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Depuis les années 70, la réputation et la stature de Friedrich n'ont cessé de s'amplifier. Son oeuvre et sa personnalité se sont enrichies de plusieurs contours superposés donnant lieu à des interprétations, quelquefois même opposées. D'où la nécessité de consacrer à l'artiste un nouvel essai monographique faisant le point sur ces récentes approches, monographie qu fait autorité depuis sa publication en trois langues en 2000.
Pour Werner Hofmann la contribution essentielle de Friedrich est l'invention du paysage-icône. C'est chez lui une des conséquences de la crise de la peinture religieuse et en même temps une solution profondément protestante. Tout en observant fidèlement le monde empirique, il lui donne une aura solennelle et religieuse. Ceci est dû à l'agencement de l'espace. Sa discontinuité accentue la tension entre la proximité et le lointain, donc entre l'ici-bas et l'au-delà. Friedrich a découvert la «tragédie du paysage» comme l'a remarqué David d'Angers lorsqu'il visita le peintre dans son atelier à Dresde en 1834. La spiritualité troublante de cette découverte porte souvent les marques de l'aliénation - marques qu'un Max Ernst sût goûter et communiquer à ses amis surréalistes.
Werner Hofmann tache d'élucider aussi d'autres aspects moins frappants : l'intimisme de ses aquarelles et dessins qui respire souvent le bonheur d'être ; les rapports entre homme et femme ; la femme comme un être autonome dans la société.
L'auteur situe surtout le peintre dans le contexte intellectuel et historique de son époque : ses contacts difficiles avec Goethe, ses affinités avec la philosophie de Schleiermacher ; son oeuvre jugé par Kleist, Brentano et Arnim, enfin son double patriotique dirigé d'abord contre Napoléon, ensuite contre Metternich, enfin la réception de son oeuvre en Russie. Les réflexions esthétiques les plus importantes de Friedrich sont analysées en détail et traduites en annexe.
Peintre et théoricien, né à Moscou, Wassily Kandinsky (1866-1944) est un des tout premiers acteurs de la modernité artistique. Le fondateur du Blaue Reiter (1911) à Munich, apôtre de la couleur et de la résonance intérieure, a influencé par ses écrits et ses recherches en peinture nombre de mouvements ou d'écoles artistiques, de Dada au Bauhaus - où il enseigne de 1921 à 1933 -, en passant par De Stijl et le constructivisme russe. Admiré par André Breton, ami de Marcel Duchamp, proche de Paul Klee et de Hugo Ball, il entretint aussi des échanges nourris avec les musiciens de son temps comme Arnold Schönberg ou Thomas von Hartmann. L'auteur de Du spirituel dans l'art (1911) a laissé un ensemble considérable de peintures, mais aussi des gravures, des poésies et des compositions scéniques, qui se répartissent entre impressions (impressions du monde extérieur), improvisations (impressions du monde intérieur) et compositions (mise en tension des deux précédentes). Traversé par deux dynamiques actives, l'une allant du figuratif à l'abstrait, l'autre du profane au sacré, l'oeuvre de Kandinsky recèle un ensemble d'images voilées, porteuses du message de l'abstraction et de son inventeur, qui ont transformé notre rapport à la représentation. Spécialiste internationalement reconnu de l'oeuvre et de la pensée de Kandinsky, Philippe Sers présente le cheminement de l'artiste dans sa cohérence et dans son évolution interne. Son analyse s'appuie sur la documentation exceptionnelle à laquelle il a eu accès .depuis le début de ses travaux, dans l'atelier même de l'artiste : les écrits autobiographiques, les textes théoriques et la correspondance du peintre apportent un éclairage radicalement nouveau sur un parcours créatif d'une exceptionnelle fécondité.
