« Qu'est-ce qui peut bien faire qu'une femme soudain abandonne celle à qui elle vient de dire, Quels merveilleux moments j'ai passés auprès de toi, aujourd'hui encore : je veux ça tous les jours de la vie ? » Tel est le questionnement auquel est confrontée Jenny après le départ d'Ève. Toutes deux apprendront qu'« on peut vivre une même histoire de deux façons totalement différentes ». Livrant en alternance les points de vue des deux femmes, Fanny Chiarello et Wendy Delorme interrogent de manière sensible et incarnée la possibilité d'une relation durable, la compatibilité de modes de vie a priori opposés, la nécessité d'affronter les fantômes du passé afin de rendre le présent possible, tandis que s'ébauche en contrepoint une subtile réflexion sur les pouvoirs et les limites de la création littéraire.
Autrice et poétesse issue d'une famille d'ouvriers, Nella Nobili a grandi en Italie mais a passé une grande partie de sa vie en France. Elle a composé de nombreux poèmes en prose, mettant en lumière les discriminations à l'égard des femmes mais aussi la situation des prolétaires, notamment dans les usines. "La jeune fille à l'usine" mêle souvenirs de son enfance à Bologne, émerveillement de l'apprentissage scolaire aussitôt suivi de l'entrée à la fois attendue et contrainte à l'usine et le désenchantement qui s'ensuit. Un magnifique hymne à la classe ouvrière, à sa famille et à ses soeurs d'usine disparues en forme d'appel à une prise de conscience de la précarité de leurs conditions de travail.
Lou, archiviste à Toronto, mène une vie morne et solitaire. Quand son directeur l'envoie dresser l'inventaire d'une bibliothèque sur une île reculée, elle saisit sa chance et part à l'aventure. Arrivée dans sa nouvelle maison, Lou découvre qu'elle n'est pas seule : un ours y habite déjà. Rapidement, la relation des deux compagnons va évoluer, transgressant imaginaire et bienséance.
Lorsque cette fable féministe - hautement réaliste - fut publiée pour la première fois au Canada en 1976, son succès fut à la mesure du scandale qu'il provoqua. Dans cette ode troublante à l'émancipation des femmes, Marian Engel nous laisse entendre que la relation que nous tissons avec les animaux a aussi beaucoup à nous dire sur nos propres désirs.
Il était une fois un ours qui voulait devenir un homme... et qui devint écrivain.
Ayant découvert un manuscrit caché sous un arbre au fin fond de la forêt du Maine, un plantigrade comprend qu'il a sous la patte le sésame susceptible de lui ouvrir les portes du monde humain - et de ses supermarchés aux linéaires débordants de sucreries... Le livre sous le bras, il s'en va à New York, où les éditeurs vont se battre pour publier l'oeuvre de cet écrivain si singulier - certes bourru et imprévisible, mais tellement charismatique?! Devenu la coqueluche du monde des lettres sous le nom de Dan Flakes, l'ours caracole bientôt en tête de liste des meilleures ventes...
Fille unique d'un sous-préfet, Franca fait son entrée dans le monde lorsqu'elle va s'installer chez sa tante, près de Florence. Aux côtés de Fanny, qui devient sa meilleure amie, elle dédaigne les convenances de l'époque, opte pour des cheveux courts et une vie mondaine active, flirtant sans complexe avec des hommes. Mais lorsqu'elle rencontre Stefano, un jeune Sicilien attaché aux traditions, la confusion des sentiments l'assaille. Profondément éprise, Franca renonce progressivement à ses toilettes sophistiquées et à ses activités sociales, prête à rejoindre le village reculé dans lequel réside le jeune homme... au risque de se perdre elle-même.
Écrit en 1923, ce roman met en lumière de manière bouleversante la situation des « demoiselles » dans l'Italie du début du xxe siècle. Tiraillées entre le besoin de trouver un époux qui leur garantirait un statut social et le souhait de mener une vie plus indépendante, la plupart doivent se soumettre au poids des conventions souvent cruelles qui prédominent alors.
Après la réédition de "Mon Grand", pour lequel elle a reçu le prix Pulitzer en 1924, réédition de "Show Boat",un des romans d'Edna Ferber qui a acquit le statut de classique tant il a été adapté à Broadway. Hymne au fleuve Mississippi et aux bateaux-spectacles qui le parcourent, "Show Boat" suit le cours emprunté par le navire à mélos Fleur-de-coton, théâtre-palace flottant qui a pour vedette principale la fille du capitaine, Magnolia, toute façonnée par la vie fluviale, à la fois bohème et parfois tragique. Un roman riche en rebondissements et aussi entraînant que les multiples airs qui y sont entonnés.
