Klänge (Résonances) est le titre de l'album que Kandinsky publia en 1913 à Munich, dans une édition de bibliophilie tirée à 300 exemplaires. Significatif de l'oeuvre de Kandinsky, l'ouvrage comporte trente-huit poèmes auxquels répondent cinquante-six bois gravés, dont douze en couleurs, d'une rare beauté. Cet ensemble de gravures sur bois, point d'aboutissement de ses théories artistiques, donne du propre aveu de Kandinsky la clef du passage de la figuration à l'abstraction autour des principaux thèmes qui habitent sa peinture. Publié pour la première fois depuis sa parution sous sa forme originale, Klänge est accompagné d'un second volume de présentation rédigé par Philippe Sers. Les deux tomes sont rassemblés sous un coffret renouant avec les exigences de la bibliophilie. Au fac-similé de l'édition originale est jointe la traduction inédite en français de Philippe Soupault, poète surréaliste et grand admirateur de Kandinsky. Dans le second volume, Philippe Sers propose des clés d'interprétation de Klänge. Les thèmes abordés par Kandinsky correspondent aux expériences fondatrices dont l'artiste veut rendre compte et qu'il s'attache à rendre perceptibles par la représentation graphique et l'évocation poétique. Le lecteur est introduit au coeur de l'aventure créatrice de Kandinsky. Il se révèle ici le grand inspirateur de Dada et de la poésie zaoum, mais aussi de la pensée russe de son époque dont il annonce les principaux thèmes. On en retrouve l'écho chez Vladimir Soloviev, Pavel Florensky ou Serge Boulgakov (le cousin de l'artiste) - ou encore chez Fiodor Dostoïevski. En confrontant les gravures à différentes oeuvres de l'artiste, Philippe Sers envisage Klänge comme le prolongement des réflexions picturales et théoriques de Kandinsky, acteur majeur de la modernité artistique du premier XXe siècle.
Peintre et théoricien, né à Moscou, Wassily Kandinsky (1866-1944) est un des tout premiers acteurs de la modernité artistique. Le fondateur du Blaue Reiter (1911) à Munich, apôtre de la couleur et de la résonance intérieure, a influencé par ses écrits et ses recherches en peinture nombre de mouvements ou d'écoles artistiques, de Dada au Bauhaus - où il enseigne de 1921 à 1933 -, en passant par De Stijl et le constructivisme russe. Admiré par André Breton, ami de Marcel Duchamp, proche de Paul Klee et de Hugo Ball, il entretint aussi des échanges nourris avec les musiciens de son temps comme Arnold Schönberg ou Thomas von Hartmann. L'auteur de Du spirituel dans l'art (1911) a laissé un ensemble considérable de peintures, mais aussi des gravures, des poésies et des compositions scéniques, qui se répartissent entre impressions (impressions du monde extérieur), improvisations (impressions du monde intérieur) et compositions (mise en tension des deux précédentes). Traversé par deux dynamiques actives, l'une allant du figuratif à l'abstrait, l'autre du profane au sacré, l'oeuvre de Kandinsky recèle un ensemble d'images voilées, porteuses du message de l'abstraction et de son inventeur, qui ont transformé notre rapport à la représentation. Spécialiste internationalement reconnu de l'oeuvre et de la pensée de Kandinsky, Philippe Sers présente le cheminement de l'artiste dans sa cohérence et dans son évolution interne. Son analyse s'appuie sur la documentation exceptionnelle à laquelle il a eu accès .depuis le début de ses travaux, dans l'atelier même de l'artiste : les écrits autobiographiques, les textes théoriques et la correspondance du peintre apportent un éclairage radicalement nouveau sur un parcours créatif d'une exceptionnelle fécondité.
