu'importe, somme toute. Son autobiographie - qui peut sembler naïve, hétéroclite, obsessionnelle - est l'histoire d'une création, le dévoilement du coeur humain, la mise à nu de l'imaginaire et de la sensibilité d'un écrivain des dernières décennies du XVIII? siècle. Le livre manque peut-être de recul, mais c'est par ses débordements qu'il s'impose aujourd'hui, par sa volonté pathétique de dire la fuite du temps, et l'impermanence des vertus et des passions de l'homme. La présente édition, établie par Pierre Testud d'après l'originale, fait date : que celui qui était encore pour Sainte-Beuve « l'ignoble Rétif » entre dans la Pléiade marque une étape importante dans la tâche de démythification du personnage à laquelle s'est attelée la critique depuis les années 1950. L'abondante annotation, qui procure tous les éclaircissements nécessaires, fait la part belle aux citations du reste de l'oeuvre de Rétif, presque entièrement hors d'accès du public. Et l'on trouvera, en appendices, des textes jamais réédités depuis le XVIII? et qui couronnent cette nébuleuse qu'est le récit de Monsieur Nicolas.
Paris, 1781. Pour se prémunir « des grandes et des petites peines du mariage », vingt couples décident de s'associer. Répartition des tâches, des biens et des conjoints : la petite communauté prend ses marques... Dans ce portrait des ancêtres des hippies, Rétif de La Bretonne dépeint avec humour les aléas du mariage. Ce texte insolite est suivi d'un très instructif Tableau analytique du cocuage, par Charles Fourier, et d'une nouvelle aigre-douce de Zola : Comment on se marie.
Hippies, cocus et comptables, chacun trouve son compte dans une savoureuse galerie de portraits. Impertinente, pessimiste - ou peut-être cruellement réaliste ? -, voici une décoiffante exploration du couple.
L'autobiographie de Nicolas Rétif de La Bretonne, c'est son oeuvre tout entière. Dont le moindre texte place sous une lumière oblique une face ailleurs cachée de ce Protée des lettres. Dont l'ensemble révèle un homme, un amant, un auteur, tel qu'il est ; tel, aussi, qu'il se rêve : augmenté du réseau de ses possibles. Vivre, pour ce graphomane, c'est écrire ; pour ce « polyéraste », c'est séduire. Au centre de la toile, Monsieur Nicolas. Ici, bas les masques, nous dit-on. Mais Rétif confond volontiers souvenir et fantasme. Qu'importe, somme toute. Son autobiographie - qui peut sembler naïve, hétéroclite, obsessionnelle - est l'histoire d'une création, le dévoilement du coeur humain, la mise à nu de l'imaginaire et de la sensibilité d'un écrivain des dernières décennies du XVIII? siècle. Le livre manque peut-être de recul, mais c'est par ses débordements qu'il s'impose aujourd'hui, par sa volonté pathétique de dire la fuite du temps, et l'impermanence des vertus et des passions de l'homme. La présente édition, établie par Pierre Testud d'après l'originale, fait date : que celui qui était encore pour Sainte-Beuve « l'ignoble Rétif » entre dans la Pléiade marque une étape importante dans la tâche de démythification du personnage à laquelle s'est attelée la critique depuis les années 1950. L'abondante annotation, qui procure tous les éclaircissements nécessaires, fait la part belle aux citations du reste de l'oeuvre de Rétif, presque entièrement hors d'accès du public. Et l'on trouvera, en appendices, des textes jamais réédités depuis le XVIII? et qui couronnent cette nébuleuse qu'est le récit de Monsieur Nicolas.
Depuis 1786, le Palais-royal est devenu, avec ses boutiques, ses cafés et ses théâtres le centre de la vie parisienne, politique, mondaine et libertine. Là se retrouvent écrivains, journalistes, avocats, badauds et curieux. On y discute, on s'y promène, on se plaît à détailler dans la foule les demi-mondaines, les grisettes et les filles publiques. Par son titre, l'ouvrage de Rétif est donc bien propre à attirer l'attention du lecteur. Le faux-titre, "Les Filles du Palais-royal", puis le titre de la première Partie, "Les Filles de l'Allée des Soupirs", précisent le sujet en annonçant un livre libertin. À vrai dire, il s'agit de tout autre chose que de ces almanachs ou catalogues de filles publiques, sortes de guides des plaisirs à l'usage des provinciaux débarquant à Paris. Le Palais-royal est avant tout le lieu d'un plaisir romanesque: le narrateur paye les filles non pour en obtenir des faveurs, mais pour entendre leur histoire. L'objet du livre est l'en deçà de la prostitution, non sa pratique. À la relation sexuelle est substituée une relation de parole et d'écoute.