Après "L"Oiseau Canadèche" ou "La Guerre des salamandres", les éditions Cambourakis continuent à publier quelques-uns des textes phares de leur catalogue poche dans une édition collector, avec "Le Vin de longue vie". Dans ce texte à caractère initiatique, cet hymne à la vie où domine l'âme du vin et de la terre, la passion fulgurante de Manole - noble vieillard doté d'une mystérieuse longévité - pour Rada la tzigane se superpose à l'énigme du sens de la vie. L'une des oeuvres les plus attachantes et originales de la littérature roumaine du XXe siècle.
Mariée à un médecin de la petite bourgeoisie romaine, Checchina passe ses journées chez elle, s'efforçant de tenir son logis le mieux possible malgré le manque d'argent. Son morne quotidien se trouve bouleversé le jour où son mari invite à dîner le marquis d'Aragon, un homme aussi raffiné qu'entreprenant qui n'hésite pas à lui proposer un rendez-vous galant. Tiraillée entre son désir et la crainte des rumeurs, Checchina met tout en oeuvre pour s'y rendre. Mais tandis que l'heure du rendez-vous se rapproche, la distance qui les sépare semble n'avoir jamais été aussi grande.
Dans ce court texte à l'intrigue resserrée sur quelques jours, Matilde Serao brosse un portrait vif et saisissant de la société de son temps, témoignant du poids des conventions qui entravent les femmes dans toutes leurs relations, amicales comme amoureuses.
En voyage au Groenland pour des raisons professionnelles, la narratrice est contrainte de prendre temporairement ses distances avec une relation amoureuse qui la bouleverse. Dès lors, outre sa dimension ethno-géographique, ce séjour dans le Grand Nord revêt un caractère véritablement initiatique tant cette femme est touchée par la puissance des paysages qu'elle traverse autant que par cette langue dépourvue de verbe qu'elle tente d'appréhender. Cheminant entre villes et étendues glacées, elle restitue en autant d'instantanés saisissants et passionnés cette expérience aussi fulgurante que la passion amoureuse qui l'assaille.
Bouleversant chant d'amour et remarquable document sur le Groenland, Le Grand Chasseur offre une exploration unique des multiples nuances des sentiments, de celles des grands espaces et de l'altérité.
Après le succès de l'édition grand format (près de 4000 exemplaires vendus), parution en poche du premier roman de la collection Sorcières, véritable ode à la sororité d'un groupe de filles ayant toutes subi un viol, qui se regroupent pour se faire justice elles-mêmes. Salvateur et libérateur.
Les « Salamandres » de Capek sont secrètement parvenues, parallèlement à l'homme, à un degré d'évolution presque comparable. Ce sont de braves créatures peuplant discrètement, à l'abri des requins, certains hauts-fonds de nos côtes maritimes. L'homme (en la personne truculente du Capitaine Van Toch) les découvre d'abord au large de l'Indonésie, sur une petite île sauvage. Ce sont des êtres paisibles, corvéables à merci et même comestibles. Asservies, exploitées, les salamandres finiront cependant par se révolter, initiées en cela par la pensée marxiste et sensibilisées aux droits accordés aux ouvriers. Emportées par leur élan, ces dernières découvriront alors l'impérialisme, le nationalisme, grignotant peu à peu l'habitat terrestre, nos côtes s'effondrant dans leurs océans. Succéderont-elles alors à l'homme, seules maîtresses d'un globe aquatique, imitant celui-ci jusque dans sa manie d'autodestruction ?
« Alors que la situation mondiale se présentait on ne peut plus mal sur le plan économique et pire encore sur le plan politique, j'eus l'occasion d'écrire la phrase suivante : «Ne pensez pas que l'évolution qui a abouti à notre vie soit la seule possibilité d'évolution sur cette planète.» C'est cette phrase qui est coupable, c'est l'origine de la guerre des salamandres. » (Karel Capek)
Une nuit, dans un champ d'avoine, une femme s'effondre. Auprès d'elle, un homme, peut-être deux, qui ne tardent pas à s'enfuir. Lorsque Brynjar, marin au long cours depuis des années, apprend que sa mère est morte et que son père a été arrêté, il n'a d'autre choix que de regagner la Norvège, la ferme de son enfance et le village où les rumeurs circulent à bas bruit. Mû par la volonté de prouver l'innocence de son père, Brynjar part à la rencontre de ceux qui l'ont côtoyé. Mais tandis que son enquête progresse, une vérité bien plus terrible que celle qu'il avait imaginée semble s'imposer.
Traversée par une tension croissante, cette investigation polyphonique doublée d'une redoutable étude de moeurs fait surgir un questionnement complexe : celle des vivants ou celle des morts, quelle est la réputation qui doit être sauvée ?
