Cet ouvrage est une sélection des articles critiques les plus importants écrits par Éric Rohmer entre 1948 et 1979, dans des publications aussi différentes que Les Temps modernes, Arts, Combat ou, principalement, les Cahiers du cinéma, dont il fut l'un des principaux critiques depuis sa création, et, entre 1957 et 1963, le rédacteur en chef.
L'essentiel du cinéma est du côté de son ontologie en tant qu'art et non du côté de la spécificité de son langage. Le cinéma ne consiste pas à dire autrement ce que d'autres arts ont pu dire, mais, avec des moyens qui lui sont propres, il dit aussi autre chose : telle est la thèse qui parcourt l'ensemble de ces écrits, jalonnés par la présence constante des noms de Renoir, Murnau, Hitchcock, Rossellini, Dreyer...
« Pourquoi filmer une histoire quand on peut l'écrire ? Pourquoi l'écrire quand on va la filmer ?
Cette double question n'est oiseuse qu'en apparence. Elle s'est posée très précisément à moi.
L'idée de ces contes m'est venue à un âge où je ne savais pas encore si je serais cinéaste.
Si j'en ai fait des films, c'est parce que je n'ai pas réussi à les écrire. Et si, d'une certaine façon, il est vrai que je les ai écrits - sous la forme même où on va les lire - c'est uniquement pour pouvoir les filmer. Ces textes donc, ne sont pas "tirés" de mes films. Ils les précèdent dans le temps, mais j'ai voulu d'emblée qu'ils fussent autre chose que des "scénarios". C'est ainsi que toute référence à une mise en scène cinématographique en est absente. Ils ont eu, dès le premier jet, une apparence résolument littéraire. » Éric Rohmer.
Le journal, ce fut Libération entre 1981 et 1986, années au cours desquelles on commença à trouver critique l'état du cinéma. En effet, mieux nous savons en quoi le cinéma a été « l'art du XXe siècle », plus nous doutons de son avenir. Et en même temps, plus nous doutons des chances de l'image d'une époque vouée aux dogmes de la communication, mieux nous savons que le cinéma est notre bien le plus précieux, notre seul fil d'Ariane.
Le critique de cinéma serait vite un dinosaure moralisant ou un gardien de musée s'il ne sortait, parfois, de sa tanière. Comme s'il lui fallait travailler à la ciné-critique d'un monde qui aurait moins besoin du cinéma.
C'est pourquoi, ce Ciné-journal fait cohabiter au jour le jour des articles parus dans Libération.
Critiques de films, anciens et récents, éditoriaux, reportages à chaud et récits de voyage dans l'image, du côté de la télévision, de ses emblèmes et de ses effigies.
C'est au tour du cinéma d'être voyagé. »
Yoshikata yoda fut le scénariste de tous les grands films de kenji mizoguchi: les contes de la lune vague après la pluie, l'intendant sansho, les amants crucifiés, le héros sacrilège, la rue de la honte, et bien d'autres.
A partir de 1948, et pendant près de vingt ans, il devient le compagnon de route du cinéaste, et bientôt son ami. son ouvrage est un recueil de souvenirs personnels, de documents précieux et de réflexions sur mizoguchi, qui composent une sorte de documentaire sur l'homme et son art: ses rêves, ses joies, ses peines, sa vision du monde, son style, sa méthode de travail, ses rapports avec ses collaborateurs, sa vie.
La petite bibliothèque des cahiers du cinéma poursuit la réédition des textes essentiels d'andré bazin.
Après orson welles, c'est aujourd'hui charlie chaplin qui reparaît en édition de poche.
La première édition de ce livre parut en 1972, au moment où chaplin lui-même décida de remettre en circulation la totalité de son oeuvre, alors que de nombreux films étaient invisibles depuis longtemps. bazin disparu en 1958, c'est françois truffaut qui fut à l'origine de cette édition. il demanda alors à eric rohmer de compléter l'ouvrage en écrivant sur le dernier film que réalisa chaplin en 1967 : la comtesse de hong kong.
[...] " l'oeuvre de chaplin, bazin la connaissait comme sa poche, on s'en rendra compte en lisant ce livre, mais je puis y ajouter le merveilleux souvenir d'innombrables séances de ciné-clubs où j'ai vu bazin présenter à des ouvriers, des séminaristes ou des étudiants le pèlerin, le vagabond ou d'autres " trois bobines " qu'il connaissait par coeur et qu'il décrivait par avance sans que l'effet de surprise en fût altéré ; bazin parlait de chaplin mieux que personne, et sa dialectique vertigineuse ajoutait au plaisir.