Avec "Les Sunamites", un autre mode de prostitution est présenté: ici de jeunes vierges couchent chastement avec des vieillards pour leur redonner vitalité, par le contact de leur corps et la fraîcheur de leur haleine. L'état de sunamite est du reste provisoire: elles deviennent, selon leurs aptitudes, soit des "berceuses", soit des "chanteuses", soit des "converseuses". Leur corps n'est plus en jeu, seul compte leur esprit. Les "berceuses" sont chargées d'endormir les vieillards par l'agrément de leur conversation, les "chanteuses" de soulager par la qualité de leur voix les maux de la vie, les "converseuses" de faire de même par leur talent à raconter des histoires. Ces "ex-Sunamites", dit Rétif, cessent d'être des filles publiques et deviennent des citoyennes. Ainsi, à mesure que l'ouvrage progresse, le monde du Palais-royal s'élève au-dessus du vulgaire et du sordide pour atteindre un niveau où la parole seule est le souverain remède à toutes les infortunes et les frustrations de la vie, où converser c'est conserver, où narrer des histoires est la fonction salvatrice par excellence. C'est en somme la célébration de l'écrivain.
édition établie, présentée et annotée par Pierre Testud, professeur émérite de l'université de Poitiers, responsable de la revue Études rétiviennes, éditeur de Monsieur Nicolas de Rétif de la Bretonne, dans la bibliothèque de la Pléiade et de Mes Inscripcions (1779-1785) suivi du Journal (1785-1789) aux éditions Manucius.
L'édition de cette partie du Journal est le complément nécessaire du volume déjà paru en 2006 par le soin des Editions Manucius qui portait sur les premières années, 1779-1789.1.e manuscrit conservé à la Bibliothèque nationale de France va du 20 août 1787 au 12 juin 1796, fait suite à une liasse déposée dans les Archives de la Bastille, à la Bibliothèque de l'Arsenal.
Ce journal ne ressemble à aucun autre: loin de toute préoccupation littéraire, de toute pensée d'un lecteur futur, il se présente comme une suite de notes lapidaires, où Rétif consigne les étapes de son travail d'écrivain et d'imprimeur, ses relations avec les libraires, ses déambulations dans les rues de Paris, ses rencontres, ses sorties au théâtre. II tient également registre de ses maladies, et des secrets de sa vie sexuelle auprès de ses deux filles.
C'est une masse d'informations que nous livrent ces notes prises au jour le jour. On y voit un Rétif acharné à imprimer les milliers de pages de son autobiographie, Monsieur Nicolas, de son vaste recueil de L'Année des dames nationales et de la somme théâtrale qu'est Le Drame de la vie. Le papier est rare, donc cher, et les caractères dans la casse sont disparates, de mauvaise qualité, parfois manquants.
Mais ni le délabrement de sa santé, ni la misère, ne l'empêcheront de mener à bien ces grandes entreprises. Ce journal permet aussi de mesurer combien Rétif est un être social. Il rend des visites, accepte de nombreuses invitations. Il a des amis fidèles, qui lui viennent en aide autant qu'ils le peuvent. Parmi eux Louis-Sébastien Mercier, dramaturge à succès, auteur du célèbre Tableau de Paris, homme politique en vue, influent après la chute de Robespierre.
Faure de salon mondain (le salon de Mme de Beauharnais a disparu dans la tourmente révolutionnaire), Rétif devient un client assidu du café Manoury. C'est là qu'il apprend les nouvelles du jour, en discute, se lie avec quelques personnages. Ajoutons qu'il note aussi dans son journal, avec les événements de sa vie privée, les faits marquants de l'actualité politique et militaire, suggérant ainsi que ce qui se passe à l'Assemblée ou sur les champs de bataille n'est pas dissociable de son destin individuel.
Il n'est décidément pas l'ermite de la rue de la Bûcherie, enfermé dans sa graphomanie. Au final, cette oeuvre qui s'interrompt brusquement au bas d'une page, à la date du 12 juin 1796, et dont la suite est sans doute perdue à jamais, révèle une personnalité complexe, attachante, un travailleur inlassable, et cependant un homme ouvert sur le monde qui l'entoure. Un homme aux prises avec les pires difficultés matérielles et toujours habité, cependant, par sa foi dans l'importance du livre.
L'Anti-Justine ne devait proposer au lecteur que des "images voluptueuses" : "les sens, dit Restif, y parleront au coeur" mais - qu'on songe au moine Fout-à-Mort et à ses exploits - Restif y peint des tableaux du sadisme le plus délirant.
Femmes dépecées chez Restif, hymne à l'inceste chez le marquis de Sade : les deux adversaires, après tout, auraient pu s'entendre ! "Sade et Restif se rencontrent dans l'autre monde; imaginez leur entretien": quel beau sujet de composition française pour des bacheliers en herbe, si les dialogues des morts à la Fontenelle étaient encore en honneur dans l'Université !
Rétif de la Bretonne Lucile Roman Collection " Il était une fois... " " Oui, je le sens, il serait plus avantageux de servir, de vivre dans la misère que dans le déshonneur. Il est donc vrai, et tout me l'annonce qu'il vaudrait mieux accepter une chose désagréable, en demeurant dans l'ordre prescrit par la nature, que de chercher par désobéissance un bonheur imaginaire... " - Lucile Lucile est belle, Lucile est jeune, mais Lucile est naïve. De sa campagne natale à la capitale, du cabinet d'une mère maquerelle au boudoir d'un homme du monde, Lucile découvre de mésaventures en rebondissements, les hommes et l'amour.