Inventeur de l'art abstrait, Kandinsky (1866-1944) compte parmi les plus grands artistes de notre temps. Sa pensée a inspiré toute la modernité, de Dada au constructivisme en passant par De Stijl, le Bauhaus et même le surréalisme. Il fut l'ami de Jean Arp, de Paul Klee, de Marcel Duchamp et d'André Breton, ainsi que des musiciens Arnold Schönberg et Thomas von Hartmann. Ce livre, désormais classique, éclaire de l'intérieur une oeuvre énigmatique qui défie les analyses usuelles de l'image. Il montre comment s'est opéré chez Kandinsky le « passage à l'abstraction », et ce qu'il doit à la volonté de faire advenir une nouvelle forme de sacré. Peinture, poésie ou théâtre, chaque domaine de production entre en résonance avec l'univers terrestre et cosmique, au-delà de toute représentation directe. L'oeuvre d'art, langage de l'âme, devient aussi le lieu d'un partage et peut-être d'une communion où le spectateur est partie prenante. C'est opposer à l'analyse scientifique une autre démarche de vérité et un autre accès à l'Être du monde.En lien avec la théorie kandinskienne des formes, des couleurs et de la composition, Philippe Sers étudie les fonctions supérieures que l'artiste attribue à l'image, les rapproche de la culture chinoise et de la tradition non narrative de l'icône. De multiples exemples, en chemin, viennent à l'appui de cette exploration qui ne dissocie jamais la théorie de la pratique. Le lecteur prend ainsi conscience du véritable pouvoir de l'art : nous conduire au-delà de nos limites.
- L'oeuvre de Kandinsky, peintre de la « nécessité intérieure », s'inscrit parmi les mouvements pionniers de l'abstraction.
- Grand connaisseur de l'oeuvre de Kandinsky, Philippe Sers livre une analyse minutieuse de l'oeuvre, qui met en lumière le processus créatif de l'artiste et présente le passage à l'abstraction comme une marche vers le sacré.
- Outil pédagogique indispensable, ce livre allie la rigueur de la pensée au plaisir de la lecture, en format poche (première édition Skira, 1995).
- 2016, 150e anniversaire de sa naissance, est l'année Kandinsky en France
"Parce qu'elle est d'un caractère volontiers provocateur et insolent, parce qu'elle a un aspect désinvolte et disparate et culmine en des propositions qui ont l'apparence d'un pied-de-nez au jugement critique, l'oeuvre de Marcel Duchamp est la grande énigme de l'art contemporain.
L'auteur dans cette nouvelle édition démontre comment Marcel Duchamp, qui a procédé à la publication systématique de son travail, a laissé tous les indices pour le comprendre. L'artiste renvoie sans cesse à son expérience vitale, au point qu'on a pu dire que sa meilleure oeuvre était sa vie. Marcel Duchamp piège le consensus de la société établie en une chausse-trape qui reste encore efficace de nos jours. L'usage du paradoxe ouvre la connaissance à de nouvelles régions dépassant les frontières de la logique.
D'importants ajouts montrent la postérité réelle de Duchamp dans l'art moderne et contemporain. L'analyse dégage la notion centrale de « transfert d'évidence », qui sous-tend les démarches les plus fructueuses de l'art contemporain. On trouvera également dans cet ouvrage deux enquêtes que l'auteur a menées après la mort de Duchamp sur son influence auprès des principaux témoins ou des créateurs de la nouvelle génération avec les réponses de Salvador Dali, John Cage, Man Ray, Joseph Beuys, Andy Warhol, Daniel Buren, Jean Tinguely, Christo, Dan Graham, Carl Andre, Julio Le Parc, Nicolas Schöffer, Robert Lebel, Pierre Cabanne, Arturo Schwarz ou encore Jean Clair. Ces enquêtes éclairent la personnalité de Duchamp et sa relation aux avant-gardes.
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Sous le concept d'avant-garde radicale, sont regroupés les artistes majeurs du XXe siècle qui ont été conduits à redéfinir la création artistique en revenant à ses racines : la recherche d'un beau qui soit indice d'une vérité accessible à la personne. Le discours et le regard sur l'art sont désormais appelés à considérer cette intention nouvelle qui empiète sur la question de l'éthique et se veut transformatrice du monde.
La naissance de cette réflexion inédite, sa réception et ses enjeux sont analysés dans cet ouvrage où se rencontrent entre autres Kandinsky, Mondrian, Malévitch, mais aussi Duchamp, Schwitters, Ball, Tzara, Richter, Rodtchenko, Eisenstein, Man Ray, Arp ou van Doesburg dont la pensée et l'oeuvre témoignent d'un itinéraire de vérité.