[...] de quoi est fait charlot, pourquoi et comment a-t-il dominé et influencé cinquante ans de cinéma - au point qu'on le distingue nettement en surimpression derrière le julien carette de la règle du jeu, comme on distingue henri verdoux derrière archibald de la cruz, et comme le petit barbier juif qui regarde brûler sa maison dans le dictateur revit vingt-six ans plus tard dans le vieux polonais de au feu les pompiers de milos forman ? voilà ce que bazin a su voir et faire voir.
" françois truffaut
" pour tous les cinéphiles qui avaient atteint l'âge de raison cinématographique en 1946, le nom d'orson welles s'identifie avec l'enthousiasme de la redécouverte du cinéma américain ; plus encore, il résume en lui la conviction, partagée par toute la jeune critique d'alors, d'assister à une renaissance et à une révolution dans l'art hollywoodien.
" (andré bazin) andré bazin était un jeune critique au moment de la sortie à paris de citizen kane, en 1946. c'est sans conteste l'un des films qui l'a le plus marqué à cette époque et les cinéphiles vont reconnaître en orson welles, jeune metteur en scène brillant, inspiré, mal accepté par l'industrie hollywoodienne, l'un des auteurs les plus novateurs du cinéma d'après-guerre. andré bazin gardera toujours intacte son admiration pour welles et lui consacre son premier livre dès 1950.
Il prépare une deuxième édition augmentée l'année même de sa disparition, en 1958. c'est cette édition préfacée par andré s. labarthe qui est reprise ici, complétée d'un texte écrit en 1978 par françois truffaut, à l'occasion de la parution du livre aux etats-unis.
Cette nouvelle édition en livre des Yeux Verts reprend le numéro de juin 1980 des Cahiers du cinéma, entièrement conçu, écrit, et mis en page par Marguerite Duras, en collaboration avec Serge Daney qui assurait la coordination de ce numéro, avec le concours de Pascal Bonitzer, Michéle Manceaux, François Régnault et Charles Tesson.
Poursuivant leur série sur les principaux paramètres nécessaires à la réalisation d'un film, les Petits Cahiers abordent cette année le décor. C'est souvent par les décorateurs que le cinéma s'est ouvert aux influences artistiques de son temps : la peinture, l'architecture... Si l'âge d'or du décor coïncide avec celui des grands studios, et contrairement aux idées reçues, le travail des décorateurs a continué à se renouveler quand le cinéma est sorti dans les rues. Il connaît aujourd'hui un renouveau plein de nouvelles promesses, à l'ère du cinéma numérique.
à propos de nice; taris, zéro de conduite et l'atalante : quatre films seuleuïentae9 à 1934.
Un affrontement avec la censure officielle puis avec celle de l'industrie du cinéma. une vie trop brève qui s'achève à 29 ans. vigo est devenu une sorte de rimbaud du cinéma. luce vigo propose ici un portrait débarrassé de toute une mythologie romantique. fille du cinéaste, elle n'avait que trois ans à la mort de son père, mais elle l'a trouvé peu à peu à travers les témoignages de ses amis, ses archives personnelles et les films eux-mêmes.
Non, vigo n'était pas un artiste maudit, obsédé par la mort, mais un jeune homme assoiffé de cinéma. si le souvenir de son père anarchiste arrêté sous ses yeux, puis " suicidé " en prison alors qu'il n'avait que douze ans, hante cette oeuvre, elle ne se réduit pas aux traces d'une biographie. vigo a créé un langage cinématographique novateur à la fois visionnaire et réaliste, alliance de beauté et de cruauté, qui ouvrait des voies nouvelles en ces débuts du parlant.
" un cinéaste-né ", proclamait dès 1934 élie faure. il ne cesse de renaître chaque jour un peu plus pour les nouvelles générations, et luce vigo y contribue aujourd'hui avec chaleur et lucidité.