Née en 1801 sur l'île grecque de Zakynthos au sein d'une famille d'aristocrates, Elisavet Moutzan-Martinengou est, en raison de son sexe, condamnée à un double enfermement : cloîtrée entre les quatre murs de la demeure familiale, elle se retrouve également privée de toute véritable éducation. Pourtant, elle n'a de cesse de s'opposer à la vie corsetée que sa famille lui réserve. C'est dans la lecture et l'écriture qu'elle trouve très tôt refuge, tissant inlassablement les contours d'un vaste continent intellectuel, pour repousser toujours plus loin les frontières de son foyer.
Près de cent ans avant Une chambre à soi de Virginia Woolf, Elisavet Moutzan-Martinengou se forge un destin bien à elle : celui d'une écrivaine déterminée à conquérir sa liberté. Ses mémoires, uniques en leur genre, participent à contrecarrer l'effacement qu'ont connu et que connaissent encore les femmes à travers l'histoire.
Édition de poche de ce roman noir d'une poignante humanité, le premier écrit par Don Carpenter, salué par Georges Pelecanos, Chris Offut ou encore Richard Price. «Sale temps pour les braves» croise le destin de deux jeunes laissés-pour-compte dans l'Amérique des années 1950 : scellée aux heures de leur jeunesse dans les rues de Portland, l'amitié entre Jack, orphelin rebelle, et Billy, jeune prodige du billard, prendra une nouvelle dimension lorsqu'ils se retrouveront des années plus tard, tous deux en détention à San Quentin...
Abandonné dès sa naissance en pleine crise de 1929, Jack Levitt traîne ses airs de mauvais garçon et ses pulsions meurtrières dans la grisaille de Portland.
Empoisonné par l'amertume qui fait bouillir son sang, Jack suit depuis toujours le parcours d'isolement que la société a prévu pour lui. Après l'orphelinat, la maison de correction?; après la prison du comté, la prison d'État. Jack a vingt-six ans quand il sort de San Quentin.
Affranchi par la connexion qui l'a uni à son codétenu Billy Lancing, Jack tentera de se libérer de la solitude de la vie, son ennemie de toujours, à travers l'aventure conjugale et la paternité. Mais là encore, la liberté est hors de portée.
Les oiseaux de Verhovina sont partis subitement, un été. Le village, entouré de mines abandonnées, est coupé du monde depuis que la ligne de chemin de fer a été suspendue. Les habitants vivent en autarcie, avec pour seul réconfort les lángos au fromage blanc et le vin de mûres. Le brigadier Korkodus accueille des jeunes délinquants en réinsertion. La couturière Aliwanka lit l'avenir dans la neige et les larmes des habitants. La garde-malade Nika Karanika est capable de ressusciter les morts. Le jeune détenu Januszky parle une langue qui n'existe pas. Dans cette vie rurale où l'ennui entretient les ressentiments et la suspicion entre les habitants, les menaces apparaissent peu à peu et le malheur finit par s'emparer du village.
A près de 80 ans, Jake envisage sereinement l'avenir : un vieil indien lui a révélé le secret de l'immortalité, la recette d'un tord-boyau carabiné, le « Râle d'agonie », qu'il est à peu près le seul à pouvoir avaler : « Bois ça, tiens toi peinard et tu seras immortel » lui a affirmé Johnny Sept-lunes, avant de rendre son dernier souffle. A la mort de sa fille qu'il a à peine connue, Jake se bat pour gagner le droit de recueillir son petit-fils : c'est que l'administration rechigne un peu à confier l'enfant à un vieux solitaire excentrique, porté sur le jeu et la bouteille, réfractaire à toutes les contraintes sociales, travail et impôt en premier lieu. Ecumant avec une chance insolente les tables de poker de tout l'ouest, il gagne de quoi se racheter une moralité aux yeux de l'état américain, et le droit conséquent d'élever son petit fils. Quelques divergences de caractère semblent éloigner le jeune Tistou de son grand-père, en particulier sa passion pour les clôtures ainsi qu'une relative sobriété, alors que toute forme de barrière répugne à son alcoolique de grand-père. Mais le duo fonctionne pourtant bien, et mieux encore du jour où Tistou découvre Canadèche, canard boulimique et fort sympathique, qui devient leur compagnon préféré. La vie s'écoule à peu près totalement peinarde, à peine perturbée par la présence sur leur domaine d'un antique et monstrueux sanglier... En lequel Pepe Jake croit reconna?tre la réincarnation de son vieil ami indien, alors que Tistou le chasse comme son pire ennemi. Traversé d'un agréable souffle libertaire, L'Oiseau Canadèche est un délicieux conte naturaliste moderne, un trésor de malice et de tendresse brillant comme un coeur de canard
Après le succès de la publication en grand format, édition de poche de ce premier roman percutant qui nous plonge au coeur de la Sacra Corona Unità, organisation mafieuse des Pouilles, dans les pas de son chef, Domenico Trevi (dit Mimi), fou de douleur après le suicide de son fils de 15 ans. Un texte puissant qui interroge le recours et le rapport à la violence ainsi que la part animale qui sommeille en chacun de nous.
