« Green Economy » ! Nouveau paradigme de développement à même de répondre aux crises que le monde traverse ? Modèle de prospérité écologique, alternatif au capitalisme globalisé ? Sortie par le haut des impasses environnementales du productivisme et du consumérisme ?
Au mieux, la nouvelle panacée verte apparaît bien en deçà de cette perspective.
Pire : dans les mesures préconisées - par le PNUE, l'OCDE, la Banque mondiale, etc. -, elle s'impose résolument à rebours de tout renversement de logique. Le « développement durable » reste l'objectif annoncé, c'est l'« économie verte » qui va y mener.
Par la mise sur le marché du « capital naturel », la « valorisation » des « services écosystémiques », la privatisation des ressources, le brevetage du vivant, le « libreéchange » des sols, de l'eau, de l'air, des forêts, de la biodiversité. et la prétendue « gestion efficace » induite, cette démarche entend réguler durablement notre rapport à l'environnement, en dynamisant une « croissance créatrice d'emplois », assurant ainsi « un avenir viable au capitalisme ».
Le simple greenwashing (éco-blanchiment vert) de l'économie de ces dernières années sera-t-il supplanté par la légitimation du capitalisme vert de demain ? Ou comment adouber pour les temps à venir les fondamentaux d'un modèle de production et de consommation à l'origine même de l'aggravation des déséquilibres sociaux et environnementaux.
Pour autant, les réticences de grands pays du Sud à adopter l'« économie verte » constituent-elles une alternative salvatrice ?
Rien n'est moins sûr.
Quelques années seulement après ses premières irruptions spectaculaires, le mouvement altermondialiste a consolidé sa présence sur la scène médiatique et politique de nombreux pays.
Ses rassemblements gigantesques, ses modes d'action hors du commun et la nouvelle radicalité politique qu'il véhicule ont ouvert de nouvelles perspectives et défient l'hégémonie libérale triomphante. Si ses arguments sont souvent caricaturés et si, pour beaucoup, ses résultats politiques concrets se font toujours attendre, sa capacité à relier des questions- démocratie, économie. écologie, paix et identité- autrefois traitées séparément et à faire interagir des milliers d'acteurs d'horizons idéologiques et géographiques différents, prouve qu'il constitue une lame de fond, destinée à rénover en profondeur notre approche des enjeux mondiaux contemporains.
" Mondialisation des résistances - L'état des luttes 2004 " convie le lecteur à un tour du monde des résistances au modèle actuel de mondialisation. Région par région, il plonge au coeur des dynamiques militantes qui s'opposent à l'application des politiques néo-libérales. Cet état des lieux permet d'appréhender la complexité et le potentiel des convergences aujourd'hui à l'oeuvre et de mieux saisir les débats stratégiques qui traversent ce "mouvement des mouvements", en particulier dans le cadre des forums sociaux et du mouvement contre la guerre.
Acteurs de mouvements sociaux et chercheurs militants des cinq continents ont joint leurs efforts afin d'offrir au public un outil global, un cadre d'interprétation didactique, indispensable pour appréhender pleinement ta globalité du phénomène et la diversité de ses manifestations.
La pandémie avait suscité l'espoir d'un changement de paradigme. Le Fonds monétaire international et la Banque mondiale y ont plutôt vu l'occasion de libéraliser plus avant les économies. Les aides d'urgence consenties par le premier en réponse au Covid engagent les pays emprunteurs dans une nouvelle décennie d'austérité - réduction de la masse salariale publique, baisse des subventions aux biens essentiels, hausse des taxes sur la consommation, etc. - aux effets sociaux dramatiques. Les programmes de « financement du développement » poussés par la Banque mondiale à la faveur de la crise promeuvent une « bonne gouvernance », synonyme d'amélioration du « climat des affaires » au bénéfice des entreprises transnationales.
Les émeutes de la faim, la crise asiatique et la progression des donateurs émergents avaient pourtant délégitimé le conditionnement des aides financières ou des allègements de dette à l'adoption de réformes économiques libérales. La conditionnalité avait été « révisée », subordonnée à l'« appropriation » par le pays bénéficiaire, mise au service des objectifs de développement durable.
Or, dans les faits, cette ingérence subsiste à travers un ensemble de dispositifs véhiculant l'influence des bailleurs de fonds en matière de politique économique et budgétaire, au détriment de la souveraineté des pays concernés et des investissements publics considérables qu'exigent la lutte contre les inégalités et la catastrophe environnementale.