Le burlesque est en effet un genre cinématographique adapté du vaudeville et typique de l'ère muette. Il fait rire grâce à un comique de l'absurde et de l'irrationnel. Des événements extraordinaires ne cessent de faire irruption sans raison dans le quotidien. Le burlesque s'appelle aussi slapstick, littéralement « coup de bâton ». Le gag repose alors sur un comique physique : il montre des chutes, des bagarres, des poursuites, des chocs... Une approche historique permet d'affiner l'étude du genre, dont le socle est le gag. De mesurer aussi son évolution, depuis le « slapstick » - qui désigne un type de comique centré sur certaine violence et l'exagération de tous mouvements - et les formes plus sophistiquées des longsmétrages de Chaplin et Keaton dans les années 1920-1930, jusqu'aux poursuites de ces motifs dans le cinéma parlant. Toutefois, cette perspective historique n'épuise pas la question de la définition du burlesque, qui demande une réponse sur un autre plan : si le burlesque est un genre basé sur les gags visuels, c'est-à-dire sur des actions, il reste à interroger la série d'éléments qu'il met en jeu (corps, objets, lieux, etc.), et surtout à éclairer ce qui détermine ces actions. Qu'est-ce qui produit un gag ? A quel problème répond-il ? Quelles leçons en tirer ? Avec pour horizon une idée à formuler et défendre - l'ébauche d'une morale des gestes - on parcourt un siècle de cinéma comique pour découvrir quel dialogue avec le monde et les hommes s'invente dans ce mot curieux : burlesque.
Jean-Philippe Tessé est né en 1977. Il est membre du comité de rédaction des Cahiers du cinéma, responsable de la rubrique cinéma sur le site et de la revue Chronic'art, co-sélectionneur de la compétition documentaire du Festival des 3 Continents de Nantes. Il a participé aux ouvrages collectifs suivants : Hou Hsiao-hsien (Editions des Cahiers du cinéma), Erice/Kiarostami, correspondencias (CCCB, Barcelone).
Howard Hawks sut séduire de nombreuses générations avec des films aussi différents que Scarface, Seuls les anges ont des ailes, Les hommes préfèrent les blondes, Rio Bravo, Rio Lobo. Méprisé pendant de longues années, considéré comme un simple raconteur d'histoires, ce metteur en scène a réussi les meilleurs modèles de tous les genres, de la comédie au western, du polar au film de guerre. Classique, tout autant que moderne, son oeuvre est devenue un exemple nécessaire pour les cinéastes du monde entier. Hors de son efficacité et de la perfection de son style, Hawks surprend par un univers riche de monstres, d'infirmes, de femmes libres et de personnages intelligents. Abstrait par volonté de rigueur, cet homme de spectacle a régné sur Hollywood pendant plus de cinquante ans. Ce qui n'alla pas sans problèmes. Cet ouvrage trace un portrait du réalisateur, tout en tenant compte des réalités politiques et sociales des USA. L'auteur y tente aussi une analyse de l'oeuvre, se fondant sur les seules images et leurs articulations de film en film. Hawks reste un des rares cinéastes qui puissent contenter tous les publics, et - comme on dit - à tous les degrés. Noël Simsolo
Né en 1944, réalisateur de films, historien de cinéma, scénariste et producteur de radio. Il a tourné quatorze courts métrages et un long métrage : Cauchemar. Il a travaillé comme scénariste pour Paul Vecchiali, Marco Ferreri, etc. Il est l'auteur, aux Cahiers du cinéma, d'ouvrages sur Sergio Leone (Petite Bibliothèque) ou encore Clint Eastwood (collection Auteurs).
Lieu de la naissance de l'industrie cinématographique, Hollywood est aussi devenu un modèle esthétique, celui du cinéma classique, avec ses conventions narratives (le happy end, le flash back) et ses figures incontournables (le producteur, le directeur de studio, l'art director).
C'est donc à la fois comme « usine à rêves » où règne une stricte division du travail et comme tradition cinématographique qui a influencé tout le cinéma mondial que cet ouvrage se propose d'aborder Hollywood.
Ce Petit Cahier constitue un complément à l'option « Cinéma et audiovisuel » des lycées, qui comprend La Mort aux trousses d'Alfred Hitchcock.
Comment la machine hollywoodienne se met-elle en branle dès le stade du développement des scénarios, comment tourne-t-on en studio ? Quels studios (MGM, Universal...) ont joué un rôle majeur dans l'histoire du cinéma ? Quel rôle avait le réalisateur dans cette hiérarchie ? Et surtout :
Comment une telle répartition des rôles a-t-elle pu donner naissance à la fois à de simples produits de série et à des chefs-d'oeuvre ?