Matthias Grünewald est un des plus grands artistes du monde germanique. Contemporain de Dürer et de Holbein, auteur des peintures du Retable d'Issenheim, dessinateur prodigieux, son style singulier en fait un « visionnaire », dont les compositions fascineront les expressionnistes. Les dernières découvertes biographiques permettent de mieux cerner la personnalité encore mystérieuse de cet artiste à la fois ingénieur des mines, fontainier, en même temps que peintre. Fautes de preuves archivistiques sur ses déplacements éventuels, les dettes stylistiques et les emprunts iconographiques laissent voir un dialogue fascinant avec les oeuvres de Mantegna et, peut-être, l'art de Léonard de Vinci, confrontation qui sera discutée. Cette singularité, la conscience qu'en ont eu très tôt ses contemporains, font l'objet d'un large chapitre, parallèlement à l'examen de son oeuvre. Sa technique picturale, hautement symbolique en ces temps travaillés par l'alchimie, étudiée en détail par le Centre de recherche et de restauration des musées de France, fait ici l'objet d'un chapitre rédigé par un de se membres. La dernière partie de l'ouvrage traite de la postérité de Grünewald sa redécouverts par des érudits au XIXe siècle puis sa célébration par des écrivains comme Huysmans en font une figure mythique vénérée par les artistes les plus importants des avant-gardes : Picasso, Matisse, Bacon, Pollock, Jasper Johns, Antonio Saura, tous sensibles à la fantastique puissance mnémonique des oeuvres de l'artiste. Richement illustrée, l'approche iconographique et plastique du corpus grünewaldien est exceptionnellement servie ici par le matériau macrophotographique des clichés des spécialistes du Centre de Recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) réalisés lors de la campagne d'étude menée à Colmar, au musée d'Unterlinden, et dans les musées détenteurs d'oeuvres de Grünewald. Aucun ouvrage, publié récemment, ne propose un tel ensemble d'illustrations ni ne réunit autant de données biographiques ou historiographiques sur l'artiste et ses oeuvres.
C'est à une redécouverte radicale du génie singulier de Constable qu'invite cette monographie.
Les études sur John Constable souffrent aujourd'hui, tant en Angleterre qu'en France, d'un étrange paradoxe : rares sont les artistes sur lesquelles on dispose d'autant de sources premières, et pourtant, l'appréciation de son oeuvre reste encore trop souvent confinée dans un malentendu.
En France, où se tiendra cette année la première exposition Constable depuis la présentation de quelques toiles au Salon de 1824, l'oeuvre est mal connue, et souvent pensée comme une survivance d'un courant naturaliste à un moment où un autre peintre, Turner, jette les bases d'un nouvel art moderne.
En Angleterre, si la situation n'est pas comparable, ne serais-ce qu'en raison de l'abondance des oeuvres présentes dans des collections publiques, l'art de Constable est cependant fréquemment présenté comme l'archétype de ce que Pevsner avait autrefois appelé "the Englishness of English Art".
Le présent essai se propose de revenir, par un aller-retour permanent entre les oeuvres et les écrits de l'artistes, aux caractéristiques originales de son art donnant une place particulière à ces genres dits mineurs - dessins, études, gravures - auxquels le peintre accorda une importance considérable.
On pourra saisir ce qui fut la quête, à contre-courant de l'esthétique de son temps, d'un homme qui, de son vivant déjà, acquit une solide réputation de "génie" singulier et incompris.
Après avoir tenté de montrer comment cette réputation procède en grande partie des choix esthétiques de Constable, mais aussi de la façon dont lui-même et son entourage ont gérés la réception de son oeuvre.
L'auteur explique en quoi le paysage auquel le peintre consacre l'essentiel de son existence ne saurait se réduire ni au "sublime" d'un Turner ni au "pittoresque" de l'école de Norwich, mais émane d'une conception nouvelle, dans laquelle considérations esthétiques, historiques et affectives viennent se mêler.
Le tempérament créatif de picasso face au contexte artistique et face à l'histoire. une somme monographique par un des meilleurs spécialistes du xxe siècle et du primitivisme. une exceptionnelle iconographie à la mesure de l'oeuvre immense de picasso qui traversa le xxe siècle.
