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laurent herrou
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Année 2031.
À Bruxelles, Justine, traductrice pour la Fraternité Internationale (une alliance qui s'est établie sur la planète face aux dérèglements climatiques et à la multiplication des mutations), échappe à un attentat mené par Lilith et la Terreur du Feu. Secourue par une télépathe, un guérisseur et leur père, elle rejoint les Terres du Nord sous lesquelles le Monde d'En Bas s'est développé pour servir de refuge aux mutants persécutés à la Surface, et y est confrontée à son passé.
Récit d'un deuil et d'une reconstruction, Le Monde nouveau, premier tome des Enchaînés, se veut à la fois projection dystopique et roman intimiste. -
La Fnac ouvre ses portes à dix heures. Jean-Pierre m'a appelé à la Fnac, il avait fallu que je règle la fourrière en même temps que l'absence de Bernard sur le rayon et le travail par-dessus la tête. Il a fait allusion à ma photo dans le programme de la Fnac - il n'a pas vu les affiches encore, dans le magasin. La Fnac a commandé quarante exemplaires pour la signature de décembre, Jean-Pierre imaginait qu'ils en passeraient deux cents. J'ai gardé pour moi le fait que je craquais sur le caissier qui est arrivé à la Fnac il y a deux semaines. Je n'ai pas envie de rester à la Fnac. Il y a une réunion à huit heures et demie pour le personnel dont le but est de présenter les progressions du chiffre d'affaire (CA) et l'avancée des travaux du nouveau magasin (Fnac Riviera). J'ai dit à l'assistant du chef de la maintenance à la Fnac qu'il me fasse signe lorsqu'il passerait aux hommes. Le travail, la Fnac, la journée et cauchemars la nuit. La Fnac ? Le bonheur est de me souvenir que je ne travaille pas demain, que demain, je ne me lève pas pour la Fnac.
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Souvent Éric me dit : tu imagines si je n'avais pas pris ton numéro ? J'imagine, oui. Les cinq ans passés sans lui : le boulot à Charenton-le-Pont, la fin de ma relation avec Habib, la psychanalyse, Villequiers, le placement de ma grand-mère en maison de retraite, sa mort l'hiver dernier, l'effondrement - ma propre mort, peut-être. J'imagine, moi aussi je me dis : heureusement que j'ai eu ce réflexe, lui proposer de garder mon numéro même s'il n'en voulait pas, heureusement qu'il a renvoyé un message le lendemain. Heureusement. « Le journal est le lieu où le « moi », les « moi » se rencontrent, se font face, se jaugent. Il est le lieu où se joue une enquête du « je » plus qu'une quête de soi. » (Arnaud Genon, En quête du je : les égo-territoires de Laurent Herrou)
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Parfois des gens te disent qu'il faut avoir une sacrée vie pour avoir des choses à raconter à son Journal. Tu souris, tu n'expliques pas. Qu'on a tous la même. Mais que tu as toi en plus, la capacité de transformer les existences en mots : c'est ta pierre philosophale. Tu es un alchimiste dans ton domaine. « Laurent Herrou, depuis plus de quinze ans, s'écrit, se dit, met sa vie en mots et en fait des livres. Il consigne le vécu, le travaille, le sculpte et se donne à lire. Il est le rapporteur de lui-même et du monde qui l'entoure. Sans concession, sans complaisance, coûte que coûte. » [Arnaud Genon, à propos de Autoportrait en Cher (et en mots)]
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L'inconfort du je : dialogue sur l'écriture de soi
Arnaud Genon, Laurent Herrou
- Jacques Flament
- Ambre
- 15 Juin 2017
- 9782363363206
Dans le cadre du colloque Les enjeux de la chair dans les écritures autofictionnelles (ENS Paris, septembre 2015), Arnaud Genon a proposé une contribution sur le travail de Laurent Herrou, révélé par Guillaume Dustan en 2000 et auteur de six livres chez Jacques Flament Éditions. Leur collaboration a ouvert la voie à un dialogue sur l'écriture de soi, L'inconfort du Je.
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Tu prends souvent des photos en pensant à l'autre, ce n'est pas un geste que tu fais pour toi. C'est un geste généreux, peut-être est-ce la part généreuse de ton art quand l'écriture elle, ne l'est pas. Tu te plies aux caprices des gestes artistiques, tu les acceptes - et les changements d'humeur qui les accompagnent. Tu es un artiste. Ta présence à Montréal pour ce festival en est la preuve. (...)