Inspirée d'une anecdote scandaleuse, publiée en 1768, ce deuxième roman de Rétif de la Bretonne n'est disponible que dans des oeuvres complètes ou recueils.
L'autobiographie de Nicolas Rétif de La Bretonne, c'est son oeuvre tout entière. Dont le moindre texte place sous une lumière oblique une face ailleurs cachée de ce Protée des lettres. Dont l'ensemble révèle un homme, un amant, un auteur, tel qu'il est ; tel, aussi, qu'il se rêve : augmenté du réseau de ses possibles.
Vivre, pour ce graphomane, c'est écrire ; pour ce « polyéraste », c'est séduire. Au centre de la toile, Monsieur Nicolas. Ici, bas les masques, nous dit-on. Mais Rétif confond volontiers souvenir et fantasme. Qu'importe, somme toute. Son autobiographie - qui peut sembler naïve, hétéroclite, obsessionnelle - est l'histoire d'une création, le dévoilement du coeur humain, la mise à nu de l'imaginaire et de la sensibilité d'un écrivain des dernières décennies du XVIIIe siècle. Le livre manque peut-être de recul, mais c'est par ses débordements qu'il s'impose aujourd'hui, par sa volonté pathétique de dire la fuite du temps, et l'impermanence des vertus et des passions de l'homme.
La présente édition, établie par Pierre Testud d'après l'originale, fait date : que celui qui était encore pour Sainte-Beuve « l'ignoble Rétif » entre dans la Pléiade marque une étape importante dans la tâche de démythification du personnage à laquelle s'est attelée la critique depuis les années 1950. L'abondante annotation, qui procure tous les éclaircissements nécessaires, fait la part belle aux citations du reste de l'oeuvre de Rétif, presque entièrement hors d'accès du public. Et l'on trouvera, en appendices, des textes jamais réédités depuis le XVIIIe et qui couronnent cette nébuleuse qu'est le récit de Monsieur Nicolas.
a la fois exemplaires de l'esprit des lumières et annonciateurs des préoccupations modernes, en ce qu'ils amorcent une réflexion critique sur le colonialisme, les dictatures théocratiques, les relations nord-sud, la justice etc.
, ces deux textes méconnus de nicolas rétif de la bretonne, retrouvés dans les collections de la bibliothèque municipale d'auxerre par branko aleksic, sont aussi des récits d'aventures pleins de rebondissements.
Qui Rétif rencontre-t-il lorsqu'il se promène la nuit du côté des Tuileries, de la foire Saint-Laurent, du Jardin des plantes, au bal de l'Opéra ou dans les allées du nouveau Palais-Royal ? Une Vaporeuse, une fille violentée, une fille perdue, une fille honteuse, une fille ensevelie vivante, un homme aux lapins, un homme qui ne dépense rien, un décolleur d'affiches, un homme échappé au supplice, un pendu puis rompu, des bouchers, deux abbés qui se battent en duel, un garçon en fille, des tueurs-de-temps, des violateurs de sépultures, des balayeurs, des acteurs, des littérateurs et toutes les «incongruités nocturnes» qu'offfrent les bas-fonds, les ruelles, les bals, les cafés et les cachots de Paris à la veille de la Révolution. Les surréalistes se souviendront du Paris de Rétif, qui est déjà celui de Nerval et de Baudelaire.
La Vie de mon père retrace le parcours d'un « honnête homme » et propose le tableau des vertus de la vie à la campagne. Mais Rétif propose en filigrane une remise en cause de l'autorité paternelle. La biographie du père apparaît ainsi comme un préalable narratif à l'autobiographie du fils, entamée cinq ans après.
