Première traduction française intégrale de Loin de la foule déchaînée. Publié en 1874, Loin de la foule déchaînée est le premier des grands romans de Thomas Hardy (1840-1928), à qui il apporte la notoriété. Il marque l apparition dans son uvre de la région imaginaire du Wessex, calquée sur son Dorset natal. C est le texte fondateur d un univers familier aux lecteurs de Tess d Urberville ou Jude l obscur.
Dans les années 1860, le lieutenant Willatz Holmsen, troisième du nom, vit une paisible existence de seigneur terrien dans son vaste domaine, aux confins du Nordland norvégien, tout comme ses pères avant lui. Époux d'une aristocrate allemande dont l'âme passionnée s'accorde bien mal avec sa raideur et son mutisme un peu hautain, il est l'heureux père d'un jeune garçon. Quand le négociant Tobias Holmengraa, fils de pêcheur ayant fait fortune aux Amériques, revient au pays natal et se montre désireux d'acquérir une parcelle de son domaine, comment le lieutenant Holmsen pourrait-il se douter qu'en accédant à sa requête il va déchaîner l'ouragan de la modernité sur le petit monde où il régnait en maître ?
Quand César Cachelin, ancien sous-officier devenu commis au ministère de la Marine, cherche un bon parti pour marier sa fille unique, c'est tout naturellement qu'il choisit parmi ses collègues le jeune homme le plus travailleur et le plus ambitieux. Il est alors loin de se douter que ce choix va avoir des conséquences capitales quant à la perception d'un important héritage, attendu depuis de longues années... Paru en 1884, L'Héritage, impitoyable et grinçante satire des moeurs petites-bourgeoises, nous livre un questionnement moins innocent qu'il n'y paraît des notions de filiation et de virilité.
Inédit en français, le Portrait de Monsieur Podjabrine fait le récit des tribulations d'un séducteur infatigable. Epicurien de pacotille, Monsieur Podjabrine est d'une vanité et d'une superficialité qui le rendent presque touchant. Difficile de savoir s'il prend plus de plaisir à triompher auprès de demoiselles rarement farouches, qu'à narrer ses exploits à ses amis : reste qu'aucune de ces jouissances ne lui évite d'être proie autant que chasseur. Avec drôlerie et vivacité, Gontcharov, dix ans avant son chef-d'oeuvre Oblomov, dépeint le Saint-Pétersbourg des oisifs, des viveurs et des petits rentiers. Lucide, caustique, il s'abstient de toute complaisance, sans jamais céder à la tentation de moraliser.
À l'orée du XXe siècle, dans un Japon en plein bouleversement, comment une jeune femme indépendante, aussi belle que talentueuse, peut-elle se faire une place dans l'univers bourgeois où elle a grandi ? La réponse est tout sauf moderne : en faisant un bon mariage. Yôko s'y refuse, et dans la lutte inégale qui l'oppose désormais à son milieu, elle ne dispose que de son pouvoir de séduction - une arme à double tranchant, qui finira par se retourner contre elle... Considéré comme le premier roman féministe de la littérature japonaise, Cette femme-là, paru en 1919, est le chef-d'oeuvre de Takeo Arishima (1878- 1923), fils d'une famille d'aristocrates japonais devenu romancier d'avant-garde, socialiste convaincu et observateur lucide des contradictions de son époque.
Quand George Darrow, jeune diplomate trentenaire, retrouve par hasard Anna Leath, amour de jeunesse qu'il n'avait pu épouser, elle est devenue veuve et mène une vie retirée. L'attirance qui les avait rapprochés renaît immédiatement.
Mais Anna Leath, américaine cultivée et du meilleur monde, ne parvient pas à se départir d'une réserve dont on ne sait si elle est pudeur, froideur ou indécision. Darrow, qu'un concours de circonstances amène à se croire éconduit, croise le chemin d'une jeune femme jadis rencontrée à Londres et dont l'existence n'a rien de simple, mais dont le sourire, l'énergie et le courage le distraient agréablement de son chagrin présent.
Une brève idylle se noue ; elle aura des conséquences incalculables...
Les cinq nouvelles qui composent ce recueil retracent toutes l'histoire d'un conflit, avant que Tchékhov ne nous en rappelle in fine la seule issue. Qu'il s'agisse du destin d'un infirmier fasciné par ses voleurs, de la genèse de la haine qui oppose un médecin et son visiteur, du procès d'un homme soupçonné d'assassinat, d'une violente dispute entre père et fils ou de deux malades souffrant ensemble sur un bateau militaire, Tchékhov décrit avec une précision clinique les mécanismes qui voient naître les inimitiés, rendent insolubles les dilemmes et jettent les hommes les uns contre les autres, fermement convaincus de leur bon droit.
