À l'occasion d'une rétrospective Chris Marker à la cinémathèque française, Esprit consacre un dossier à cet artiste éclectique qui a collaboré étroitement avec la revue dans toute la période d'après guerre. Dans Esprit, Marker est journaliste et essayiste avant d'être cinéaste : engagé dans l'édition, l'éducation populaire, les mouvements de jeunesse puis les luttes coloniales, il teste dans ses articles la forme de l'essai qui distinguera particulièrement son cinéma, entre le reportage et l'enquête, l'élaboration poétique et la reconstruction historique, la réflexion sur le présent et celle sur ces racines. Toujours il est question de sortir de la guerre, non pas en fuyant la « preuve » documentaire ou la mémoire, mais en les laissant se frotter à l'imagination et à un réel toujours mouvant.
Comment est-on passé, en quelques décennies, d'une Pologne exemplaire, européenne, aux intellectuels brillants (Geremek, Michnik, etc.), à une Pologne nationaliste, euro-sceptique , anti migrants qui remet en cause l'État de droit ?
Le dossier rendra compte des débats d'idées en Pologne aujourd'hui, notamment ceux qu'animent des intellectuels ou des acteurs sociaux de la nouvelle génération. Il s'agit de mettre en valeur tant ce qui relève de la spécificité d'une histoire longue (place de l'Église, mémoire de la guerre et de la Shoah) que du bilan contrasté des trente dernières années (transition démocratique, politiques européennes, mouvements de femmes). Après tout, ce que nous constatons dans ce « jeune » État membre européen a préfiguré, à bien des égards, les évolutions politiques en Autriche, en Italie, au Royaume Uni ou en Suède, qui ne sont pas d'anciens pays communistes « de l'Est ».
Philosophe de la démocratie et du totalitarisme, Claude Lefort a profondément marqué une génération d'intellectuels antitotalitaires. Mais quelle est l'actualité de son oeuvre dans le monde post-89 ? Penseur du « lieu vide du pouvoir », Lefort a montré comment la démocratie peut se retourner contre elle-même ; il a insisté sur la conflictualité et l'indétermination qui doivent rester au coeur de nos institutions. Alors que la démocratie représentative et le libéralisme concentrent aujourd'hui un grand nombre de critiques, ce dossier, coordonné par Michaël Foessel et Justine Lacroix, confronte la lecture de Lefort aux bouleversements politiques contemporains. Avec les contributions d'Etienne Balibar, Pierre Manent, Jean-Claude Monod, Samuel Moyn, Myriam Revault d'Allones et Pierre Rosanvallon.
Il n'y a plus de valeurs, on ne croit plus en rien. Notre époque serait-elle nihiliste ? Ce numéro spécial explore une notion philosophique, son histoire, son actualité dans des domaines divers (économie, religion, politique, art), notion qui nous permet
Présentation de la revue :
Fondée en 1932 par Emmanuel Mounier, la revue Esprit continue d'orienter ses lecteurs dans les débats du temps, poursuit son enquête sur la forme de vie démocratique et maintient son engagement en faveur de la justice. Personnaliste à ses origines, la revue a participé aux luttes anticoloniales, accompagné l'expérience de la « deuxième gauche » et mené le combat antitotalitaire. Université sauvage, elle réunit ceux qui cherchent à proposer à un public large un éclairage critique de notre modernité. Chaque numéro est composé d'un éditorial, d'un journal « à plusieurs voix » sur l'actualité politique internationale, d'un dossier thématique, d'articles divers, et de recensions de l'actualité culturelle et éditoriale. Indépendante, ouverte sur le monde et engagée dans la cité, la revue est aujourd'hui codirigée par Antoine Garapon et Jean-Louis Schlegel.
Présentation du numéro 428 :
En pleine campagne présidentielle outre-Atlantique, Esprit s'intéresse à la disparition des classes moyennes aux États-Unis, et de l'imaginaire démocratique qui leur est lié. La campagne présidentielle montre le visage d'un pays où les inégalités économiques se creusent, où les différentes catégories de populations se replient sur leur identité culturelle et où le pouvoir et l'argent sont toujours plus concentrés. Cette dynamique de fragmentation sociale et de polarisation politique affecte le « rêve américain » : les Etats-Unis fabriquent-ils encore des modes de vie démocratiques permettant à l'Amérique de faire monde ?
La question ici serait moins d'interroger les marges que le noyau dur du pays et de dresser un panorama: classes moyennes, compromis fordiste, esprit civique, idéologie de la technologie et du progrès: quelles références culturelles pour quelle société aujourd'hui ?
Présentation de la revue :
Fondée en 1932 par Emmanuel Mounier, la revue Esprit continue d'orienter ses lecteurs dans les débats du temps, poursuit son enquête sur la forme de vie démocratique et maintient son engagement en faveur de la justice. Personnaliste à ses origines, la revue a participé aux luttes anticoloniales, accompagné l'expérience de la « deuxième gauche » et mené le combat antitotalitaire. Université sauvage, elle réunit ceux qui cherchent à proposer à un public large un éclairage critique de notre modernité. Chaque numéro est composé d'un éditorial, d'un journal « à plusieurs voix » sur l'actualité politique internationale, d'un dossier thématique, d'articles divers, et de recensions de l'actualité culturelle et éditoriale. Indépendante, ouverte sur le monde et engagée dans la cité, la revue est aujourd'hui codirigée par Antoine Garapon et Jean-Louis Schlegel.