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Il y avait eu L'Épreuve : Ysabel les avait rassemblés, elle leur avait révélé leurs pouvoirs. Puis l'un après l'autre, elle les avait emmenés en Bretagne. Lorsqu'ils en revenaient, ils voulaient s'en parler, mais ça ne sortait pas. C'était comme s'ils avaient partagé quelque chose avec Ysabel dont personne d'autre n'avait besoin de connaître les détails. Ils avaient pourtant cru, adolescents, que l'amitié existait. que c'était ce sentiment qui les liait. Des conneries... Ils étaient dix, ils étaient uniques : Ysabel avait bien raison. Uniques, égoïstes, dangereusement individualistes. Et c'était possiblement ce qui les tuerait.
Laurent Herrou est un écrivain français, né à Quimper. Depuis qu'il a commencé à écrire, il n'a cessé d'être le sujet/objet de son oeuvre. Après Le Monde nouveau, L'Étincelle est le deuxième tome de sa trilogie, Les Enchaînés. -
Après avoir écrit son premier livre, un écrivain bénéficie d'une résidence d'auteur dans un village. Deux mondes a priori inconciliables se regardent, s'opposent, tentent de se comprendre. Dans ce récit de l'attente autant que de l'errance, c'est un véritable jeu de miroir qui se met en place, capable de révéler un lieu à soi où un je saura enfin s'articuler. S'écrire. Un texte sincère sur les conditions de création artistique et d'invention littéraire.
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Le vendredi, c'est le jour de marché. C'est le jour où l'on rencontre. Celui que l'on n'a pas vu depuis un an, qui demande des nouvelles. Celle qui demande si le château est vendu. Celui qui se souvient, de l'oncle, du grand-père, du cousin. Celui qui a grandi à Villequiers et qui espère : que la tradition se poursuivra. Qui dit : on sait qui on a, on ne sait pas qui on aura. Qui croise les doigts, qui dit : c'est bien que vous reveniez. Qui est heureux - on ne sait pas trop pour qui : pour soi, pour lui-même, le village ou la mémoire. Celui qui a les bons réflexes, en somme, qui dit les mots que l'on attendrait d'autres, qui ne les diront jamais.
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J'ai passé la porte des éditions Balland le 19 janvier 2000. J'étais seul, débarqué de Nice. Je pensais que ma vie allait changer. Je ne savais pas que les vies ne changent pas de cette manière-là. Je ne savais pas que la publication d'un livre ne change pas une vie : elle donne l'espace d'une seconde l'illusion que l'on est parvenu à quelque chose et que le monde vous entend. Mais le monde n'entend pas. Le monde vous trahit. Alors, me suis-je dit, quitte à souffrir, autant trahir le premier.
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Il est nécessaire que vous compreniez ce que je suis en train de faire. Je transforme la personnalité. Je la façonne. Je la dessine. De Laura, il n'y avait rien à craindre. Laura est morte. Je l'ai tuée en quatre cents pages. Pour Nina, c'est une autre histoire.
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LES NUITS SONT MORTES ET NUL NE CONNAÎTRA PLUS LE JOUR NAISSANT. Il faut transiger avec les éléments, le hasard, le temps, la fatalité. Le 21?juillet 2014, 217?personnes, assises côte à côte, à 10 mètres sous terre, écoutent avec attention les discours inauguraux de L'ANTRE ET DES ARTISTES, un espace culturel souterrain de béton, unique en son genre, avec son dôme-esplanade en damier, dont les cases codées multicolores, reproduisent le message suivant : ÉCLAIRE TA VIE DE LA COULEUR DES MOTS, ÉCRIS TON CHEMIN AVEC L'AUDACE DES ROIS, ÉLÈVE TON OUVRAGE SUR LE SOCLE DE LA PASSION, ET TU PRÉSERVERAS LA SAVEUR DU PASSAGE, L'ESPRIT LIBRE ET SAGE, JUSQU'À L'INSTANT FRAGILE ULTIME, ENCHANTÉ DU MIRACLE D'EXISTER. C'est à ce moment que la catastrophe, tant et tant de fois envisagée, se produit.?Sans préavis.?Un bruit formidable et en quelques secondes, des tonnes de gravats obstruent les issues et toute communication avec l'extérieur est coupée. Comme tout être sensible, chacun des 217 occupants du bunker est affolé, accablé, sidéré, bête aux abois enterrée vivante dans un immense terrier de béton sans aucune issue immédiate. Peut-être sortiront-ils un jour.?Peut-être pas. Auront-ils le courage d'attendre la mort ou un miracle potentiel ? L'espace désormais alloué à leur survie se résume à 3 000 m2 pour une hauteur de plafond de 4 mètres,, soit 12 000 m3 énergétiquement