Dans ce livre composé de deux récits- publié il y a plus de trente ans aux éditions Picquier - l'auteur de Vie et passion d'un gastronome chinois (Picquier poche) poursuit ici son évocation de la vie des ruelles de Suzhou cette ville raffinée, célèbre pour ses jardins et ses canaux.
Autour du puits, bavardages et quolibets ne tarissent pas : voisines, mari jaloux, fonctionnaires zélés s'acharnent contre une intellectuelle dont la réussite sociale leur est insupportable. Dans la comédie du Diplôme, il s'agit encore de harcèlement envers une retraitée fraîchement diplômée à qui ses proches lui réclament de vider une maison encombrée de vieilleries. Mais chaque meuble, chaque vêtement a son histoire. Un regard critique et ironique sur trente-cinq ans de vie dans la vieille Chine populaire.
Ce roman se déguste une serviette autour du cou.
La journée commence bien. invité à partager le petit déjeuner de zhu ziye, laissez-vous réchauffer par un bol de nouilles al dente, avec des crevettes sautées en accompagnement. que diriez-vous d'un plat de rouleaux de poisson aux oeufs de crevettes, à moins que vous ne préfériez une assiette d'oie braisée au marc de vin. et si vous goûtiez plutôt ces tendres coeurs de légumes aux miettes de crabe ou ce jarret de porc confit au sucre glacé et ambré ? ce sont quarante années de vie chinoise autour de la table qui sont évoquées ici, témoignant de la survie des traditions culinaires envers et contre toutes les turbulences des dernières décennies en chine.
En pénétrant dans l'existence de deux personnages ennemis que les circonstances ont réunis par mégarde, vous ne cesserez d'être tenus en haleine par la véritable héroïne du roman : la gastronomie. pour elle le " capitaliste " zhu ziye sacrifie tout. contre elle s'acharne gao, moraliste épris de justice révolutionnaire. ce livre a connu un grand retentissement en chine et a donné lieu à une adaptation cinématographique.
Au début des années 40, Xu Dawei, un jeune lettré, fils de famille, hérite d'une demeure traditionnelle à Suzhou, «la Venise chinoise» située non loin de Shangaï. Imprégné des idéaux socialistes, il introduit, avec l'aide de son cousin, un groupe d'étudiants dans cette demeure où va se cristalliser la tourmente révolutionnaire chinoise.
À mi-chemin entre roman et autobiographie, Lu Wenfu, retrace avec humour et amertume, l'histoire des intellectuels dans les turbulences inouïes de l'aventure maoïste. Xu Dawei et sa bande de sept amis incarnent l'esprit de la Chine nouvelle, de ses élites lettrées et progressistes, trahies aussi bien par les nationalistes que par les communistes.
De cette oeuvre, imprégnée par la poésie des romans classiques chinois, émane la tendresse et la fidélité émouvante que Lu Wenfu éprouve toujours pour ses personnages et leurs idéaux de jeunesse.