Le Paysan et la Paysanne pervertis est la réunion de deux romans épistolaires, Le Paysan perverti (1776) et La Paysanne pervertie (1784), opérée par Rétif de la Bretonne pour constituer un roman monumental, publié en 1787. Il ne s'agit pas simplement d'une addition des deux oeuvres, mais d'un entrelacement des lettres de l'un et de l'autre, et souvent même d'une réécriture. «Cet ouvrage, qui m'a donné une existence dans le monde, fut la source de ma réputation et me procura une considération dont tous les bons esprits me donnent encore des marques», dit Rétif, et rien n'est plus exact. Le schéma structurant du roman est l'histoire d'une chute hors du paradis terrestre (la campagne), plongeant le paysan et la paysanne dans le vice et le péché, suivie d'une rédemption, avant le châtiment divin. Mais ce schéma n'est qu'un soubassement recouvert par un romanesque foisonnant. Rétif a voulu écrire une oeuvre forte, où se trouvent mises en question les valeurs de la morale commune, où la cruauté, voire le sadisme, l'inceste ont leur place, où l'amitié elle-même est poussée jusqu'au désir homosexuel, où l'expression du pathétique et du tragique dépasse ce que la littérature du siècle offrait d'ordinaire. Le Paysan et la Paysanne pervertis est un roman paroxystique, au centre duquel s'impose la figure de Gaudet d'Arras, moine défroqué, philosophe matérialiste spinoziste, corrupteur d'Edmond et d'Ursule, et victime aussi d'une ambition révolutionnaire mal conçue. Le bonheur n'est pas au bout d'une aventure individuelle, mais dans une vie communautaire dont les statuts sont présentés en conclusion. Somme philosophique et romanesque, cet ouvrage est à placer auprès des chefs-d'oeuvre du XVIIIe siècle. Rétif y voyait à juste titre une pièce maîtresse de son oeuvre : «C'est un livre plein de choses et de chaleur», dit-il. Un livre qui est dans la lignée de l'Histoire de Cleveland de l'abbé Prévôt, de La Nouvelle Héloïse de Rousseau et d'Aline et Valcour de Sade.
Cette édition, au texte soigneusement établi, annoté, précédé d'une copieuse introduction, devrait contribuer à mettre ce roman à sa juste place dans l'histoire littéraire.
Le Paysan et la Paysanne pervertis est la réunion de deux romans épistolaires, Le Paysan perverti (1776) et La Paysanne pervertie (1784), opérée par Rétif de la Bretonne pour constituer un roman monumental, publié en 1787. Il ne s'agit pas simplement d'une addition des deux oeuvre, mais d'un entrelacement des lettres de l'un et de l'autre, et souvent même d'une réécriture. « Cet ouvrage, qui m'a donné une existence dans le monde, fut la source de ma réputation et me procura une considération dont tous les bons esprits me donnent encore des marques» , dit Rétif, et rien n'est plus exact.
Le schéma structurant du roman est l'histoire d'une chute hors du paradis terrestre (la campagne), plongeant le paysan et la paysanne dans le vice et le péché, suivie d'une rédemption, avant le châtiment divin. Mais ce schéma n'est qu'un soubassement recouvert par un romanesque foisonnant. Rétif a voulu écrire une oeuvre forte, où se trouvent mises en question les valeurs de la morale commune, où la cruauté, voire le sadisme, l'inceste ont leur place, où l'amitié elle-même est poussée jusqu'au désir homosexuel, où l'expression du pathétique et du tragique dépasse ce que la littérature du siècle offrait d'ordinaire. Le Paysan et la Paysanne pervertis est un roman paroxystique, au centre duquel s'impose la figure de Gaudet d'Arras, moine défroqué, philosophe matérialiste spinoziste, corrupteur d'Edmond et d'Ursule, et victime aussi d'une ambition révolutionnaire mal conçue. Le bonheur n'est pas au bout d'une aventure individuelle, mais dans une vie communautaire dont les statuts sont présentés en conclusion.
Somme philosophique et romanesque, cet ouvrage est à placer auprès des chefs-d'oeuvre du XVIIIe siècle. Rétif y voyait à juste titre une pièce maîtresse de son oeuvre : « C'est un livre plein de choses et de chaleur », dit-il. Un livre qui est dans la lignée de l'Histoire de Cleveland de l'abbé Prévôt, de La Nouvelle Héloïse de Rousseau et d'Aline et Valcour de Sade. Cette édition, au texte soigneusement établi, annoté, précédé d'une copieuse introduction, devrait contribuer à mettre ce roman à sa juste place dans l'histoire littéraire.