autonomes, répartis ainsi : une grande salle d'exposition accueillant les oeuvres de 28 artistes européens (un par État membre), quatre bureaux spacieux, des toilettes publiques, un accès à une source souterraine d'eau pure - mais pour combien de temps encore ? - , une réserve contenant 78 000 portions journalières de nourriture lyophilisée. Soit un confort pour le moins sommaire et une autosuffisance alimentaire d'une année. La surprise et l'effroi passés, le grondement extérieur étouffé, les 217 personnes se jurent solennellement que, rescapées ou non, elles resteront dignes dans l'épreuve.?Mais la dignité est-elle de mise dans de telles circonstances ? Ils sont les survivants de la catastrophe, et se doivent d'être des survivants créateurs.?Chacun à sa manière, avec son style, témoignera du présent, du passé, du futur hypothétique, de son bonheur d'avoir vécu sur terre ou de sa douleur de la perte des repères et des êtres chers.?Ou peut-être, tout simplement, tracera-t-il la marque de son insondable vanité de puceron éphémère dans un monde terrassé d'avoir été trop loin dans sa folie. Ainsi va la vie, ainsi ira peut-être la mort. Avec ou sans regrets. Ce livre constitue une trace parmi d'autres de cet événement majeur.?Prenez le pour ce qu'il est, l'empreinte instantanée de l'état d'esprit de l'un des témoins de ce moment-clé de l'humanité.
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Autoportrait en cher (et en mots) : journal de résidence
Laurent Herrou
- Jacques Flament
- 15 Septembre 2016
- 9782363362735
Laurent Herrou a bénéficié entre janvier et juin 2016 d'une résidence au Collège François le Champi du Châtelet (Cher) grâce au dispositif TREAC (Territoires et Résidences d'Education Artistique et Culturelle). La Maison de la Culture de Bourges, partenaire majeur de ce projet, a publié au jour le jour le présent Journal de Résidence de l'auteur sur son site.
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Écrire, des mots, écrire le journal, écrire comme on se réfugie, écrire pour dire quelque chose à quelqu'un, quelque chose que personne n'entend, le dire au journal qui est quelqu'un qui n'entend pas mais qui reçoit sans objection. Le journal déversoir, le journal poubelle ou le journal confident. Le journal, ami ou ennemi - on sait toute l'ambiguïté du journal, et de son auteur. « Plus qu'une écriture du corps, de la chair, c'est l'écriture, dans le travail de Laurent Herrou, qui prend corps puis devient corps. » (Arnaud Genon)
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Lui il a un enfant, ce qui fait de moi un beau-père. Je n'ai pas à me plaindre. Il a un enfant, qui est un adulte, comme je suis un adulte, comme lui-même est un adulte. Lorsque nous marchons dans la rue, nous ressemblons à : des amis. Des relations de travail. Des cousins. Un oncle peut-être, des frères. Une famille. Je ne sais pas à quoi il faut ressembler. Je sais qu'il y a des choses à annoncer et des choses à taire. Des bonheurs à célébrer et d'autres à enfouir.
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A l'hôpital où il travaille, Jean-Loup rencontre des hommes, qui meurent sous ses yeux.
Sur la route, Antoine aussi a rencontré beaucoup d'hommes : maintenant c'est lui qui meurt, sous les yeux qu'on aurait pu croire blasés de Jean-Loup. Confrontés l'un à l'autre, une image s'impose : celle d'une femme impassible qui marche sans que rien n'entrave sa volonté ; à l'abri de sa chevelure noire, la femme qui marche annonce un événement, elle est porteuse d'un message. Question de gémellité : la vie de Jean-Loup débutera quand celle d'Antoine s'achève.
Faut-il donc perdre son jumeau, son miroir, pour avoir une chance d'exister ?
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Laurent Herrou a publié son premier livre,
Laura, en janvier 2000, dans la collection "Le Rayon" (éditions Balland), dirigée par Guillaume Dustan. Il a aujourd'hui une vingtaine de titres à son actif, la plupart dans le domaine de l'autofiction ainsi qu'un essai théorique sur l'écriture de soi aux côtés d'Arnaud Genon,
L'inconfort du je. Éditeur pour les éditions Edern (Bruxelles) depuis 2024, il accompagne des auteurs confirmés dans la publication de leurs textes. Il y publie en parallèle une trilogie intitulée
Les Enchaînés, où il s'essaie à un nouveau genre : " l'auto (science) fiction ", tout en restant fidèle à sa spécificité.