Modèle de journalisme littéraire avant l'heure, Le Ventre de Naples a été composé par Matilde Serao entre 1884 et 1904. Avec un incroyable sens du détail et une grande clairvoyance, elle rend compte du quotidien des quartiers populaires de Naples alors en pleine transformation urbanistique. Qu'il s'agisse de la nourriture, de la maladie, du logement, de l'omniprésence des superstitions ou encore de la passion pour le loto, tout est évoqué à hauteur d'homme et avec une profonde empathie. Pointant l'incroyable aptitude à rêver de ces petites gens en prise avec la plus grande misère, elle souligne leur générosité innée, le sens de l'entraide qu'ils manifestent invariablement, et interpelle les politiciens et les urbanistes pour leur offrir des conditions de vie décentes.
Réédition en poche de l'ouvrage de Juliette Rousseau consacré aux luttes collectives: de la ZAD à la Palestine, de la marche pour le climat de New York aux camps de réfugié·es de La Chapelle, Juliette Rousseau part à la rencontre de collectifs féministes, antiracistes, LGBT, de justice climatique, etc., qui interrogent les différents rapports de domination liés à la classe, au genre, à la race ou encore à la condition physique et mentale, à l'oeuvre dans la société mais aussi dans les espaces militants. À partir de nombreux entretiens, ce livre invite à explorer les nouvelles formes d'organisation et de solidarité politique qui se nouent entre les personnes concernées par une même oppression et leurs allié·es ou complices.
Réédition du roman posthume de la première ethnologue amérindienne, élève de Franz Boas, fondateur de l'anthropologie américaine moderne. Dans le sillage d'Oiseau bleu, femme sioux mariée précipitamment à un homme immature, et de sa fille Nénuphar, elle met en lumière de manière unique les conditions de vie et le rôle des femmes dans ces tribus.
Une traduction inédite en français de Stella Benson, admirée par Virginia Woolf et injustement méconnue en France. Dans la lignée d'oeuvres de romancières telles que Silvia Townsend Warner, son univers magique préfigure celui de Mary Poppins ou Harry Potter. Mêlant humour et sorcellerie dans le contexte social difficile de la première guerre mondiale, cette fiction inclassable propose un regard réinventé sur un Londres mi-réel, mi-fantastique, exaltant les vertus de l'indépendance et la fonction réparatrice de la magie.
Alors qu'il vadrouille en forêt par un beau jour d'été, Abie, petit garçon de quatre ans, bute sur le corps d'un homme étendu au milieu des fougères et des rhododendrons, en ce charmant coin de campagne anglaise. Harry est mort, et son cadavre est bien encombrant pour les membres de la petite communauté qui peuple la lande de Sparrowswick. Plusieurs fois découvert, caché, enterré, exhumé au cours d'une même journée, le défunt déclenche une série de quiproquos, et sera le révélateur des turpitudes secrètes des villageois, qui tous ont de bonnes raisons de craindre d'être accusés de meurtre.
Mais l'incident, cause de beaucoup d'angoisse, encouragera également le rapprochement de quelques êtres, les situations aigües stimulant semble-t-il sentiments et passions. En quelques phrases percutantes, Jack Trevor Story excelle à croquer une série de portraits particulièrement savoureux : le capitaine Wiles, balourd et piètre chasseur, la jeune mère d'Abie, sexy et sans complexes, Sam Marlow, artiste raté mégalomane, Miss Graveley, vieille fille en mal d'amour, ou encore Mark Douglas, promoteur immobilier et séducteur invétéré.
Berlin, dans les années 1820. Alors que la Grèce se soulève contre l'Empire ottoman pour gagner son indépendance, le baron Théodore de S... entre au Jardin des plantes, parcourt l'allée des Tilleuls et s'assied sur un banc. Il y trouve un portefeuille bleu à fermoir d'or, source de douces rêveries : appartiendrait-il à une dame ? Le baron l'emporte avec lui mais ne tardera pas à l'oublier, jusqu'au jour où une annonce parue dans le journal l'invite à se rendre à Patras, au nord du Péloponnèse. Dès lors, Théodore de S..., qu'Hoffmann qualifie de « fantasque », n'aura de cesse de poursuivre une femme qui lui échappe, à l'image de cette Grèce qu'il ne visitera peut-être jamais.
Passage en poche de ce roman marquant d'Anna Kavan. Chef-d'oeuvre de science-fiction littéraire, mise en garde contre le changement climatique et le totalitarisme, exploration féministe de la violence, Neige est le livre culte et justement sauvé de l'oubli de la grande écrivaine britannique du XXe siècle Anna Kavan, admirée par Anaïs Nin, Doris Lessing, Patti Smith...