Présentation du numéro 429 :
Tandis qu'elles devraient garantir l'affirmation des valeurs républicaines, les prisons sont devenues les lieux du plus grand danger pour la République. En effet, au travers d'une inversion de la logique foucaldienne selon laquelle les prisons criminalisaient les opposants politiques, celles-ci en viennent aujourd'hui à politiser les criminels et relègue le paradigme de la dignité de l'homme en fin de parcours. Reste à penser le sens de la peine par le biais d'une enquête auprès des détenus, des familles et des assistants sociaux ainsi qu'en prêtant attention au cas particulier des centres de rétention administrative.
Un dossier coordonné par le philosophe et anthropologue Marcel Hénaff, qui étudie les mutations des liens entre les générations à notre époque. Les sociétés traditionnelles les régulaient par l'institution de rites de passage, et par des processus de dons et contre-dons intergénérationnels, inscrits dans un temps cyclique. Mais l'absorption croissante du social par l'économique, dans le cadre d'une temporalité linéaire, provoque une désymbolisation accélérée du statut des tranches d'âge, ne laissant plus subsister entre les hommes qu'une différence structurante : productifs / non-productifs. Avec des textes de Marcel Hénaff, Julien Clément, Frédéric Laloué, Cecilia Suzzoni.
L'un des enseignements de la campagne pour les élections présidentielles en France a été la ligne de fracture qui semble séparer les tenants de sociétés ouvertes, fluides, en mutation, et ceux d'un retour dans les frontières, les identités, la sécurité que l'on attend d'espaces politiques et sociaux mieux définis, délimités, et même clos. Ce dossier proposera de retracer la généalogie philosophique de cette distinction entre l'ouvert et le clos, en s'appuyant notamment sur l'oeuvre d'Henri Bergson et de Karl Popper, pour interroger les manifestations les plus contemporaines de cette tension, en faisant la part belle notamment à la question des migrations, et au projet européen.
Un dossier coordonné par le philosophe et anthropologue Marcel Hénaff, qui étudie les mutations des liens entre les générations à notre époque. Les sociétés traditionnelles les régulaient par l'institution de rites de passage, et par des processus de dons et contre-dons intergénérationnels, inscrits dans un temps cyclique. Mais l'absorption croissante du social par l'économique, dans le cadre d'une temporalité linéaire, provoque une désymbolisation accélérée du statut des tranches d'âge, ne laissant plus subsister entre les hommes qu'une différence structurante : productifs / non-productifs. Avec des textes de Marcel Hénaff, Julien Clément, Frédéric Laloué, Cecilia Suzzoni.
Un dossier coordonné par le philosophe et anthropologue Marcel Hénaff, qui étudie les mutations des liens entre les générations à notre époque. Les sociétés traditionnelles les régulaient par l'institution de rites de passage, et par des processus de dons et contre-dons intergénérationnels, inscrits dans un temps cyclique. Mais l'absorption croissante du social par l'économique, dans le cadre d'une temporalité linéaire, provoque une désymbolisation accélérée du statut des tranches d'âge, ne laissant plus subsister entre les hommes qu'une différence structurante : productifs / non-productifs. Avec des textes de Marcel Hénaff, Julien Clément, Frédéric Laloué, Cecilia Suzzoni.
Partant du constat que l'écologie est partout et nulle part, l'objectif de ce dossier est de présenter les différents mondes de l'écologie, d'expliquer l'inaccomplissement du programme de l'écologie politique malgré un savoir de sa nécessité et de dépasser l'écologie morale en oeuvrant à sa politisation et son inscription dans un contexte socio-économique et anthropologique. Avec des contributions de Bernard Perret, Catherine Larrère, Pierre Charbonnier, Dominique Bourg, Guillaume de Sainteny...
Durables, globales, les migrations sont irréductibles à la « crise des migrants » qui doit être réprimée. Elles impliquent un bouleversement radical de nos appartenances qui réclament une politique de l'hospitalité. Cette dernière repose sur trois piliers : secourir, accueillir, appartenir. Avec des contributions de Fabienne Brugère, Guillaume Le Blanc, Michel Lussault, et de nombreux témoignages.
Fondée en 1932 par Emmanuel Mounier, la revue Esprit continue d'orienter ses lecteurs dans les débats du temps, poursuit son enquête sur la forme de vie démocratique et maintient son engagement en faveur de la justice. Personnaliste à ses origines, la revue a participé aux luttes anticoloniales, accompagné l'expérience de la « deuxième gauche » et mené le combat antitotalitaire. Université sauvage, elle réunit ceux qui cherchent à proposer à un public large un éclairage critique de notre modernité. Chaque numéro est composé d'un éditorial, d'un journal « à plusieurs voix » sur l'actualité politique internationale, d'un dossier thématique, d'articles divers, et de recensions de l'actualité culturelle et éditoriale. Indépendante, ouverte sur le monde et engagée dans la cité, la revue est aujourd'hui dirigée par Antoine Garapon et Jean-Louis Schlegel.
Présentation du numéro :
Les violences politiques commises au nom de l'Islam ces dernières années ont laissé nos sociétés meurtries. Face à cette menace, les démocraties libérales ont développé un imaginaire de la peur qui appuie les mesures sécuritaires et attise les antagonismes. En leur sein, de jeunes gens aspirant à une transcendance sont tentés par la radicalisation, promesse de reconnaissance individuelle sous couvert du référentiel islamique. Répondant aux débats parfois schématiques sur la nature religieuse ou non de ce phénomène, le dossier, coordonné par Antoine Garapon, s'efforce d'analyser le phénomène djihadiste dans sa complexité, au-delà du sentiment d'incompréhension qu'il peut susciter.