L'ego-histoire est un genre à part entière où l'historien, en signalant d'où il parle, se situe dans l'acte de produire l'histoire, laquelle est, pour Philippe Josserand, une expérience existentielle. Jouant le jeu d'un retour sur soi sans se prendre au « je », il interroge son parcours d'homme, d'historien, et montre que sa discipline le tient face à la béance, lui permettant d'apprivoiser le chaos du monde et de l'être pour y reconnaître un ordre empreint de beauté.
Si l'intime a sa part, irréductible, le livre souligne d'abord ce qui distingue et ce qui unit, ce qui fait que le « nous », parfois, est un « autre » et que l'« autre » résonne en « nous », forgeant appartenances et identités. Édition préfacée par Julien Théry et postfacée par Patrick Boucheron.
Aujourd'hui encore, Jacques de Molay fascine. Parmi les vingt-trois grands-maîtres qui se sont succédé à la tête de l'ordre du Temple entre 1120 et 1312, il est sans doute le seul dont le public intéressé par l'histoire conserve la mémoire. Les Rois maudits de Maurice Druon l'ont immortalisé et de récents supports, du Da Vinci Code à Assassin's Creed, ont répandu son nom dans le monde entier. Pourtant, s'il est ancré dans le mythe, Jacques de Molay n'a guère captivé les historiens. Il est un « inconnu célèbre », d'ordinaire déprécié, sur lequel bien des incertitudes persistent jusque pour ses dates essentielles - sa naissance, son élection ou même sa mort. Les traces de son action, toutefois, sont loin d'être indigentes. Ces sources, étudiées de façon systématique et confrontées aux différentes mémoires existantes, offrent un nouvel éclairage sur le grand-maître : débarrassé des stéréotypes, Jacques de Molay peut enfin sortir de l'ombre.
Trois parties structurent le livre. La première traite des images du dignitaire, révélant comment, à partir du début du XIXe siècle, un archétype du héros tragique s'est mis en place. La seconde s'attache à l'homme et analyse son parcours pour établir la manière dont il s'est élevé jusqu'au sommet du Temple au sort duquel, de la Terre sainte aux geôles de Philippe le Bel, il s'est identifié. Les engagements de Jacques de Molay, enfin, sont au coeur de la troisième partie. Le soutien à l'Orient latin et la défense de son ordre, qu'il s'est efforcé d'adapter au mieux à une conjoncture lourde de périls, ont été les priorités de cet homme ferme et entreprenant, bien loin de l'incapable que trop d'auteurs décrivent. Ainsi, jusque dans la tourmente du procès du Temple, il a cherché à sauvegarder son institution puis arrêtée la perte de celle-ci, à en préserver la mémoire face aux juges et à la mort : il le fit, le 11 mars 1314, en rétractant des aveux arrachés six ans et demi plus tôt sous la torture, prêt à affronter le bûcher et à réaliser ce sacrifice ultime de sa vie dont la postérité l'a vengé en y trouvant, au fil des siècles, l'assurance croissante du martyre.
Un mémo utile et richement illustré pour connaître l'histoire des Templiers.
La première synthèse scientifiquement renseignée sur l'histoire du Temple à l'échelle de la France.
Les textes réunis ici aident à mieux saisir la figure de l'« autre » à travers le Moyen Âge. Ils s'attachent, en développant des perspectives temporelles, thématiques, géographiques et culturelles variées, à interroger ce qui distingue et ce qui unit, ce qui fait que le « nous », parfois, est un « autre » - aujourd'hui comme hier - et que l'« autre » résonne en « nous », participant de nos appartenances et servant de façon décisive à les forger.
Publié avec le soutien de l'université de Nantes.
Le 4 avril 1460, depuis Sienne, le pape Pie II institue l'université de Nantes ; un an plus tard, le duc de Bretagne, François II, délivre sa charte de fondation. Cinq facultés la composent dont le pouvoir princier attend qu'elles concourent à promouvoir son autorité souveraine à partir d'une ville érigée en capitale. Projet ducal aux origines anciennes, l'université de Nantes, cependant, rayonne peu en raison de l'effacement de l'État breton. Sa disparition est actée au XVIIIe siècle, mais une renaissance s'opère en 1961, à la faveur du cinquième centenaire de l'institution dont, depuis le 1er janvier 2022, Nantes Université est l'héritière.
Cet ouvrage présente les rapports entre les hommes, les territoires, les sociétés et les espaces maritimes. L'Ouest atlantique est ici entendu dans un cadre large, de la mer du Nord à la péninsule Ibérique et l'époque envisagée, de l'Antiquité tardive à la période contemporaine.
Avec une préface de Philippe Contamine.
Souvent évoquée, "la marge" ne bénéficie que d'une fortune heuristique limitée par rapport à des concepts proches. Le mot, sans doute, porte une part de responsabilité, car il est marqué par une profonde labilité. Ici sont interrogés les représentations de la marge, les discours qui s'intéressent à ses relations dialectiques avec le centre ou les critiques qui remettent en cause l'opposition centre/marge. Histoire, géographie, économie, droit et sciences politiques, sociologie sont mis à contribution pour éclairer ce concept.