Cette première édition moderne des Contemporaines de Rétif de la Bretonne, recueil de nouvelles publié de 1780 à 1785, donne à lire dans sa totalité les 42 volumes de l'édition originale, soit « 272 nouvelles en 444 histoires ». Cette oeuvre, dont n'a été rééditée qu'une infime partie, offre le panorama complet de l'univers rétivien. Rétif a mis dans ce monument narratif ses idées, ses obsessions, ses fantasmes, son panthéon féminin ; il y a mis aussi des contes, des chansons, des saynètes, le langage du monde et celui du peuple, toutes les formes d'expression qui lui étaient chères. Depuis 1760, la mode était aux recueils de récits courts, adaptés au goût d'un public élargi qui tendait à préférer la lecture aisée d'anecdotes, d'historiettes, de faits divers à celle des romans nécessitant un effort d'attention soutenu. Mais le recueil des Contemporaines est d'une ampleur et d'une ambition sans précédent. Rétif le présente comme «l'histoire complète des moeurs du XVIIIe siècle ». Au-delà de l'objectif moral affiché (proposer des leçons de bonheur conjugal), s'impose l'intérêt documentaire. De même que Rétif sera, quelques années plus tard, « le spectateur nocturne » des Nuits de Paris, il est ici le spectateur diurne du monde qui l'entoure. Tandis que les autres écrivains, dit-il, ont « travaillé d'imagination », lui a « négligé tous les ornements de la fiction ». Le titre du recueil est déjà une promesse de vérité : en étant des contemporaines, les héroïnes appartiennent au monde du lecteur, et c'est l'image de cette société de la deuxième moitié du XVIIIe siècle que nous restituent les nouvelles. Une image fondée sur des choses vues et entendues. Mais sur ce terreau, le romanesque se déploie librement, jusqu'à l'extravagance. Le succès de l'ouvrage en son temps (la deuxième grande réussite de Rétif, après la publication du Paysan perverti en 1775) montre que cette formule correspondait bien à l'attente des lecteurs. L'originalité de Rétif est aussi d'avoir voulu dépasser la simple addition de récits en tissant des liens entre les nouvelles, guidé par le souci de donner à l'ensemble la cohésion d'une totalité narrative. Il a ébauché ce que Balzac systématisera quelques décennies plus tard : la récurrence des personnages, la connexion entre des histoires. Mais il ne faut pas pour autant lire et juger Les Contemporaines à la lumière des nouvelles du siècle suivant. Rétif, quelle que soit son aspiration à la différence, son mépris proclamé des codes stylistiques de l'époque, appartient à la littérature et à la société de son temps. De l'une et de l'autre, il a été le témoin privilégié. Enfin, on ne saurait donner aujourd'hui une édition des Contemporaines sans les estampes qui accompagnaient chaque nouvelle, tant ces illustrations ont une fonction narrative et contribuent au charme des volumes.
Cette première édition moderne des Contemporaines de Rétif de la Bretonne, recueil de nouvelles publié de 1780 à 1785, donne à lire dans sa totalité les 42 volumes de l'édition originale, soit « 272 nouvelles en 444 histoires ». Cette oeuvre, dont n'a été rééditée qu'une infime partie, offre le panorama complet de l'univers rétivien. Rétif a mis dans ce monument narratif ses idées, ses obsessions, ses fantasmes, son panthéon féminin ; il y a mis aussi des contes, des chansons, des saynètes, le langage du monde et celui du peuple, toutes les formes d'expression qui lui étaient chères.
Depuis 1760, la mode était aux recueils de récits courts, adaptés au goût d'un public élargi qui tendait à préférer la lecture aisée d'anecdotes, d'historiettes, de faits divers à celle des romans nécessitant un effort d'attention soutenu. Mais le recueil des Contemporaines est d'une ampleur et d'une ambition sans précédent. Rétif le présente comme « l'histoire complète des moeurs du XVIIIe siècle ». Au-delà de l'objectif moral affiché (proposer des leçons de bonheur conjugal), s'impose l'intérêt documentaire. De même que Rétif sera, quelques années plus tard, « le spectateur nocturne » des Nuits de Paris, il est ici le spectateur diurne du monde qui l'entoure. Tandis que les autres écrivains, dit-il, ont « travaillé d'imagination », lui a « négligé tous les ornements de la fiction ». Le titre du recueil est déjà une promesse de vérité: en étant des contemporaines, les héroïnes appartiennent au monde du lecteur, et c'est l'image de cette société de la deuxième moitié du XVIIIe siècle que nous restituent les nouvelles. Une image fondée sur des choses vues et entendues. Mais sur ce terreau, le romanesque se déploie librement, jusqu'à l'extravagance. Le succès de l'ouvrage en son temps (la deuxième grande réussite de Rétif, après la publication du Paysan perverti en 1775) montre que cette formule correspondait bien à l'attente des lecteurs.
L'originalité de Rétif est aussi d'avoir voulu dépasser la simple addition de récits en tissant des liens entre les nouvelles, guidé par le souci de donner à l'ensemble la cohésion d'une totalité narrative. Il a ébauché ce que Balzac systématisera quelques décennies plus tard: la récurrence des personnages, la connexion entre des histoires. Mais il ne faut pas pour autant lire et juger Les Contemporaines à la lumière des nouvelles du siècle suivant. Rétif, quelle que soit son aspiration à la différence, son mépris proclamé des codes stylistiques de l'époque, appartient à la littérature et à la société de son temps. De l'une et de l'autre, il a été le témoin privilégié.
Enfin, on ne saurait donner aujourd'hui une édition des Contemporaines sans les estampes qui accompagnaient chaque nouvelle, tant ces illustrations ont une fonction narrative et contribuent au charme des volumes.
Cette première édition moderne des Contemporaines de Rétif de la Bretonne, recueil de nouvelles publié de 1780 à 1785, donne à lire dans sa totalité les 42 volumes de l'édition originale, soit « 272 nouvelles en 444 histoires ». Cette oeuvre, dont n'a été rééditée qu'une infime partie, offre le panorama complet de l'univers rétivien. Rétif a mis dans ce monument narratif ses idées, ses obsessions, ses fantasmes, son panthéon féminin ; il y a mis aussi des contes, des chansons, des saynètes, le langage du monde et celui du peuple, toutes les formes d'expression qui lui étaient chères.
