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« Jamais, depuis que j'exerce le métier de journaliste et d'éditorialiste, je n'ai vu, lu, subi, comme tous mes confrères, tant de critiques, contradictoires, paradoxales, justifiées ou abusives, ou émanant d'édifiantes logiques complotistes !
À l'issue de cette année électorale imprévisible qui a connu le triomphe inattendu du macronisme, l'émergence surprise de la France insoumise, l'apogée fragile du marinisme, le crépuscule du PS, l'autodestruction stupéfiante de la droite, il m'est apparu nécessaire de revisiter, à travers les éditos écrits au jour le jour, la campagne présidentielle qui a bouleversé notre vie politique. Pas pour me justifier ou défendre une corporation. J'y constate mes erreurs (pas que !), reviens sur mes doutes, explique les éléments de contexte, y révèle quelques ficelles de fabrication, quelques infos off, et relate l'état d'esprit à chaud qui a présidé à l'élaboration de chacun de ces papiers.
Pour se retourner, éberlué, sur le chemin parcouru et commencer à comprendre... » -
Ce n'est rien qu'un président qui nous fait perdre du temps
Thomas Legrand
- Stock
- Parti Pris
- 20 Janvier 2010
- 9782234064133
Et si Nicolas Sarkozy n'était qu'un Jacques Chirac en sueur ? À mi-mandat, on cherche encore la grande réforme. Au-delà d'une parole effrénée empreinte de volontarisme, on cherche encore la fameuse rupture, la modernité promise, la gouvernance modeste et transparente annoncée. Que sont devenus les marqueurs idéologiques du sarkozysme, le « travailler plus pour gagner plus » (impraticable), « la discrimination positive » (abandonnée), la « laïcité positive » (oubliée), la « réforme de la françafrique » (même pas essayée) ? La plupart des réformes sont embourbées dans l'inévitable embouteillage législatif. Pour aboutir finalement à des mesures le plus souvent vidées de leur substance.
Le contraste entre une parole politique forte et des résultats squelettiques risque de porter un coup sévère à la crédibilité du discours politique. En fait de « retour du politique » revendiqué, nous avons un Président qui consomme comme aucun autre les études d'opinions qu'il commande à grands frais par le biais de ces nouveaux Mazarin que sont les sondeurs et les publicitaires de son entourage. La concentration des pouvoirs à l'Élysée, le manque de déontologie du pouvoir dans les nominations et quelques discours provocateurs, pourtant souvent non suivis d'effet, ont permis aux antisarkozystes pavloviens d'hurler à la menace contre la République ! Alain Badiou peut se demander « de quoi Sarkozy est-il le nom », ses outrances antisarkozystes apposent en réalité le sceau de la réforme à ce qui ne sont finalement que de pâles copies des promesses de révolution du candidat Sarkozy.
Sarkozy n'est ni le nom de la peste, ni celui de la barbarie... seulement celui de Nicolas. Il ne représente pas un danger pour la République, comme tant de commentateurs ou d'opposants aimeraient le croire, pour la simple et bonne raison que Nicolas Sarkozy n'est qu'un Président banalement de droite, un libéral pas convaincu, un pragmatique opportuniste dont le ton péremptoire n'a d'égal que sa capacité au revirement.
Nicolas Sarkozy n'est donc que le dernier Président du xxe siècle.
Une perte de temps pour la modernisation si nécessaire à la vie politique française. -
L'élection présidentielle au suffrage universel direct, voulue par de Gaulle en 1962, nous plonge tous les cinq ans dans une période d ' illusion collective, nous conforte dans un affrontement binaire dépassé, entretient le mythe de l ' homme providentiel, interdit l ' esprit de compromis et personnalise tous les débats publics. Depuis 1995, les présidents ne réforment plus. Ils ont perdu le pouvoir et abîmé la fonction. Car ce ne sont pas les hommes mais la fonction qui est en cause. La plupart des responsables politiques en sont conscients mais tous considèrent que les Français sont attachés à l ' élection du président au suffrage direct. La réforme s'imposera pourtant. à l ' occasion d ' une crise, comme toujours. Et ce jour approche.
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Vous le pensiez obsolète ? Détrompez-vous, le bobo n'a jamais été aussi présent.
Ce concept adolescent né en l'an 2000 est de tous les échanges politiques, de tous les éditos de magazines, de toutes les conversations, que ce soit à propos de la carte scolaire, du prix de l'immobilier, de l'invasion du bio ou encore du mariage pour tous. Mais que recouvre ce néologisme ridicule ? Sait-on véritablement ce qu'est un bobo ?
Une construction médiatique, d'abord, réfutée par la plupart des sociologues. Un travailleur social au SMIC tout autant qu'un patron de start-up à 10 000 euros par mois. Mais surtout, un bouc émissaire idéal. En ces temps de bobo-bashing, il faudrait être téméraire ou parfaitement fou pour se revendiquer aficionado de la Courgette solidaire ou friendly de tout. Pourtant, selon Laure Watrin et Thomas Legrand, il est temps de réhabiliter le bobo.
Car il est à l'initiative des codes et des modes urbains de demain. Alors oui, il frôle parfois la caricature, est bourré de paradoxes irritants. Mais observons de plus près cet hédoniste individualiste, et l'on admettra qu'il redynamise le vivre-ensemble, acteur de son quartier tout en restant connecté au monde. Le bobo, c'est le fer de lance de la république du XXIe siècle. La République bobo s'engage donc à redorer son blason mais avant tout à clarifier son identité. En allant à sa rencontre, en arpentant les quartiers qu'il investit, en croisant les regards des politiques qui l'administrent, des sociologues, des géographes, en déclinant ses marottes, ses combats. En ne parlant pas de boboïsme à part entière mais de traces de boboïtude, présentes en chacun de nous et dans tous les domaines de la vie. Et ce avec d'autant plus d'humour que les deux auteurs sont, eux, des bobos assumés.