Le baron Theodor a beau n'être qu'un jeune dandy sans beaucoup plus de cervelle que de caractère, il possède incontestablement un goût prononcé pour le romanesque. Rien d'étonnant donc à ce qu'il tombe amoureux fou d'une mystérieuse princesse grecque, promise à un brillant destin dans lequel interviennent de la façon la plus désordonnée nombre de puissances occultes et cabalistiques. Vont se dresser sur sa route un vieux mage bossu aux expédients malicieux, une sibylle grecque réincarnée en perroquet acariâtre, l'ombre d'un valeureux capitaine et enfin l'auteur lui-même : Theodor est-il de taille à affronter tous ceux qui vont s'ingénier à contrarier ses amours ?
En 1752, l'Écosse se relève à peine d'une guerre meurtrière. Le pouvoir anglais fait peser lourdement sa main sur les clans highlanders qui l'ont défié. Depuis leur exil, les chefs de clan survivants tentent de ranimer une rébellion vouée à l'échec.
C'est le décor que Stevenson choisit pour Enlevé !. Il y retrace les pérégrinations d'un jeune héritier spolié par un oncle qui veut le faire disparaître et d'un rebelle pourchassé par les anglais - improbable duo que seul le statut de fugitif va rapprocher.
Reconstitution historique d'une grande fidélité, Enlevé ! parut en 1886, la même année que L'Étrange Cas du Dr. Jekyll et de Mr. Hyde, et reste l'un des plus célèbres romans d'aventures de Stevenson.
Dans l'Ukraine des années 1870, un fonctionnaire corrompu tente d'extorquer une fortune imaginaire à une troupe de maçons raskolniks, orthodoxes traditionalistes mal vus des autorités. N'arrivant à rien, l'édile leur confisque ce qu'ils ont de plus précieux : la centaine de magnifiques icônes anciennes devant lesquelles ils prient tous les soirs - la plus belle de toutes étant un Ange gardien, qu'ils chérissent plus que la vie. Prêts à tous les héroïsmes pour rentrer en possession de leur Ange, ils ne craignent ni le bagne, ni le fouet, et vont recourir aux ruses les plus invraisemblables... L'Ange scellé est l'une des nouvelles les plus célèbres de Leskov (1831-1895), auteur prolifique et inclassable, admiré de Tchékhov et de Tolstoï.
À l'âge de dix-neuf ans, Twain rencontre en rêve l'un des grands amours de sa vie. Pendant plus de quatre décennies, il retrouvera régulièrement, dans son sommeil, cette mystérieuse jeune femme que les changements de prénom et de physionomie n'empêchent aucunement de rester la même.
Les liens qui se nouent entre eux, dans toute leur évidence et leur simplicité, sont-ils moins réels que ceux que l'on construit à l'état de veille ?
Quelques mois après la défaite de juin 1940, Joseph Bridet, journaliste, est à Lyon, où il se demande de quelle façon rejoindre de Gaulle à Londres. Toutes ses tentatives se sont avérées vaines, et son épouse, qui ne cache pas ses sympathies pour l'occupant, souhaite désormais regagner Paris.
Non sans naïveté, Bridet finit par se rendre à Vichy, où Paul Basson, l'un de ses anciens amis, travaille à la Direction générale de la Police nationale. Résolu à se faire passer pour un fervent pétainiste, il espère obtenir un visa pour l'Afrique du Nord, d'où il pourra rejoindre Londres facilement. Mais quel jeu joue son épouse, et qui est réellement Basson ?
Écrit en 1943, publié en 1945, Le Piège est l'un des derniers romans d'Emmanuel Bove (1898-1945).
Les soeurs Céline et Désirée Vatard, jeunes ouvrières, travaillent dans le même atelier. Céline, l'aînée, mène joyeuse vie et passe d'un amant à l'autre. Désirée, plus circonspecte, attend de rencontrer un prétendant sérieux pour se marier dans les règles.
Elle croit avoir trouvé l'élu en la personne d'Auguste, nouveau venu à l'atelier, tandis que Céline, lasse des voyous qui l'amusent mais lui font la vie dure, s'amourache d'un artiste issu d'un milieu plutôt bourgeois. Les amours des deux soeurs vont se retrouver rapidement contrariées...
Deuxième roman publié par Huysmans, Les Soeurs Vatard paraît en 1879.
On retrouve dans ce texte parfaitement maîtrisé l'incomparable expressivité de Huysmans, qui peint le petit peuple de Paris avec une âpreté et une acuité d'observation uniques.
Figure incontournable du Paris littéraire de l'entre-deux-guerres, compagne de Sylvia Beach et proche amie de James Joyce, Adrienne Monnier fut également l'auteur de plusieurs brèves nouvelles, dont Vierges folles est sans doute la plus marquante. Chronique de l'existence farouchement indépendante d'une petite bande de jeunes femmes, Vierges folles nous donne à voir la pauvreté, les amours malheureuses, les espoirs déçus - toujours vaincus par une irrépressible envie de vivre.
"Les partis sont un merveilleux mécanisme par la vertu duquel, dans toute l'étendue d'un pays, pas un esprit ne donne son attention à l'effort de discerner, dans les affaires publiques, le bien, la justice, la vérité.