Depuis 1760, la mode était aux recueils de récits courts, adaptés au goût d'un public élargi qui tendait à préférer la lecture aisée d'anecdotes, d'historiettes, de faits divers à celle des romans nécessitant un effort d'attention soutenu. Mais le recueil des Contemporaines est d'une ampleur et d'une ambition sans précédent. Rétif le présente comme « l'histoire complète des moeurs du XVIIIe siècle ». Au-delà de l'objectif moral affiché (proposer des leçons de bonheur conjugal), s'impose l'intérêt documentaire. De même que Rétif sera, quelques années plus tard, « le spectateur nocturne » des Nuits de Paris, il est ici le spectateur diurne du monde qui l'entoure. Tandis que les autres écrivains, dit-il, ont « travaillé d'imagination », lui a « négligé tous les ornements de la fiction ». Le titre du recueil est déjà une promesse de vérité: en étant des contemporaines, les héroïnes appartiennent au monde du lecteur, et c'est l'image de cette société de la deuxième moitié du XVIIIe siècle que nous restituent les nouvelles. Une image fondée sur des choses vues et entendues. Mais sur ce terreau, le romanesque se déploie librement, jusqu'à l'extravagance. Le succès de l'ouvrage en son temps (la deuxième grande réussite de Rétif, après la publication du Paysan perverti en 1775) montre que cette formule correspondait bien à l'attente des lecteurs.
L'originalité de Rétif est aussi d'avoir voulu dépasser la simple addition de récits en tissant des liens entre les nouvelles, guidé par le souci de donner à l'ensemble la cohésion d'une totalité narrative. Il a ébauché ce que Balzac systématisera quelques décennies plus tard: la récurrence des personnages, la connexion entre des histoires. Mais il ne faut pas pour autant lire et juger Les Contemporaines à la lumière des nouvelles du siècle suivant. Rétif, quelle que soit son aspiration à la différence, son mépris proclamé des codes stylistiques de l'époque, appartient à la littérature et à la société de son temps. De l'une et de l'autre, il a été le témoin privilégié.
Enfin, on ne saurait donner aujourd'hui une édition des Contemporaines sans les estampes qui accompagnaient chaque nouvelle, tant ces illustrations ont une fonction narrative et contribuent au charme des volumes.
Cette première édition moderne des Contemporaines de Rétif de la Bretonne, recueil de nouvelles publié de 1780 à 1785, donne à lire dans sa totalité les 42 volumes de l'édition originale, soit « 272 nouvelles en 444 histoires ». Cette oeuvre, dont n'a été rééditée qu'une infime partie, offre le panorama complet de l'univers rétivien. Rétif a mis dans ce monument narratif ses idées, ses obsessions, ses fantasmes, son panthéon féminin ; il y a mis aussi des contes, des chansons, des saynètes, le langage du monde et celui du peuple, toutes les formes d'expression qui lui étaient chères.
Depuis 1760, la mode était aux recueils de récits courts, adaptés au goût d'un public élargi qui tendait à préférer la lecture aisée d'anecdotes, d'historiettes, de faits divers à celle des romans nécessitant un effort d'attention soutenu. Mais le recueil des Contemporaines est d'une ampleur et d'une ambition sans précédent. Rétif le présente comme « l'histoire complète des moeurs du XVIIIe siècle ». Au-delà de l'objectif moral affiché (proposer des leçons de bonheur conjugal), s'impose l'intérêt documentaire. De même que Rétif sera, quelques années plus tard, « le spectateur nocturne » des Nuits de Paris, il est ici le spectateur diurne du monde qui l'entoure. Tandis que les autres écrivains, dit-il, ont « travaillé d'imagination », lui a « négligé tous les ornements de la fiction ». Le titre du recueil est déjà une promesse de vérité: en étant des contemporaines, les héroïnes appartiennent au monde du lecteur, et c'est l'image de cette société de la deuxième moitié du XVIIIe siècle que nous restituent les nouvelles. Une image fondée sur des choses vues et entendues. Mais sur ce terreau, le romanesque se déploie librement, jusqu'à l'extravagance. Le succès de l'ouvrage en son temps (la deuxième grande réussite de Rétif, après la publication du Paysan perverti en 1775) montre que cette formule correspondait bien à l'attente des lecteurs.
L'originalité de Rétif est aussi d'avoir voulu dépasser la simple addition de récits en tissant des liens entre les nouvelles, guidé par le souci de donner à l'ensemble la cohésion d'une totalité narrative. Il a ébauché ce que Balzac systématisera quelques décennies plus tard: la récurrence des personnages, la connexion entre des histoires. Mais il ne faut pas pour autant lire et juger Les Contemporaines à la lumière des nouvelles du siècle suivant. Rétif, quelle que soit son aspiration à la différence, son mépris proclamé des codes stylistiques de l'époque, appartient à la littérature et à la société de son temps. De l'une et de l'autre, il a été le témoin privilégié.