De quoi le peuple juif est-il le martyr, le témoin ? qu'est-ce qui fonde la parenté entre le judaïsme et l'avant-garde autour de ce témoignage, pour que le totalitarisme nazi les unisse dans sa haine ?
La tradition juive, l'avant-garde et le totalitarisme s'éclairent réciproquement.
L'objectif de l'artiste est de parvenir à une construction de la personnalité. la personne est le point archimédien de la transformation du monde et, dans sa relation à l'absolu, elle est le lieu de l'évaluation. c'est de cette priorité qu'il s'agit, bien plus que d'une préoccupation de rénovation des formes. l'interprétation qui en découle concerne aussi bien l'oeuvre de kandinsky que celle de malévitch ou de schwitters, le film dada, le cinéma d'eisenstein, ou encore le travail de man ray.
Cette nouvelle interprétation parvient à éclairer une des oeuvres les plus énigmatiques du siècle passé, celle de duchamp.
Le totalitarisme n'est pas seulement un phénomène historique, c'est une tentation de la conscience contemporaine, de son art, de sa communication collective et de son système architectural. la falsification totalitaire se lit aussi bien dans l'invention d'une fausse transcendance que dans l'indifférence évaluative qui, de nos jours, délègue à l'abstraction monétaire ou au consensus le soin de déterminer les valeurs de l'art.
Ce livre appelle à une nouvelle évaluation de notre culture et s'attache à en fournir les instruments.
Philippe sers, philosophe, éditeur et essayiste, s'est spécialisé dans l'avant-garde et l'interprétation de l'oeuvre d'art comme mode de vérification. dans cet ouvrage il effectue une démonstration audacieuse et convaincante de la méthode qu'il propose.
À partir d'analyses concrètes des oeuvres qui ont fait date dans le courant du XXº siècle, ce livre passionnant explore la révolution artistique moderne. Il analyse, regroupe, inventorie les acquis de la modernité, en dégage la cohérence cachée, confronte les oeuvres et propose de vrais critères d'appréciation de l'art moderne et contemporain, en s'appuyant sur une iconographie remarquable offrant à nos regards aussi bien les artistes de la première avant-garde dans un panorama qui va de Kandinsky à Duchamp en passant par Malévitch, Sophie Täuber-Arp ou Théo van Doesburg, que des contemporains comme Bill Viola, ou Ilya Kabakov, sans oublier Klein, Kantor, Beuys ou Manzoni.. Durant un très bref espace de temps, au début du XXº siècle, un changement radical s'opère dans le domaine de l'art. Les formes se transforment d'une manière qui ne s'était jamais produite auparavant. Le comportement des artistes devient différent, des principes sont édictés et des manifestes publiés. Les artistes refusent que l'art devienne instrument de persuasion ou de séduction. Ils déterminent des moyens d'expression nouveaux qui portent en eux-mêmes leur force de vérité. L'oeuvre d'art devient ainsi témoignage des découvertes des artistes, support d'une véritable interrogation éthique, mode de réflexion sur le monde et d'invention du futur, formidable lieu de résistance aux idéologies. Les nouvelles générations d'artistes entretiendront avec les fondateurs des avant-gardes une véritable filiation. Les différents procédés de composition de la modernité, la rumination formelle, les modes de transfert, la recherche d'une grille de lecture, la recherche de moyens inédits (couleurs, formes pures, lumière, rythme, tension des éléments, usage des rebuts et déchets), la question de la synthèse des arts, la fécondité de l'abstraction, la révolution du geste, la recherche de la valeur et du sens, sont analysés. Artistes, oeuvres et mouvements sont regroupés en fonction de lignes de force, des éléments de discernement sont dégagés. Dans cette approche très nouvelle, le lecteur invité à une rencontre stimulante avec la culture de son époque peut alors discerner les apports réellement nouveaux de la création la plus récente.