" c'est la légèreté, la grâce, la bonne humeur, la gentillesse, et cette espèce d'insouciance frôlant parfois la coquetterie, qui me semblent caractériser le recueil de ces quelques souvenirs d'un enfant du siècle et de la balle.
" c'est ainsi que marcel ophuls présente dans sa préface les souvenirs de son père, max ophuls. exilé à hollywood en 1941, max ophuls a écrit ce livre à l'attention de l'attaché de presse du studio de preston sturges et howard hughes pour lequel il travaille, en réponse à la commande d'une note biographique destinée à le présenter au milieu du cinéma. " dear steve. " : par ces mots débute la rédaction de ces quelques feuillets promis, qui vont devenir une véritable autobiographie en même temps qu'une traversée du monde et du siècle depuis la sarre oú ophuls est né en 1902, jusqu'à berlin, vienne, paris, zurich, et hollywood.
Max ophuls fut tout d'abord un homme de théâtre. c'est en tant qu'acteur qu'il fit ses premières armes sur les planches. rapidement, il devient un metteur en scène de renom au burgtheater de vienne oú il rencontre l'actrice hilde wall qui deviendra son épouse. sa carrière l'amène à berlin oú il rentre en contact avec les milieux cinématographiques aux tout débuts du parlant. vient alors le récit d'une carrière cinématographique exceptionnelle qui débute en allemagne avec la fiancée vendue et liebelei, se poursuit en france, oú max ophuls s'est exilé devant la menace nazie, avec la tendre ennemie, werther, de mayerling à sarajevo.
Dans les années 40, à hollywood oú il a fui la france occupée, il tente de monter des projets de films et se penche sur une vie déjà bien remplie. marcel ophuls, né à francfort en 1927, apporte un double éclairage à ces souvenirs. par ses annotations, il confronte au récit de son père sa propre mémoire de témoin privilégié, ainsi que le finit des recherches récentes des historiographes de max ophuls.
Les souvenirs de max ophuls sont augmentés de l'entretien donné en 1957 à jacques rivette et françois truffaut, qui permet de visiter, toujours en compagnie du cinéaste, la dernière partie de sa carrière, des films américains de la fin des années 40 et à son retour en france dans les années 50, avec les quatre chefs-d'oeuvre : la ronde, le plaisir, madame de, lola montès.
Après plusieurs « Petits Cahiers » sur les paramètres de base du cinéma, cet ouvrage offre une
synthèse de l'ensemble des opérations tant mentales que physiques qui président à l'élaboration et
la fabrication d'un film.
Trois réalisateurs aux méthodes de travail très différentes serviront de guide : Fellini, Truffaut, Lars
von Trier.
Fellini : le cinéma de studio, une figure de metteur en scène démiurge (cf. texte dans les
documents). Truffaut : le réalisateur romancier (le temps de l'écriture et du tournage se
rencontrent, les projets s'écrivent parallèlement). Lars von Trier : le réalisateur-chercheur « Je suis
totalement conscient de mon approche scientifique du cinéma ». Formaliste, technicien,
représentant d'une certaine avant-garde, d'un détournement de la « grammaire du cinéma », un
bouleversement des repères. L'avant-garde d'hier devenant le cinéma d'aujourd'hui (Lars von Trier
à propos de The Element of crime, qui était considéré comme marginal mais dont est proche la
série des films Alien). Trois cinéastes qui ont aussi un lien fort avec le public. Les mots du cinéma
sont toujours un langage de cinéaste (jargon technique) mais aussi de spectateur (outils de
description, moyens de rentrer dans la compréhension de la mise en scène et du cinéma comme
art et industrie). Intérêt pédagogique de ce choix : beaucoup de documents sur Truffaut, et
également sur Fellini et Lars von Trier. Mais pas d'exclusive.
Anecdote : Woody Allen évoquant à propos de Maris et femmes son envie de réaliser un film où
seul le contenu serait important : « On prend la caméra, on oublie la dolly, on tient la caméra à la
main, et on filme comme on peut. D'ailleurs, ne nous faisons pas trop de souci pour la couleur,
l'étalonnage, ne nous soucions pas trop du mixage, ne nous occupons pas trop de tous ces actes
ultra-précis et contentons de regarder ce qui se passe. Quand on a envie de dire Coupez, coupons !
Ne nous angoissons pas pour les raccords. Faisons comme nous avons envie et oublions tout ce qui
ne concerne pas le strict contenu du film » (entretien réalisé par Stig Björkman, cdc 462 décembre
92 ).