Enfin, on ne saurait donner aujourd'hui une édition des Contemporaines sans les estampes qui accompagnaient chaque nouvelle, tant ces illustrations ont une fonction narrative et contribuent au charme des volumes.
Cette édition donne pour la première fois l'intégralité des Nuits de Paris, avec une ponctuation modernisée et une annotation éclairant l'arrière-plan littéraire, historique et social de l'oeuvre.
Rétif en a commencé la rédaction en décembre 1786, l'a achevée en octobre 1788, pour les XIV premières Parties. Elle est conçue comme une histoire, celle de la relation entre une marquise apparue un soir à son balcon, la « vaporeuse », et un promeneur, le Hibou, spectateur et acteur de scènes nocturnes de la rue parisienne, philosophe également, car l'oiseau nyctalope est l'oiseau de Minerve, et à ce titre témoin critique de la société de l'Ancien Régime à la veille de la Révolution. Un an plus tard, en 1789, Rétif ajoute une XVe Partie, La Semaine nocturne, puis une XVIe, Vingt Nuits de Paris, en 1793, sous la Terreur. L'Histoire a fait irruption et se mêle au romanesque. Les Nuits sont devenues, plus qu'un témoignage historique, un témoignage politique sur les rapports entre littérature et Révolution.
À tous égards, les Nuits sont l'oeuvre la plus originale de Rétif, la manifestation la plus évidente de sa liberté et de sa modernité.
Cette édition présente l'inventaire complet des échanges épistolaires entre Rétif et son entourage social et familial. Il recueille à la fois les lettres conservées et celles dont l'existence est attestée dans diverses sources, notamment dans Mes Inscripcions et le Journal, lettres dont la teneur a pu être reconstituée partiellement.
Rétif a lui-même imprimé dans ses ouvrages une grande partie de ses lettres, écrites ou reçues. Mais il les a disséminées un peu partout. Les autres sont tirées de fonds d'archives, de fragments manuscrits, de collections particulières. Nous avons regroupé toutes ces pièces éparpillées, en les datant le cas échéant, en les classant et en les éclairant par des notes. Nous avons fait le choix d'un classement chronologique. Mais afin de faciliter les recherches, nous avons joint trois index : des noms, des titres et des principaux sujets.
Notre entreprise est dans le prolongement de la tâche que s'était fixée Rétif en imprimant sa correspondance : ajouter une pièce au dossier de l'autobiographie. Il a affirmé ce lien à plusieurs reprises. L'impression de ses lettres entrait dans un vaste plan d'annexes à Monsieur Nicolas, dont témoignent Mon Calendrier, Mes Ouvrages, Ma Politique, Ma Morale, Ma Religion, la Philosophie de Monsieur Nicolas. À ces annexes s'ajoutait donc celle que l'on pourrait intituler Ma Correspondance. Elle donne, en regard de la subjectivité du récit de Monsieur Nicolas, une documentation objective permettant au lecteur de construire sa propre perception de l'histoire.
Elle complète ainsi notre connaissance du travail de l'écrivain, de ses relations avec le monde de la librairie, de son statut social, de sa vie personnelle et familiale.
Cette première édition moderne des Contemporaines de Rétif de la Bretonne, recueil de nouvelles publié de 1780 à 1785, donne à lire dans sa totalité les 42 volumes de l'édition originale, soit « 272 nouvelles en 444 histoires ». Cette oeuvre, dont n'a été rééditée qu'une infime partie, offre le panorama complet de l'univers rétivien. Rétif a mis dans ce monument narratif ses idées, ses obsessions, ses fantasmes, son panthéon féminin ; il y a mis aussi des contes, des chansons, des saynètes, le langage du monde et celui du peuple, toutes les formes d'expression qui lui étaient chères.
Depuis 1760, la mode était aux recueils de récits courts, adaptés au goût d'un public élargi qui tendait à préférer la lecture aisée d'anecdotes, d'historiettes, de faits divers à celle des romans nécessitant un effort d'attention soutenu. Mais le recueil des Contemporaines est d'une ampleur et d'une ambition sans précédent. Rétif le présente comme « l'histoire complète des moeurs du XVIIIe siècle ». Au-delà de l'objectif moral affiché (proposer des leçons de bonheur conjugal), s'impose l'intérêt documentaire. De même que Rétif sera, quelques années plus tard, « le spectateur nocturne » des Nuits de Paris, il est ici le spectateur diurne du monde qui l'entoure. Tandis que les autres écrivains, dit-il, ont « travaillé d'imagination », lui a « négligé tous les ornements de la fiction ». Le titre du recueil est déjà une promesse de vérité : en étant des contemporaines, les héroïnes appartiennent au monde du lecteur, et c'est l'image de cette société de la deuxième moitié du XVIIIe siècle que nous restituent les nouvelles. Une image fondée sur des choses vues et entendues. Mais sur ce terreau, le romanesque se déploie librement, jusqu'à l'extravagance. Le succès de l'ouvrage en son temps (la deuxième grande réussite de Rétif, après la publication du Paysan perverti en 1775) montre que cette formule correspondait bien à l'attente des lecteurs.