Première grande monographie consacrée à l'oeuvre d'Adolph Menzel (1815-1905), cet ouvrage suit l'évolution du célèbre peintre et illustrateur berlinois, actif témoin de son temps par son oeuvre d'une étonnante richesse et diversité. Peintre d'histoire, il a su évoquer délicatement la vie de cour au temps de Frédéric le Grand (1712-1786). Peintre de son époque, il s'est intéressé aux paysages urbains, aux premiers chemins de fer et au monde industriel en pleine expansion. En 1836, l'artiste autodidacte commence à peindre à l'huile, selon une inspiration plutôt intimiste, ainsi la Chambre au balcon (1845) ou la délicieuse Soeur du peintre dans l'embrasure d'une porte (1847), qui révèlent une sensibilité préimpressionniste, un sens de la couleur et de la lumière, un don de l'observation hors du commun. Mais il doit son succès et sa popularité aux deux cents gravures sur bois qu'il réalise entre 1840 à 1842 pour l'Histoire de Frédéric le Grand rédigée par l'historien de l'art Franz Kugler. Entre 1849 et 1856, il peint les scènes les plus célèbres de la vie de Frédéric le Grand, puis divers épisodes de la vie de l'empereur Guillaume Ier (1797-1888). Ces travaux consacrent Menzel comme l'un des premiers illustrateurs de son temps. Cependant, au début des années 1860, il change radicalement d'orientation. Il semble que deux expériences aient déterminé cette nouvelle approche de la réalité. La première est sa visite sur le champ de bataille de Sadowa, en 1866, où la vue des hommes morts ou mutilés le marque profondément. Dès lors, il s'attache à peindre la comédie humaine, l'absurdité et la tragédie de toute existence. La seconde grande expérience est liée à ses séjours à Paris, en 1867 et 1868, à la grande époque des opérations d'urbanisme haussmanniennes. L'agitation constante de la capitale l'incite à s'intéresser à la « vie moderne », telle que la décrit Baudelaire, préférant les motifs de la ville, de l'industrie et des foules. Désormais, il cherche à traduire l'effervescence du chaos en un ordre esthétique, comme en témoigne sa Forge (1875), son plus grand tableau, qui compte parmi les oeuvres les plus importantes consacrées au travail dans les usines au XIXe siècle. Les tensions et contradictions apparentes de l'oeuvre de Menzel constituent le fil conducteur de cet ouvrage, qui couvre l'ensemble de la production de l'artiste et éclaire ses thèmes de prédilection dont on comprend toute l'originalité. À l'appui de la démonstration viennent une série d'analyses d'oeuvres, présentées dans un ordre chronologique.Première grande monographie consacrée à l'un des plus célèbres peintres et illustrateurs allemands du XIXe siècle. Actif témoin de son temps, peintre d'histoire et peintre de la vie moderne, Adolf Menzel s'est intéressé autant à la vie de Frédéric le Grand qu'aux paysages urbains, aux premiers chemins de fer et au monde industriel en pleine expansion. Un éclairage intelligent sur les thèmes de prédilection de cet artiste précurseur de l'impressionnisme : la révolution industrielle et sociale du XIXe siècle, et plus généralement un monde en pleine mutation. L'ouvrage, richement illustré, est publié à l'occasion du bicentenaire de la naissance de Menzel, le 8 décembre 2015.
Redécouvert à la fin du XIXe siècle, l'art de Vermeer n'a cessé depuis d'intriguer, d'émerveiller. Vermeer en effet est différent : de ses contemporains hollandais, de son siècle, de toute la peinture. Avec lui la représentation s'en est allée si loin qu'il semble que l'énigme du visible ait été rejointe, touchée comme jamais. Mais cette perfection que tous lui reconnaissent est elle-même une énigme : comment, pourquoi, dans quelles conditions, entouré de qui Vermeer a-t-il peint ces scènes silencieuses dont la magie nous subjugue ? A toutes ces questions ce livre apporte moins une réponse qu'un faisceau d'éléments permettant à chacun de répondre par soi-même. Trois points de vue différents ont été ici réunis : Celui de Gilles Aillaud, peintre et écrivain, dont on pourrait dire que l'approche est philosophique si l'extrême concision du langage ne venait donner avant tout à son texte l'allure d'un essai limpide sur la limpidité. Celui de John Michael Montias, aura consisté à dénouer, à l'issue de patientes recherches, les fils de l'histoire matérielle de la vie de Vermeer : ses origines sociales, son environnement familial, ses biens, ses contacts avec la peinture de son temps, sa ville, c'est tout cela que le lecteur découvrira en avançant dans cette partie du livre. Le point de vue d'Albert Blankert, enfin, est celui, indispensable, de l'histoire de l'art. Comprendre l'originalité de Vermeer, c'est la situer dans l'art hollandais du XVIIe siècle, c'est chercher à saisir et à situer les influences, les similarités, dans les thèmes comme dans les techniques, c'est encore retracer le travail secret de l'oeuvre au cours des siècles, jusqu'à sa reconnaissance universelle tardive. A ces approches qu confrontent les regards issus de plusieurs disciplines et de plusieurs traditions critiques viennent s'ajouter un catalogue de l'oeuvre, une fortune critique, une bibliographie, une chronologie, un index. Les illustrations comprennent tous les tableaux de Vermeer reproduits en grand format et en couleurs. S'y ajoutent de nombreuses oeuvres des contemporains de Vermeer et des documents relatifs à sa vie et à sa ville, Delft. Avec cette monographie incontournable parue à l'origine en 1986, le lecteur disposera à la fois d'un outil indispensable à la connaissance de Vermeer et d'une occasion de revenir sans fin et dans les conditions les plus séduisantes sur l'oeuvre sans doute la plus méditative de toute l'histoire de la peinture occidentale.