Le dialogue entre le théâtre et le cinéma débute avec l'invention du cinéma lui-même et connaît un
spectaculaire développement avec le cinéma parlant. Le cinéma a trouvé dans le théâtre un
répertoire de situations et un modèle de dramaturgie, un art du jeu d'acteur, du décor et de la
mise en scène. L'exemple de La Règle du jeu de Jean Renoir permet de développer concrètement
cette problématique. En passant des scènes de la représentation théâtrale, où chacun des
personnages joue sa partition, aux scènes d'extérieur où le jeu de rôles les confronte à des
déterminations sociales bien plus tangibles, la mise en scène du cinéaste expose les enjeux
esthétiques spécifiques au cinéma : son attrait pour la réalité capté par la caméra au tournage, et
tous les pièges de ses faux-semblants, attachés à tout art de la représentation.
Ce débat est sans doute une passion bien française. Dans le cinéma français, le rôle du théâtre est
redoublé par le goût de la parole, de la conversation filmée, et l'apport de dramaturges comme
Pagnol ou Guitry, Cocteau... On peut dire aussi que la relation theâtre -cinéma a cristallisé les
enjeux critiques et théoriques pour définir et imposer le cinéma en tant qu'art.
Aux questions que le public se pose sur le thème : " comment tourne-t-on un film ? " j'ai voulu avec la nuit américaine apporter des réponses visuelles, les seules possibles ; et pourtant voici que ce film devient un livre ! films livres, livres films, tel est l'engrenage de ma vie puisque c'est mon amour jumelé pour les livres et les films qui m'a amené à tourner jules et jim, hommage à un livre particulier, ou encore fahrenheit 451 qui les englobe tous.
La nuit américaine tourne autour de la question : " le cinéma est-il supérieur à la vie ? ", sans y apporter de réponse parce qu'il n'y en a pas, non plus qu'à la question : " les livres sont-ils supérieurs aux films ? " si la nuit américaine est une fiction qui imite le journal filmé d'un tournage, le vrai journal d'un de mes tournages existe, c'est celui que j'ai tenu pendant plusieurs mois lorsque je tournais sans un isolement propice à la confession, fahrenheit 451 à londres, début 1966.
Aujourd'hui, il m'apparaît que les deux textes se complètent heureusement et même qu'ils se recoupent en plusieurs points. j'espère que, dans cet ouvrage, livres et films se mêlent et s'entremêlent, j'espère qu'ils font l'amour. françois truffaut.
C'est françois truffaut qui avait eu l'idée de publier dans un même volume le scénario de la nuit américaine (1973) suivi du journal de tournage de fahrenheit 451 (1966), pour faire partager au lecteur sa conception de la mise en scène de cinéma.
Quelques personnes arrivent de téhéran pour un court séjour à siah dareh, un village du kurdistan iranien.
Les habitants ignorent la raison de leur venue.
Les étrangers flânent surtout dans l'ancien cimetière et font croire aux villageois qu'ils sont à la recherche d'un trésor.
Ils finissent par quitter le village sans pour autant donner l'impression d'avoir trouvé ce qu'ils cherchaient.
Abbas kiarostami est l'un des plus grands cinéastes apparu depuis trente ans dans le cinéma mondial.
Après un apprentissage modeste et patient, " sur le tas ", oú il réalise de nombreux films pédagogiques pour et sur les enfants de son pays, l'iran, il s'est peu à peu imposé avec ses premiers longs-métrages le passager, oú est la maison de mon ami ? close up. la reconnaissance internationale (avec la palme d'or au festival de cannes en 1997 pour le goût de la cerise) ne l'a pas fait dévier de sa voie et de sa recherche artistique personnelles qui passent aussi par la poésie, la photographie et la vidéo.
Kiarostami est un auteur au sens le plus pur du terme, il exprime sans compromis son rapport sensible, philosophique et politique au monde. son oeuvre, comme toute grande oeuvre, remet en jeu les principales postulations de son art : capter le monde ou le construire ; s'y perdre comme sujet de la sensation ou en penser le film comme un modèle vertigineux. ce livre s'attache à ouvrir quelques pistes concrètes, à analyser quelques matrices de création (dont l'agencement comme figure maîtresse de cette couvre), à étayer ces propositions par de nombreux photogrammes, pour aider le lecteur à explorer ce nouveau territoire du continent cinéma qui a nom kiarostami.