Si on confiait au diable l'organisation de la vie publique, il ne pourrait rien imaginer de plus ingénieux." Simone Weil
Aux commandes d'un petit vapeur, le capitaine Davidson parcourt les recoins les plus obscurs de l'archipel malais, qu'il connait mieux que personne. Réputé pour son intégrité et sa gentillesse, il se voit un jour confier une tournée des plus petits établissements de l'île de Célèbes, pour y collecter de vieux dollars d'argent qui doivent bientôt cesser d'avoir cours.
Une mission parfaitement ordinaire, que l'intervention d'un Français sans mains, flanqué de trois acolytes peu recommandables, va transformer en aventure dangereuse...
Nous ne parlons pas ici d'un art tranquille et pacifique, qui aime la probité et la modération. Cette grande, cette glorieuse éloquence est la fille de la licence, que les sots appellent liberté, la compagne des séditions, l'aiguillon d'un peuple sans frein ; incapable d'obéissance ou de sérieux, opiniâtre, téméraire, arrogante, ce n'est pas dans une société régie par une bonne constitution qu'elle peut prendre naissance. (Tacite)
Qu'il s'agisse des démêlés d'un trafiquant d'opium avec la prostituée dont il est amoureux, de la misère d'un orphelin à Téhéran ou des mesquineries sordides d'une mère maquerelle, le regard que pose Sadegh Tchoubak sur l'Iran de son époque conserve la même acuité et la même finesse.
Les trois nouvelles qui composent le présent recueil, écrites dans les années 1940, sont le portrait des bas-fonds d'un pays disparu. Religion et bigoterie sont partout, des salles de classe aux quartiers de prostitution, mais elles s'accommodent de moeurs très libres et, sans surprise, d'une violence impitoyable envers les faibles, les démunis - tous ceux pour qui la survie est une lutte chaque jour recommencée.
Romancier, nouvelliste et traducteur, Sadegh Tchoubak (1916-1998) fut une des figures marquantes de la vie littéraire iranienne du XXe siècle.
Don Alvare, jeune capitaine aux gardes du roi de Naples, se voit offrir l'opportunité d'invoquer le diable et de le soumettre à ses ordres. Naïf, intrépide, sûr de lui, Don Alvare accepte, et tout semble se dérouler à merveille. Mais qui est réellement l'éblouissante jeune femme qui reste à ses côtés, une fois le diable disparu ? Folle d'amour pour lui, belle, brillante, elle lui est si dévouée qu'elle parvient peu à peu à apaiser sa méfiance. Le bonheur serait-il à portée de main ? Paru en 1772, Le Diable amoureux est le chef-d'oeuvre de Jacques Cazotte (1719-1792), aristocrate à la jeunesse aventureuse, mort guillotiné durant la Terreur. Admiré de Nerval, de Borges ou de Lacan, Le Diable amoureux est considéré comme le premier roman fantastique français.
Un jeune capitaine de vaisseau se voit attribuer son premier commandement : il s'agit de remplacer, dans un lointain port asiatique, le capitaine décédé d'un vaisseau mal en point. Cette nomination n'a rien d'une faveur ; tout est à faire, et Falk, personnalité locale bien connue, Hercule taciturne et mystérieux, va se mettre en travers de sa route pour des raisons incompréhensibles...
Cela concerne peut-être la ravissante nièce d'un capitaine allemand, et indirectement un naufrage antarctique, mais comment le savoir, et surtout qu'y faire ?
« Louis Hémon a écrit plusieurs livres remarquables [...], mais je crois bien que Monsieur Ripois et la Némésis fut le chef-d'oeuvre de ce Français mélancolique et vadrouilleur qui se suicida bizarrement en marchant entre les rails à la rencontre d'un train en pleine campagne, au Canada. » (François Truffaut) Roman à consonance autobiographique, Monsieur Ripois et la Némésis est le portrait d'un jeune français égaré à Londres, séducteur sans scrupules dont la vie se chargera de briser le cynisme. Écrit en 1911, publié en 1950 seulement, il est le roman le plus noir et le plus personnel de son auteur.
Louis Hémon (1880-1913), écrivain inconnu de son vivant, accéda à la célébrité post-mortem avec la publication de Maria Chapdelaine.
Gide publie Paludes en 1895, alors qu'il est un jeune auteur de vingt-cinq ans. Il y place les écrivains qu'il fréquente à cette époque (Henri de Régnier, Pierre Louÿs), les Mardis de Mallarmé, auxquels il est assidu, et la femme dont il est amoureux depuis l'adolescence, sa cousine Madeleine Rondeaux, qu'il épousera quelques mois plus tard. L'écriture de ce bref ouvrage est aussi contemporaine de ses premières expériences homosexuelles ; les questionnements sur le conformisme et sur l'inévitable stérilité de sa relation à sa future épouse, le rêve inavouable d'une vie « différente » - c'est précisément en 1895 qu'Oscar Wilde, ami de Gide, est emprisonné pour « outrage aux moeurs » - donnent à la vivacité et à l'ironie de Paludes une profondeur et une gravité qu'on n'y soupçonnerait pas dès l'abord.