Si ses pneus en gros plan ont fait le tour du monde, le suisse Peter Stämpfli (né en 1937) a su construire en un demi-siècle une oeuvre qui déborde cette icône du Pop art. Formé par un élève d'André Lhote, il croise l'abstraction américaine à la fin des années 1950 et s'en détache très vite. La peinture figurative recule, il s'y cramponne et la renouvelle. Vers 1965, son style, marqué par le graphisme de la publicité et le dessin industriel, comme celui de Lichtenstein, commence à l'imposer. Par la suite, le réalisme très poussé des premiers tableaux s'efface devant la trace des objets quotidiens et la poésie de l'absence, chargées d'une même énergie contagieuse.
« Toute la peinture passée et actuelle avant le suprématisme, écrivait Malévitch en 1915, a été asservie par la forme de la nature et attend sa libération pour parler dans sa propre langue et ne pas dépendre de la raison, du sens, de la logique, de la philosophie, de la psychologie, des différentes lois de causalité et des changements techniques de la vie. » Près d'un demi-siècle plus tard, Stämpfli, en abandonnant la représentation du monde, en réduisant progressivement à un artefact - l'automobile -, puis à un détail de celui-ci - la roue - avant de décider de s'en tenir au seul pneu a, pour lui-même, à son tour, découvert au terme de l'ascèse la plus exigeante « cette propre langue » qui ne dépend de rien que d'elle-même.
Herri Met de Bles (vers 1500-1558) est, avec Joachim Patinir et Pieter Bruegel, l'un des peintres majeurs du paysage flamand du XVIe siècle. C'est aussi l'un des plus mystérieux dans l'histoire de la peinture de paysage. Cette monographie questionne la dimension religieuse de ces paysages. Elle entend aussi expliquer la présence d'énigmatiques figures anthropomorphes dissimulées dans la trame végétale et dans les rochers. Telle falaise évoque un aigle, tel monticule se révèle être un profil d'homme quand on tourne le tableau à 90 degrés. Loin d'être marginal et insignifiant, ce phénomène pictural participe activement à l'exégèse du livre de la nature et du livre des Écritures mises en oeuvre par le paysage. Les images doubles et cachées de Bles tiennent un rôle essentiel : celui d'intriguer le regard et de provoquer la conversion du sens littéral vers le sens spirituel. Bles se rendit célèbre sous le nom de « peintre à la chouette », l'oiseau de la dissimulation et du discernement qu'il cachait dans chacun de ses paysages, comme un avertissement adressé à ses spectateurs. Les illustrations de cet ouvrage offrent une multitude de détails qui permettent de déchiffrer ces énigmes.
Avec les fresques de la Chambre de la Signature, au Vatican, Raphaël contribue à définir un style, le Classicisme, qui va marquer l'art occidental jusqu'au XIXe siècle au moins. Pourtant, quand il arrive à Rome en 1508, après un long apprentissage à Florence où il n'a pratiquement peint que des Vierges en série, rien ne laissait penser que ce jeune homme de vingt-cinq ans allait produire, en quelques mois à peine, une peinture aussi élaborée, grandiose, et équilibrée. Pour les hommes de son temps, il incarne d'abord celui qui permit à l'artiste de s'extraire de la classe des artisans pour accéder à la sphère prestigieuse des intellectuels et des hommes de pouvoirs. L'ambition de cet ouvrage est de restituer la trajectoire de Raphaël dans le contexte politique, historique et artistique de cette époque de bouleversements, entre le XVe et le XVIe siècle, entre les Guerres d'Italie et la Réforme. Les nombreux documents d'époque tentent de cerner au plus près le peintre, en évoquant ses rapports d'admiration et de rivalité avec ses collègues (Léonard de Vinci, Michel-Ange, Sebastiano del Piombo), ses relations avec ses commanditaires (Jules II, les Médicis, Agostino Chigi), sa complicité avec ses amis (Castiglione, Bembo, Bramante). Il en ressort l'image d'un artiste plus complexe qu'il n'y paraît, intéressé par toutes les formes de l'art, archéologue autant qu'historien de l'art, architecte de la basilique Saint-Pierre capable d'une réflexion sur le confort domestique et d'inventer la forme moderne de la tapisserie, pratiquant la citation jusqu'au plagiat tout en organisant la publicité de ses inventions grâce à la gravure...