L'originalité de Rétif est aussi d'avoir voulu dépasser la simple addition de récits en tissant des liens entre les nouvelles, guidé par le souci de donner à l'ensemble la cohésion d'une totalité narrative. Il a ébauché ce que Balzac systématisera quelques décennies plus tard : la récurrence des personnages, la connexion entre des histoires. Mais il ne faut pas pour autant lire et juger Les Contemporaines à la lumière des nouvelles du siècle suivant. Rétif, quelle que soit son aspiration à la différence, son mépris proclamé des codes stylistiques de l'époque, appartient à la littérature et à la société de son temps. De l'une et de l'autre, il a été le témoin privilégié.
Rétif, " l'homme de quarante-cinq ans " raconte, sous des noms déguisés, l'histoire de sa passion pour Sara, une jeune voisine de dix-huit ans. Histoire d'abord inscrite lapidairement sur les quais de l'île Saint-Louis, puis écrite presque immédiatement, sans en attendre la fin. Elle sera plus tard, dans une version abrégée, intégrée par Rétif dans son autobiographie, Monsieur Nicolas, version reprise par les éditeurs modernes, au détriment du roman originel. La présente édition en donne à lire, pour la première fois depuis 1783, le texte complet, avec ses pièces annexes et néanmoins parties intégrantes de la construction romanesque. Jalonnée de dates précises et rapprochées, nourrie de tous les événements qui constituent l'expérience concrète d'une liaison amoureuse, cette oeuvre en est sinon le journal, du moins la minutieuse chronique. Elle raconte la difficulté de rompre autant qu'elle décrit les bonheurs et les tourments de l'amour. Rétif a su exprimer la jalousie, les désillusions, les humiliations avec une remarquable sobriété narrative. Dans quelle mesure Sara fut-elle vénale ou sincère, victime de sa mère ou sa complice ? Ce livre sur les souffrances de la jalousie, les illusions de l'amour, le pouvoir corrupteur de l'argent, le mystère irréductible des êtres a sa place entre Manon Lescaut et Un Amour de Swann.
Cette première édition moderne des Contemporaines de Rétif de la Bretonne, recueil de nouvelles publié de 1780 à 1785, donne à lire dans sa totalité les 42 volumes de l'édition originale, soit « 272 nouvelles en 444 Histoires ». Cette oeuvre, dont n'a été rééditée qu'une infime partie, offre le panorama complet de l'univers rétivien. Rétif a mis dans ce monument narratif ses idées, ses obsessions, ses fantasmes, son panthéon féminin ; il y a mis aussi des contes, des chansons, des saynètes, le langage du monde et celui du peuple, toutes les formes d'expression qui lui étaient chères.
Depuis 1760, la mode était aux recueils de récits courts, adaptés au goût d'un public élargi qui tendait à préférer la lecture aisée d'anecdotes, d'historiettes, de faits divers à celle des romans nécessitant un effort d'attention soutenu. Mais le recueil des Contemporaines est d'une ampleur et d'une ambition sans précédent. Rétif le présente comme « l'histoire complète des moeurs du XVIIIe siècle ». Au-delà de l'objectif moral affiché (proposer des leçons de bonheur conjugal), s'impose l'intérêt documentaire. De même que Rétif sera, quelques années plus tard, « le spectateur nocturne » des Nuits de Paris, il est ici le spectateur diurne du monde qui l'entoure. Tandis que les autres écrivains, dit-il, ont « travaillé d'imagination », lui a « négligé tous les ornements de la fiction ». Le titre du recueil est déjà une promesse de vérité : en étant des contemporaines, les héroïnes appartiennent au monde du lecteur, et c'est l'image de cette société de la deuxième moitié du XVIIIe siècle que nous restituent les nouvelles. Une image fondée sur des choses vues et entendues. Mais sur ce terreau, le romanesque se déploie librement, jusqu'à l'extravagance. Le succès de l'ouvrage en son temps (la deuxième grande réussite de Rétif, après la publication du Paysan perverti en 1775) montre que cette formule correspondait bien à l'attente des lecteurs.
L'originalité de Rétif est aussi d'avoir voulu dépasser la simple addition de récits en tissant des liens entre les nouvelles, guidé par le souci de donner à l'ensemble la cohésion d'une totalité narrative. Il a ébauché ce que Balzac systématisera quelques décennies plus tard : la récurrence des personnages, la connexion entre des histoires. Mais il ne faut pas pour autant lire et juger Les Contemporaines à la lumière des nouvelles du siècle suivant. Rétif, quelle que soit son aspiration à la différence, son mépris proclamé des codes stylistiques de l'époque, appartient à la littérature et à la société de son temps. De l'une et de l'autre, il a été le témoin privilégié.
Enfin, on ne saurait donner aujourd'hui une édition des Contemporaines sans les estampes qui accompagnaient chaque nouvelle, tant ces illustrations ont une fonction narrative et contribuent au charme des volumes.