Ce dernier ouvrage de Philippe Sers s'attache à la question de la vérité en art et son apport à l'existence humaine en tant qu'absolu rendu présent. Il part du constat que le paysage artistique actuel manque de lisibilité ; car il est difficile de trouver des repères et de construire un jugement de valeur. Dans ces conditions, la tentation est forte soit de tout rejeter, soit de tout accepter par intimidation, des attitudes qui, ni l'une, ni l'autre, n'ont de sens. " La question que nous posons est celle de la vérité dans l'art, persuadé qu'elle est la clef du retour des valeurs. "
Kandinsky, l'un des artistes les plus énigmatiques de la modernité, a tâché d'expliquer son itinéraire en laissant une importante somme d'écrits, revendiquant la peinture comme activité première et la poésie et la théorie comme moyens de clarifier sa démarche. Pourtant son oeuvre, considérée jusqu'alors sous le seul angle historique, reste hermétique.
Ce livre permet enfin d'accéder au « pourquoi » de la création et de la pensée du grand peintre.
Analysant les grands thèmes de l'inventeur de l'art abstrait et ses textes, il présente le sens du travail de Kandinsky et rend compte de la richesse de ses découvertes.
Accompagné d'exemples commentés, il permet de plonger au coeur de l'oeuvre, et de suivre pas à pas la démarche de l'artiste et du penseur qui a initié la plus spectaculaire révolution de l'art.
Très souvent l'icône se présente sous un jour obscur. Sa compréhension résiste au profane. Aussi, l'interprétation est-elle requise pour en livrer le sens. En confrontant au texte biblique la célèbre icône quadripartite de Saint-Pétersbourg, qui intrigue à plus d'un titre, l'auteur met au jour une véritable herméneutique iconique, irréductible au discours, qui en révèle la cohérence insoupçonnée.
La représentation de la transcendance est une épreuve de vérité de l'art. L'auteur part du principe que la question de l'image doit être revisitée à partir de l'interdiction juive qui creuse un abîme entre l'homme et Dieu et en même temps affirme leur mystérieuse proximité.
La permission chrétienne de l'image libère des capacités inattendues de la représentation, conduisant à une image destinée à affranchir l'homme de la finitude de son enfermement temporel ou spatial. La peinture rejoint alors la musique dans les fonctions supérieures de l'art, ouvrant à une liberté absolue de la personne.
Ce livre met en oeuvre une nouvelle interprétation de l'image sainte avec des analyses qui vont de l'icône au film, livrant ainsi la clef de différentes énigmes exemplaires. La théorie de la forme et la théorie des couleurs soulignent une cohérence transculturelle de la représentation de la transcendance où se rencontrent rigoureuse tradition et modernité.
La redécouverte de l'icône au début de ce siècle, comme celle de l'image sacrée primitive africaine ou amérindienne, a constitué l'une des sources de la modernité artistique. Les peintres modernes, cubistes, abstraits ou dadaïstes entre autres, ont été habités par l'idée d'une image leur permettant de transgresser les limites de l'apparence. L'art abstrait, le film, sont riches de cette possibilité, ouverte par l'icône, de représenter le sens réel des choses, de dresser la carte de l'inconnu dans un geste d'inspiration prophétique. Cette étude examine les raisons profondes de ces convergences.
Après que l'art moderne ait fait éclater les critères classiques de jugement des oeuvres d'art, tandis que l'art contemporain génère son propre discours et anticipe sa réception publique, comment juger, sans préjuger, des oeuvres contemporaines ? Comment nouer le dialogue avec elles ? Comment en apprécier le sens et la qualité, lorsqu'on sait que l'art aujourd'hui peut être n'importe quoi ?
Contributions de Marc Le Bot, « Enjeux actuels de l'art » ; Philippe Sers, « Moderne, post-moderne. Conditions philosophiques du jugement critique devant les tendances et les mouvements de la création artistique au XXe siècle » ; Henri Meschonnic, « La post-modernité n'existe pas ou Petite logique portative pour rester moderne contre l'époque » ; Jean-Paul Curnier, « Quelques pistes pour éclairer le soupçon d'un art officiel dans les démocraties ».