Qui donc était Paolo Uccello ? Selon Vasari, ce génie subtil « n'avait plaisir qu'à l'étude de questions de perspective difficiles, voire insoluble... qui avait toujours chez lui des tableaux d'oiseaux, de chats, de chiens et de toutes sortes d'animaux étranges... qui peignait les champs bleus, les villes rouges, et tous les édifices selon sa fantaisie ».
Des historiens récents comme Chastel on vu en lui « un poète attardé, inégal et bizarre, qui réduit l'univers à une maquette géométrique ».
Le Quatrocento florentin est généralement lu d'une manière schématique, qui rend peu compréhensible un personnage aussi « subtil » que Paolo Uccello : telle est l'idée qui, de bout en bout, parcourt ce livre et l'anime.
On y verra se dessiner les contours d'un humanisme « alternatif », parallèle à la voie triomphante, celle de Brunelleschi-Masaccio-Alberti-Piero della Francesca, et que depuis Vasari l'histoire a maintenu dans l'ombre. Cet humanisme-là - dont les racines plongent loin dans le gothique florentin et dans science arabe - c'est la voie qu'à choisie, à sa manière distante, silencieuse, solitaire, Paolo Uccello. Par le texte et par l'image, le livre porte sur la Florence où il vit et travaille, un éclairage nouveau, sur l'art et les idées, sur la politique et l'architecture. L'oeuvre même de Paolo, entièrement illustrée, se trouve tout naturellement présentée comme le fruit logique, comme la somme cohérente d'une longue carrière, entièrement menée le pinceau à la main. Avec son catalogue raisonné remis à jour pour cette nouvelle édition. Cette monographie publiée pour la première fois en 1992 demeure le livre de référence sur Uccello.
Redécouvert à la fin du XIXe siècle, l'art de Vermeer n'a cessé depuis d'intriguer, d'émerveiller. Vermeer en effet est différent : de ses contemporains hollandais, de son siècle, de toute la peinture. Avec lui la représentation s'en est allée si loin qu'il semble que l'énigme du visible ait été rejointe, touchée comme jamais. Mais cette perfection que tous lui reconnaissent est elle-même une énigme : comment, pourquoi, dans quelles conditions, entouré de qui Vermeer a-t-il peint ces scènes silencieuses dont la magie nous subjugue oe
A toutes ces questions ce livre apporte moins une réponse qu'un faisceau d'éléments permettant à chacun de répondre par soi-même. Trois points de vue différents ont été ici réunis :
Celui de Gilles Aillaud, peintre et écrivain, dont on pourrait dire que l'approche est philosophique si l'extrême concision du langage ne venait donner avant tout à son texte l'allure d'un essai limpide sur la limpidité.
Celui de John Michael Montias, aura consisté à dénouer, à l'issue de patientes recherches, les fils de l'histoire matérielle de la vie de Vermeer : ses origines sociales, son environnement familial, ses biens, ses contacts avec la peinture de son temps, sa ville, c'est tout cela que le lecteur découvrira en avançant dans cette partie du livre.
Le point de vue d'Albert Blankert, enfin, est celui, indispensable, de l'histoire de l'art. Comprendre l'originalité de Vermeer, c'est la situer dans l'art hollandais du XVIIe siècle, c'est chercher à saisir et à situer les influences, les similarités, dans les thèmes comme dans les techniques, c'est encore retracer le travail secret de l'oeuvre au cours des siècles, jusqu'à sa reconnaissance universelle tardive.
A ces approches qu confrontent les regards issus de plusieurs disciplines et de plusieurs traditions critiques viennent s'ajouter un catalogue de l'oeuvre, une fortune critique, une bibliographie, une chronologie, un index. Les illustrations comprennent tous les tableaux de Vermeer reproduits en grand format et en couleurs. S'y ajoutent de nombreuses oeuvres des contemporains de Vermeer et des documents relatifs à sa vie et à sa ville, Delft.
Avec cette monographie incontournable parue à l'origine en 1986, le lecteur disposera à la fois d'un outil indispensable à la connaissance de Vermeer et d'une occasion de revenir sans fin et dans les conditions les plus séduisantes sur l'oeuvre sans doute la plus méditative de toute l'histoire de la peinture occidentale.